Journaux Gabonais:  L'Union


Restructuration économico-financière : la fermeté nécessaire

L'Union, 25/03/1999 par Franck NDJIMBI

LA restructuration de notre tissu économico-financier, préconisée par les institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) est devenue au lendemain de la chute brutale des cours des matières premières, que sont singulièrement le bois et le pétrole, un enjeu politique majeur. Aussi, la mise en œuvre des grands axes de la politique économico-financière prônée par le Premier ministre, Jean-François Ntoutoume-Émane, risque-t-elle encore de se heurter à des écueils. Et non des moindres. Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre a clairement signifié que des "actions urgentes et courageuses" doivent être entreprises. Pour ce faire, a-t-il précisé, "l’action gouvernementale s’orientera vers la diversification de l’économie". En clair, il s’agira de "limiter (…) l’impact négatif de la contraction du budget sur (…) le pouvoir d’achat des ménages…", "réorienter les interventions vers les secteurs porteurs" et "réformer l’État". En outre, il sera question de "renégocier la dette extérieure" tout en mettant l’accent sur l’investissement. Notamment dans le domaine des infrastructures routières et des télécommunications ainsi que le social, à savoir : la santé, l’emploi et le logement. Car, tout en prenant une part active au décollage économique du pays, ces secteurs sont ceux qui créent le plus de soucis au commun des Gabonais.

Le projet de Jean-François Ntoutoume-Émane, présenté comme un alliage de "pragmatisme et de rigueur" qui ouvre la porte à une "rationalisation des choix", mettra donc sur les charbons ardents les ministres en charge des Finances, des Affaires étrangères, de l’Équipement, de la Communication, de la Santé, du Travail et de l’Habitat. Et, si pour certains d’entre eux, il a valeur de test, pour d’autres il prendra des allures de puzzle infernal tant ces derniers sont habitués à travailler avec des enveloppes colossales, qui n’ont pas toujours les effets escomptés.

SURFACTURATION

En effet, si la récession financière peut être perçue comme conjoncturelle alors que la situation de la santé et de l’emploi s’est soudainement dégradée, en dépit des gros efforts consentis par le ministre Faustin Boukoubi, il n’en va pas de même pour les infrastructures routières et l’habitat. Car, selon les experts, notre pays est l’un des endroits au monde où le kilomètre de bitume est le plus cher tandis que, c’est toujours la croix et la bannière pour construire une maison. Et pourtant, depuis près d’une décennie, ces deux secteurs font partie des priorités des différents gouvernements. Et des crédits importants sont régulièrement alloués aux responsables politiques qui, quoi qu’on en dise, ont permis à notre pays de se doter du minimum, même si au regard des travaux effectués, il y a toujours comme une odeur de surfacturation. Du reste, les récentes hésitations de M. Nkili-Bengone, directeur général des Travaux publics, au micro de nos confrères de la chaîne 1 et la fébrilité de son administration suite aux propos de l’honorable Obame Abessole lors du discours de politique générale du chef du gouvernement, tout comme le ramdam qu’il y a eu autour du portefeuille de l’Habitat tendent à prouver que l’orthodoxie gestionnaire est souvent très éloignée des méthodes qui ont cours dans ces domaines-là.

Derrière ces réserves et remarques, c’est l’autorité du Premier ministre et sa capacité à sévir qui sont en jeu. Sans pour autant jouer les boutefeux ou les apprentis-sorciers, il y a lieu de l’inviter à la fermeté, à la rigueur à l’endroit de ses ministres, quelle que soit leur influence, supposée ou réelle. Là réside la quadrature du cercle. De fait, gagnés par l’ambition démesurée, certains ministres, héritiers autoproclamés du chef de l’État, Omar Bongo, ne songent qu’à s’en mettre plein les poches, à se constituer un trésor de guerre, utilisable le cas échéant, quitte à saper l’action gouvernementale.


Réduire le train de vie de l'État

L'Union, 23/03/1999 par Franck NDJIMBI

ARRIVÉ à la tête du ministère de l’Économie, des Finances, du Budget et des Participations, chargé de la Privatisation, à un moment où tous les agrégats macro-économiques sont au rouge, où les difficultés quotidiennes des masses populaires semblent aller crescendo, Émile Doumba a reçu pour mission essentielle l’assainissement des finances publiques. Car, avec la mévente de nos principaux produits d’exportation  --  bois et pétrole, singulièrement  --   la situation financière de notre pays est si délicate que le pire est à craindre, si rien n’est fait dans un délai de deux ans. Du moins selon les analystes économiques. Ainsi, fort des missions qui lui ont été confiées, le tout nouveau ministre de l’Économie et des Finances entend tout mettre en œuvre pour discipliner, autant que faire se pourra, l’exécution du budget national. Tout comme il est déterminé à mettre un frein aux gaspillages qui ont, jusque-là, eu cours dans la haute administration. Autant d’objectifs qui ont des allures de défis tant les vieilles habitudes ont la vie dure, alors que le ministère des Finances ressemble, dans sa structure, à un ensemble de citadelles, si ce n’est de donjons ou de sanctuaires, interdits aux non- initiés. Émile Doumba a donc du pain sur la planche. Et, il le sait mieux que quiconque. Car, fort de son profil de technocrate qui ne maîtrise nullement les arcanes de l’administration et, encore moins, de la politique, il a, sitôt arrivé, décidé de s’attaquer à l’épineux problème du patrimoine public. Notamment le délicat problème des véhicules.

CADRES ISSUS DU PRIVÉ

Toutefois, ayant permis à de nombreux cadres administratifs et politiques de s’approprier de gros cubes à des conditions défiant l’entendement humain, la situation qui prévaut jusqu’à ce jour n’est pas faite pour gêner grand monde. C’est pourquoi, Émile Doumba a un mal fou à diligenter son enquête, qui se heurte aux réticences de nombreux cadres. Et, comme pour témoigner de ce qu’ils n’entendent pas, sinon céder une once de leurs prérogatives actuelles, du moins renoncer à leurs pratiques, ces derniers fulminent et ruminent leur colère. " Il vient d’arriver. C’est toujours comme ça. On verra où il ira " entend-on, tel un leitmotiv, dans les couloirs. Dans un tel contexte, fait de méfiance réciproque et de quiproquos, Émile Doumba semble être à la peine. Et son entreprise condamnée à se retrouver aux oubliettes. Surtout si l’on tient compte de ce que les concessionnaires automobiles et autres entreprises qui ont des contrats faramineux avec l’État ont, généralement, pour actionnaires des hauts dignitaires du régime. Le mélange des genres, c’est aussi ça le Gabon !

Aussi, pour parvenir à réaliser son ambition, Émile Doumba entend-il s’appuyer sur une nouvelle génération de cadres, essentiellement issus du secteur privé et qui en ont gardé la culture. Du reste, des informations glanées ici et là tendent à accréditer l’idée selon laquelle il aurait déjà pris langue avec certaines multinationales qui doivent lui céder des agents afin que ces derniers puissent occuper, non pas des postes de décision, mais plutôt des fonctions techniques où leur rigueur et leur savoir-faire pourront être d’un précieux apport. Car, il s’agit, dans un premier temps, de ménager la chèvre et le chou tout en creusant son sillon, avant de pouvoir faire valoir ses idées. Entre volonté de révolutionner les méthodes actuelles afin de remplir son contrat et désir de ne pas s’aliéner les sympathies de certains de ses collaborateurs dont la capacité de nuisance est connue, Émile Doumba semble parti pour se livrer à un numéro de funambule. A moins qu’il ne décide de donner un coup de pied dans la fourmilière, tout en se tenant prêt à en assumer le contrecoup. Les révolutions se font toujours dans la douleur, la haine… Le "Mal gabonais" est un méchant ogre qui a dévoré tous ceux qui ont osé se mettre en travers de sa route. Bonne chance et du courage, Emile !


Le ministre Toungui déplore le désistement de grandes sociétés pétrolières

L'Union, 16/03/1999 par Bona MASANU

LA commémoration des 10 ans de production du champ de Rabi-Kounga par Shell Gabon a donné l’occasion à M. Paul Toungui, ministre en charge du Pétrole, des Mines et de l’Énergie, au cours d’un entretien, de dresser le tableau synoptique de l’environnement pétrolier en évoquant les perspectives du potentiel minier gabonais dont il a dit qu’elles sont encourageantes. "Nous n’avons pas attendu le déclin de Rabi, a indiqué le ministre, pour pouvoir lancer la campagne pour attirer les investisseurs sur les activités offshore. Seulement, nous avons joué de malchance, compte tenu du niveau actuel des cours, comme vous le savez, qui n’incitent pas les investisseurs à aller dans des zones à hauts investissements financiers". Précisant les circonstances du lancement de la grande campagne du 8e appel d’offres, il a indiqué que les soumissions n’ont pas été importantes parce que beaucoup de majors qui avaient manifesté leur intérêt à ce sujet ont fini par se désister en dernière minute, à la suite de l’effondrement des cours mondiaux. Avant d’ajouter : "Néanmoins, nous avons tout de même sur 13 blocs pu attribuer 3 et les autres blocs sont encore disponibles et nous sommes sûrs que si les cours venaient à remonter, il y aurait des sollicitations sur ces blocs et nous avons des assurances dans ce sens d’un certain nombre de pétroliers".

Étant donné que Elf Gabon a décidé de reporter en l’an 2000 des opérations d’exploration pétrolière -- ce qui n’est pas sans conséquence sur les recettes et le budget de l’État -- le ministre Toungui a reconnu la préoccupation des opérateurs de se montrer moins engageants. Tout en faisant preuve d’un certain optimisme, il a soutenu que "cela va sûrement différer les travaux pour au moins un an voire deux, sans qu’il y ait un arrêt total. Ce qui est encourageant, c’est que dans les exposés qui m’ont été faits par Elf et Shell, il y a quand même un certain nombre d’activités concernant aussi bien l’exploration que le développement des champs qui ont été maintenus". Évoquant les autres richesses minières dont l’exploitation concourt également à la confection du budget de l’État, le ministre Toungui s’est appesanti sur le niobium (métal brillant d’un blanc proche du platine, rare, exploité par la SOMIMA), sur lequel l’État gabonais fonde quelques espoirs, d’autant que le niveau des cours paraît bon. "Sur ce chapitre, a-t-il souligné, nous sommes actuellement dans une phase de recherche de partenaires pour lancer les opérations et compte tenu du niveau appréciable des cours, ce projet pourrait voir le jour d’ici à l’an 2000". Rappelons que la production mondiale du niobium est de 35 000 tonnes par an dont 90 % sont produits par le Brésil et 10 % par le Canada. Ce marché est très porteur avec, dit-on, de forts potentiels d’achat de la part de la Chine et de l’Inde.

Le Gabon a pour ambition d’atteindre 20 % des parts de ce marché avec une production annuelle prévisionnelle de 7000 tonnes. Parmi les autres potentialités dont regorge le pays, si l’on arrivait à réaliser par exemple le port de Mayumba ainsi que la route reliant Tchibanga à Mayumba, avec un pont sur la lagune, les ressources minières localisées autour de la région de la Nyanga seraient exploitées radicalement, ce qui donnerait un plus, a révélé Paul Toungui. Un permis de recherche de diamant a été par aillleurs attribué à la société De Beers. Ce projet couvre une très vaste zone qui va de Libreville jusqu’à Mitzic, dans le nord du pays, en passant par Ovan dans l’Ogooué-Ivindo. Les premiers travaux de prospection, a fait valoir le ministre, sont en cours et les perspectives s’annoncent intéressantes, mais nous attendons plus d’informations. Tout en rappelant au passage qu’avec la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), qui exploite le manganèse, le chef de l’État avait demandé au groupe français Eramet (Erap, Elf et Imétal) que le Gabon ne soit pas seulement exportateur de matières premières, mais qu’accessoirement il lui soit versé aussi la quote-part de la valeur ajoutée sur le site de Moanda. D’autre part, le ministre des Mines et du Pétrole a annoncé que la première partie d’un projet d’une usine de copeaux de manganèse sera mise en chantier. Et si les conditions d’alimentation énergétique sont remplies, le pays se dotera d’une autre usine d’alliage de manganèse. Au demeurant, notre interlocuteur a conclu que "l’État se doit de développer les secteurs où des avantages comparatifs sont patents en incitant les investisseurs à venir au Gabon".


L'opposition soucieuse de coller aux valeurs républicaines

Jean Christian KOMBILA

L'Union, 12/03/1999 - En proie à de nombreuses interrogations à propos ou non de sa participation la veille de la déclaration de politique générale du Premier ministre, mais faisant montre de conscience concernant le contexte socio-économique particulier auquel fait face l’ensemble du pays, l’opposition, a dit Pierre Mamboundou, son chef de file et président du groupe parlementaire FDU à l’Assemblée nationale, a pris part au débat qui a suivi pour "témoigner son attachement aux plus hautes valeurs républicaines." Faisant montre de pessimisme à la suite de l’intervention du Premier ministre, le député-maire de Ndendé s’est montré dubitatif sur l’avenir des relations entre les institutions financières internationales et le Gabon, au lendemain notamment de l’annonce par l’Agence française de développement de ne plus financer certains projets de développement de notre pays. Puis, il a asséné quelques exemples pour soutenir ses propos, indiquant en outre que "la Générale des Eaux a suspendu, aussi longtemps que l’Etat n’aura pas apuré son passif, les engagements sur le budget d’investissement 1999 de la SEEG" notamment. Tout comme c’est le cas de la BAD en ce qui concerne le financement du programme de construction et d’entretien du réseau routier, a-t-il aussi lancé. Dans ce contexte reconnu préoccupant pour l’avenir du pays, et s’adressant au chef du gouvernement, l’élu de la Dola a enfin lancé : "Monsieur le Premier ministre, avec quels moyens allez-vous financer votre développement" ?

Enfin, soucieux de vouloir faire acte de présence utile au service du développement pour parvenir à la justice sociale de plus en plus souhaitée par les couches défavorisées, Pierre Mamboundou a exhorté le gouvernement à explorer des voies nouvelles pour réduire la fracture sociale. Dénonçant l’impact des fonctions politiques sur la solde des agents de l’Etat, il a appelé le Premier ministre à envisager les voies et moyens pouvant permettre à l’Etat de glaner à travers ces fonctions jugées ruineuses, des économies annuelles estimables. Ensuite, énumérant l’ensemble de ces fonctions pour lesquelles ses amis et lui ont mené une étude, laquelle a inventorié 582 agents aux emplois politiques , le député-maire de Ndendé a vu sur ce chapitre, a-t-il dit en substance, le lieu indiqué pour permettre à l’Etat d’engranger des économies inédites. Traçant par ce biais quelque piste, il n’a pas manqué de dire qu’en empruntant ce chemin, l’Administration financière pourrait faire économiser au pays la somme de 2. 542. 920. 000 FCFA. Enfin, il a appelé les plus hautes autorités de l’Etat, à donner l’exemple de cette solidarité à laquelle s’attendent davantage ceux dont les salaires ne leur permettent plus aujourd’hui de bien vivre sous le poids des difficultés qui les assaillent sans cesse.

Auparavant, Benoît Mouity Nzamba, le député de Mougoutsi et président du groupe parlementaire PGP, a interpellé le chef du gouvernement lui demandant de veiller à conserver autant que faire se peut l’unité de la nation. Résolument offensif, l’élu du département de Mougoutsi dans la Nyanga, a dénoncé "l’oubli" en forme d’ostracisme dont ont été "victimes" les villes de Port-Gentil, capitale économique et fief politique du PGP, et celle de Tchibanga dont les électeurs ont contribué à la réélection du président de la République, a-t-il souligné, ne sont pas représentés au gouvernement. Traduisant le sentiment général qui a gagné son département à la vue de la compositon du nouveau gouvernement il a lancé, interrogatif, au Premier ministre "Qu’est-ce qui explique alors l’absence d’un natif de ce département dans votre gouvernement dont je reconnais le caractère pléthorique ? " Pour lui, a-t-il dit enfin, "les Nynoises et les Nynois, ceux du département de Mougoutsi en particulier ne tomberont pas dans le piège de la division que leur tendent quelques compatriotes en mal de pouvoir absolu". Pourtant, a déclaré Mouity Nzamba, les Nynois en général sont un seul peuple uni par les liens du sang, par la langue et la culture, telle que l’est et doit le demeurer la République. C’est ce message d’indivisibilité de la nation en définitive qu’ont tenu malgré tout à transmettre en prenant d’assaut et tôt l’hémicycle de la cité de la Démocratie, les députés de l’opposition.


Discours du programme de politique générale

Victor MBEGAH EFFA

L'Union, 12/03/1999 - Il était exactement 15h49 quand Jean-François Ntoutoume Emane est monté à la tribune de l’Assemblée nationale pour présenter son programme de politique générale. Il en est descendu à 17h49. Deux heures pleines d’une grande intensité et qui traduisaient à la fois la force intellectuelle de l’homme et son souci de réussir son action à la tête du gouvernement. Un discours fleuve, dense, exhaustif et fourmillant de précisions. De mémoire de député dans ce même hémicycle, on avait rarement entendu un exposé de cette qualité. En plus, le Premier ministre s’est voulu modeste et réaliste quand il a fait constater que la matière était vaste, et les difficultés, nombreuses. C’est que pendant deux heures, Jean-François Ntoutoume Emane a fait un constat sans complaisance de notre société, des difficultés qui sont les siennes et du fonctionnement actuel de l’Etat. Et comme il était là pour dire ce que lui et son gouvernement allaient faire pour innover et répondre aux préoccupations des Gabonais, le Premier ministre n’a voulu rien laisser dans l’ombre.

D’emblée, il a tenu à délimiter son champ d’action en précisant que son bréviaire, c’est la lettre de cadrage du chef de l’Etat dont il allait s’inspirer tout au long de son action. Une lettre qui lui précisait le contenu du "Pacte national de solidarité et de développement". Ntoutoume Emane pense justement que ne pas en tenir compte serait, a-t-il avoué, aller à l’encontre des aspirations du peuple gabonais. Discours politique certes, mais surtout, discours économique à haute tonalité sociale. Surtout, quand il a parlé de sursaut national devant nous conduire à "rompre avec certaines pratiques archaïques". Après avoir survolé l’actualité mondiale sur les rapports Nord-Sud et les mécanismes de l’échange, montrant surtout les incertitudes qui nous guettent et nous angoissent, le Premier ministre est alors véritablement entré dans le vif du sujet. Un sujet à cheval sur divers concepts alliant éclosion politique due à la Conférence nationale et difficultés économiques dues aux aléas de la conjoncture internationale. C’est, dans la situation actuelle, la mévente de nos matières premières, le pétrole et le bois, notamment. Un triste constat qui a amené Ntoutoume Emane à proclamer le renforcement de la solidarité en faisant taire les égoïsmes. Ce qui va impliquer, a-t-il souligné, une nouvelle lecture des rapports de l’Etat avec l’individu afin de matérialiser ce qu’il désigne par le terme "d’espoir symétrique", différent du doute qui s’empare des Gabonais.

EXHAUSTIF

Se voulant plus concret et en phase avec les attentes du peuple gabonais, le Premier ministre a axé son propos sur quatre grands axes : la réforme de l’Etat, sa restauration, son autorité et sa modernisation ; la relance de l’économie à travers sa diversification qui inclut la maîtrise et l’assainissement des finances publiques ; l’amélioration des conditions d’existence de nos populations et la poursuite d’une politique extérieure d’ouverture au service de la paix et du développement. Jean-François Ntoutoume Emane s’est ensuite employé à détailler chacun de ses axes avec un aplomb qui en dit long sur sa détermination pour parvenir à une révolution des moeurs et des méthodes de gestion à tous les niveaux. Le chef du gouvernement, tel un leimotiv, a insisté sur la rigueur qui doit animer désormais les acteurs nationaux, toutes tendances confondues. Le Premier ministre a particulièrement insisté sur la revalorisation du fonctionnaire qui doit désormais avancer au mérite. En gros, une réforme de l’Etat visant à la création d’un environnement propice à répondre aux aspirations des populations.

Dans ce contexte, tout y est passé. Absolument tout. De la politique de décentralisation aux moyens puissants à donner à l’administration centrale en passant par la restauration de l’autorité de l’Etat. Le Premier ministre a mis un point d’honneur à insister, de façon singulière, sur les problèmes de sécurité par l’annonce du renforcement des mesures conséquentes pour lutter contre le grand banditisme, entre autres. Ne perdant pas de vue qu’un Etat fort s’appuie sur une justice forte, le Premier ministre a promis de donner des instructions au garde des Sceaux pour améliorer la formation de nos magistrats etc. Un véritable discours-programme sur lequel nous reviendrons dans nos prochaines parutions.


Sénat : deux ans déjà

Lin-Joël NDEMBET

L'Union, 10/03/1999 - C’EST aujourd’hui que le Sénat célèbre les deux ans de la mise en place de ses organes, en 1997, au terme d’un long processus électoral enclenché un an plus tôt par les élections locales, législatives puis sénatoriales. Comme lors de la première année aucune manifestation n’est prévue cette fois non plus pour commémorer les 730 jours d’existence de la haute Assemblée du Parlement, née de la volonté du chef de l’Etat Omar Bongo de voir les collectivités locales bénéficier d’une authentique courroie de transmission entre la puissance publique et elles. Ce, dans le but ultime de mettre en œuvre une politique de décentralisation moderne et à même de favoriser un développement de l’arrière-pays. On se souvient encore que lorsque le président de la République avait affiché publiquement son souhait d’instituer une seconde chambre au sein du Parlement gabonais, de nombreuses voix au sein de la classe politique s’étaient élevées pour dénoncer ce qu’elles assimilaient à une maison de retraite dorée où devaient être casées des personnalités politiques et anciens dignitaires. Mieux, les mêmes estimaient que la situation financière du pays ne permettait pas l’avènement d’une structure qu’ils qualifiaient de "luxe"inutile. Corroborant ainsi les raisons invoquées par les participants à la grand-messe de mars-avril 1990. Suivirent un an plus tard, les députés qui semblaient, à l’époque, pour le moins jaloux de leurs prérogatives. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous le pont du Como, au point que deux ans après l’élection du bureau présidé par Georges Rawiri, sénateur PDG de la commune de Lambaréné, le Sénat s’est imposé aux hommes politiques et à la communauté nationale comme une structure utile à la défense des intérets des populations rurales et au bon fonctionnement de nos institutions.

COOPERATION DECENTRALISEE

Ce, dans la mesure où cette Chambre assure, conformément à la Loi fondamentale, la représentation des collectivités locales. Lesquelles administrations rurales, malgré l’absence d’un texte sur la décentralisation, renvoyée sur la table des sénateurs, font l’objet d’une attention particulière au cours des rencontres internationales et des discussions en commissions, que le président de cette institution et ses collègues engagent régulièrement pour leur développement mais aussi pour l’établissement d’une coopération décentralisée. Dans le même temps, le Sénat contribue à côté de l’Assemblée nationale à un meilleur équilibre dans les relations entre les institutions de la République. Elle ne cesse dans cet élan de contrôler l’action gouvernementale en auditionnant, dès que la nécessité s’en fait sentir, les membres du gouvernement pour obtenir des réponses et explications sur des questions d’intérêt public, notamment. Pour autant, peut-on dire que le rôle du Sénat est aujourd’hui mieux perçu par l’opinion nationale ? Tout porte à le croire de plus en plus. Ceci s’explique en grande partie du fait que les sénateurs se sont attelés depuis lors à l’ouvrage en adoptant en seconde lecture des lois et ont fait mentir ceux dont les langues avaient trop vite fourché. Pour la seule session ordinaire de septembre-décembre 1998, ce sont au total 23 textes adoptés dans des délais pratiquement plus courts que leurs collègues de l’Assemblée nationale. Cela, au terme d’un examen approfondi des textes enrichis par cette seconde discussion et de débats de grand intérêt à la mesure de l’expérience de nombre de parlementaires. Du coup, cette institution représente, à tout le moins, un apport important sur la scène institutionnelle, du fait du caractère pondéré de ses membres agissant loin des joutes oratoires observées à l’Assemblée nationale.

SATISFECIT

A l’aube de cette naissance, les 91 sénateurs du PDG, du RNB, du PGP, de l’ADERE, de l’UPG, du MCD, du RDP, du CLR et indépendants se sont mis à l’œuvre en dépit des conditions pour le moins difficiles dans lesquelles ils travaillent, du fait que cette institution ne dispose pas encore de commodités appropriées. Le Sénat occupe depuis un an maintenant une quinzaine de villas à la cité de la Démocratie au sein desquelles, le travail administratif et parlementaire s’organise tant bien que mal, en raison des contraintes financières actuelles. On comprend dès lors que fort de l’action qui aura été la sienne dès l’entame, avec notamment l’adoption de la loi de finances 98, ainsi que la loi 001/97 du 22 avril 1997, par laquelle la Constitution l’érige en chambre haute du Parlement, le chef de l’Etat Omar Bongo ait adressé, au cours de la cérémonie de présentation des vœux en janvier 98, un satisfecit aux sénateurs. Ces félicitations pour le travail accompli sur le plan national, comme inter- parlementaire par les "élus des élus" qui prennent part aux côtés des membres de la représentation nationale aux rencontres de l’Assemblée paritaire ACP-UE, de l’Union des Parlements africains (UPA) de l’AIPLF, de la Conférence parlementaire afro-arabe et autres, prouvent, s’il en était encore besoin, la pertinence de la vision du chef de l’Etat, Omar Bongo, de mettre à la disposition du peuple gabonais un outil indispensable au raffermissement de notre jeune démocratie.


En attendant le discours de politique générale

Victor MBEGAH EFFA

L'Union, 09/03/1999 - AUX termes de l’article 28a de la Constitution, il est demandé au Premier ministre, nouvellement nommé, de présenter devant l’Assemblée nationale son programme de politique générale dans un délai de quarante-cinq jours. Et pour être tout à fait complet sur ce chapitre, le même article précise que cette présentation donne lieu à un débat suivi d’un vote de confiance. Donc, si l’on s’en tient à ces dispositions, c’est cette semaine, dernier délai, que Jean-François Ntoutoume Emane devra sacrifier à ce rite. Il a été nommé le 23 janvier dernier. Il le sait ainsi d’ailleurs que tous ceux qui sont attachés au respect de la Loi fondamentale et qui y veillent scrupuleusement. On sait que du côté de l’opposition, la moindre dérogation serait une occasion trop bonne pour montrer qu’on ne respecte rien dans ce pays. Même pas la Constitution. Au début de cette législature, une remarque pertinente du député Pierre Mamboundou avait entraîné une modification de l’article 31 qui stipulait, dans l’ancienne mouture que "le gouvernement est composé du Premier ministre, des ministres d’Etat, des ministute;s de tous genres commencent à se faire publiquement jour, le nouveau Premier ministre a tous les atouts pour séduire et convaincre.

Certes, ce n’est pas un saint. Mais la confiance que lui a faite le chef de l’Etat est la preuve suffisante de la capacité de cet homme à conduire doctement les affaires dont il a désormais la charge. Certains le disaient homme de laboratoire. Il s’est également révél? en prenant les rédacteurs au mot. Tribun hors pair, doublé d’une expérience politique indéniable, Jean-François Ntoutoume Emane sera confronté à sa première épreuve grandeur nature tant tout le monde l’attend. La densité de l’homme  --  il est de la classe des érudits  -- , considéré en plus comme une valeur sûre dans un pays où les vélléités de tous genres commencent à se faire publiquement jour, le nouveau Premier ministre a tous les atouts pour séduire et convaincre. Certes, ce n’est pas un saint. Mais la confiance que lui a faite le chef de l’Etat est la preuve suffisante de la capacité de cet homme à conduire doctement les affaires dont il a désormais la charge. Certains le disaient homme de laboratoire. Il s’est également révélé grand homme public. Et justement, c’est au poste où il est désormais que la conception devient plus qu’un atout, une nécessité. Etant bien entendu qu’un discours de politique générale n’est pas le fruit de la cogitation du seul Premier ministre. Les autres membres du gouvernement devront y apporter leur contribution afin de nourrir et enrichir le débat. Immense tâche !

SOLIDARITÉ

Beaucoup en sont encore à se demander pourquoi, depuis qu’il a été mis en place, le gouvernement ne tient toujours pas de conseils de ministres. La réponse est toute simple : il attend l’investiture du Parlement. Autrement dit, à l’issue du discours-programme de Jean-François Ntoutoume Emane, suivi d’un débat général, il y aura vote. Celui-ci est acquis à la majorité absolue des députés. Donc, si plus de la moitié des membres du Parlement (ils sont 120) donnent leur onction au programme présenté par le Premier ministre, son gouvernement pourra alors délibérer en toute légalité républicaine. Ce sont les subtilités de la démocratie qui l’ont voulu ainsi et depuis son entrée fracassante chez nous, aucun Premier ministre n’a dérogé à cette tradition. Ntoutoume Emane ne fera donc pas exception à la règle. Il s’y attèle déjà. En dépit des rumeurs les plus folles, alimentées par ceux-là qui croient que la politique et l’administration doivent passer, pas eux. Ils s’apprêteraient à un vote-sanction contre le nouveau gouvernement dans l’unique intention de nuire. Car, au fond, ceux-là n’ont rien à opposer à une équipe qui n’a même pas eu droit à un délai de grâce.

En tout état de cause, le Parti démocratique gabonais (PDG) et ses alliés totalisent près des trois quarts de députés à l’Assemblée nationale. De ce côté-là, Ntoutoume Emane n’a rien à redouter. Sauf que la formation du dernier gouvernement est allé grossir un peu plus les rangs des aigris dans l’actuelle majorité. Là, réside le vrai risque. Mais en contrebalançant un peu, et si l’on prend la vie du bon côté, ceux-là préféreraient encore pointer du côté où ils ont le plus de chance de rebondir un jour, plutôt que de choisir le radicalisme qui les jetterait tout droit dans les poubelles de l’Histoire !


LA FESEENA appelle ses adhérents à la reprise du travail

Jean-Daniel FOTSO EYI

L'Union, 08/03/1999 - LA Fédération syndicale des enseignants de l’éducation nationale (FESEENA) a, au cours d’un point de presse samedi dernier à l’Ecole normale supérieure, décidé de lever son mouvement de grève et invité tous ses adhérents à la reprise du travail à partir de ce lundi 8 mars 1999. Le secrétaire général de cette structure syndicale, Daniel Kombé Lekambo, explique ce retour travail grâce au crédit accordé par le Premier ministre chef du gouvernement au travail en commission effectué par les différentes centrales syndicales et syndicats autonomes, en signant le 27 février dernier un protocole d’accord avec la FÉSEENA. Le secrétaire général a expliqué d’autre part que "Ce protocole d’accord a pour support, les différents cahiers de charges déposés par les diverses centrales syndicales et les syndicats autonomes. Il porte notamment sur :

a) des mesures immédiates dont : l’accord sur le relèvement modulé du point d’indice à compter du mois d’août 1999 ; l’accord sur le relèvement de l’allocation familiale avant la fin de l’année en cours ; l’accord sur le relèvement de l’allocation de rentrée scolaire à compter d’août 1999 ; l’accord sur la mise en place des mesures destinées à préserver le pouvoir d’achat ; l’application effective des mesures prises pour la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité ; l’accord sur la mise en place d’un comité paritaire permanent de suivi chargé de veiller à la mise en œuvre des mesures arrêtées. Ce comité doit être mis en place avant le 8 mars 1999.

b) Des mesure à court, moyen et long termes : toutes les recommandations contenues dans le document intitulé : "Relevé des conclusions des commissions paritaires des négociations entre le gouvernement et la FESEENA", et dont l’application ne peut être immédiate seront examinées par le comité paritaire permanent de suivi, qui élaborera un calendrier de travail, les fera aboutir et veillera à l’application des mesures y afférentes".

Pour Daniel Kombe Lékambo, tous ces problèmes ayant été réglés, tout en pensant que le gouvernement tiendra sa parole, la reprise du travail pour les enseignants membres de la FESEENA peut être maintenant envisagée. "La FESEENA appelle donc ses membres à regagner les salles de classe le lundi 8 mars 1999 à partir de 7h00", a-t-il terminé.


Grèves : mise en place de trois commissions de négociations

Jean-Daniel FOTSO EYI (Source : Primature)

L'Union, 05/03/1999 - CONFORMÉMENT aux conclusions arrêtées au terme des négociations entre l’Union des syndicats de l’administration publique (USAP) et le gouvernement, le ministre de la Fonction publique, de la Réforme administrative et de la Modernisation de l’Etat, Patrice Nziengui, a tenu une séance de travail en début de semaine dans la salle de réunion de la Primature. Celle-ci a permis de mettre en place trois commissions de travail. Y prenaient part pour le compte du gouvernement, en plus du ministre Patrice Nziengui, le ministre Faustin Boukoubi (Santé), le ministre délégué Senturel Ngoma Madoungou (Équipement et Construction) et la secrétaire d’État Angélique Ngoma (Affaires sociales). Pour le compte de l’USAP, Mme Christiane Bitougat, la présidente.

Après un fructueux échange de vue, les deux parties ont mis en place trois commissions : salaires, mesures sociales, structures, procédures, cadre juridique. Chacune des commissions sera composée de vingt commissaires désignés à parité. Elles siégeront respectivement, au ministère des Finances pour la commission 1, à la Caisse nationale de garantie sociale pour la commission 2, au Commissariat général de la réforme administrative (immeuble UGB) pour la commission 3. Sur la désignation des experts, commission 1 : Raymond Ndong-Sima (Hévégab) et Albert Ondo Ossa (UOB) ; commission 2 : Mesmin Soumaho (UOB) et Eugène Revangué (ministère des Affaires sociales) ; commission 3 : Victor Mpira (OPT) et Félix Eya Nguéma (fonctionnaire). Sur la désignation du médiateur, l’USAP a fait des propositions de désignation et le gouvernement s’est engagé à faire autant dans les meilleurs délais après consultations. Les deux parties ont retenu une coordination générale des travaux. Celle-ci sera dirigée à parité par le conseiller Augustin Ndong M’Ba (ministère des Finances) et Mme Christiane Bitougat. Cette coordination comprendra également deux rapporteurs désignés à parité et quatre membres à raison de deux par partie. Cette coordination tiendra des réunions plénières tous les quinze jours à un lieu qui reste à déterminer.


Négociations salariales gouvernement – USAP

Franck NDJIMBI

L'Union, 03/03/1999 – Le 21 février dernier, le chef du gouvernement et la présidente de l’Union des syndicats de l’administration publique (USAP) ont signé "un relevé des conclusions". Ils ont, par cet acte, convenu d’une trêve au conflit social né le 17 novembre 1998 et qui avait fini par paralyser une bonne partie de l’activité du pays, particulièrement les secteurs de l’Éducation nationale, de la Santé publique et des Travaux publics. Les deux parties se sont engagées au respect strict des dispositions mentionnées dans le relevé des conclusions. Au titre de ces dispositions, figure la mise en place des commissions de travail qui devront rendre, le 31 mai au plus tard, leurs conclusions concernant notamment le redéploiement de la masse salariale. Au regard de la situation, ce redéploiement ne pourrait se faire sans réelle volonté de la part du chef de l’État et celui du gouvernement d’une part, et sans un sens aigu de la responsabilité et de l’équité du côté des syndicats, d’autre part. Car, pour comprendre la complexité et la délicatesse de la situation actuelle de la Fonction publique, il faut remonter aux sources de son dérèglement afin d’en extraire les causes.Tout commence lorsqu’au milieu des années 80 l’État, astreint à une concentration de dépenses publiques du fait de la conjoncture économique, prend la décision de geler provisoirement les salaires et les carrières de ses agents. Toutefois, lorsque la situation financière du pays s’est redressée quelques années plus tard, au lieu de rétablir les règles de gestion (avancement automatique ou au choix), libre cours a été laissé à l’arbitraire, au passe-droit et à la fraude.

DÉRAPAGES

La Conférence nationale de mai 1990 et son corollaire, à savoir l’introduction du tout politique, la modification en 1991 du statut général des fonctionnaires sont venus s’y ajouter. Certes, l’introduction du pluralisme politique dans notre pays était une nécessité qu’il n’est point besoin de rappeler. Mais cette mutation politique a entraîné l’abandon, par le pouvoir politique qui en a la charge, de la gestion rigoureuse de l’appareil d’État et donc de l’administration. Le clientélisme politique est, de ce fait, devenu la règle.Se voulant vengeresse, la loi 8/91 du 26 septembre 1991 portant statut général des fonctionnaires est aux yeux de beaucoup de compatriotes un texte injuste, inefficace et incomplet. Injuste parce qu’il a volontairement créé une fracture entre fonctionnaires recrutés avant son adoption et ceux qui, absents, l’ont été après. Inefficace parce que l’article 23 qui voulait limiter les pouvoirs du chef de l’État en matière de nomination et promotion des fonctionnaires à titre exceptionnel n’a rien changé dans le fond et la forme par rapport à son devancier qui avait le numéro 21. Enfin, ce texte est incomplet parce qu’il laisse une trop grande liberté aux statuts particuliers, surtout en matière de rémunération.

Ainsi a-t-on assisté à tous les dérapages possibles : corruption au sein des services du ministère de la Fonction publique et à la direction de la Solde, faux décrets de promotion à titre exceptionnel et donc faux sur la signature du chef de l’État, ascensions irrégulières au regard des textes en vigueur du fait des responsables de l’administration, etc. Au vu de tout ce qui précède, il n’est plus rare de voir dans l’administration gabonaise une secrétaire se retrouver administrateur civil en chef, inspecteur général des finances et donc à un grade plus élevé que son directeur dans la hiérarchie administrative. Nombreuses sont les personnes qui ont intégré la Fonction publique au sommet de la hiérarchie, ignorant ainsi l’esprit de l’ensemble des textes de loi et règlement.Dans le même temps, l’ouverture du débat aidant, les différentes corporations se sont organisées afin de bénéficier d’un statut particulièrement avantageux sur le plan financier. C’est ainsi que l’on a vu les enseignants du supérieur, les chercheurs, les médecins, les magistrats, bénéficier d’une indemnité de logement baptisée "loyers ayant droit" et qui se trouve être près de trois fois plus élevée que celle des autres fonctionnaires de la même catégorie. Les enseignants des premier et second degré n’ont pas manqué de suivre.

ACCESSOIRES DE SOLDE

Le redéploiement de la masse salariale est possible, des "économies" sont réalisables. Pour cela, il faudra toutefois admettre que ce qui sera accordé aux uns soit retiré à d’autres, la masse salariale devant demeurer la même. Les mesures prises doivent être justes afin d’être comprises et acceptées par tous. Le principe de l’égal traitement salarial des agents de l’État doit être retenu comme préalable à toute négociation. Ainsi, deux fonctionnaires ayant le même grade devraient avoir le même salaire, indemnité de fonction exclue. Tout d’abord, la suppression de l’indemnité compensatrice et de la solde de base spécialité permettrait de faire passer le point d’indice de 400 à 525, soit une augmentation de 31%. Ces suppressions s’imposent tant l’existence de ces accessoires de solde est à l’origine du dérèglement de la gestion salariale. L’indemnité compensatrice instituée en 91 était appelée à disparaître car, son objet était de compenser la perte du pouvoir d’achat des fonctionnaires suite au changement de grille. Huit ans après, elle n’a plus de raison d’exister. D’autant qu’elle n’est applicable qu’à ceux des fonctionnaires intégrés avant 92. Quant à la solde de base spécialité, elle introduit une inégalité entre les corps de la Fonction publique. C’est cette indemnité qui est responsable de la fraude et de la présence dans l’administration d’un nombre considérable et injustifié d’inspecteurs des finances.

En effet, le statut général des fonctionnaires stipule en son article 23 que : "En cas de nécessité urgente ou lorsqu’un intérêt supérieur l’exige, le président de la République peut, à titre exceptionnel et après concertation avec le Premier ministre et avis du ministre utilisateur, du ministre de la Fonction publique et du ministre des Finances, déroger aux règles du présent statut en ce qui concerne les intégrations et les promotions. En cas de promotion au grade supérieur, l’intéressé devra réunir une ancienneté de quinze ans au moins dans sa hiérarchie, son corps et sa spécialité ; il sera reclassé dans tous les cas au premier échelon du grade supérieur de son corps et de sa spécialité. Ce pouvoir ne peut être délégué. Les dispositions du présent article ne peuvent être appliquées à un fonctionnaire qu’une seule fois au cours de sa carrière ". Il s’agit ici de l’expression du pouvoir discrétionnaire du chef de l’État concernant l’intégration et la promotion des fonctionnaires, il n’est pas discutable. Et, parce qu’il est précis, il doit être appliqué à la lettre. Or, ces dispositions qui ne concernent que les fonctionnaires ont été appliquées aux contractuels. Ce qui n’est pas normal. Et, cette irrégularité peut encore et doit être réparée, pour la cohésion sociale.

SOLUTION ÉQUITABLE

En outre, nombreux sont les agents qui ont été intégrés comme fonctionnaires "à titre exceptionnel", sans pour autant remplir les critères définis par l’article 23. Notamment en ce qui concerne leurs niveaux de formation respectifs. Si l’on tient compte du fait que la plupart des bénéficiaires de ces "promotions à titre exceptionnel" n’avaient pas quinze années d’expérience au moment de leur ascension et que, d’autres ont pu passer, en un temps record, de la hiérarchie B2 au dernier échelon de la salle A1, l’on comprend que ces irrégularités et fraudes concernent toutes les catégories et tous les corps de l’administration. Alors que les négociations en vue de signer la prochaine lettre d’intention avec le Fonds monétaire international ne débutent qu’en ce mois de mars, que tous les agrégats économiques sont au rouge, que de nouveaux périls nés de la mondialisation et de la concurrence impitoyable qu’elle engendre nous guettent, il serait salutaire que l’Union des syndicats de l’administration publique (USAP) tout comme le gouvernement fassent montre, d’une part, de flexibilité et de sens de la mesure et, d’autre part, de courage et d’inventivité au cours de ces négociations, afin de trouver une voie médiane qui puisse garantir un mieux-être pour tous.


Service minimum dans les hôpitaux

Jean-Daniel FOTSO-EYI

L'Union, 03/03/1999 - Le Syndicat National des Agents et Personnel de Santé (SYNAPS) et du Syndicat de la main-d’œuvre non permanente (Synamonps), membres de l’Union des syndicats de l’administration publique (USAP), ont dit non à la reprise du travail pour le 1er mars, comme recommandée par la présidente de leur centrale. Ils disent poursuivre le mouvement de grève et certainement pour bien longtemps. Au regard des propos tenus par le secrétaire général du Synaps, Jean Mouengofou Koumba, qui affirme que ses syndiqués ne reprendront le travail que s’ils obtiennent satisfaction de différents points de revendication contenus dans leur cahier de charges. A l’entrée princiale du CHL, hier, quelques agents sont assis à même le sol. Ce sont les syndiqués du Synaps et du Synamonps. Ils sont sourds à l’appel de l’USAP et du gouvernement pour la reprise du travail. Au moment de prendre une vue, nous sommes interpellés. "C’est bien de nous filmer, mais après on ne verra rien dans L’Union de demain", lance l’un d’entre eux à notre endroit. A l’intérieur, le service des urgences est fermé, la maternité B est envahie par les hautes herbes. Un peu partout, la broussaille a poussé sauvagement. Le CHL a perdu son éclat d’il y a quelques mois. A la petite chirurgie, le service minimum est assuré. "Monsieur stop ! Pas de photo ici !" nous dira le major, précisant qu’il faut voir auparavant le chef de service.

Toutefois une patiente, revenue pour ses résultats de radio  --  elle a été victime d’un accident de la circulation dimanche  --  affirme qu’elle a été bien accueillie et bien soignée lorsqu’elle y avait été conduite. Du côté de la direction générale, le DG, Guy Lasseny Duboze, est en conclave avec les membres du bureau du Synaps. Le patron du CHL, face à une grève qui paralyse son institution depuis près de trois mois, n’est pas encore prêt, à ce qui semble, à faire le bilan, nous demandant de le joindre en fin d’après-midi. Le secrétaire général du Synaps sera le seul à s’exprimer et à déverser sa rage sur le gouvernement qui, dira-t-il, "fait dans la division". Avant de poursuivre : "Dans notre pays, nous faisons un peu dans l’amalgame. Ce n’est pas bien. Nous pensons que lorsqu’une grève est déclenchée par un syndicat, il revient aussi à celui-ci d’inviter ses syndiqués à la reprise du travail. Et si c’est le gouvernement qui appelle à la reprise du travail, il y a vice de forme".Il rappelle que c ’est l’USAP qui a déclenché le mouvement de grève avec pour représentant dans le secteur santé le SYNAPS. Il affirme qu’ici, il n’y a pas eu de reprise de travail du tout. Tout au plus, ils ont consenti de maintenir un service minimum. Il accuse le gouvernement d’être responsable de la poursuite du débrayage , "qui a voulu faire dans la division pour mieux régner". L’école a été privilégiée à la santé, note-t-il, "or nous pensons que pour aller à l’école il faut passer par la maternité. Et la maternité c’est l’hôpital". Et de conclure : "Nous déplorons cette manière de faire du gouvernement. Je tiens à rappeler que le personnel de santé n’est pas entré en grève pour amuser la galerie. Dans nos revendications, nous demandons l’amélioration des conditions de vie et de travail des Gabonais. Le personnel de santé est fâché et nous tenons à l’exprimer au gouvernement. C’est pourquoi nous ne reprendrons pas le travail si l’Etat non plus ne consent rien".


Reprise timide des cours dans les écoles

Jean-Daniel FOTSO-EYI

L'Union, 02/03/1999 - Les élèves du primaire et du secondaire ont repris le chemin de l’école hier matin, conformément à la décision du gouvernement de rouvrir les écoles fermées le 22 janvier dernier. Les syndiqués de l’union des syndicats de l’administration publique (USAP), de la FESEENA, du SAEG qui ont suspendu leur mouvement de grève, ont, presque tous, répondu à l’appel. A l’université Omar Bongo, les étudiants au terme d’une assemblée générale ont donné deux semaines aux autorités universitaires pour régler tous les problèmes, sinon ils reprendront leur grève.

Du lycée technique national Omar Bongo (LTNOB), en passant par le lycée national Léon Mba (LNLM), le lycée d’Etat de l’Estuaire (LEE), le CES d ‘Oloumi, d’Akébé, les écoles primaires, les établissements confessionnels, etc, la reprise des cours s’est faite timidement hier. Si dans certaines classes les enseignements ont été effectifs, pour d’autres c’était une prise de contact entre élèves et professeurs avant le bon redémarrage aujourd’hui. La seule exception à la règle, le lycée d’Application (en face de l’UOB) où, la reprise ne sera effective qu’à partir du 8 mars prochain, pour les classes de troisième et terminale, et le 10 mars pour les autres. La remise des bulletins du premier trimestre étant prévue pour cette fin de semaine. Ce matin, le proviseur de l’établissement réunira les enseignants pour mieux les fixer sur le programme et la situation qui prévaut dans son institution, l’une des plus grandes victimes des incidents du 22 janvier dernier.

Au LTNOB, le proviseur Janvier Nguéma Mboumba a tout mis en œuvre pour faire reprendre les cours : “Il n’y a eu aucun problème pour redémarrer ce matin. D’ailleurs nous n’avons jamais été en grève”, a-t-il précisé. Relevant toutefois que le problème posé par les élèves c’était celui des bus. Avant d’ajouter : “En réunissant les élèves ce matin, nous leur avons demandé de cesser le désordre pour privilégier leurs études. Et que c’est sur leur réussite en classe qu’ils seront jugés”.

MISSIONS DES ENSEIGNANTS

A l’école publique d’Application, le directeur, Raphaël Mboumou, a réuni ses collègues enseignants pour leur rappeler leurs missions principales qui consistent à donner des enseignements de qualité à nos élèves, de redoubler d’effort pour sauver l’année, d’aider les enfants et de pas les abandonner. Qu’ils évitent de faire semblant de leur dispenser les cours, alors que réellement ils ne font rien. Je n’accepterai pas que les gens viennent croiser les bras. Nous tenons à rattraper le retard en travaillant les mercredis après-midi”. En ce qui concerne l’UOB, les choses se sont passées différemment. Les étudiants réunis en assemblée générale extraordinaire ont fait le bilan du mouvement de grève qu’ils observent depuis près d’un mois et demi.

Les intervenants ont stigmatisé les exactions de la Gendarmerie nationale qui ont conduit aux regrettables débordements, ayant entraîné la fermeture de l’institution. Ils ont déploré la perte d’un de leurs camarades et l’incapacité des autorités universitaires à résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés, malgré l’autonomie de gestion dont bénéficie l’université. Les différents orateurs ont loué la sollicitude du gouvernement qui, malgré les difficultés actuelles, a pu dégager une somme de 5 milliards de francs CFA pour résoudre ces problèmes. Au terme de cette rencontre, les étudiants ont décidé de la suspension du mouvement de grève et ont adopté une trêve de deux semaines, afin que l’administration universitaire procède à la réhabilitation puis à l’ouverture du campus et du restaurant universitaire ; la réhabilitation de la bibliothèque et du centre médical ; la distribution des bourses; le départ du recteur et du secrétaire général ; l’ouverture d’un site informatique et d’un site d’internet. “Tous ces points constituent un préalable pour la reprise effective et définitive des cours à l’université Omar Bongo”, a insisté l’un des étudiants.


L'AFD (Agence Française de Développement) suspend ses décaissements

L'Union, 25/02/1999, NDEMEZO’O ESSONO

L’Agence Française de Développement (AFD), l’un des principaux bailleurs de fonds du Gabon, vient de décider de geler jusqu’à nouvel ordre tout nouveau décaissement en faveur de Libreville. Selon l’AFD, l’Etat gabonais n’honore pas ses engagements depuis un certain temps. C’est ainsi qu’en octobre 1998, il a été incapable de rembourser la somme de 120 millions de francs français (12 milliards de FCFA) due à l’Agence et il en sera probablement de même lors de la prochaine échéance fixée au mois d’avril 99 pour le même montant. C’est donc un coup dur pour le gouvernement gabonais car l’Agence française de développement finance la plupart des projets de développement au Gabon (routes, assainissement des villes, habitat, etc…). Il va sans dire que les projets en cours d’exécution sont purement et simplement gelés jusqu’à nouvel ordre, faute de financements. Pour la première fois, l’Etat gabonais ne rembourse pas les échéances de sa dette (70% du PIB) aux bailleurs de fonds internationaux. On indique à cet effet que d’autres principaux créanciers, comme la Banque africaine de développement (BAD), pourraient bientôt (si ce n’est déjà fait) emboîter le pas à l’AFD. Le Gabon, à la différence de beaucoup de pays africains, n’a jusqu’à présent jamais bénéficié d’une annulation de ses créances. Les déséquilibres financiers de l’Etat avant la dévaluation du franc CFA intervenue en janvier 1994 ont, avec l’approbation du Fonds monétaire international, conduit Libreville à conclure avec les principaux pays créanciers un accord élargi en appui à son Programme d’ajustement structurel, où l’Etat bénéficie d’un allègement de sa dette par rééchelonnement et refinancement.

Depuis le réajustement monétaire, le montant de l’encours de la dette libellée en devises (la moitié en franc français) a doublé, passant de 900 milliards en 1993 à 1900 milliards en 1997 et probablement plus aujourd’hui. La dette bilatérale représente plus de 70% de la dette totale, les dettes multilatérales et bancaires font respectivement 14% et 6%.

1999 DIFFICILE

Si auparavant, la forte hausse des recettes pétrolières permettait à l’Etat d’honorer régulièrement ses échéances et de diminuer l’encours de la dette, la situation est différente aujourd’hui. En effet, comme le soulignait lors d’une récente interview le président Bongo, «avec un prix du baril de pétrole aussi bas qu’aujourd’hui, avec la mévente du bois due à la crise asiatique et l’épuisement de nos gisements de manganèse, l’année 1999 s’annonce difficile pour nous. J’ai l’honnêteté et le courage de le dire». Le gouvernement, qui avait prévu d’importants remboursements en 1998 et 1999, pourra donc difficilement tenir sa parole parce que les recettes budgétaires pourraient diminuer de 33% en 1999 du fait du seul secteur pétrolier. «Compte tenu du rôle des dépenses budgétaires dans l’activité globale cette diminution aura un «effet récessionniste sur l’économie, qui se fera surtout sentir en 1999».


Fin de grève : l'USAP s'explique

L'Union, 25/02/1999, Jean-Daniel FOTSO-EYI

La présidente de l’Union des syndicats de l’administration publique (USAP), Christiane Bitougat, a donné un point de presse hier matin au siège du SEENA à la gare routière au cours duquel elle a confirmé la suspension du mouvement de grève que sa structure observait depuis le 17 novembre dernier, annoncé la participation de ses syndiqués aux travaux en commissions, conformément aux principes de la convention signée dimanche dernier avec le gouvernement, la reprise du travail et la réouverture des écoles dès le lundi 1er mars 1999. La présidente a mis en garde certains confrères qui font de “l’intox” et l’accusent, sans preuve, d’avoir perçu des millions de francs CFA. Elle “promet le Tribunal” à quiconque osera encore la calomnier.

Pour un point de presse, la salle de réunion du SEENA était remplie comme un œuf par de nombreux syndicalistes de l’USAP venus écouter leur présidente, et qui ne cessaient de réagir par des applaudissements. Faisant la genèse de la grève, Christiane Bitougat a, d’entrée, accusé le gouvernement d’avoir “volontairement” laissé pourrir la situation. Ce qui a eu pour effet de paralyser la machine de l’administration du pays. “Les conséquences qui en découlent sont incalculables”. Selon la présidente de l’USAP, si l’on en est arrivé là, c’est assurément le fait du gouvernement qui, “des mois durant, prenant prétexte de la campagne présidentielle, a opposé une fin de non recevoir catégorique aux justes et légitimes revendications que lui avaient soumis sa centrale syndicale le 27 octobre 1998. “Un tel refus, consécutif à l’idée péjorative que ledit gouvernement se faisait de l’USAP en la taxant de suppôt de l’opposition, est-il besoin de le souligner, ne pouvait nous amener à baisser notre garde”, a-t-elle indiqué.“C’est pourquoi, devait-elle poursuivre, il nous a fallu dès lors durcir le ton et raidir encore plus notre position, toutes choses qui relèvent de la stratégie et de la tactique syndicales et visaient à infléchir les autorités gouvernementales”.

PERTINENCE DES REVENDICATIONS

“Cependant, le 28 décembre 1998, le gouvernement a enfin reconnu la pertinence de nos revendications en acceptant de discuter avec nous. Ces discussions ont été éphémères, notre interlocuteur ne proposant rien de concret. Il s‘employait plutôt à gagner du temps et à discréditer l’image de l’USAP auprès de l’opinion nationale et internationale; se sont ajoutés les entraves aux libertés syndicales, les matraquages et les persécutions physiques et moraux. “Le mouvement de grève de l’USAP prenant une ampleur nationale et ses conséquences devenant de plus en plus inquiétantes, le nouveau gouvernement accepte de relancer le dialogue.“ De ces contacts, prélude aux négociations, l’USAP et le gouvernement sont parvenus à s’accorder, a-t-elle affirmé, sur des principes devant guider et faciliter le travail dans les commissions, pour une durée de deux mois, participation d’experts neutres choisis consensuellement dans les commissions de travail, désignation conjointe d’un médiateur pour la conduite de travaux en plénière, acceptation du principe de la négociation salariale permanente à une périodicité à définir d’accord parties, acceptation du principe de la redistribution de ressources, fruits des économies dégagées d’un commun accord; acceptation du principe de la mise en place des mesures destinées à préserver le pouvoir d’achat; mise en place d’un comité paritaire permanent de suivi; engagement du gouvernement à faire respecter les libertés syndicales conformément à la loi .” “Ayant été informée de ces données, la base de l’USAP, tout en notant que celle-ci constituait une légère avancée, a noté l’intervenante, a dès lors demandé qu’un effort supplémentaire soit fait, aux fins de bien marquer la volonté d’aboutir du gouvernement.

“C’est dans ce sens que certaines revendications qui, non contenues dans les cahiers de charge de l’USAP, mais plutôt sectorielles ont été prises en compte. Il s’agit du statut particulier des personnels de la Santé et des Travaux publics.“ Dans le même souci, certains engagements ont été pris pour faire aboutir, dans les meilleurs délais, les textes devant régir le personnel de la main-d’œuvre non permanente de l’administration publique. Et au regard de ce qui précède et consciente du devenir de la jeunesse gabonaise, de la relance de la machine administrative et la préservation de la paix sociale, l’USAP décide de suspendre son mouvement de grève pour compter du lundi 1er mars 1999, date effective de la reprise du travail et des cours sur l’ensemble du territoire national. “Par ailleurs, elle accepte d’entrer en commissions dans le but d’y trouver matière à la satisfaction de ses revendications.“Toutefois ce n’est que dans un grand élan de patriotisme que l’USAP s’est résolue à cette prise de décision. Elle veut pour une fois encore croire à la bonne volonté du gouvernement pour l’aboutissement de ces justes et légitimes causes.
“Dans le cas contraire, l’USAP se réserve le droit de reconduire son mouvement de grève. Aussi décline-t-elle toute responsabilité quant aux conséquences dommageables qui pourraient résulter du non respect des engagements pris par le gouvenement”, a terminé Christiane Bitougat.


Suspension de la grève

L'Union, 24/02/1999, ONDOUBA’NTSIBAH

Les mouvements sociaux que notre pays connaît depuis plus de trois mois étaient au centre de la séance de travail qui a rassemblé, au cabinet du Premier ministre, le gouvernement et le Conseil économique et social (CES). Le gouvernement était représenté par son chef, M. Jean-François Ntoutoume Emane, le ministre de la Fonction publique, M. Patrice Nziengui, et le ministre délégué aux Finances, M. Fabien Owono Essono. Me Mayila, son vice-président et certains conseillers représentaient le CES. Initiateurs de la rencontre, le président du Conseil et ses collaborateurs voulaient se concerter avec le gouvernement sur l’évolution des mouvements sociaux. Notamment la nature de l’accord signé entre le Premier ministre et la présidente de l’USAP. Lequel serait perçu par d’autres syndicats comme une manière de les marginaliser et d’attribuer à l’USAP qui n’a pas participé aux travaux en commissions, leurs résultats. Saisi par ces dernières structures syndicales, le CES se devait, en tant qu’institution, de demander d’amples informations au gouvernement. C’est donc ce qui explique la démarche de Me Louis Gaston Mayila qui, intervenant en premier lieu, a fidèlement traduit les préoccupations des syndicats et autres conseillers économiques et sociaux. L’orateur a toutefois reconnu que la situation sociale actuelle pose problème.

POLITISATION

Jean-François Ntoutoume-Emane a, dans sa réponse, salué l’initiative du Conseil. «Car, a-t-il dit, notre pays est dans des difficultés et nous devons tout faire pour le sortir de là. Pour cela, il nous faut être solidaires. Ce qui signifie que nous devons nous informer mutuellement.» Revenant sur le cours des évènements, le Premier ministre a rappelé que depuis trois mois, l’Union des syndicats de l’administration publique était en grève. Les autres syndicats dont la FESEENA, s’étaient montrés plus conciliants et avaient préféré négocier avec le gouvernement. Pendant trois semaines, des travaux en commissions ont été effectués. À partir de ces travaux, un document a été élaboré. Lequel attend d’être soumis en conseil des ministres. L’USAP jusqu’au week-end dernier, refusait toujours le principe des négociations. Après quelques tractations, le gouvernement et l’USAP ont réussi à rapprocher leurs positions. C’est ce qui a permis la signature du document qui définit les principes de négociations à venir entre la structure de Mme Bitougat et l’équipe de Ntoutoume-Emane. L’ordre du jour y est également inscrit. “C’est donc un document qui signifie simplement que toutes les deux parties acceptent de négocier, pas plus”, a précisé le Premier ministre.

Le locataire du “2-Décembre” s’est également interrogé sur l’interprétation donnée à cet accord. “Je ne vois pas comment sans négocier quelqu’un peut dire qu’il a obtenu ou perdu quelque chose “, s’est-il demandé. En fait, le gouvernement ne fait que commencer avec l’USAP ce qu’il a déjà fait avec les autres syndicats. C’est-à-dire, effectuer des travaux en commissions. À la fin de ces travaux, le gouvernement fera une synthèse, et la soumettra à l’appréciation du président de la République. Jean-François Ntoutoume-Emane a en outre saisi l’occasion pour demander au CES de remplir sa mission de pédagogue. Car, les syndicats gabonais ont besoin d’avoir des explications sur la situation économique du pays. Tout comme ils doivent recevoir des informations sur le poids des contraintes des engagements pris auprès des institutions internationales… Toujours dans le même ordre d’idées, le Premier ministre a révélé à ses hôtes que les syndicats connaissaient également des problèmes de politisation et de leadership. Et cette politisation concerne aussi bien les hommes politiques de l’opposition que ceux de la majorité. Le Gabon a-t-il besoin de ça aujourd’hui, au moment où les difficultés qu’il connaît vont crescendo ?


Reprise progresssive des cours

L'Union, 22/02/1999, Jean-Daniel FOTSO EYI

Le ministre de l’Éducation nationale, Porte-parole du gouvernement, André Mba Obame, a annoncé dans un communiqué samedi dernier, la reprise des cours dans les établissements publics non touchés par la grève à partir de ce matin et les autres dès le 1er mars prochain. D’entrée, le ministre a rappelé que depuis le 28 décembre dernier, le gouvernement de la République a renoué le fil de la concertation avec les partenaires sociaux. Voici quelques extraits de ce communiqué. «Cette concertation amorcée au mois d’août 1998, à la demande du président de la République, faisant suite au dépôt d’un cahier de charges par les centrales syndicales COSYGA et CGSL, s’était déjà traduite par un certain nombre de mesures dont la suppression et la réduction de la TVA sur un ensemble de produits de première nécessité pour compter du 1er septembre 1998, matérialisé par un arrêté du ministre des Finances, pour un coût de plus de 5 milliards de F. CFA», a dit le ministre. Précisant que dans le cadre de cette concertation permanente souhaitée de part et d’autre, des experts gouvernementaux, la COSYGA, la CGSL, la FESEENA et le SAEG auxquels se sont joints le patronat, l’UTG, le CSG, le syndicat des commerçants et celui des consommateurs, ont procédé du 1er janvier au 6 février 1999 à un examen approfondi des points de revendication contenus dans les cahiers de charges présentés par l’ensemble des centrales syndicales et des syndicats autonomes.

PROPOSITIONS ET RECOMMANDATIONS.

Cet examen a donné lieu, selon le ministre, à des propositions et recommandations contenues dans un rapport remis au président de la République et au gouvernement qui, après avoir examiné ce rapport et loué sa qualité, a décidé de reprendre à son compte certaines recommandations, notamment : le principe du relèvement modulé du point d’indice ; le principe du relèvement de l’allocation familiale ; le principe du relèvement de l’allocation de rentrée scolaire dans les secteurs public et privé ; le principe de la mise en place des mesures destinées à préserver le pouvoir d’achat ; la mise en place d’un comité paritaire permanent de suivi chargé de veiller à la mise en œuvre des mesures arrêtées.

- L’ouverture des négociations sectorielles au niveau du secteur privé en vue de la revalorisation du SMIG ;
- L’institutionnalisation de la concertation permanente à travers des rencontres trimestrielles entre le Premier ministre et les partenaires sociaux.

Mba Obame a déclaré en substance ce qui suit : «Déterminé à asseoir un climat de dialogue permanent, de concertation active et de confiance avec l’ensemble des partenaires sociaux, le gouvernement a entamé le 28 décembre 1998, une série de rencontres avec l’union des syndicats de l’administration publique (USAP), qui observe un mouvement d’arrêt de travail depuis le 17 novembre 1998». Puis d’ajouter : «Soucieux du bien-être de l’ensemble des catégories sociales de notre pays, et reconnaissant le bien-fondé de la plupart des revendications de l’USAP qui vont dans le sens de l’amélioration des conditions d’existence des populations, le gouvernement s’emploie, au début de ce septennat placé sous le sceau du social par le président de la République, à un aboutissement heureux des négociations en cours avec l’USAP». Avant de poursuivre : «A ce jour, les négociations ont donné lieu à des avancées significatives. Aussi, le gouvernement et l’USAP ont convenu de ce qui suit, prélude au démarrage des travaux en commissions : acceptation du principe de la négociation salariale permanente, à une périodicité à définir d’accord parties ; acceptation du principe de la réallocation des ressources ; acceptation du principe de la mise en place des mesures de préservation du pouvoir d’achat ; travaux en commissions pour une durée de 2 mois ; participation aux travaux en commissions d’experts neutres choisis consensuellement ; désignation conjointe d’un médiateur pour la conduite des travaux en plénière ; adoption urgente du statut particulier des fonctionnaires du secteur santé ; adoption urgente du statut particulier des fonctionnaires du secteur infrastructure et équipement ; mise en place d’un comité paritaire permanent de suivi».

(…) Il devait, avant de conclure, ajouter ces mots : «C’est dans cette perspective que le gouvernement est en train de déployer d’importants efforts financiers et matériels exceptionnels relatifs : à la réhabilitation du matériel roulant du transport scolaire ; à la réhabilitation du lycée d’Application de Libreville et au nettoyage des établissements scolaires de Libreville pour un montant d’un milliard de francs CFA ; à la réhabilitation de l’Université Omar Bongo pour un montant de 5 milliards de F. CFA ; à la réhabilitation des batteries de cuisine du Centre hospitalier de Libreville pour un montant de 500 millions de F CFA ; à une dotation exceptionnelle en médicaments aux unités sanitaires de la CNSS pour un montant de 500 millions FCFA». C’est pourquoi, a estimé en définitive Mba Obame, «Déterminé à assurer à notre jeunesse une année académique normale, le gouvernement de la République a décidé de la réouverture des établissements d’enseignements primaire, secondaire et supérieur conformément aux calendriers scolaires réaménagés».


Reprise des cours: calendrier scolaire et universitaire

Publié dans l'Union du 22/02/1999

I - Enseignements primaire, secondaire général et technique et établissements sous tutelle :

Calendrier de reprise :
- du 17/02 au 28/02/99 : nettoyage des établissements scolaires de Libreville et d’Owendo
- lundi 22 février 1999 : rentrée administrative.
- lundi 22 février 1999 : reprise des cours dans les établissements sous tutelle non touchés par la grève.
- mardi 23 février au 27 février 1999 : organisation pédagogique interne.
- Lundi 1er mars 1999 : reprise des cours.

Congés et vacances scolaires pour les 2e et 3e trimestres :
- Congés de Pâques : du samedi 3 avril après les cours au mardi 6 avril 1999 inclus.
- Congés de fin du 2e trimestre : du vendredi 30 avril après les cours au dimanche 9 mai inclus.
- Fête de Pentecôte : du samedi 22 avril au lundi 24 avril 1999.

La fin de l’année scolaire 1998-1999 est fixée ainsi qu’il suit :

Pour le premier degré :
- classes sans examens : vendredi 23 juillet 1999 après les cours.
- classes avec examens : samedi 31 juillet 1999.
Pour le second degré :
- classes sans examens : samedi 10 juillet après les cours.
- classes avec examens : samedi 31 juillet 1999.

Les dates de rentrées scolaires pour l’année 1999-2000 :
- rentrée administrative : lundi 13 septembre 1999.
- rentrée des classes : lundi 27 septembre 1999.

II- Calendrier universitaire de l’année académique 1998-1999

Université des sciences et techniques de Masuku (USTM) :
- examen final des matières semestrielles : à partir du lundi 22 mars 1999.
- congés de Pâques : du lundi 5 avril au samedi 10 avril 1999.
- rentrée académique 1999-2000, fixée au lundi 11 octobre 1999.

Université Omar Bongo (UOB)
- reprise des enseignements : lundi 1er mars 1999;
- grandes vacances : du samedi 31 juillet au mercredi 31 août 1999.
- reprise des enseignements au titre de l’année académique 98-99 : lundi 1er septembre 1999.
- Fin des enseignements : le vendredi 15 octobre 1999.
- Examens de 1ère session : novembre 1999 ;
- Examens de 2e session : décembre 1999.
- Rentrée académique 1999-2000 : le lundi 3 janvier 2000.