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Restructuration économico-financière : la fermeté nécessaire L'Union, 25/03/1999 par Franck NDJIMBI LA restructuration de notre tissu économico-financier, préconisée par les institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) est devenue au lendemain de la chute brutale des cours des matières premières, que sont singulièrement le bois et le pétrole, un enjeu politique majeur. Aussi, la mise en uvre des grands axes de la politique économico-financière prônée par le Premier ministre, Jean-François Ntoutoume-Émane, risque-t-elle encore de se heurter à des écueils. Et non des moindres. Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre a clairement signifié que des "actions urgentes et courageuses" doivent être entreprises. Pour ce faire, a-t-il précisé, "laction gouvernementale sorientera vers la diversification de léconomie". En clair, il sagira de "limiter ( ) limpact négatif de la contraction du budget sur ( ) le pouvoir dachat des ménages ", "réorienter les interventions vers les secteurs porteurs" et "réformer lÉtat". En outre, il sera question de "renégocier la dette extérieure" tout en mettant laccent sur linvestissement. Notamment dans le domaine des infrastructures routières et des télécommunications ainsi que le social, à savoir : la santé, lemploi et le logement. Car, tout en prenant une part active au décollage économique du pays, ces secteurs sont ceux qui créent le plus de soucis au commun des Gabonais. Le projet de Jean-François Ntoutoume-Émane, présenté comme un alliage de "pragmatisme et de rigueur" qui ouvre la porte à une "rationalisation des choix", mettra donc sur les charbons ardents les ministres en charge des Finances, des Affaires étrangères, de lÉquipement, de la Communication, de la Santé, du Travail et de lHabitat. Et, si pour certains dentre eux, il a valeur de test, pour dautres il prendra des allures de puzzle infernal tant ces derniers sont habitués à travailler avec des enveloppes colossales, qui nont pas toujours les effets escomptés. SURFACTURATION En effet, si la récession financière peut être perçue comme conjoncturelle alors que la situation de la santé et de lemploi sest soudainement dégradée, en dépit des gros efforts consentis par le ministre Faustin Boukoubi, il nen va pas de même pour les infrastructures routières et lhabitat. Car, selon les experts, notre pays est lun des endroits au monde où le kilomètre de bitume est le plus cher tandis que, cest toujours la croix et la bannière pour construire une maison. Et pourtant, depuis près dune décennie, ces deux secteurs font partie des priorités des différents gouvernements. Et des crédits importants sont régulièrement alloués aux responsables politiques qui, quoi quon en dise, ont permis à notre pays de se doter du minimum, même si au regard des travaux effectués, il y a toujours comme une odeur de surfacturation. Du reste, les récentes hésitations de M. Nkili-Bengone, directeur général des Travaux publics, au micro de nos confrères de la chaîne 1 et la fébrilité de son administration suite aux propos de lhonorable Obame Abessole lors du discours de politique générale du chef du gouvernement, tout comme le ramdam quil y a eu autour du portefeuille de lHabitat tendent à prouver que lorthodoxie gestionnaire est souvent très éloignée des méthodes qui ont cours dans ces domaines-là. Derrière ces réserves et remarques, cest lautorité du Premier ministre et sa capacité à sévir qui sont en jeu. Sans pour autant jouer les boutefeux ou les apprentis-sorciers, il y a lieu de linviter à la fermeté, à la rigueur à lendroit de ses ministres, quelle que soit leur influence, supposée ou réelle. Là réside la quadrature du cercle. De fait, gagnés par lambition démesurée, certains ministres, héritiers autoproclamés du chef de lÉtat, Omar Bongo, ne songent quà sen mettre plein les poches, à se constituer un trésor de guerre, utilisable le cas échéant, quitte à saper laction gouvernementale. Réduire le train de vie de l'État L'Union, 23/03/1999 par Franck NDJIMBI ARRIVÉ à la tête du ministère de lÉconomie, des Finances, du Budget et des Participations, chargé de la Privatisation, à un moment où tous les agrégats macro-économiques sont au rouge, où les difficultés quotidiennes des masses populaires semblent aller crescendo, Émile Doumba a reçu pour mission essentielle lassainissement des finances publiques. Car, avec la mévente de nos principaux produits dexportation -- bois et pétrole, singulièrement -- la situation financière de notre pays est si délicate que le pire est à craindre, si rien nest fait dans un délai de deux ans. Du moins selon les analystes économiques. Ainsi, fort des missions qui lui ont été confiées, le tout nouveau ministre de lÉconomie et des Finances entend tout mettre en uvre pour discipliner, autant que faire se pourra, lexécution du budget national. Tout comme il est déterminé à mettre un frein aux gaspillages qui ont, jusque-là, eu cours dans la haute administration. Autant dobjectifs qui ont des allures de défis tant les vieilles habitudes ont la vie dure, alors que le ministère des Finances ressemble, dans sa structure, à un ensemble de citadelles, si ce nest de donjons ou de sanctuaires, interdits aux non- initiés. Émile Doumba a donc du pain sur la planche. Et, il le sait mieux que quiconque. Car, fort de son profil de technocrate qui ne maîtrise nullement les arcanes de ladministration et, encore moins, de la politique, il a, sitôt arrivé, décidé de sattaquer à lépineux problème du patrimoine public. Notamment le délicat problème des véhicules. CADRES ISSUS DU PRIVÉ Toutefois, ayant permis à de nombreux cadres administratifs et politiques de sapproprier de gros cubes à des conditions défiant lentendement humain, la situation qui prévaut jusquà ce jour nest pas faite pour gêner grand monde. Cest pourquoi, Émile Doumba a un mal fou à diligenter son enquête, qui se heurte aux réticences de nombreux cadres. Et, comme pour témoigner de ce quils nentendent pas, sinon céder une once de leurs prérogatives actuelles, du moins renoncer à leurs pratiques, ces derniers fulminent et ruminent leur colère. " Il vient darriver. Cest toujours comme ça. On verra où il ira " entend-on, tel un leitmotiv, dans les couloirs. Dans un tel contexte, fait de méfiance réciproque et de quiproquos, Émile Doumba semble être à la peine. Et son entreprise condamnée à se retrouver aux oubliettes. Surtout si lon tient compte de ce que les concessionnaires automobiles et autres entreprises qui ont des contrats faramineux avec lÉtat ont, généralement, pour actionnaires des hauts dignitaires du régime. Le mélange des genres, cest aussi ça le Gabon ! Aussi, pour parvenir à réaliser son ambition, Émile Doumba entend-il sappuyer sur une nouvelle génération de cadres, essentiellement issus du secteur privé et qui en ont gardé la culture. Du reste, des informations glanées ici et là tendent à accréditer lidée selon laquelle il aurait déjà pris langue avec certaines multinationales qui doivent lui céder des agents afin que ces derniers puissent occuper, non pas des postes de décision, mais plutôt des fonctions techniques où leur rigueur et leur savoir-faire pourront être dun précieux apport. Car, il sagit, dans un premier temps, de ménager la chèvre et le chou tout en creusant son sillon, avant de pouvoir faire valoir ses idées. Entre volonté de révolutionner les méthodes actuelles afin de remplir son contrat et désir de ne pas saliéner les sympathies de certains de ses collaborateurs dont la capacité de nuisance est connue, Émile Doumba semble parti pour se livrer à un numéro de funambule. A moins quil ne décide de donner un coup de pied dans la fourmilière, tout en se tenant prêt à en assumer le contrecoup. Les révolutions se font toujours dans la douleur, la haine Le "Mal gabonais" est un méchant ogre qui a dévoré tous ceux qui ont osé se mettre en travers de sa route. Bonne chance et du courage, Emile ! Le ministre Toungui déplore le désistement de grandes sociétés pétrolières L'Union, 16/03/1999 par Bona MASANU LA commémoration des 10 ans de production du champ de Rabi-Kounga par Shell Gabon a donné loccasion à M. Paul Toungui, ministre en charge du Pétrole, des Mines et de lÉnergie, au cours dun entretien, de dresser le tableau synoptique de lenvironnement pétrolier en évoquant les perspectives du potentiel minier gabonais dont il a dit quelles sont encourageantes. "Nous navons pas attendu le déclin de Rabi, a indiqué le ministre, pour pouvoir lancer la campagne pour attirer les investisseurs sur les activités offshore. Seulement, nous avons joué de malchance, compte tenu du niveau actuel des cours, comme vous le savez, qui nincitent pas les investisseurs à aller dans des zones à hauts investissements financiers". Précisant les circonstances du lancement de la grande campagne du 8e appel doffres, il a indiqué que les soumissions nont pas été importantes parce que beaucoup de majors qui avaient manifesté leur intérêt à ce sujet ont fini par se désister en dernière minute, à la suite de leffondrement des cours mondiaux. Avant dajouter : "Néanmoins, nous avons tout de même sur 13 blocs pu attribuer 3 et les autres blocs sont encore disponibles et nous sommes sûrs que si les cours venaient à remonter, il y aurait des sollicitations sur ces blocs et nous avons des assurances dans ce sens dun certain nombre de pétroliers". Étant donné que Elf Gabon a décidé de reporter en lan 2000 des opérations dexploration pétrolière -- ce qui nest pas sans conséquence sur les recettes et le budget de lÉtat -- le ministre Toungui a reconnu la préoccupation des opérateurs de se montrer moins engageants. Tout en faisant preuve dun certain optimisme, il a soutenu que "cela va sûrement différer les travaux pour au moins un an voire deux, sans quil y ait un arrêt total. Ce qui est encourageant, cest que dans les exposés qui mont été faits par Elf et Shell, il y a quand même un certain nombre dactivités concernant aussi bien lexploration que le développement des champs qui ont été maintenus". Évoquant les autres richesses minières dont lexploitation concourt également à la confection du budget de lÉtat, le ministre Toungui sest appesanti sur le niobium (métal brillant dun blanc proche du platine, rare, exploité par la SOMIMA), sur lequel lÉtat gabonais fonde quelques espoirs, dautant que le niveau des cours paraît bon. "Sur ce chapitre, a-t-il souligné, nous sommes actuellement dans une phase de recherche de partenaires pour lancer les opérations et compte tenu du niveau appréciable des cours, ce projet pourrait voir le jour dici à lan 2000". Rappelons que la production mondiale du niobium est de 35 000 tonnes par an dont 90 % sont produits par le Brésil et 10 % par le Canada. Ce marché est très porteur avec, dit-on, de forts potentiels dachat de la part de la Chine et de lInde. Le Gabon a pour ambition datteindre 20 % des parts de ce marché avec une production annuelle prévisionnelle de 7000 tonnes. Parmi les autres potentialités dont regorge le pays, si lon arrivait à réaliser par exemple le port de Mayumba ainsi que la route reliant Tchibanga à Mayumba, avec un pont sur la lagune, les ressources minières localisées autour de la région de la Nyanga seraient exploitées radicalement, ce qui donnerait un plus, a révélé Paul Toungui. Un permis de recherche de diamant a été par aillleurs attribué à la société De Beers. Ce projet couvre une très vaste zone qui va de Libreville jusquà Mitzic, dans le nord du pays, en passant par Ovan dans lOgooué-Ivindo. Les premiers travaux de prospection, a fait valoir le ministre, sont en cours et les perspectives sannoncent intéressantes, mais nous attendons plus dinformations. Tout en rappelant au passage quavec la Compagnie minière de lOgooué (Comilog), qui exploite le manganèse, le chef de lÉtat avait demandé au groupe français Eramet (Erap, Elf et Imétal) que le Gabon ne soit pas seulement exportateur de matières premières, mais quaccessoirement il lui soit versé aussi la quote-part de la valeur ajoutée sur le site de Moanda. Dautre part, le ministre des Mines et du Pétrole a annoncé que la première partie dun projet dune usine de copeaux de manganèse sera mise en chantier. Et si les conditions dalimentation énergétique sont remplies, le pays se dotera dune autre usine dalliage de manganèse. Au demeurant, notre interlocuteur a conclu que "lÉtat se doit de développer les secteurs où des avantages comparatifs sont patents en incitant les investisseurs à venir au Gabon". L'opposition soucieuse de coller aux valeurs républicaines Jean Christian KOMBILA L'Union, 12/03/1999 - En proie à de nombreuses interrogations à propos ou non de sa participation la veille de la déclaration de politique générale du Premier ministre, mais faisant montre de conscience concernant le contexte socio-économique particulier auquel fait face lensemble du pays, lopposition, a dit Pierre Mamboundou, son chef de file et président du groupe parlementaire FDU à lAssemblée nationale, a pris part au débat qui a suivi pour "témoigner son attachement aux plus hautes valeurs républicaines." Faisant montre de pessimisme à la suite de lintervention du Premier ministre, le député-maire de Ndendé sest montré dubitatif sur lavenir des relations entre les institutions financières internationales et le Gabon, au lendemain notamment de lannonce par lAgence française de développement de ne plus financer certains projets de développement de notre pays. Puis, il a asséné quelques exemples pour soutenir ses propos, indiquant en outre que "la Générale des Eaux a suspendu, aussi longtemps que lEtat naura pas apuré son passif, les engagements sur le budget dinvestissement 1999 de la SEEG" notamment. Tout comme cest le cas de la BAD en ce qui concerne le financement du programme de construction et dentretien du réseau routier, a-t-il aussi lancé. Dans ce contexte reconnu préoccupant pour lavenir du pays, et sadressant au chef du gouvernement, lélu de la Dola a enfin lancé : "Monsieur le Premier ministre, avec quels moyens allez-vous financer votre développement" ? Enfin, soucieux de vouloir faire acte de présence utile au service du développement pour parvenir à la justice sociale de plus en plus souhaitée par les couches défavorisées, Pierre Mamboundou a exhorté le gouvernement à explorer des voies nouvelles pour réduire la fracture sociale. Dénonçant limpact des fonctions politiques sur la solde des agents de lEtat, il a appelé le Premier ministre à envisager les voies et moyens pouvant permettre à lEtat de glaner à travers ces fonctions jugées ruineuses, des économies annuelles estimables. Ensuite, énumérant lensemble de ces fonctions pour lesquelles ses amis et lui ont mené une étude, laquelle a inventorié 582 agents aux emplois politiques , le député-maire de Ndendé a vu sur ce chapitre, a-t-il dit en substance, le lieu indiqué pour permettre à lEtat dengranger des économies inédites. Traçant par ce biais quelque piste, il na pas manqué de dire quen empruntant ce chemin, lAdministration financière pourrait faire économiser au pays la somme de 2. 542. 920. 000 FCFA. Enfin, il a appelé les plus hautes autorités de lEtat, à donner lexemple de cette solidarité à laquelle sattendent davantage ceux dont les salaires ne leur permettent plus aujourdhui de bien vivre sous le poids des difficultés qui les assaillent sans cesse. Auparavant, Benoît Mouity Nzamba, le député de Mougoutsi et président du groupe parlementaire PGP, a interpellé le chef du gouvernement lui demandant de veiller à conserver autant que faire se peut lunité de la nation. Résolument offensif, lélu du département de Mougoutsi dans la Nyanga, a dénoncé "loubli" en forme dostracisme dont ont été "victimes" les villes de Port-Gentil, capitale économique et fief politique du PGP, et celle de Tchibanga dont les électeurs ont contribué à la réélection du président de la République, a-t-il souligné, ne sont pas représentés au gouvernement. Traduisant le sentiment général qui a gagné son département à la vue de la compositon du nouveau gouvernement il a lancé, interrogatif, au Premier ministre "Quest-ce qui explique alors labsence dun natif de ce département dans votre gouvernement dont je reconnais le caractère pléthorique ? " Pour lui, a-t-il dit enfin, "les Nynoises et les Nynois, ceux du département de Mougoutsi en particulier ne tomberont pas dans le piège de la division que leur tendent quelques compatriotes en mal de pouvoir absolu". Pourtant, a déclaré Mouity Nzamba, les Nynois en général sont un seul peuple uni par les liens du sang, par la langue et la culture, telle que lest et doit le demeurer la République. Cest ce message dindivisibilité de la nation en définitive quont tenu malgré tout à transmettre en prenant dassaut et tôt lhémicycle de la cité de la Démocratie, les députés de lopposition. Discours du programme de politique générale Victor MBEGAH EFFA L'Union, 12/03/1999 - Il était exactement 15h49 quand Jean-François Ntoutoume Emane est monté à la tribune de lAssemblée nationale pour présenter son programme de politique générale. Il en est descendu à 17h49. Deux heures pleines dune grande intensité et qui traduisaient à la fois la force intellectuelle de lhomme et son souci de réussir son action à la tête du gouvernement. Un discours fleuve, dense, exhaustif et fourmillant de précisions. De mémoire de député dans ce même hémicycle, on avait rarement entendu un exposé de cette qualité. En plus, le Premier ministre sest voulu modeste et réaliste quand il a fait constater que la matière était vaste, et les difficultés, nombreuses. Cest que pendant deux heures, Jean-François Ntoutoume Emane a fait un constat sans complaisance de notre société, des difficultés qui sont les siennes et du fonctionnement actuel de lEtat. Et comme il était là pour dire ce que lui et son gouvernement allaient faire pour innover et répondre aux préoccupations des Gabonais, le Premier ministre na voulu rien laisser dans lombre. Demblée, il a tenu à délimiter son champ daction en précisant que son bréviaire, cest la lettre de cadrage du chef de lEtat dont il allait sinspirer tout au long de son action. Une lettre qui lui précisait le contenu du "Pacte national de solidarité et de développement". Ntoutoume Emane pense justement que ne pas en tenir compte serait, a-t-il avoué, aller à lencontre des aspirations du peuple gabonais. Discours politique certes, mais surtout, discours économique à haute tonalité sociale. Surtout, quand il a parlé de sursaut national devant nous conduire à "rompre avec certaines pratiques archaïques". Après avoir survolé lactualité mondiale sur les rapports Nord-Sud et les mécanismes de léchange, montrant surtout les incertitudes qui nous guettent et nous angoissent, le Premier ministre est alors véritablement entré dans le vif du sujet. Un sujet à cheval sur divers concepts alliant éclosion politique due à la Conférence nationale et difficultés économiques dues aux aléas de la conjoncture internationale. Cest, dans la situation actuelle, la mévente de nos matières premières, le pétrole et le bois, notamment. Un triste constat qui a amené Ntoutoume Emane à proclamer le renforcement de la solidarité en faisant taire les égoïsmes. Ce qui va impliquer, a-t-il souligné, une nouvelle lecture des rapports de lEtat avec lindividu afin de matérialiser ce quil désigne par le terme "despoir symétrique", différent du doute qui sempare des Gabonais. EXHAUSTIF Se voulant plus concret et en phase avec les attentes du peuple gabonais, le Premier ministre a axé son propos sur quatre grands axes : la réforme de lEtat, sa restauration, son autorité et sa modernisation ; la relance de léconomie à travers sa diversification qui inclut la maîtrise et lassainissement des finances publiques ; lamélioration des conditions dexistence de nos populations et la poursuite dune politique extérieure douverture au service de la paix et du développement. Jean-François Ntoutoume Emane sest ensuite employé à détailler chacun de ses axes avec un aplomb qui en dit long sur sa détermination pour parvenir à une révolution des moeurs et des méthodes de gestion à tous les niveaux. Le chef du gouvernement, tel un leimotiv, a insisté sur la rigueur qui doit animer désormais les acteurs nationaux, toutes tendances confondues. Le Premier ministre a particulièrement insisté sur la revalorisation du fonctionnaire qui doit désormais avancer au mérite. En gros, une réforme de lEtat visant à la création dun environnement propice à répondre aux aspirations des populations. Dans ce contexte, tout y est passé. Absolument tout. De la politique de décentralisation aux moyens puissants à donner à ladministration centrale en passant par la restauration de lautorité de lEtat. Le Premier ministre a mis un point dhonneur à insister, de façon singulière, sur les problèmes de sécurité par lannonce du renforcement des mesures conséquentes pour lutter contre le grand banditisme, entre autres. Ne perdant pas de vue quun Etat fort sappuie sur une justice forte, le Premier ministre a promis de donner des instructions au garde des Sceaux pour améliorer la formation de nos magistrats etc. Un véritable discours-programme sur lequel nous reviendrons dans nos prochaines parutions. Lin-Joël NDEMBET L'Union, 10/03/1999 - CEST aujourdhui que le Sénat célèbre les deux ans de la mise en place de ses organes, en 1997, au terme dun long processus électoral enclenché un an plus tôt par les élections locales, législatives puis sénatoriales. Comme lors de la première année aucune manifestation nest prévue cette fois non plus pour commémorer les 730 jours dexistence de la haute Assemblée du Parlement, née de la volonté du chef de lEtat Omar Bongo de voir les collectivités locales bénéficier dune authentique courroie de transmission entre la puissance publique et elles. Ce, dans le but ultime de mettre en uvre une politique de décentralisation moderne et à même de favoriser un développement de larrière-pays. On se souvient encore que lorsque le président de la République avait affiché publiquement son souhait dinstituer une seconde chambre au sein du Parlement gabonais, de nombreuses voix au sein de la classe politique sétaient élevées pour dénoncer ce quelles assimilaient à une maison de retraite dorée où devaient être casées des personnalités politiques et anciens dignitaires. Mieux, les mêmes estimaient que la situation financière du pays ne permettait pas lavènement dune structure quils qualifiaient de "luxe"inutile. Corroborant ainsi les raisons invoquées par les participants à la grand-messe de mars-avril 1990. Suivirent un an plus tard, les députés qui semblaient, à lépoque, pour le moins jaloux de leurs prérogatives. Depuis lors, beaucoup deau a coulé sous le pont du Como, au point que deux ans après lélection du bureau présidé par Georges Rawiri, sénateur PDG de la commune de Lambaréné, le Sénat sest imposé aux hommes politiques et à la communauté nationale comme une structure utile à la défense des intérets des populations rurales et au bon fonctionnement de nos institutions. COOPERATION DECENTRALISEE Ce, dans la mesure où cette Chambre assure, conformément à la Loi fondamentale, la représentation des collectivités locales. Lesquelles administrations rurales, malgré labsence dun texte sur la décentralisation, renvoyée sur la table des sénateurs, font lobjet dune attention particulière au cours des rencontres internationales et des discussions en commissions, que le président de cette institution et ses collègues engagent régulièrement pour leur développement mais aussi pour létablissement dune coopération décentralisée. Dans le même temps, le Sénat contribue à côté de lAssemblée nationale à un meilleur équilibre dans les relations entre les institutions de la République. Elle ne cesse dans cet élan de contrôler laction gouvernementale en auditionnant, dès que la nécessité sen fait sentir, les membres du gouvernement pour obtenir des réponses et explications sur des questions dintérêt public, notamment. Pour autant, peut-on dire que le rôle du Sénat est aujourdhui mieux perçu par lopinion nationale ? Tout porte à le croire de plus en plus. Ceci sexplique en grande partie du fait que les sénateurs se sont attelés depuis lors à louvrage en adoptant en seconde lecture des lois et ont fait mentir ceux dont les langues avaient trop vite fourché. Pour la seule session ordinaire de septembre-décembre 1998, ce sont au total 23 textes adoptés dans des délais pratiquement plus courts que leurs collègues de lAssemblée nationale. Cela, au terme dun examen approfondi des textes enrichis par cette seconde discussion et de débats de grand intérêt à la mesure de lexpérience de nombre de parlementaires. Du coup, cette institution représente, à tout le moins, un apport important sur la scène institutionnelle, du fait du caractère pondéré de ses membres agissant loin des joutes oratoires observées à lAssemblée nationale. SATISFECIT A laube de cette naissance, les 91 sénateurs du PDG, du RNB, du PGP, de lADERE, de lUPG, du MCD, du RDP, du CLR et indépendants se sont mis à luvre en dépit des conditions pour le moins difficiles dans lesquelles ils travaillent, du fait que cette institution ne dispose pas encore de commodités appropriées. Le Sénat occupe depuis un an maintenant une quinzaine de villas à la cité de la Démocratie au sein desquelles, le travail administratif et parlementaire sorganise tant bien que mal, en raison des contraintes financières actuelles. On comprend dès lors que fort de laction qui aura été la sienne dès lentame, avec notamment ladoption de la loi de finances 98, ainsi que la loi 001/97 du 22 avril 1997, par laquelle la Constitution lérige en chambre haute du Parlement, le chef de lEtat Omar Bongo ait adressé, au cours de la cérémonie de présentation des vux en janvier 98, un satisfecit aux sénateurs. Ces félicitations pour le travail accompli sur le plan national, comme inter- parlementaire par les "élus des élus" qui prennent part aux côtés des membres de la représentation nationale aux rencontres de lAssemblée paritaire ACP-UE, de lUnion des Parlements africains (UPA) de lAIPLF, de la Conférence parlementaire afro-arabe et autres, prouvent, sil en était encore besoin, la pertinence de la vision du chef de lEtat, Omar Bongo, de mettre à la disposition du peuple gabonais un outil indispensable au raffermissement de notre jeune démocratie. En attendant le discours de politique générale Victor MBEGAH EFFA L'Union, 09/03/1999 - AUX termes de larticle 28a de la Constitution, il est demandé au Premier ministre, nouvellement nommé, de présenter devant lAssemblée nationale son programme de politique générale dans un délai de quarante-cinq jours. Et pour être tout à fait complet sur ce chapitre, le même article précise que cette présentation donne lieu à un débat suivi dun vote de confiance. Donc, si lon sen tient à ces dispositions, cest cette semaine, dernier délai, que Jean-François Ntoutoume Emane devra sacrifier à ce rite. Il a été nommé le 23 janvier dernier. Il le sait ainsi dailleurs que tous ceux qui sont attachés au respect de la Loi fondamentale et qui y veillent scrupuleusement. On sait que du côté de lopposition, la moindre dérogation serait une occasion trop bonne pour montrer quon ne respecte rien dans ce pays. Même pas la Constitution. Au début de cette législature, une remarque pertinente du député Pierre Mamboundou avait entraîné une modification de larticle 31 qui stipulait, dans lancienne mouture que "le gouvernement est composé du Premier ministre, des ministres dEtat, des ministute;s de tous genres commencent à se faire publiquement jour, le nouveau Premier ministre a tous les atouts pour séduire et convaincre. Certes, ce nest pas un saint. Mais la confiance que lui a faite le chef de lEtat est la preuve suffisante de la capacité de cet homme à conduire doctement les affaires dont il a désormais la charge. Certains le disaient homme de laboratoire. Il sest également révél? en prenant les rédacteurs au mot. Tribun hors pair, doublé dune expérience politique indéniable, Jean-François Ntoutoume Emane sera confronté à sa première épreuve grandeur nature tant tout le monde lattend. La densité de lhomme -- il est de la classe des érudits -- , considéré en plus comme une valeur sûre dans un pays où les vélléités de tous genres commencent à se faire publiquement jour, le nouveau Premier ministre a tous les atouts pour séduire et convaincre. Certes, ce nest pas un saint. Mais la confiance que lui a faite le chef de lEtat est la preuve suffisante de la capacité de cet homme à conduire doctement les affaires dont il a désormais la charge. Certains le disaient homme de laboratoire. Il sest également révélé grand homme public. Et justement, cest au poste où il est désormais que la conception devient plus quun atout, une nécessité. Etant bien entendu quun discours de politique générale nest pas le fruit de la cogitation du seul Premier ministre. Les autres membres du gouvernement devront y apporter leur contribution afin de nourrir et enrichir le débat. Immense tâche ! SOLIDARITÉ Beaucoup en sont encore à se demander pourquoi, depuis quil a été mis en place, le gouvernement ne tient toujours pas de conseils de ministres. La réponse est toute simple : il attend linvestiture du Parlement. Autrement dit, à lissue du discours-programme de Jean-François Ntoutoume Emane, suivi dun débat général, il y aura vote. Celui-ci est acquis à la majorité absolue des députés. Donc, si plus de la moitié des membres du Parlement (ils sont 120) donnent leur onction au programme présenté par le Premier ministre, son gouvernement pourra alors délibérer en toute légalité républicaine. Ce sont les subtilités de la démocratie qui lont voulu ainsi et depuis son entrée fracassante chez nous, aucun Premier ministre na dérogé à cette tradition. Ntoutoume Emane ne fera donc pas exception à la règle. Il sy attèle déjà. En dépit des rumeurs les plus folles, alimentées par ceux-là qui croient que la politique et ladministration doivent passer, pas eux. Ils sapprêteraient à un vote-sanction contre le nouveau gouvernement dans lunique intention de nuire. Car, au fond, ceux-là nont rien à opposer à une équipe qui na même pas eu droit à un délai de grâce. En tout état de cause, le Parti démocratique gabonais (PDG) et ses alliés totalisent près des trois quarts de députés à lAssemblée nationale. De ce côté-là, Ntoutoume Emane na rien à redouter. Sauf que la formation du dernier gouvernement est allé grossir un peu plus les rangs des aigris dans lactuelle majorité. Là, réside le vrai risque. Mais en contrebalançant un peu, et si lon prend la vie du bon côté, ceux-là préféreraient encore pointer du côté où ils ont le plus de chance de rebondir un jour, plutôt que de choisir le radicalisme qui les jetterait tout droit dans les poubelles de lHistoire ! LA FESEENA appelle ses adhérents à la reprise du travail Jean-Daniel FOTSO EYI L'Union, 08/03/1999 - LA Fédération syndicale des enseignants de léducation nationale (FESEENA) a, au cours dun point de presse samedi dernier à lEcole normale supérieure, décidé de lever son mouvement de grève et invité tous ses adhérents à la reprise du travail à partir de ce lundi 8 mars 1999. Le secrétaire général de cette structure syndicale, Daniel Kombé Lekambo, explique ce retour travail grâce au crédit accordé par le Premier ministre chef du gouvernement au travail en commission effectué par les différentes centrales syndicales et syndicats autonomes, en signant le 27 février dernier un protocole daccord avec la FÉSEENA. Le secrétaire général a expliqué dautre part que "Ce protocole daccord a pour support, les différents cahiers de charges déposés par les diverses centrales syndicales et les syndicats autonomes. Il porte notamment sur : a) des mesures immédiates dont : laccord sur le relèvement modulé du point dindice à compter du mois daoût 1999 ; laccord sur le relèvement de lallocation familiale avant la fin de lannée en cours ; laccord sur le relèvement de lallocation de rentrée scolaire à compter daoût 1999 ; laccord sur la mise en place des mesures destinées à préserver le pouvoir dachat ; lapplication effective des mesures prises pour la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité ; laccord sur la mise en place dun comité paritaire permanent de suivi chargé de veiller à la mise en uvre des mesures arrêtées. Ce comité doit être mis en place avant le 8 mars 1999. b) Des mesure à court, moyen et long termes : toutes les recommandations contenues dans le document intitulé : "Relevé des conclusions des commissions paritaires des négociations entre le gouvernement et la FESEENA", et dont lapplication ne peut être immédiate seront examinées par le comité paritaire permanent de suivi, qui élaborera un calendrier de travail, les fera aboutir et veillera à lapplication des mesures y afférentes". Pour Daniel Kombe Lékambo, tous ces problèmes ayant été réglés, tout en pensant que le gouvernement tiendra sa parole, la reprise du travail pour les enseignants membres de la FESEENA peut être maintenant envisagée. "La FESEENA appelle donc ses membres à regagner les salles de classe le lundi 8 mars 1999 à partir de 7h00", a-t-il terminé. Grèves : mise en place de trois commissions de négociations Jean-Daniel FOTSO EYI (Source : Primature) L'Union, 05/03/1999 - CONFORMÉMENT aux conclusions arrêtées au terme des négociations entre lUnion des syndicats de ladministration publique (USAP) et le gouvernement, le ministre de la Fonction publique, de la Réforme administrative et de la Modernisation de lEtat, Patrice Nziengui, a tenu une séance de travail en début de semaine dans la salle de réunion de la Primature. Celle-ci a permis de mettre en place trois commissions de travail. Y prenaient part pour le compte du gouvernement, en plus du ministre Patrice Nziengui, le ministre Faustin Boukoubi (Santé), le ministre délégué Senturel Ngoma Madoungou (Équipement et Construction) et la secrétaire dÉtat Angélique Ngoma (Affaires sociales). Pour le compte de lUSAP, Mme Christiane Bitougat, la présidente. Après un fructueux échange de vue, les deux parties ont mis en place trois commissions : salaires, mesures sociales, structures, procédures, cadre juridique. Chacune des commissions sera composée de vingt commissaires désignés à parité. Elles siégeront respectivement, au ministère des Finances pour la commission 1, à la Caisse nationale de garantie sociale pour la commission 2, au Commissariat général de la réforme administrative (immeuble UGB) pour la commission 3. Sur la désignation des experts, commission 1 : Raymond Ndong-Sima (Hévégab) et Albert Ondo Ossa (UOB) ; commission 2 : Mesmin Soumaho (UOB) et Eugène Revangué (ministère des Affaires sociales) ; commission 3 : Victor Mpira (OPT) et Félix Eya Nguéma (fonctionnaire). Sur la désignation du médiateur, lUSAP a fait des propositions de désignation et le gouvernement sest engagé à faire autant dans les meilleurs délais après consultations. Les deux parties ont retenu une coordination générale des travaux. Celle-ci sera dirigée à parité par le conseiller Augustin Ndong MBa (ministère des Finances) et Mme Christiane Bitougat. Cette coordination comprendra également deux rapporteurs désignés à parité et quatre membres à raison de deux par partie. Cette coordination tiendra des réunions plénières tous les quinze jours à un lieu qui reste à déterminer. Négociations salariales gouvernement USAP Franck NDJIMBI L'Union, 03/03/1999 Le 21 février dernier, le chef du gouvernement et la présidente de lUnion des syndicats de ladministration publique (USAP) ont signé "un relevé des conclusions". Ils ont, par cet acte, convenu dune trêve au conflit social né le 17 novembre 1998 et qui avait fini par paralyser une bonne partie de lactivité du pays, particulièrement les secteurs de lÉducation nationale, de la Santé publique et des Travaux publics. Les deux parties se sont engagées au respect strict des dispositions mentionnées dans le relevé des conclusions. Au titre de ces dispositions, figure la mise en place des commissions de travail qui devront rendre, le 31 mai au plus tard, leurs conclusions concernant notamment le redéploiement de la masse salariale. Au regard de la situation, ce redéploiement ne pourrait se faire sans réelle volonté de la part du chef de lÉtat et celui du gouvernement dune part, et sans un sens aigu de la responsabilité et de léquité du côté des syndicats, dautre part. Car, pour comprendre la complexité et la délicatesse de la situation actuelle de la Fonction publique, il faut remonter aux sources de son dérèglement afin den extraire les causes.Tout commence lorsquau milieu des années 80 lÉtat, astreint à une concentration de dépenses publiques du fait de la conjoncture économique, prend la décision de geler provisoirement les salaires et les carrières de ses agents. Toutefois, lorsque la situation financière du pays sest redressée quelques années plus tard, au lieu de rétablir les règles de gestion (avancement automatique ou au choix), libre cours a été laissé à larbitraire, au passe-droit et à la fraude. DÉRAPAGES La Conférence nationale de mai 1990 et son corollaire, à savoir lintroduction du tout politique, la modification en 1991 du statut général des fonctionnaires sont venus sy ajouter. Certes, lintroduction du pluralisme politique dans notre pays était une nécessité quil nest point besoin de rappeler. Mais cette mutation politique a entraîné labandon, par le pouvoir politique qui en a la charge, de la gestion rigoureuse de lappareil dÉtat et donc de ladministration. Le clientélisme politique est, de ce fait, devenu la règle.Se voulant vengeresse, la loi 8/91 du 26 septembre 1991 portant statut général des fonctionnaires est aux yeux de beaucoup de compatriotes un texte injuste, inefficace et incomplet. Injuste parce quil a volontairement créé une fracture entre fonctionnaires recrutés avant son adoption et ceux qui, absents, lont été après. Inefficace parce que larticle 23 qui voulait limiter les pouvoirs du chef de lÉtat en matière de nomination et promotion des fonctionnaires à titre exceptionnel na rien changé dans le fond et la forme par rapport à son devancier qui avait le numéro 21. Enfin, ce texte est incomplet parce quil laisse une trop grande liberté aux statuts particuliers, surtout en matière de rémunération. Ainsi a-t-on assisté à tous les dérapages possibles : corruption au sein des services du ministère de la Fonction publique et à la direction de la Solde, faux décrets de promotion à titre exceptionnel et donc faux sur la signature du chef de lÉtat, ascensions irrégulières au regard des textes en vigueur du fait des responsables de ladministration, etc. Au vu de tout ce qui précède, il nest plus rare de voir dans ladministration gabonaise une secrétaire se retrouver administrateur civil en chef, inspecteur général des finances et donc à un grade plus élevé que son directeur dans la hiérarchie administrative. Nombreuses sont les personnes qui ont intégré la Fonction publique au sommet de la hiérarchie, ignorant ainsi lesprit de lensemble des textes de loi et règlement.Dans le même temps, louverture du débat aidant, les différentes corporations se sont organisées afin de bénéficier dun statut particulièrement avantageux sur le plan financier. Cest ainsi que lon a vu les enseignants du supérieur, les chercheurs, les médecins, les magistrats, bénéficier dune indemnité de logement baptisée "loyers ayant droit" et qui se trouve être près de trois fois plus élevée que celle des autres fonctionnaires de la même catégorie. Les enseignants des premier et second degré nont pas manqué de suivre. ACCESSOIRES DE SOLDE Le redéploiement de la masse salariale est possible, des "économies" sont réalisables. Pour cela, il faudra toutefois admettre que ce qui sera accordé aux uns soit retiré à dautres, la masse salariale devant demeurer la même. Les mesures prises doivent être justes afin dêtre comprises et acceptées par tous. Le principe de légal traitement salarial des agents de lÉtat doit être retenu comme préalable à toute négociation. Ainsi, deux fonctionnaires ayant le même grade devraient avoir le même salaire, indemnité de fonction exclue. Tout dabord, la suppression de lindemnité compensatrice et de la solde de base spécialité permettrait de faire passer le point dindice de 400 à 525, soit une augmentation de 31%. Ces suppressions simposent tant lexistence de ces accessoires de solde est à lorigine du dérèglement de la gestion salariale. Lindemnité compensatrice instituée en 91 était appelée à disparaître car, son objet était de compenser la perte du pouvoir dachat des fonctionnaires suite au changement de grille. Huit ans après, elle na plus de raison dexister. Dautant quelle nest applicable quà ceux des fonctionnaires intégrés avant 92. Quant à la solde de base spécialité, elle introduit une inégalité entre les corps de la Fonction publique. Cest cette indemnité qui est responsable de la fraude et de la présence dans ladministration dun nombre considérable et injustifié dinspecteurs des finances. En effet, le statut général des fonctionnaires stipule en son article 23 que : "En cas de nécessité urgente ou lorsquun intérêt supérieur lexige, le président de la République peut, à titre exceptionnel et après concertation avec le Premier ministre et avis du ministre utilisateur, du ministre de la Fonction publique et du ministre des Finances, déroger aux règles du présent statut en ce qui concerne les intégrations et les promotions. En cas de promotion au grade supérieur, lintéressé devra réunir une ancienneté de quinze ans au moins dans sa hiérarchie, son corps et sa spécialité ; il sera reclassé dans tous les cas au premier échelon du grade supérieur de son corps et de sa spécialité. Ce pouvoir ne peut être délégué. Les dispositions du présent article ne peuvent être appliquées à un fonctionnaire quune seule fois au cours de sa carrière ". Il sagit ici de lexpression du pouvoir discrétionnaire du chef de lÉtat concernant lintégration et la promotion des fonctionnaires, il nest pas discutable. Et, parce quil est précis, il doit être appliqué à la lettre. Or, ces dispositions qui ne concernent que les fonctionnaires ont été appliquées aux contractuels. Ce qui nest pas normal. Et, cette irrégularité peut encore et doit être réparée, pour la cohésion sociale. SOLUTION ÉQUITABLE En outre, nombreux sont les agents qui ont été intégrés comme fonctionnaires "à titre exceptionnel", sans pour autant remplir les critères définis par larticle 23. Notamment en ce qui concerne leurs niveaux de formation respectifs. Si lon tient compte du fait que la plupart des bénéficiaires de ces "promotions à titre exceptionnel" navaient pas quinze années dexpérience au moment de leur ascension et que, dautres ont pu passer, en un temps record, de la hiérarchie B2 au dernier échelon de la salle A1, lon comprend que ces irrégularités et fraudes concernent toutes les catégories et tous les corps de ladministration. Alors que les négociations en vue de signer la prochaine lettre dintention avec le Fonds monétaire international ne débutent quen ce mois de mars, que tous les agrégats économiques sont au rouge, que de nouveaux périls nés de la mondialisation et de la concurrence impitoyable quelle engendre nous guettent, il serait salutaire que lUnion des syndicats de ladministration publique (USAP) tout comme le gouvernement fassent montre, dune part, de flexibilité et de sens de la mesure et, dautre part, de courage et dinventivité au cours de ces négociations, afin de trouver une voie médiane qui puisse garantir un mieux-être pour tous. Service minimum dans les hôpitaux Jean-Daniel FOTSO-EYI L'Union, 03/03/1999 - Le Syndicat National des Agents et Personnel de Santé (SYNAPS) et du Syndicat de la main-duvre non permanente (Synamonps), membres de lUnion des syndicats de ladministration publique (USAP), ont dit non à la reprise du travail pour le 1er mars, comme recommandée par la présidente de leur centrale. Ils disent poursuivre le mouvement de grève et certainement pour bien longtemps. Au regard des propos tenus par le secrétaire général du Synaps, Jean Mouengofou Koumba, qui affirme que ses syndiqués ne reprendront le travail que sils obtiennent satisfaction de différents points de revendication contenus dans leur cahier de charges. A lentrée princiale du CHL, hier, quelques agents sont assis à même le sol. Ce sont les syndiqués du Synaps et du Synamonps. Ils sont sourds à lappel de lUSAP et du gouvernement pour la reprise du travail. Au moment de prendre une vue, nous sommes interpellés. "Cest bien de nous filmer, mais après on ne verra rien dans LUnion de demain", lance lun dentre eux à notre endroit. A lintérieur, le service des urgences est fermé, la maternité B est envahie par les hautes herbes. Un peu partout, la broussaille a poussé sauvagement. Le CHL a perdu son éclat dil y a quelques mois. A la petite chirurgie, le service minimum est assuré. "Monsieur stop ! Pas de photo ici !" nous dira le major, précisant quil faut voir auparavant le chef de service. Toutefois une patiente, revenue pour ses résultats de radio -- elle a été victime dun accident de la circulation dimanche -- affirme quelle a été bien accueillie et bien soignée lorsquelle y avait été conduite. Du côté de la direction générale, le DG, Guy Lasseny Duboze, est en conclave avec les membres du bureau du Synaps. Le patron du CHL, face à une grève qui paralyse son institution depuis près de trois mois, nest pas encore prêt, à ce qui semble, à faire le bilan, nous demandant de le joindre en fin daprès-midi. Le secrétaire général du Synaps sera le seul à sexprimer et à déverser sa rage sur le gouvernement qui, dira-t-il, "fait dans la division". Avant de poursuivre : "Dans notre pays, nous faisons un peu dans lamalgame. Ce nest pas bien. Nous pensons que lorsquune grève est déclenchée par un syndicat, il revient aussi à celui-ci dinviter ses syndiqués à la reprise du travail. Et si cest le gouvernement qui appelle à la reprise du travail, il y a vice de forme".Il rappelle que c est lUSAP qui a déclenché le mouvement de grève avec pour représentant dans le secteur santé le SYNAPS. Il affirme quici, il ny a pas eu de reprise de travail du tout. Tout au plus, ils ont consenti de maintenir un service minimum. Il accuse le gouvernement dêtre responsable de la poursuite du débrayage , "qui a voulu faire dans la division pour mieux régner". Lécole a été privilégiée à la santé, note-t-il, "or nous pensons que pour aller à lécole il faut passer par la maternité. Et la maternité cest lhôpital". Et de conclure : "Nous déplorons cette manière de faire du gouvernement. Je tiens à rappeler que le personnel de santé nest pas entré en grève pour amuser la galerie. Dans nos revendications, nous demandons lamélioration des conditions de vie et de travail des Gabonais. Le personnel de santé est fâché et nous tenons à lexprimer au gouvernement. Cest pourquoi nous ne reprendrons pas le travail si lEtat non plus ne consent rien". Reprise timide des cours dans les écoles Jean-Daniel FOTSO-EYI L'Union, 02/03/1999 - Les élèves du primaire et du secondaire ont repris le chemin de lécole hier matin, conformément à la décision du gouvernement de rouvrir les écoles fermées le 22 janvier dernier. Les syndiqués de lunion des syndicats de ladministration publique (USAP), de la FESEENA, du SAEG qui ont suspendu leur mouvement de grève, ont, presque tous, répondu à lappel. A luniversité Omar Bongo, les étudiants au terme dune assemblée générale ont donné deux semaines aux autorités universitaires pour régler tous les problèmes, sinon ils reprendront leur grève. Du lycée technique national Omar Bongo (LTNOB), en passant par le lycée national Léon Mba (LNLM), le lycée dEtat de lEstuaire (LEE), le CES d Oloumi, dAkébé, les écoles primaires, les établissements confessionnels, etc, la reprise des cours sest faite timidement hier. Si dans certaines classes les enseignements ont été effectifs, pour dautres cétait une prise de contact entre élèves et professeurs avant le bon redémarrage aujourdhui. La seule exception à la règle, le lycée dApplication (en face de lUOB) où, la reprise ne sera effective quà partir du 8 mars prochain, pour les classes de troisième et terminale, et le 10 mars pour les autres. La remise des bulletins du premier trimestre étant prévue pour cette fin de semaine. Ce matin, le proviseur de létablissement réunira les enseignants pour mieux les fixer sur le programme et la situation qui prévaut dans son institution, lune des plus grandes victimes des incidents du 22 janvier dernier. Au LTNOB, le proviseur Janvier Nguéma Mboumba a tout mis en uvre pour faire reprendre les cours : Il ny a eu aucun problème pour redémarrer ce matin. Dailleurs nous navons jamais été en grève, a-t-il précisé. Relevant toutefois que le problème posé par les élèves cétait celui des bus. Avant dajouter : En réunissant les élèves ce matin, nous leur avons demandé de cesser le désordre pour privilégier leurs études. Et que cest sur leur réussite en classe quils seront jugés. MISSIONS DES ENSEIGNANTS A lécole publique dApplication, le directeur, Raphaël Mboumou, a réuni ses collègues enseignants pour leur rappeler leurs missions principales qui consistent à donner des enseignements de qualité à nos élèves, de redoubler deffort pour sauver lannée, daider les enfants et de pas les abandonner. Quils évitent de faire semblant de leur dispenser les cours, alors que réellement ils ne font rien. Je naccepterai pas que les gens viennent croiser les bras. Nous tenons à rattraper le retard en travaillant les mercredis après-midi. En ce qui concerne lUOB, les choses se sont passées différemment. Les étudiants réunis en assemblée générale extraordinaire ont fait le bilan du mouvement de grève quils observent depuis près dun mois et demi. Les intervenants ont stigmatisé les exactions de la Gendarmerie nationale qui ont conduit aux regrettables débordements, ayant entraîné la fermeture de linstitution. Ils ont déploré la perte dun de leurs camarades et lincapacité des autorités universitaires à résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés, malgré lautonomie de gestion dont bénéficie luniversité. Les différents orateurs ont loué la sollicitude du gouvernement qui, malgré les difficultés actuelles, a pu dégager une somme de 5 milliards de francs CFA pour résoudre ces problèmes. Au terme de cette rencontre, les étudiants ont décidé de la suspension du mouvement de grève et ont adopté une trêve de deux semaines, afin que ladministration universitaire procède à la réhabilitation puis à louverture du campus et du restaurant universitaire ; la réhabilitation de la bibliothèque et du centre médical ; la distribution des bourses; le départ du recteur et du secrétaire général ; louverture dun site informatique et dun site dinternet. Tous ces points constituent un préalable pour la reprise effective et définitive des cours à luniversité Omar Bongo, a insisté lun des étudiants. L'AFD (Agence Française de Développement) suspend ses décaissements L'Union, 25/02/1999, NDEMEZOO ESSONO LAgence Française de Développement (AFD), lun des principaux bailleurs de fonds du Gabon, vient de décider de geler jusquà nouvel ordre tout nouveau décaissement en faveur de Libreville. Selon lAFD, lEtat gabonais nhonore pas ses engagements depuis un certain temps. Cest ainsi quen octobre 1998, il a été incapable de rembourser la somme de 120 millions de francs français (12 milliards de FCFA) due à lAgence et il en sera probablement de même lors de la prochaine échéance fixée au mois davril 99 pour le même montant. Cest donc un coup dur pour le gouvernement gabonais car lAgence française de développement finance la plupart des projets de développement au Gabon (routes, assainissement des villes, habitat, etc ). Il va sans dire que les projets en cours dexécution sont purement et simplement gelés jusquà nouvel ordre, faute de financements. Pour la première fois, lEtat gabonais ne rembourse pas les échéances de sa dette (70% du PIB) aux bailleurs de fonds internationaux. On indique à cet effet que dautres principaux créanciers, comme la Banque africaine de développement (BAD), pourraient bientôt (si ce nest déjà fait) emboîter le pas à lAFD. Le Gabon, à la différence de beaucoup de pays africains, na jusquà présent jamais bénéficié dune annulation de ses créances. Les déséquilibres financiers de lEtat avant la dévaluation du franc CFA intervenue en janvier 1994 ont, avec lapprobation du Fonds monétaire international, conduit Libreville à conclure avec les principaux pays créanciers un accord élargi en appui à son Programme dajustement structurel, où lEtat bénéficie dun allègement de sa dette par rééchelonnement et refinancement. Depuis le réajustement monétaire, le montant de lencours de la dette libellée en devises (la moitié en franc français) a doublé, passant de 900 milliards en 1993 à 1900 milliards en 1997 et probablement plus aujourdhui. La dette bilatérale représente plus de 70% de la dette totale, les dettes multilatérales et bancaires font respectivement 14% et 6%. 1999 DIFFICILE Si auparavant, la forte hausse des recettes pétrolières permettait à lEtat dhonorer régulièrement ses échéances et de diminuer lencours de la dette, la situation est différente aujourdhui. En effet, comme le soulignait lors dune récente interview le président Bongo, «avec un prix du baril de pétrole aussi bas quaujourdhui, avec la mévente du bois due à la crise asiatique et lépuisement de nos gisements de manganèse, lannée 1999 sannonce difficile pour nous. Jai lhonnêteté et le courage de le dire». Le gouvernement, qui avait prévu dimportants remboursements en 1998 et 1999, pourra donc difficilement tenir sa parole parce que les recettes budgétaires pourraient diminuer de 33% en 1999 du fait du seul secteur pétrolier. «Compte tenu du rôle des dépenses budgétaires dans lactivité globale cette diminution aura un «effet récessionniste sur léconomie, qui se fera surtout sentir en 1999». Fin de grève : l'USAP s'explique L'Union, 25/02/1999, Jean-Daniel FOTSO-EYI La présidente de lUnion des syndicats de ladministration publique (USAP), Christiane Bitougat, a donné un point de presse hier matin au siège du SEENA à la gare routière au cours duquel elle a confirmé la suspension du mouvement de grève que sa structure observait depuis le 17 novembre dernier, annoncé la participation de ses syndiqués aux travaux en commissions, conformément aux principes de la convention signée dimanche dernier avec le gouvernement, la reprise du travail et la réouverture des écoles dès le lundi 1er mars 1999. La présidente a mis en garde certains confrères qui font de lintox et laccusent, sans preuve, davoir perçu des millions de francs CFA. Elle promet le Tribunal à quiconque osera encore la calomnier. Pour un point de presse, la salle de réunion du SEENA était remplie comme un uf par de nombreux syndicalistes de lUSAP venus écouter leur présidente, et qui ne cessaient de réagir par des applaudissements. Faisant la genèse de la grève, Christiane Bitougat a, dentrée, accusé le gouvernement davoir volontairement laissé pourrir la situation. Ce qui a eu pour effet de paralyser la machine de ladministration du pays. Les conséquences qui en découlent sont incalculables. Selon la présidente de lUSAP, si lon en est arrivé là, cest assurément le fait du gouvernement qui, des mois durant, prenant prétexte de la campagne présidentielle, a opposé une fin de non recevoir catégorique aux justes et légitimes revendications que lui avaient soumis sa centrale syndicale le 27 octobre 1998. Un tel refus, consécutif à lidée péjorative que ledit gouvernement se faisait de lUSAP en la taxant de suppôt de lopposition, est-il besoin de le souligner, ne pouvait nous amener à baisser notre garde, a-t-elle indiqué.Cest pourquoi, devait-elle poursuivre, il nous a fallu dès lors durcir le ton et raidir encore plus notre position, toutes choses qui relèvent de la stratégie et de la tactique syndicales et visaient à infléchir les autorités gouvernementales. PERTINENCE DES REVENDICATIONS Cependant, le 28 décembre 1998, le gouvernement a enfin reconnu la pertinence de nos revendications en acceptant de discuter avec nous. Ces discussions ont été éphémères, notre interlocuteur ne proposant rien de concret. Il semployait plutôt à gagner du temps et à discréditer limage de lUSAP auprès de lopinion nationale et internationale; se sont ajoutés les entraves aux libertés syndicales, les matraquages et les persécutions physiques et moraux. Le mouvement de grève de lUSAP prenant une ampleur nationale et ses conséquences devenant de plus en plus inquiétantes, le nouveau gouvernement accepte de relancer le dialogue. De ces contacts, prélude aux négociations, lUSAP et le gouvernement sont parvenus à saccorder, a-t-elle affirmé, sur des principes devant guider et faciliter le travail dans les commissions, pour une durée de deux mois, participation dexperts neutres choisis consensuellement dans les commissions de travail, désignation conjointe dun médiateur pour la conduite de travaux en plénière, acceptation du principe de la négociation salariale permanente à une périodicité à définir daccord parties, acceptation du principe de la redistribution de ressources, fruits des économies dégagées dun commun accord; acceptation du principe de la mise en place des mesures destinées à préserver le pouvoir dachat; mise en place dun comité paritaire permanent de suivi; engagement du gouvernement à faire respecter les libertés syndicales conformément à la loi . Ayant été informée de ces données, la base de lUSAP, tout en notant que celle-ci constituait une légère avancée, a noté lintervenante, a dès lors demandé quun effort supplémentaire soit fait, aux fins de bien marquer la volonté daboutir du gouvernement. Cest dans ce sens que certaines revendications
qui, non contenues dans les cahiers de charge de lUSAP, mais plutôt sectorielles
ont été prises en compte. Il sagit du statut particulier des personnels de la
Santé et des Travaux publics. Dans le même souci, certains engagements ont été
pris pour faire aboutir, dans les meilleurs délais, les textes devant régir le personnel
de la main-duvre non permanente de ladministration publique. Et au
regard de ce qui précède et consciente du devenir de la jeunesse gabonaise, de la
relance de la machine administrative et la préservation de la paix sociale, lUSAP
décide de suspendre son mouvement de grève pour compter du lundi 1er mars 1999, date
effective de la reprise du travail et des cours sur lensemble du territoire
national. Par ailleurs, elle accepte dentrer en commissions dans le but
dy trouver matière à la satisfaction de ses revendications.Toutefois ce
nest que dans un grand élan de patriotisme que lUSAP sest résolue à
cette prise de décision. Elle veut pour une fois encore croire à la bonne volonté du
gouvernement pour laboutissement de ces justes et légitimes causes. L'Union, 24/02/1999, ONDOUBANTSIBAH Les mouvements sociaux que notre pays connaît depuis plus de trois mois étaient au centre de la séance de travail qui a rassemblé, au cabinet du Premier ministre, le gouvernement et le Conseil économique et social (CES). Le gouvernement était représenté par son chef, M. Jean-François Ntoutoume Emane, le ministre de la Fonction publique, M. Patrice Nziengui, et le ministre délégué aux Finances, M. Fabien Owono Essono. Me Mayila, son vice-président et certains conseillers représentaient le CES. Initiateurs de la rencontre, le président du Conseil et ses collaborateurs voulaient se concerter avec le gouvernement sur lévolution des mouvements sociaux. Notamment la nature de laccord signé entre le Premier ministre et la présidente de lUSAP. Lequel serait perçu par dautres syndicats comme une manière de les marginaliser et dattribuer à lUSAP qui na pas participé aux travaux en commissions, leurs résultats. Saisi par ces dernières structures syndicales, le CES se devait, en tant quinstitution, de demander damples informations au gouvernement. Cest donc ce qui explique la démarche de Me Louis Gaston Mayila qui, intervenant en premier lieu, a fidèlement traduit les préoccupations des syndicats et autres conseillers économiques et sociaux. Lorateur a toutefois reconnu que la situation sociale actuelle pose problème. POLITISATION Jean-François Ntoutoume-Emane a, dans sa réponse, salué linitiative du Conseil. «Car, a-t-il dit, notre pays est dans des difficultés et nous devons tout faire pour le sortir de là. Pour cela, il nous faut être solidaires. Ce qui signifie que nous devons nous informer mutuellement.» Revenant sur le cours des évènements, le Premier ministre a rappelé que depuis trois mois, lUnion des syndicats de ladministration publique était en grève. Les autres syndicats dont la FESEENA, sétaient montrés plus conciliants et avaient préféré négocier avec le gouvernement. Pendant trois semaines, des travaux en commissions ont été effectués. À partir de ces travaux, un document a été élaboré. Lequel attend dêtre soumis en conseil des ministres. LUSAP jusquau week-end dernier, refusait toujours le principe des négociations. Après quelques tractations, le gouvernement et lUSAP ont réussi à rapprocher leurs positions. Cest ce qui a permis la signature du document qui définit les principes de négociations à venir entre la structure de Mme Bitougat et léquipe de Ntoutoume-Emane. Lordre du jour y est également inscrit. Cest donc un document qui signifie simplement que toutes les deux parties acceptent de négocier, pas plus, a précisé le Premier ministre. Le locataire du 2-Décembre sest également interrogé sur linterprétation donnée à cet accord. Je ne vois pas comment sans négocier quelquun peut dire quil a obtenu ou perdu quelque chose , sest-il demandé. En fait, le gouvernement ne fait que commencer avec lUSAP ce quil a déjà fait avec les autres syndicats. Cest-à-dire, effectuer des travaux en commissions. À la fin de ces travaux, le gouvernement fera une synthèse, et la soumettra à lappréciation du président de la République. Jean-François Ntoutoume-Emane a en outre saisi loccasion pour demander au CES de remplir sa mission de pédagogue. Car, les syndicats gabonais ont besoin davoir des explications sur la situation économique du pays. Tout comme ils doivent recevoir des informations sur le poids des contraintes des engagements pris auprès des institutions internationales Toujours dans le même ordre didées, le Premier ministre a révélé à ses hôtes que les syndicats connaissaient également des problèmes de politisation et de leadership. Et cette politisation concerne aussi bien les hommes politiques de lopposition que ceux de la majorité. Le Gabon a-t-il besoin de ça aujourdhui, au moment où les difficultés quil connaît vont crescendo ? Reprise progresssive des cours L'Union, 22/02/1999, Jean-Daniel FOTSO EYI Le ministre de lÉducation nationale, Porte-parole du gouvernement, André Mba Obame, a annoncé dans un communiqué samedi dernier, la reprise des cours dans les établissements publics non touchés par la grève à partir de ce matin et les autres dès le 1er mars prochain. Dentrée, le ministre a rappelé que depuis le 28 décembre dernier, le gouvernement de la République a renoué le fil de la concertation avec les partenaires sociaux. Voici quelques extraits de ce communiqué. «Cette concertation amorcée au mois daoût 1998, à la demande du président de la République, faisant suite au dépôt dun cahier de charges par les centrales syndicales COSYGA et CGSL, sétait déjà traduite par un certain nombre de mesures dont la suppression et la réduction de la TVA sur un ensemble de produits de première nécessité pour compter du 1er septembre 1998, matérialisé par un arrêté du ministre des Finances, pour un coût de plus de 5 milliards de F. CFA», a dit le ministre. Précisant que dans le cadre de cette concertation permanente souhaitée de part et dautre, des experts gouvernementaux, la COSYGA, la CGSL, la FESEENA et le SAEG auxquels se sont joints le patronat, lUTG, le CSG, le syndicat des commerçants et celui des consommateurs, ont procédé du 1er janvier au 6 février 1999 à un examen approfondi des points de revendication contenus dans les cahiers de charges présentés par lensemble des centrales syndicales et des syndicats autonomes. PROPOSITIONS ET RECOMMANDATIONS. Cet examen a donné lieu, selon le ministre, à des propositions et recommandations contenues dans un rapport remis au président de la République et au gouvernement qui, après avoir examiné ce rapport et loué sa qualité, a décidé de reprendre à son compte certaines recommandations, notamment : le principe du relèvement modulé du point dindice ; le principe du relèvement de lallocation familiale ; le principe du relèvement de lallocation de rentrée scolaire dans les secteurs public et privé ; le principe de la mise en place des mesures destinées à préserver le pouvoir dachat ; la mise en place dun comité paritaire permanent de suivi chargé de veiller à la mise en uvre des mesures arrêtées. - Louverture des négociations sectorielles au niveau
du secteur privé en vue de la revalorisation du SMIG ; Mba Obame a déclaré en substance ce qui suit : «Déterminé à asseoir un climat de dialogue permanent, de concertation active et de confiance avec lensemble des partenaires sociaux, le gouvernement a entamé le 28 décembre 1998, une série de rencontres avec lunion des syndicats de ladministration publique (USAP), qui observe un mouvement darrêt de travail depuis le 17 novembre 1998». Puis dajouter : «Soucieux du bien-être de lensemble des catégories sociales de notre pays, et reconnaissant le bien-fondé de la plupart des revendications de lUSAP qui vont dans le sens de lamélioration des conditions dexistence des populations, le gouvernement semploie, au début de ce septennat placé sous le sceau du social par le président de la République, à un aboutissement heureux des négociations en cours avec lUSAP». Avant de poursuivre : «A ce jour, les négociations ont donné lieu à des avancées significatives. Aussi, le gouvernement et lUSAP ont convenu de ce qui suit, prélude au démarrage des travaux en commissions : acceptation du principe de la négociation salariale permanente, à une périodicité à définir daccord parties ; acceptation du principe de la réallocation des ressources ; acceptation du principe de la mise en place des mesures de préservation du pouvoir dachat ; travaux en commissions pour une durée de 2 mois ; participation aux travaux en commissions dexperts neutres choisis consensuellement ; désignation conjointe dun médiateur pour la conduite des travaux en plénière ; adoption urgente du statut particulier des fonctionnaires du secteur santé ; adoption urgente du statut particulier des fonctionnaires du secteur infrastructure et équipement ; mise en place dun comité paritaire permanent de suivi». ( ) Il devait, avant de conclure, ajouter ces mots : «Cest dans cette perspective que le gouvernement est en train de déployer dimportants efforts financiers et matériels exceptionnels relatifs : à la réhabilitation du matériel roulant du transport scolaire ; à la réhabilitation du lycée dApplication de Libreville et au nettoyage des établissements scolaires de Libreville pour un montant dun milliard de francs CFA ; à la réhabilitation de lUniversité Omar Bongo pour un montant de 5 milliards de F. CFA ; à la réhabilitation des batteries de cuisine du Centre hospitalier de Libreville pour un montant de 500 millions de F CFA ; à une dotation exceptionnelle en médicaments aux unités sanitaires de la CNSS pour un montant de 500 millions FCFA». Cest pourquoi, a estimé en définitive Mba Obame, «Déterminé à assurer à notre jeunesse une année académique normale, le gouvernement de la République a décidé de la réouverture des établissements denseignements primaire, secondaire et supérieur conformément aux calendriers scolaires réaménagés». Reprise des cours: calendrier scolaire et universitaire Publié dans l'Union du 22/02/1999 I - Enseignements primaire, secondaire général et technique et établissements sous tutelle : Calendrier de reprise : Congés et vacances scolaires pour les 2e et 3e trimestres : La fin de lannée scolaire 1998-1999 est fixée ainsi quil suit : Pour le premier degré : Les dates de rentrées scolaires pour lannée
1999-2000 : II- Calendrier universitaire de lannée académique 1998-1999 Université des sciences et techniques de Masuku (USTM) :
Université Omar Bongo (UOB) |