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Quelle politique d'immigration et de sécurité ? L'Union, 26-28/03/1999 par Jean Christian KOMBILA LORS de son intervention devant les députés, jeudi 11 mars, à lAssemblée nationale, le nouveau chef du gouvernement a élaboré un programme qui met laccent sur de nouveaux champs daction politiques au cours du septennat qui commence, en particulier dans le domaine des finances, de léconomie, de lenvironnement, des affaires sociales, et surtout de limmigration et la sécurité. En outre, Jean-François Ntoutoume-Émane accorde une priorité absolue à la lutte contre le chômage, la réforme de lÉtat, ainsi quà la restauration de son autorité. Dans une société gagnée par le doute, devant un présent sombre, aggravé par les difficultés quotidiennes auxquelles font face les citoyens, ces derniers, ont besoin de se savoir partie prenante du groupe social auquel ils appartiennent. Et partant protégés par celui-ci. Et la déclaration du Premier ministre, chef du gouvernement, devant les représentants du peuple, mettant "la sécurité des biens et des personnes" au cur des préoccupations des plus hautes autorités de lÉtat, au moment où la recrudescence du grand banditisme devient, chaque jour plus inquiétante a, pour le moins, été annonciatrice de lentrée du pays dans une ère nouvelle. Sexprimant sur la question de limmigration et de la sécurité, le Premier ministre a affirmé : " Lautorité de lÉtat, dans ce contexte, est indissociable de laction des forces de sécurité ". Puis, il devait poursuivre : " Elles doivent être performantes dans laccomplissement de leurs missions ". Car, pour lui, "la sécurité des biens et des personnes exige de lÉtat une volonté réelle" . SEUIL DE NON-RETOUR Situant les "responsabilités" du grand banditisme, ce phénomène des sociétés contemporaines, Jean-François Ntoutoume-Émane allait pointer du doigt les "immigrants clandestins". Origine première, selon lui, de cette situation qui, "si lÉtat ny prend garde", deviendra "invivable" et prendra ainsi une "orientation incontrôlable". Certes, le Premier ministre navait pas exclu "certains de nos compatriotes délinquants" comme figurant parmi les causes de lessor de ce fléau, mais il avait insisté pour dire que "la montée du grand banditisme correspond à un accroissement exponentiel des immigrants clandestins". Cet état de choses est-il alors fatal comme le faisait observer un député de lopposition ? Le moins que lon puisse dire est que le Premier ministre, en notant que le seuil de tolérance qui, selon les normes internationales, se situe entre 5 et 7%, est largement dépassé puisque, les chiffres actuels font état de 18% ne sétait pas moins montré anxieux au regard du pari à relever dans ce domaine. Toutefois, il devait annoncer un "accroissement" des effectifs des forces de sécurité par des recrutements "significatifs" avait-il indiqué, ainsi que loctroi à ces forces de moyens logistiques "idoines", pour lutter contre ce phénomène. Mais bien quil nait pas précisé la périodicité et lampleur de ce renforcement deffectifs, il avait pour le moins adressé des mises en garde à ces "clandestins" dont le nombre semble avoir atteint le seuil de non-retour. UNE NOUVELLE POLITIQUE Alors, bien quune politique visant à sécuriser le plus grand nombre soit en cours délaboration, le moins que lon puisse souhaiter aujourdhui, cest quà côté de cette stratégie visant à vaincre limmigration clandestine devenue galopante, il y ait lieu, en définitive, dimaginer une politique plus conséquente et plus conforme aux réalités démographiques locales? Pour de nombreux citoyens dorénavant, il sagit aussi dimpulser des changements majeurs à même de favoriser, pourquoi pas, lintégration de certains de ces bras valides venus dailleurs, et disposés à revenir dans leur "deuxième patrie" au cas où ils auraient été frappés dexpulsion. Dans lopinion dailleurs, certains nhésitent pas à appeller une nouvelle politique des étrangers établis sur le territoire, porteuse de cette idée dintégration, qui explore la perspective de transformer nombre dentre ces derniers en nationaux. Dès lors, dans un pays où les étrangers ont même pénétré les coins les plus réculés de la République, la double nationalité pour faciliter leur socialisation, ne doit-elle pas maintenant faire lobjet dune réflexion particulière ? Pour le Gabon cette question mérite à présent une réponse. Car, outre "limpossibilité dobtenir une autorisation administrative quelconque" et "lexpulsion systématique" dont ils pourraient être frappés, quelle stratégie, au fond, le gouvernement adoptera-t-il pour juguler le phénomène de limmigration, surtout "clandestine" ? Réforme fiscale : les intentions du gouvernement L'Union, 26-28/03/1999, Par Franck NDJIMBI FRAPPÉ de plein fouet par une crise économiquement structurelle et financièrement conjoncturelle, notre pays doit faire montre dinventivité et dimagination débordante sil veut sen sortir avant que le pire ne se produise. Ainsi, le gouvernement de Jean-François Ntoutoume-Émane est-il condamné à déployer des trésors dingéniosité sil veut rendre lespoir aux populations tout en créant les conditions susceptibles de lui permettre de laisser une marque dans lHistoire. Face aux députés, le Premier ministre avait fait part de son intention de "procéder à une révision de notre politique fiscale" afin d"assainir léconomie des distorsions que lancien système a générées". Cest pourquoi, a-t-il expliqué, "il convient de ne plus accepter des exonérations fiscales, délargir lassiette fiscale afin de faire entrer le secteur informel dans le champ des contribuables qui alimentent le budget". De plus, "la baisse de la pression fiscale sur les revenus des personnes physiques doit au préalable être précédée par une extension de limposition de lensemble des revenus des personnes physiques" en même temps que, "les ( ) placements à long terme doivent être moins fiscalisés". Pour ainsi dire, Jean-François Ntoutoume-Émane entend réformer la fiscalité à travers une guerre sans merci à linformel dont laccroissement exponentiel de lactivité constitue un manque à gagner important pour le Trésor public. Dans le même élan, il entend imposer dautres revenus individuels tout en faisant en sorte que les dépôts à long terme puissent être les plus rentables possibles. LOURDE HYPOTHÈQUE Pour rassurantes que ces mesures puissent paraître, elles nen suscitent pas moins des interrogations. Car, non seulement notre pays est signataire de lacte de naissance de la CEMAC qui lastreint au respect dun cadre fiscal sous-régional mais en plus, la lutte contre linformel risque de prendre des allures de quadrature du cercle tant il est vrai que généralement, ceux qui opèrent dans ce registre-là appartiennent à des réseaux maffieux, adeptes de la contrebande. Lutter contre linformel est donc une opération qui nécessite des mesures dordre global puisque, la question de la porosité de nos frontières se pose en filigrane. Sagissant des mesures annoncées au sujet des personnes physiques, le gouvernement semble vouloir jouer les prestidigitateurs en reprenant dune main ce quil donne de lautre lorsquil nalourdit pas carrément les charges individuelles. Car, comment comprendre que limposition soit étendue à dautres revenus au moment où lon parle de faire baisser la pression sur les ménages ? Pis, que dire dun gouvernement qui ne contrôle ni la politique des banques commerciales -- elles sont souvent des filiales de majors internationales -- ni celle de la banque centrale sous-régionale mais qui parle de modifier les taux dintérêt? La finance internationale ayant des règles peu ductiles, surtout au moment où lintégration devient le credo des dirigeants, une lourde hypothèque pèse sur le caractère opératoire et opérant des décisions gouvernementales. Sauf, bien sûr, sil sagira de négocier avec les partenaires de la BEAC la baisse des taux directeurs. Ce qui, à ce jour, est peu probable dans la mesure où, ceux-ci sont un moyen terme qui essaie de prendre en compte les intérêts de lensemble de la sous-région. L'Union, 25/03/1999 par ONDOUBANTSIBAH LES Gabonais qui ont suivi lintervention du Premier ministre, chef du gouvernement, Jean-François Ntoume-Émane, ont salué les projets que son équipe et lui entendent réaliser. Parmi ces intentions dactions figure celle relative à la réforme de notre système judiciaire. Sur cette question, nombre de compatriotes fondent énormément despoirs. Au point que lannonce de cette initiative, a suscité plusieurs commentaires. Y compris parmi les députés. Jean-François Ntoutoume-Émane entend rendre la justice gabonaise crédible, indépendante et respectée. Certains commentaires ont assimilé ce projet à une "révolution". Une telle réaction montre que les Gabonais ne font plus confiance à leur propre justice. Ce qua reconnu le locataire de limmeuble du "2-Décembre", allant jusquà souligner que "nos juges sont, à tort ou à raison, accusés dallégeance politique et dindélicatesse " Au terme dun constat pas tout à fait élogieux pour les magistrats, le Premier ministre a énoncé quelques mesures quil prendra. Selon lui, "la situation actuelle a pour conséquence une crise de confiance frappée au coin de laffairisme". Ce qui dénie toute crédibilité aux jugements et décisions des juges. Le gouvernement sest engagé à prendre des mesures qui tournent essentiellement autour de la formation des magistrats, lintégrité des juges, etc. Reste que daucuns sinterrogent sur les chances de réussite de la "révolution" quentend initier Jean-François Ntoutoume-Emane dans ce secteur. Tant le système est verrouillé, pour ne pas dire gangréné, à la fois de lintérieur et de lextérieur. La justice au Gabon semble être laffaire de certaines couches sociales... INDÉPENDANCE De lintérieur, la justice subit une chaîne dinfluences où les interventions occultes et largent sale sont rois. Cest ainsi que les agents de sécurité ont toujours déploré le fait que leurs efforts quant à la lutte contre le grand banditisme, par exemple, soient toujours anéantis par leurs supérieurs. Ces derniers intervenant pour exiger la libération des détenus De lextérieur, il faut dénoncer laffarisme et le poids du politique dans lapplication de la loi. Quelquefois les deux sont liés. Si linfluence dun homme politique ne suffit pas pour faire classer une affaire, cest laffairisme qui intervient par le biais de la corruption. Doù le manque dobjectivité dans le traitement de nombreux cas. Mais la corruption du juge peut aussi venir du grand bandit arrêté pour braquage. La dernière "fuite" rocambolesque dun dangereux délinquant récidiviste dans le bureau même dun juge dinstruction, en plein tribunal de Libreville, na fait quajouter au discrédit qui pèse sur la justice gabonaise de nos jours. Tout compte fait, Jean-François Ntoutoume-Emane a trouvé lui-même le remède : lindépendance et la crédiblité de la justice. Cest une double urgence prioritaire qui contribuera à linstauration de lautorité de lÉtat. Et lindépendance de la justice exige le respect de la séparation des pouvoirs ainsi que la volonté de sattaquer aux réseaux mafieux dans lesquels se trouvent compromis pas mal dofficiers, de magistrats, et dhommes politiques. Lindépendance de la justice signifie également le renforcement des pouvoirs des juridictions. De telle sorte que le principe selon lequel "nous sommes égaux devant la loi" soit appliqué à tous. Ce qui signifie que tous les délits ou autres crimes soient jugés dans la transparence. Quil sagisse de viol, vol à main armée, meurtre, détournement de deniers publics, etc. De fait, si aujourdhui il y a des faussaires qui purgent leur peine, il nen demeure pas moins que des hommes puissants qui se sont rendus coupables des mêmes crimes circulent en toute quiétude Voilà le sens dans lequel devrait aller la réforme du système judiciaire gabonais, cest-à-dire : une réforme combattant laffairisme et la corruption et non celle tendant à renforcer des lois qui ne seront jamais appliquées. Le web sous toutes ses facettes L'Union, 23/03/1999 par NDEMEZOO ESSONO La fête internationale de lInternet, qui se tenait depuis trois jours sur le site officiel de la direction générale des Archives nationales, de la Bibliothèque nationale et de la Documentation gabonaise (DGABD), a pris fin dimanche soir comme elle avait commencé. Sur un succès. Lobjectif visé à travers les différentes manifestations programmées à cet effet, dont des séances dinitiation, des offres de connexion gratuites et des conférences-débats pour populariser un outil déjà jugé "indispensable" par beaucoup daccros, a de lavis général été largement atteint. Cest pourquoi, en clôturant officiellement cette rencontre au nom du secrétaire général du gouvernement empêché, le patron de la DGABD, Roger Valère Ayimambenwe, a "chaleureusement félicité" tous les participants, organisateurs et internautes, particulièrement ceux qui animent le projet RDD-Internet et tous les partenaires impliqués dans le projet contribuant ainsi à en faire une réalité. M. Ayimambenwe sest surtout dit conforté par la conviction des plus hautes autorités du pays décidées à consentir tous les moyens pour encourager et appuyer toutes les initiatives, publiques et/ou privées, pour mettre un accent particulier au développement des nouvelles technologies de linformation et de la communication, et de leur accessibilité au plus grand nombre. La fête internationale de lInternet a pour objectif de permettre à un large public dinternautes potentiels de découvrir les nouvelles technologies de linformation et de la communication. En même temps que les efforts faits par le Gabon pour sapproprier ses bienfaits en favorisant la constitution de banques dinformations nationales par les institutions et organismes producteurs, se basant sur un environnement réglementaire permettant lexplosion dinitiatives et des intelligences, moyen indispensable de gestion de linformation pour le développement avec pour objectif la communication, les échanges et laccès généralisé à linformation et à la connaissance dans tous les domaines face aux enjeux de la mondialisation. A louverture de la session vendredi matin, le Premier ministre, chef du gouvernement, Jean-François Ntoutoume-Emane, avait dégagé limportance des enjeux que commande lappropriation des nouvelles technologies par la société gabonaise afin quelle participe harmonieusement et avec efficacité à la construction de cette "nouvelle société gabonaise fortement orientée vers la modernisation et le développement socio-économique". M. Ntoutoume-Emane sétait ensuite réjoui de cette orientation en rappelant que le Gabon a toujours porté une attention particulière à lémergence et à laffirmation des nouvelles technologies sous limpulsion du président Bongo. Cette première édition de la fête internationale de lInternet a donc été bénéfique puisquelle a permis à des centaines de personnes de découvrir le fascinant monde de lInternet. Cependant, le faible niveau de vie dune tranche importante de la population gabonaise, comparé aux coûts élevés des ordinateurs, des communications téléphoniques et des abonnements (à Internet), constituera encore pendant longtemps un handicap pour beaucoup de personnes qui souhaitent rejoindre les milliers dinternautes déjà abonnés chez les fournisseurs daccès locaux et ceux qui se retrouvent dans les cybercafés et dans les entreprises. Autopsie d'une représentation nationale L'Union, 22/03/1999 par MBEGAH EFFA La fièvre politique est brusquement tombée avec la fin du long processus électoral enclenché depuis 1996 et dont la présidentielle du 6 décembre dernier a été le point dorgue. Même les communiqués invitant les militants à faire le point sont devenus rares. Tout se passe comme si, après coup, les Gabonais en venaient à se désintéresser de la politique tant il se sont dépensés au cours des mois qui ont précédé cette échéance. La lassitude aussi. On en a tellement entendu quon na pratiquement plus envie de recommencer. Et puis, le gouvernement est maintenant formé et a même déjà été investi par le Parlement. Toutes choses qui pouvaient encore entretenir lambiance et le suspense. Seulement, voilà, on a tout épluché et les Gabonais ont désormais la tête ailleurs. Le quotidien les a pris en tenaille et même si la politique semble bien nourrir son homme au Gabon, elle ne saurait, à elle seule, résoudre tous les problèmes ni les supprimer dun trait de plume. Les derniers soubresauts sociaux ont montré quil y avait autre chose que les joutes oratoires et les meetings enflammés. Mais dans un pays où tout le monde sest pris au jeu, où la politique fait et continue de défaire les individus, personne na perdu de vue quelle semble tout régir et que, si certains sont aujourdhui ce quils sont, cest grâce à elle. Et même si on est en train de vivre un répit, chacun campe dans sa formation politique. Histoire dassurer les lendemains. Et les partis, il nen manque pas sur la place. Après le boom démocratique de 1990 où on enregistra plus de soixante-dix partis et associations à caractère politique, neuf ans après, il nen reste plus guère quune trentaine. Et encore, il y en a qui nont même pas lair dêtre vrais. Cest ici que les choses ont tendance à se corser et à séclaircir en même temps. A ce jour, en effet, pour une population dun million dhabitants environ et pour un peu moins de cinq cent mille électeurs, treize partis politiques se partagent les suffrages des compatriotes dans un esprit de compétition nayant rien à envier aux grandes démocraties occidentales. Sur ce plan-là au moins, le multipartisme a fait beaucoup de bien au pays. En revanche, et quand on y regarde de plus près, on se rend compte que pour un pays de cette taille démographique, on a un peu forcé la dose. Ceux qui ont quitté le PDG (Parti démocratique gabonais) pour créer leur propre formation politique, sont venus inutilement allonger la liste. On sait maintenant que cétait à dessein. Ils avaient reculé pour mieux sauter. Un repli tactique qui continue de leur garantir une place au soleil. Cest ainsi que lunique sénateur du MCD (Mouvement commun de développement) a suffi au bonheur du parti pour être représenté au cabinet Ntoutoume Emane. RETOUR AUX SOURCES Dans ce contexte, hormis le PDG qui, en dépit des viscissitudes du temps, continue de voler de victoire en victoire à chaque échéance électorale, le Parti gabonais du progrès (PGP) a ravi la seconde place à lAssemblée nationale au Rassemblement nationale des bûcherons (RNB), avec neuf députés contre six. De quoi constituer un joli groupe parlementaire. Mais cest au Sénat que les bûcherons ont pris leur revanche. Viennent ensuite dans lordre : le CLR, le FAR et lUSG avec chacun deux députés. Les autres partis représentés à lAssemblée nationale, à savoir : le Morena, le PUP, lUPG, le PSD, lADERE, le MAD, le RDP et le CDJ sen sortent chacun avec un élu. Pas de quoi fouetter un chat. Cette pléthore a pourtant fait des heureux. Pas nombreux, évidemment, en raison de la taille de ces formations politiques. Principaux bénéficiaires de ces micros partis : leurs fondateurs qui ont décidé de faire alliance avec le PDG. Même avec leur unique député, ils sont représentés au gouvernement et au Parlement. Beau doublé tout de même. Le scénario est simple : lunique élu est nommé ministre alors que son suppléant siège à lAssemblée nationale. On aurait appelé cela du rafistolage politique. Le cas le plus atypique est celui du PUP dont le représentant au gouvernement est le suppléant de M. Georges Rawiri au Sénat. Zéphirin Rayita est en effet le numéro 2 du Parti de lunité du peuple. Autant dire, une alliance tirée par les cheveux. A moins que le Gabon vive sur une coalition à léquilibre instable, où la non prise en compte dun parti créerait une crise politique, les analystes sérieux nont jamais vraiment compris la tentation quil y a à intégrer les formations nayant quun élu et dont laura se limite au seul canton, voire au seul village de leur fondateur. Le résultat de cette politique est la pléthore des ministres que beaucoup de Gabonais déplorent. Tout se passe comme si lon ne pouvait pas faire autrement. Après tout, un député, cest pour représenter ses électeurs à lAssemblée nationale. Pas forcément dentrer au gouvernement. Or, tout compte fait, cest bien ce dernier aspect qui paraît être lobjectif principal. Tant et si bien quun député débarqué du gouvernement boude les bancs de la représentation nationale et considère comme une sanction ce retour aux sources.Drôle de conception des principes démocratiques! Interview du président de l'Assemblée Nationale L'Union, 20-21/03/1999, Propos recueillis par ONDOUBANTSIBAH & MBEGAH EFFA LUnion : M. le président, vous avez dernièrement ouvert la première session ordinaire de lannée, peut-on en connaître lordre du jour ? Guy Nzouba Ndama : Au cours de cette session, nous avons à finaliser un certain nombre de textes que nous navions pas terminé dexaminer au cours de la précédente session. Nous avons dautres textes en chantier. Je voudrais plus particulièrement parler du projet de loi sur les problèmes de la famille, de la mère et de lenfant qui était en navette entre le gouvernement et lAssemblée nationale. Il nous est déjà revenu. Nous avons le projet de loi portant code forestier, cest un texte important à plus dun titre. Parce quaujourdhui lessentiel de notre forêt est exploité et exporté sous forme de grumes. Or je pense quavec le développement des associations des Verts, bon nombre dentreprises ont du mal à recevoir les grumes des pays producteurs de bois, et vous savez que notre pays est une des réserves mondiales connues. La politique du gouvernement serait quune bonne partie du bois soit transformée sur place. Nous avons également une proposition de loi que jai élaborée de concert avec le Conseil national de la communication qui porte sur le code de la communication au Gabon. Je ne suis pas très exhaustif mais, ces deux textes constituent une tâche immense qui va solliciter lénergie des députés pendant au moins un bon mois. Vous nous avez devancé sur le code de la communication au Gabon. Peut-on savoir où vous en êtes concrètement ? Cest une proposition de loi. Donc elle vient de lAssemblée nationale. Et, il ny a pas de raisons que les choses naillent pas mieux. Nous allons lexaminer dans les prochains jours. La commission de la communication devrait commencer à travailler dès lundi prochain. Nous nous donnons 15 jours à 3 semaines pour examiner ce texte. Dès que nous laurons adopté en commission, il sera envoyé au gouvernement pour avis. Le gouvernement a 60 jours pour se prononcer sur le texte. Passé ce délai, nous considérerons le texte comme étant approuvé. Nous ladopterons et nous le transmettrons ensuite au Sénat. Depuis quelques années le sport, comme dautres secteurs dailleurs, connaît une crise profonde. Le ministre Patrice Nziengui, alors ministre délégué chargé de la Jeunesse et des Sports, a mis en place un projet de loi sur la réorientation de la politique sportive nationale au Gabon. Ce document, déjà entériné par le gouvernement dalors, traînerait sur la table de lAssemblée nationale. Quen est-il exactement ? Je ne souhaite pas que le Parlement soit le souffre douleur de lexécutif. Dans la mesure où chaque fois quil se sent acculé quelque part, il dit : nous avons fait ceci, le dossier se trouve de manière globale au Parlement. Jai la chance davoir été député de la 8e législature, nous navons pas ici à lAssemblée nationale un texte en souffrance émanant du ministère de la Jeunesse et des Sports. Nous avions reçu pour la 8e législature un projet de loi dorientation sur lenseignement envoyé par le ministre de lépoque, Mme Paulette Missambo. La commission des Affaires sociales avait estimé que ce texte était incomplet. En ce sens que lenseignement ne concerne pas que ses domaines à proprement parler, quil fallait également intégrer la Jeunesse et les Sports. Nous avions alors demandé au gouvernement de complèter ce texte dans ce cadre. Et nous en sommes là à ce jour. Le Premier ministre a récemment présenté son programme à lAssemblée nationale. Avec succès puisquil a obtenu la confiance des députés. Vous avez également assuré le gouvernement de votre soutien. Peut-on savoir exactement comment se traduira ce soutien ? Lorsque jai introduit le débat à propos de cette séance plénière, jai dit que celle-ci était dabord un rituel républicain. Lorsquun nouveau gouvernement est formé, il faut que le Premier ministre vienne devant lAssemblée nationale présenter les grands axes de sa politique. Mais que cette présentation est suivie dun débat sanctionné par un vote. Laspect politique est que cette séance est pour le nouveau Premier ministre, lopportunité de jauger de la solidité de ses rapports avec sa majorité. Le gouvernement est en quelque sorte lenfant de la majorité parlementaire. Donc il ne peut en être autrement que de voir la majorité parlementaire accorder un blanc-seing au gouvernement qui est issu de ses rangs. Outre que ce gouvernement venait dêtre formé à lissue dune élection présidentielle à laquelle le candidat Omar Bongo a obtenu un oui massif de la part de ses concitoyens. Et cette majorité na pas dérogé à la règle en accordant à son tour un oui massif au programme du gouvernement. Maintenant, comment va-t-il se traduire concrètement ? Cest que le gouvernement, à partir des grands axes de son programme, va initier des projets de loi. Ceux-ci vont venir au Parlement dont le rôle, en pareille circonstance, sera dêtre en homogenéité avec le oui accordé au Premier ministre. Il fera donc en sorte que tous les textes qui vont dans le sens de la défense des intérêts du plus grand nombre des Gabonais reçoivent lassentiment de lAssemblée nationale, pour ne parler que de la chambre que je dirige Mais cest un soutien qui sera conditionné par le fait que le gouvernement doit prendre les décisions qui simposent pour faire face à la situation très difficile que nous connaissons. Le climat social est dégradé, je crois que le gouvernement a devant lui un grand chantier. Il devra profiter de ce quaujourdhui la demande de réformes vienne de la base elle-même. En 1990, le gouvernement du Premier ministre Oyé Mba avait eu le courage de sattaquer aux soldes fonctionnelles, il avait réussi. Actuellement nous savons que dans notre Fonction publique, il y a beaucoup de choses qui ne vont pas, il faudra bien y mettre de lordre. Les Gabonais ont souvent reproché aux parlementaires de ne pas rigoureusement remplir leurs missions constitutionnelles. Notamment, celles relatives au contrôle de lexécutif. Daucuns souhaitent que vous interpelliez régulièrement le gouvernement sur des questions dactualité nationale ou internationale. Quen pensez-vous ? Le public a raison en partie. Parce que la 8e législature était celle qui a posé les fondations de notre démocratie pluraliste retrouvée. Donc pendant cette législature,il y a eu de grands débats au niveau de lAssemblée nationale. Il y a eu les déclarations de politique générale des différents gouvernements, il y a eu les deux motions de censure déposées contre les gouvernements du Premier ministre Oyé Mba. Ceci a constitué des moments forts de la 8e législature. Aujourdhui, le contexte est différent, parce quau cours de la législature précédente la majorité était de 64 ou 66 députés sur 120. Actuellement elle est de 92 ou 97 députés sur 120. Ce nest pas pour autant que je sous-estime le rôle de lopposition. Bien que minoritaire, nous avons une opposition qui réaffirme avec fermeté ses principes. Mais le contexte ne permet plus à cette opposition de jouer le jeu quil a joué au cours de la 8e législature. La deuxième remarque cest queffectivement, lAssemblée nationale na pas pleinement joué jusque-là, le rôle qui était le sien dans le contrôle de laction gouvernementale. Notamment en utilisant les instruments mis à sa disposition, à travers les interpellations, à travers les questions orales et écrites. Mais je puis vous promettre, si nous avions eu jusque-là quelques difficultés à lappliquer, cela était dû au fait que nous souhaitions que ces débats soient retransmis en direct à la radio et à la télévision. Mais le Premier ministre a évoqué cette question ? Vous savez, quand jai dit au Premier ministre que je lui donnais un nom, "Ya na mawè", cest parce que jétais satisfait que de lui-même, il ait pris lengagement de tout faire pour que les débats à lAssemblée soient retransmis, de façon que le public puisse les suivre. Nous sommes donc en train de préparer une proposition de loi organique pour voir dans quel cadre doivent se dérouler ces questions orales ou écrites et les interpellations des membres du gouvernement. M. le président, que sont devenues les différentes enquêtes diligentées sur certaines sociétés (la CNSS par exemple) ou sur des projets comme la construction de laéroport de Mouila ? En ce qui concerne la commission denquête parlementaire sur la CNSS, cela date de la 8e législature. Je lavais suivie dassez loin. Toujours est-il quil y avait déjà eu un début de réalisation par rapport aux conclusions de cette enquête puisque peu après, nous avons examiné le statut général des fonctionnaires. Ce qui a fait quaujourdhui, les pensions des retraités soient mensualisées. Je ne voudrais pas maventurer davantage, nayant pas été directement impliqué dans cette commission. Sagissant de lenquête sur les travaux de laéroport de Mouila, la commission denquête parlementaire a démontré quil y a eu surfacturation des travaux; que le ministère de la Construction na pas été associé à lexécution ou au suivi de ce projet et encore moins le ministère des Transports. Cela avait été le fait du seul ministère de la Planification. Nous avions donc saisi le gouvernement pour attirer son attention sur le fait que désormais il serait souhaitable que lorsquil y a les grands travaux, que ce soit les départements ayant en charge les problèmes de Construction qui aient à soccuper de ce genre de dossiers À lépoque des travaux de laéroport de Mouila, cétait bien le gouvernement de la Démocratie ? (Sourire entendu). Je ne sais plus quel gouvernement était en place à cette époque. Lors de la célébration du 31e anniversaire du PDG, le secrétaire général de cette formation, lhonorable Simplice Guédet Manzéla, a revendiqué un statut pour les leaders des partis politiques. Peut-on savoir votre avis personnel sur cette question ? Je pense quil faut faire un distingo entre les partis. Parce quil y a des partis qui ne se manifestent quà loccasion des élections et cessent dexister après. Il y a des partis qui font parler deux de manière permanente mais qui nont pas dassise nationale par le fait quils nont pas délus. Il y a également des partis qui ont des élus sur une partie du territoire ou sur tout le territoire national. Et il sagit daccorder aux responsables de ces partis la place qui leur revient au sein de lÉtat. Comment pouvez-vous concevoir quà loccasion des fêtes du 17 août par exemple, quon ne sache pas où placer le secrétaire général du PDG ou le président du RNB, même si ce dernier est aujourdhui scindé en deux, etc. Toujours est-il quon doit savoir quà telle manifestation on est à mesure de trouver le président du PGP, le secrétaire général du PDG qui est quand même le parti majoritaire. On a vu dans certains pays que le chef du parti au pouvoir occupe une place de choix dans lappareil gouvernemental. Ce qui permet de résoudre un certain nombre de problèmes Je suis davis avec le secrétaire général du PDG. Je pense que cest un problème réel quil a posé et il faut réfléchir rapidement et, au niveau du protocole dÉtat, réserver une place de choix aux chefs des partis représentés dans les assemblées. Particulièrement au chef du parti majoritaire. Cela peut se faire par un acte reglémentaire Je verrai bien un décret. Certains compatriotes disent que vous avez privilègié votre groupe ethnique ou votre province lors de la constitution de votre cabinet. Que leur répondez-vous ? Je vous laisse le soin de vérifier sur place, vous me direz si les assertions qui vous ont été rapportées savèrent exactes. Je me passe de tout commentaire, mais je pense que le cabinet du président de lAssemblée nationale est représentatif de la République gabonaise. Tout le Gabon y est représenté. Votre mot de la fin ? Je voudrais lancer un appel à M. le Premier ministre pour dire que lAssemblée nationale lui a accordé la confiance lors de son passage. LAssemblée nationale fonde beaucoup despoir sur les initiatives que le gouvernement devrait prendre dans les prochaines semaines en vue de sattaquer aux maux qui minent notre société. Plus particulièrement notre administration de façon à ce quelle devienne plus performante, pour atteindre lexcellence et pour résoudre ce problème de contradiction. Parce que notre administration aujourdhui, au lieu dêtre une pyramide est plutôt un losange. Il faut revenir à la pyramide initiale, ce qui ne serait que dans lintérêt de notre administration et de notre pays. Internet au service du développement du Gabon L'Union, 19/03/1999 par Gérard MALEKOU A linstar des autres pays francophones, le Gabon célèbre à partir daujourdhui la fête de lInternet sur le thème "LInternet au service du développement du Gabon". Les manifestations se déroulent sur plusieurs sites, jusquà dimanche. A la direction générale des Archives nationales, de la Bibliothèque nationale et de la Documentation gabonaise - site officiel de la fête placée sous le haut patronage du Premier ministre, chef du gouvernement - les internautes vont communiquer dans lallégresse. Plusieurs conférences figurent au programme: "LInternet au service de ladministration et du développement du Gabon"; "Les NTIC au service de lentreprise gabonaise"; "Linfrastructure technique et les perspectives de développement de lInternet au Gabon"; "Ladministration de lInternet" ; "Gabon 2025" ; "Créons le futur" ; "La Fondation Raponda sur le Web" ; "Le téléenseignement et la télémédecine" ; "Apports des NTIC dans lenseignement"; "LInternet au service des ONG" ; "Apports de lInternet dans la presse" ; "LInternet dans la lutte contre la toxicomanie" ; "Le Bogue de lan 2000" ; "LInternet, léthique et le droit à linformation". Le dossier que nous vous proposons ci-dessous passe en revue les bienfaits de lInternet et les efforts faits par le Gabon pour être à lheure de cette technologie de linformation. Une interview de R.V. Ayimambenwe, coordinateur national du projet gouvernemental Réseau du développement durable (RDD). * Quattendez-vous du gouvernement au moment où vous célébrez la fête de lInternet ? - Cest un honneur pour nous de recevoir le Premier ministre. Cela confirme la matérialisation de la place quoccupe notre institution dans le paysage national. Nous souhaitons que la DGABD fasse lobjet dun intérêt particulier de la part du gouvernement, car elle a pour mission de soutenir la production de lhistoire et de la culture de notre pays, et de conserver lhistoire du Gabon pour les générations actuelles et futures. Il sagira douvrir les bases de connaissances nationales et universelles, ce nest pas négligeable dans un pays qui veut asseoir son développement à travers la capacité de ses citoyens par le biais de lhistoire et de la culture en général. La DGABD doit donc bénéficier à mon avis dune impulsion nouvelle pour en faire une cité de la connaissance dans laquelle les NTIC demeurent une exigence, un vecteur incontournable du développement. Lenvironnement international et la volonté politique du gouvernement inspirée par le président de la République et mise en uvre par le Premier ministre, nous laissent entrevoir de bonnes perspectives. * La fête de cette année comporte-t-elle des innovations ? - Cest dû à laction entreprise par les différents acteurs, notamment le RDD, lOPT, le PNUD et lensemble des autres organismes et institutions privés qui ne ménagent aucun effort pour une réelle insertion des NTIC au Gabon. Cette première édition officielle au Gabon est la résultante dune synergie efficace. Cette fête est décentralisée , il y va de lintérêt des chercheurs, des étudiants et autres industriels qui bénéficient ainsi des expériences des divers sites. * Quels sont les principaux objectifs du RDD ? - Lobjectif prioritaire est lappropriation par la communauté gabonaise des nouvelles technologies de linformation et de la communication (NTIC). Il sagit de sensibiliser les pouvoirs publics et les utilisateurs des NTIC; et daider à la constitution de banques dinformations nationales par les institutions et organismes producteurs qui devront réfléchir sur un environnement réglementaire permettant lexplosion dinitiatives et des intelligences dans le domaine de lInternet. Enfin, permettre laccès au savoir mondial du plus grand nombre de Gabonais, à moindre coût. * Et le bilan de vos activités, à ce jour ? - Il est largement positif, au regard de lorganisation de la fête de lInternet et du nombre croissant dinternautes aux points daccès de la bibliothèque nationale. Lintérêt exprimé par les acteurs des NTIC qui mettent un maximum de moyens pour son développement, nest plus à démontrer, cest le cas notamment du gouvernement en amont. * Et pourtant le Gabon, selon certains spécialistes, accuse du retard sur plusieurs plans. Peut-on espérer une amélioration de la situation ? - Notre pays a travaillé sur plusieurs fronts, sur les infrastructures, les utilisateurs par lOPT et des privés, puis sur le contenu grâce au RDD. De ce point de vue le Gabon avance lentement mais sûrement vers la création dune véritable autoroute nationale de linformation. Cest une action de grande importance, à partir du moment où il sagit dun phénomène de masse. Le problème de notre pays est sa faible densité, ce qui crée vraisemblablement un manque à gagner pour les personnes qui investissent à ce haut niveau, cela favorise laugmentation des coûts par rapport à lutilisateur final. Sans faire montre dautosatisfaction, je dirai que le Gabon est bien parti. La couverture globale du pays et la nécessité daméliorer le réseau téléphonique sont des préoccupations qui nous concernent directement dans lutilisation de notre outil. Toutefois, lexistence de sites à travers le pays se fera avec la collaboration des acteurs du secteur. Au niveau de lOPT, par exemple, nous avons bon espoir. Le Gabon se situe à un niveau important à léchelle internationale. Depuis près de deux ans lévolution du processus de vulgarisation des NTIC est considérable et avance résolument vers une meilleure appréciation et appropriation par notre société. * Votre mot de fin ? - Lentrée dans le 3e millénaire se fera avec lInternet. Ce sont certes les parents qui financent, mais il convient dindiquer, que les jeunes effectivement sont les premiers bénéficiaires. Jinvite les jeunes à aller vers les NTIC car les analphabètes de demain ne seront pas les personnes qui ne sauront pas lire ou écrire, mais ceux qui ne maîtriseront pas les NTIC. Le gouvernement a pris résolument la volonté de faire des NTIC lun des secteurs du développement pour répondre aux besoins légitimes de la jeunesse gabonaise. Cest dans ce cadre que des espaces multimédia daccès au réseau mondial dInternet sont ouverts dans plusieurs endroits.Sur le nombre dusagers, depuis trois mois nous sommes saturés par les visiteurs. En revanche, nous constatons quun grand nombre de jeunes nest pas encore sensibilisé sur lintérêt des NTIC, cest dans ce sens que le RDD et les archives nationales mettront en place une politique avec le concours des établissements de la place afin que les élèves puissent prendre contact avec ce nouvel outil . Nous établissons des conférences tournantes et du fait de laccès temporaire ( une semaine ) à lInternet dans ces établissements à des cybercafés. Plus de cinq mille jeunes sont attendus dans nos différents sites. Ce sera loccasion pour eux dêtre citoyens à part entière du village planétaire. Tous les participants bénéficieront de linitiative lancée par le RDD et la DGABD appelée " initiative: un Gabonais un Email gratuit " pour leur permettre dutiliser réellement lInternet au niveau de notre cybercafé. Discours-programme du premier ministre : des suggestions pertinentes L'Union, 13-14/03/1999 par MBEGAH EFFA ON attendait Jean-François Ntoutoume Emane. On la vu. En grandeur nature et dans toute sa splendeur. Le Premier ministre a incontestablement innové dans sa présentation de politique générale à lAssemblée nationale. Il est vrai que le contexte donnait au chef du gouvernement les coudées franches et loccasion, particulièrement bonne pour quil montre de quoi il est capable. Du moins, sur les idées, en attendant de voir comment cela va se traduire dans les faits. Un discours révolutionnaire, méthodique et qui sortait des sentiers battus même si certains lont trouvé trop académique et un tantinet provocateur. Mais Jean-François Ntoutoume Emane navait droit, ni à lerreur, ni à là peu près. Un Premier ministre au fait de la réalité socio-économique de son pays et qui a voulu pousser son avantage en se présentant, tantôt comme lhomme idoine, tantôt comme lhomme de la situation. Ou simplement, les deux à la fois. Son discours, qui sest voulu le phare et le miroir de laction gouvernementale, na voulu rien laisser au hasard. Il ne sest pas surestimé. Mais il a voulu surtout montrer la voie à suivre. Une voie difficile qui nécessite courage, abnégation et détermination. Car, il faudra tout cela à Ntoutoume Emane qui ne doute pas que le chemin sera semé dembûches. Le ton employé pour sadresser aux parlementaires et en réalité, aux membres de son gouvernement, sonnait comme une sorte davertissement sans concession. Il sagit, pour le Premier ministre, dimprimer sa marque sur lHistoire. Etant bien entendu que rien ne se fera sans leffort de tous. Autrement dit, il va falloir faire violence sur nous-mêmes pour réussir cet ambitieux programme. Dans le domaine de la réforme de lEtat par exemple, le Premier ministre estime que ladministration, telle une entreprise privée, se doit dêtre productive. Pour y arriver, préconise-t-il, cinq choses sont à faire : le respect scrupuleux des conditions et des procédures dintégration dans la Fonction publique, ainsi que le déroulement des carrières des fonctionnaires, le rétablissement des concours professionnels pour assurer une carrière motivante au fonctionnaire, le retour aux conseils de discipline, la réactivation des commissions paritaires dans les secteurs publics pour une meilleure carrière reposant sur le mérite et la remise au goût du jour des fichiers de la fonction publique pour dénicher les fonctionnaires fantômes. LAUTORITÉ DE LETAT Autre point développé par le Premier ministre : la restauration de lautorité de lEtat qui revient, selon Ntoutoume Emane, à se plier à une éthique, celle qui consiste à servir lEtat avec dignité et abnégation. Mais il na pas oublié que cela passe par un certain nombre de paramètres à remplir. Doù son idée qui consiste, pour le gouvernement, à améliorer les capacités et les conditions de travail dans ladministration. Pour être tout à fait concret sur ce chapitre, le chef du gouvernement a dit quune attention spéciale sera accordée à ceux des agents de lEtat qui exercent dans ce quil a baptisé "le commandement" du fait que ceux-ci participent à lexpression de la souveraineté de lEtat dans leurs circonscriptions respectives : "Un gouverneur locataire, un préfet ou un sous-préfet à pied, cela ne va certainement pas dans le sens que nous souhaitons." Le Premier ministre a alors préconisé la réfection des résidences de ces personnels. Parlant de la démocratie communautaire, Jean-François Ntoutoume Emane, après en avoir fait la genèse qui procède de "lécriture de partage", a souhaité inaugurer avec les présidents des nos institutions des relations dun type nouveau, fondées plus sur la confiance que sur la simple courtoisie dusage. Tout en reconnaissant quun "gouvernement démocratisant peut se révéler inefficace, le Premier ministre a décidé de rouvrir le chapitre de la retransmission des débats à lAssemblée nationale en raison de leur valeur pédagogique. Pilier de lEtat de droit, comme la reconnu lorateur, Jean-François Ntoutoume Emane a annoncé un train de mesures susceptibles dimpulser une dynamique nouvelle à notre justice : "Cest pourquoi, dorénavant, un contrôle par linspection des services judiciaires se fera tant sur les juges et leurs auxiliaires, que sur leurs décisions", a-t-il dit en substance. Abordant le volet sensible de limmigration et de la sécurité, le Premier ministre a introduit son sujet par un constat alarmant : laccroissement exponentiel des immigrants clandestins dont le nombre, a-t-il révélé, a dépassé les 18 % de la population, alors que les normes moyennes internationales se situent entre 5 et 7 %. Evidemment, un tel constat appelle des mesures énergiques. Que le chef du gouvernement a annoncées avec une fermeté qui sied aux circonstances. RENÉGOCIER LA DETTE Cest, entre autres, accroître les effectifs de nos forces de sécurité par des recrutements significatifs, la création de la police municipale qui va dans le sens dune police de proximité et doter ces forces de moyens logistiques idoines en rapport avec le volume et la nature de leurs missions. Outre la fiscalité et loption industrielle du Gabon dont il a abondamment développé les grands contours, le Premier ministre a surtout été suivi sur la gestion de la crise financière actuelle. Dentrée, il a fait observer que celle-ci ne sera nullement un feu de paille. Et prenant le taureau par les cornes, le chef du gouvernement a énoncé une batterie de mesures pour y faire face. La réforme des structures de lEtat sera lun des ses chevaux de bataille avec, en filigrane, une rationalisation des choix budgétaires. M. Ntoutoume Emane a dit quil faudra gérer serré. Des économies seront opérées sur la masse salariale des fonctionnaires. Il sagira, plus concrètement, de sattaquer à la pyramide inversée des rémunérations dans la Fonction publique. La bataille de la dette aussi sera vigoureusement entreprise. Son remboursement absorbe, a révélé le Premier ministre, 45 % des crédits inscrits au budget de lEtat, freinant la croissance et obérant notre capacité de développement. Parlant en expert, il souligne quune baisse dun point sur les taux dintérêt se traduit par une économie budgétaire de 22 milliards de FCFA. MENEUR DHOMMES Au chapitre des investissements, le chef du gouvernement a dit que laccent sera mis sur les infrastructures routières et de télécommunication. Sans se voiler la face, le Premier ministre a reconnu que le chômage frappait des franges entières de notre population, doù la plus grande solidarité qui est exigée de toutes les composantes de la Nation. Il a souligné néanmoins que les causes du chômage résident dans le manque de qualification professionnelle des demandeurs demploi et linadéquation formation-emploi. Un clin dil a donc été fait en direction de lenseignement supérieur, entre autres, pour des formations plus appropriées. Enfin -- cest là où tout le monde lattendait -- , le Premier ministre a abordé la nouvelle gestion budgétaire. Là où tous les gouvernements échouent. Le train de vie de lEtat sera revu à la baisse, a-t-il affirmé. Et joignant la parole à lacte, Ntoutoume Emane a annoncé la couleur : "Un contrôle rigoureux sera systématiquement opéré dans lattribution et lexécution des marchés dEtat". Et pour plus de transparence, il a préconisé lunicité des caisses. Dans ces mesures dassainissement, le parc automobile de lEtat sera inventorié et aucune réforme de véhicule ne se fera avant cinq ans dâge. De même que les organigrammes des ministères seront reconsidérés pour en alléger le trop plein de conseillers, de chargés détudes etc. Plus que jamais, Jean-François Ntoutoume Emane sest présenté en redoutable meneur dhommes. Une qualité qui sied bien à un Premier ministre. Le Premier ministre a obtenu la confiance des députés L'Union, 13-14/03/1999 par ONDOUBANTSIBAH JEAN-FRANÇOIS Ntoutoume-Emane quaccompagnaient plusieurs membres de son gouvernement a donc passé, avec brio, létape fatidique de lAssemblée nationale. Le contraire aurait étonné. Pour plusieurs raisons dont voici les principales : le discours correspondait bien aux aspirations des populations; la majorité présidentielle dont est issu le gouvernement a le plus grand nombre de députés à lAssemblée nationale; et, dans une certaine mesure, la carrure de lhomme lui-même et de certains de ses ministres. Le discours-programme du Premier ministre, chef du gouvernement a plu à nombre de Gabonais. Du moins dans son aspect théorique. Tant le chapelet des intentions ou des engagements pris correspond à ce qua longtemps souhaité le peuple gabonais : rompre avec un État faible encourageant limpunité; réduire les inégalités sociales en combattant linjustice et en prônant la solidarité sociale; relancer léconomie en létendant aux secteurs non rentiers ; etc. Par rapport à ces engagements, lélu du 5e arrondissement a atteint le cur des Gabonais. Et le développement fait sur chacun des axes a convaincu plus dun. Du moins au niveau de la logique et de la théorie. En annonçant que son gouvernement va restaurer lautorité de lÉtat et réduire son train de vie, le locataire du "2-Décembre", sait quil devra sattaquer aux privilèges, donc sattirer des ennemis dans son propre camp. De même que, pour arriver à cet objectif, Jean-François Ntoutoume-Emane devra également, comme il la dit, abolir, entre autres, la multiplicité des caisses, les dépenses hors budget. Tout comme il devra veiller à rompre avec limpunité. Sur ce point, les contrôles préconisés par le chef du gouvernement doivent aboutir à la poursuite et à la punition des détournements des deniers publics. SCEPTICISME Dans le cadre de la lutte contre les inégalités, le Premier ministre a pris lengagement de sattaquer à la pyramide inversée des salaires qui fait en sorte quaujourdhui, les salaires les plus élevés soient à la base et les moins élevés au sommet. Tout en sachant que plusieurs personnalités politiques sont impliquées dans lencouragement de limmigration clandestine et le grand banditisme, M. Ntoutoume-Emane a dit prendre des mesures pour combattre ce fléau. Autant dengagements qui ont séduit les députés de la majorité. Cest donc pourquoi, outre la logique démocratique, ces derniers ont donné leur confiance à lactuelle équipe gouvernementale. Il faut dire que cette confiance a également été obtenue grâce, dune part, à la carrure personnelle de Jean-François Ntoutoume-Emane, homme multi-diplômé, ayant une grande expérience de la gestion de la chose publique; et de lautre, à la présence dans son gouvernement de personnes honnêtes, soucieuses de lintérêt général et méticuleuses dans le travail. Ces atouts laissent espérer que léquipe de Ntoutoume-Emane sera à la hauteur de son programme. Cependant, en dépit de tout cela, certains députés, aussi bien de la majorité que de lopposition, ont exprimé leur scepticisme. Scepticisme justifié par lexpérience et linefficacité des gouvernements précédents malgré leurs beaux discours. Les honorables Mouity Nzamba, Obame Abessole et Mamboundou, ont catégoriquement rejeté la politique gouvernementale, tandis que les députés Assélé et Ndemezoo lui ont donné comme un "quitus sous réserve". Comme a souligné le député maire du 3e arrondissement, "on juge le maçon au pied du mur". Et le maçon sy trouve désormais. Les députés toutes tendances confondues, la nation toute entière et la communauté internationale, restent suspendus à lambitieux programme de Jean-François Ntoutoume-Emane. Les objectifs essentiels étant de faire du Gabon un État moderne, de réduire les inégalités sociales et la pauvreté croissante des populations. Une ambition dont le prix à payer est avant tout la traduction des paroles en actes. |