Dossiers et Opinions: Economie

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Juin 1999


Mai 1999

Avril 1999
Mars 1999
Février 1999
Janvier 1999 et Juin 1997-Décembre 1998







 

 

 

 

 

 

 

 

 



Editorial: [le Gabon en péril] (Le Bulletin du Poste, août 1998)

Par contraste avec l’année 1997, dont les bons résultats reflétaient les performances record du pétrole et du bois, secteurs-clés de l’économie gabonaise, la crise internationale touchant ces produits en 1998 rappelle l’excessive vulnérabilité d’une économie basée majoritairement sur l’exploitation de produits bruts.

Les bas prix du pétrole, ainsi que les prévisions de décroissance progressive de la production pétrolière gabonaise, font entrer le Gabon dans une période de " vaches maigres " en ce qui concerne les capacités financières de l’Etat. Il n’est certes pas interdit d’espérer une remontée du baril à 15 ou 16 $ (Brent) ainsi qu’une relance de la production locale par quelques découvertes à réaliser, mais ces conjectures à plus ou moins long terme ne doivent pas distraire les responsables économiques des secteurs public et privé du double impératif d’adapter leurs prévisions à un contexte de réduction des marchés financés par l’Etat, et de rechercher des diversifications d’activité dans les secteurs productifs dont les ressources naturelles et les infrastructures du Gabon montrent la faisabilité.

Quant à la crise frappant l’exploitation forestière, elle est caractérisée, au second semestre 98, par un imbroglio entre les divers acteurs de cette filière au Gabon, dont l’impact financier et social sera fonction de la formule devant prochainement permettre son dénouement. La quasi disparition du marché asiatique depuis le début 98 avait rendu nécessaire un arrêt presque total cet été des achats d’okoumé par la société mixte SNBG qui en détient l’exclusivité, permettant à celle-ci de dégonfler ses stocks. Les chantiers d’exploitation se sont alors mis en chômage technique. Le déstockage s’est effectué essentiellement à destination des marchés traditionnels (Europe et pays méditerranéens), probablement à prix cassés, concurrence asiatique oblige. Par décret du 10 septembre, la commercialisation de l’okoumé a été libéralisée " pour une période transitoire " à destination des marchés " non traditionnels " (Asie), en vue de relancer les chantiers d’abattage. Mais ces marchés, touchés par la crise et fournis par les bois de pays asiatiques aux monnaies dévaluées, ne redémarrent que lentement. Quant aux marchés traditionnels, ils redeviennent d’autant plus demandeurs que les stocks se sont épuisés et que l’okoumé du Gabon demeure leur référence haut de gamme. Mais les impayés considérables accumulés au premier semestre par la SNBG envers ses fournisseurs forestiers dissuadent ces derniers de reprendre leurs livraisons. La plupart des chantiers demeurent donc en chômage technique à l’automne, tandis que la SNBG, virtuellement en cessation de paiement, n’obtient pas les bois nécessaires au redressement de son chiffre d’affaires. Les acheteurs internationaux manquent d’okoumé et des usines françaises de contreplaqué pourraient devoir réduire leur activité. Un déblocage de cette situation implique de redonner confiance aux exploitants forestiers sans que soient abandonnés les nécessaires contrôles qualitatifs et quantitatifs de la production, gages d’une ressource pérenne et valorisée.

L’obtention d’appuis financiers pour traverser la difficile passe de la crise pétrole-bois pourrait commencer par de nouveaux tirages sur le FMI, dont une mission est attendue fin octobre à Libreville.

Ces appuis extérieurs supposent, comme corollaire, une gestion budgétaire nettement plus stricte, avec un effort de réduction des arriérés intérieurs de l’Etat, exercice probablement malaisé dans un contexte de campagne électorale préparant le scrutin présidentiel prévu pour le 6 décembre.

Vincent SCHNEITER
Conseiller Economique et Commercial