Nouvelles sur les méfaits de Bongo |
Ouverture à Libreville d'un séminaire sur le maintien de la paix en Afrique LIBREVILLE, 16 juin (AFP) - Les représentants de 50 pays, dont une trentaine d'Etats africains, ainsi que de plusieurs organisations internationales, participent depuis mercredi à Libreville à un séminaire diplomatico-militaire de trois jours sur le maintien de la paix en Afrique. Ce séminaire, qui se situe dans le cadre du concept RECAMP (Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix), précède de quelques mois le prochain exercice sous-régional de maintien de la paix "Gabon 2000" prévu près de la capitale gabonaise, en janvier 2000. Co-organisé par le Gabon, pays hôte, et la France, il a pour objectif, selon ses responsables, "d'aider les pays africains, en s'appuyant sur les organisations régionales, à s'investir dans la résolution des crises de leur continent". Cette réunion et l'opération "Gabon 2000" s'inscrivent également dans la foulée de Guidimakha qui avait rassemblé en février 1998 au Sénégal près de 3.000 soldats de plusieurs pays de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'ouest (CDEAO) et 500 soldats des trois pays occidentaux co-organisateurs (France, Etats-Unis, Royaume-Uni), rappelle-t-on. Dans son discours d'ouverture, le vice-premier ministre et ministre de la Justice gabonais, M. Emmanuel Ondo-Metogho, a souligné le "potentiel inexploité des organisations régionales et sous-régionales dans la prévention des conflits". Neuf des onze pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEAAC) participent notamment à ce séminaire: Angola, Cameroun, Congo, Burundi, Gabon, Guinée Equatoriale, République centrafricaine, Tchad et Sao Tomé et Principe. La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda n'ont pas envoyé de représentants, a-t-on appris auprès des organisateurs. M. Ondo-Metogho a par ailleurs rappelé que ce séminaire doit "permettre la mise en place d'un dispositif de prévention des conflits en Afrique et l'entraînement conjoint avec la France des diverses forces africaines". De son côté, l'ambassadeur en mission pour RECAMP, M. Gabriel de Bellescize, a affirmé que la réunion de Libreville était le fruit d'une double volonté: "volonté des peuples africains de prendre en mains leur destin et volonté des pays occidentaux et des organismes internationaux de soutenir cette volonté". Le séminaire qui doit s'achever vendredi comprend un module diplomatique animé par des débats qui présentent notamment les initiatives africaines et les soutiens extérieurs, ainsi qu'un module militaire dont les thèmes généraux portent principalement sur les critères de succès d'une Opération de maintien de la paix (OMP) ou le processus de prise de décision et de planification. Départ du président Bongo pour l'investiture de Thabo Mbeki LIBREVILLE, 15 juin (AFP) - Le président gabonais Omar Bongo a quitté mardi matin Libreville pour se rendre à Pretoria où il prendra part aux cérémonies officielles d'investiture du nouveau président sud-africain Thabo Mbeki, a-t-on indiqué de source officielle gabonaise. Selon les autorités sud-africaines, une trentaine de chefs d'Etat sont attendus à ces cérémonies qui marqueront par ailleurs mercredi la fin du mandat de cinq ans du président Nelson Mandela. Fatou, 8 ans, "enfant-esclave" comme des centaines de milliers d'autres LIBREVILLE, 14 juin (AFP) - Fatou est malienne. Elle a aujourd'hui 8 ans et a été "vendue" par sa famille il y quatre ans à un intermédiaire ouest africain qui l'a envoyée au Gabon pour servir dans une famille et travailler à raison de 16 à 18 heures par jour. Le cas de Fatou n'est pas isolé, comme vient de le démontrer un document de synthèse publié la semaine dernière par l'UNICEF et qui fait état de centaines de milliers d'enfants pauvres --surtout des fillettes-- vendues et employées comme domestiques partout dans le monde et principalement en Afrique. La journée de Fatou, tout comme celle de Salimata, 11 ans, sa "copine d'infortune" qui vient elle du Togo, débute très tôt. A 5 heures du matin, la fillette se lève, prépare le petit déjeuner de la famille du "maître" --le sien est gabonais, mais aurait pu être libanais ou autre--, fabrique des beignets qu'elle ira ensuite vendre au carrefour Akébé, à la périphérie de la capitale. Puis c'est le retour à la case, pour puiser de l'eau, faire la vaisselle, la lessive et récurer la maison avant d'être "louée", à l'heure où les enfants de la famille vont à l'école, à un commerçant malien. Ce dernier l'emmenera au marché populaire de Mont-Bouêt pour y vendre à la criée, jusqu'à 18h, heure de la fermeture du marché, des ustensiles de ménage et diverses babioles en plastique. Mais le travail de Fatou ne s'arrête pas là: une fois encore, retour à la case, puis travaux ménagers, service à table, vaisselle, avant de pouvoir seulement aller se coucher, dans la chambre des enfants et à même le sol vers 22/23 heures. Fatou ne se plaint pourtant pas: "je connais d'autres enfants qui sont régulièrement battus, s'ils ne vont pas assez vite, si il manque 100 F CFA (1 FF) dans la recette de la journée". Les habitants du quartier où elle vit commencent eux pourtant à s'élever contre cette "exploitation de plus en plus criante dans la capitale". "Au cours de ces dix dernières années, le trafic d'enfants-marchandises entre l'Afrique de l'Ouest et le Gabon, profitant de la crise économique survenue dans ces pays, s'est considérablement développé", commente un journaliste gabonais, reconnaissant qu'aucun chiffre officiel n'existe. Les autorités gabonaises en sont d'ailleurs conscientes puisque des mesures importantes pour "éradiquer ce fléau" ont été annoncées lors d'un récent conseil des ministres et ont fait le lendemain la une du quotidien gouvernemental L'Union sous le titre "Haro sur l'immigration clandestine des enfants". Parmi elles, la mise en place d'une commission paritaire comprenant les ministères concernés et les représentants des pays pourvoyeurs avec pour mission de "proposer au gouvernement un plan d'action devant concourir à l'éradication de l'immigration clandestine dans les pays pourvoyeurs, de transit et d'accueil". Parallèlement, le gouvernement gabonais souhaite mettre en place un arsenal répressif prévoyant la condamnation par les tribunaux des auteurs de maltraitance des enfants. "Le cas du Gabon est loin d'être isolé, comme le prouve l'interception au Bénin, au début du mois, de 92 enfants qui devaient être vendus à des exploitants agricoles en Côte d'Ivoire", reconnait un responsable associatif. Lors d'un atelier sous-régional Afrique de l'Ouest et du Centre tenu à Cotonou en juillet dernier, l'UNICEF s'était déja penchée sur "la problématique du trafic des enfants domestiques" dans cette partie du continent. De ces travaux, il était ressorti que "l'existence de trafics d'enfants est liée et favorisée par l'accroissement de l'offre et la demande de main d'oeuvre domestique enfantine, l'impunité des auteurs en raison de l'absence d'un cadre coercitif adéquat et appliqué et la perméabilité des frontières". "Autant de facteurs faisant qu'on se demande qui mettra fin aux trafics internationaux du travail des enfants, car comment expliquer le développement de ce fléau à la barbe des autorités et autres ambassades", se demandait récemment encore l'hebomadaire gabonais d'opposition Le Bûcheron. "Scènes d'émeutes" après la mort d'un détenu dans une gendarmerie gabonaise (presse) LIBREVILLE, 27 mai (AFP) - Des "scènes d'émeutes" se sont produites il y a une semaine à Ndendé, petit chef-lieu du sud-ouest du Gabon, après la mort à la gendarmerie locale d'un jeune homme de 21 ans, rapporte jeudi le quotidien gouvernemental l'Union. Selon le journal, ces émeutes se sont produites le jeudi 20 mai, le lendemain de la mort en détention d'un jeune homme de Lebamba, une localité voisine située à environ 35 km, qui avait été interpellé par les gendarmes de Ndendé pour avoir omis de régler une consommation dans un bar. Selon les gendarmes, le jeune détenu se serait pendu dans sa cellule. Cette explication n'a cependant pas convaincu les habitants de Lebamba qui, estimant que le jeune homme avait été torturé par les représentants de l'ordre, se sont alors dirigés vers le chef-lieu du département de la Dola. Arrivés sur place, les habitants s'en sont pris aux bâtiments administratifs et aux logements des gendarmes qu'ils ont saccagés avant d'y mettre le feu, provoquant la fuite hors de la ville de tous les occupants. Ces "émeutes", écrit l'Union, ont fait plusieurs millions de FCFA de dégâts (dizaines de milliers de FF), mais "surtout risquent d'affecter gravement la cohésion entre les communautés qui cohabitent dans la Dola et ses environs". Il n'a pas été possible à l'AFP de joindre jeudi ce département pour confirmer ces informations. Le Gabon doit affronter les effets de la nouvelle "orthodoxie financière" LIBREVILLE, 22 mai (AFP) - Le Gabon, confronté depuis un peu plus d'un an à une crise économique sans précédent et désormais en quasi-cessation de paiement, va devoir affronter dans les tous prochains mois les effets de "l'orthodoxie budgétaire" prônée depuis peu par ses dirigeants pour parvenir à un "indispensable" accord avec le FMI. "Pour conclure un nouvel accord (avec le FMI et la Banque mondiale) nous devons aller vite", a récemment rappelé le président gabonais Omar Bongo de retour d'un périple de plus de trois semaines aux Etats Unis, Canada et en France où il a eu des entretiens avec les principaux bailleurs de fonds et opérateurs économiques internationaux. "Le temps est compté", renchérit un opérateur économique gabonais qui souligne que "faute d'accord, le Gabon va se retrouver dans une situation ingérable avec toutes les conséquences que cela risque d'engendrer tant au niveau social que politique". Le précédent accord de facilité d'ajustement structurel renforcéd'un montant de 110,3 millions de Droits de tirage spéciaux (DTS) signé avec le FMI en juillet 1995 pour une période de trois ans, puis prorogé de quelques mois, a expiré en mars dernier. Le Gabon est désormais hors programme FMI et donc privé des facilités de trésorerie. Faute de remboursements de ses échéances, l'Etat a vu le service de sa dette intérieure et extérieure s'aggraver considérablement ces deux dernières années. Les arriérés atteignent en 1999 la somme record de 700 milliards de F CFA (7 mds de FF - 1,16 md USD) même si l'encours total de la dette extérieure est resté stable à 1.970 mds de F CFA. Conscient de cette situation économique plus que précaire dûe, selon un expert occidental, à une "absence endémique de rigueur budgétaire aggravée par la chute des cours du pétrole", M. Bongo n'a pas ménagé ses efforts pour tenter de convaincre ses partenaires extérieurs de sa volonté à redresser la barre. "Mais pour cela, a-t-il prévenu, nous devons afficher notre sérieux": "on ne peut pas prendre des engagements avec des grèves quotidiennes et des demandes d'augmentations salariales à n'en plus finir", a ajouté le chef de l'Etat fustigeant la dernière longue grève dans la fonction publique. Et pour enfoncer le clou, le président gabonais réélu en décembre dernier pour un mandat de sept ans a annoncé que désormais, il appuiera personnellement les décisions de son ministre de l'Economie et des Finances: "je vais prendre ce domaine en main et le ministre sera derrière", a-t-il dit. "En se replaçant en première ligne, M. Bongo veut donner un signal fort, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, alors que le "gouvernement de combat" de Jean-François Ntoutoume Emane formé il y a un peu plus de cent jours semble quelque peu entravé par les joutes politiciennes au sein même de son cabinet", observe un journaliste gabonais. "Il semblerait, renchérit un diplomate, que pour ce qui devrait être son dernier mandat, le chef de l'Etat ait décidé de tout mettre en oeuvre pour redresser son pays. Et pour cela, il a compris qu'il fallait enfin frapper un grand coup". Le dossier des "fonctionnaires fantômes", ceux des privatisations et de la renégociation de la dette interne (120 mds CFA d'impayés au 31 décembre 1998 plus 110 au titre de cette année), sont "autant de défis que le chef de l'Etat et son ministre de l'économie Emile Doumba, un ancien banquier à la réputation sans tache, vont avoir à relever d'ici la fin de l'année", juge le même expert occidental. "Pour l'heure, les robinets ont été fermés et le ministre de l'Economie ne signe plus qu'au compte-gouttes de nouveaux engagements en attendant l'audit sur la dette 1998 qui devrait révéler un énorme dérapage en termes de dépenses", ajoute cette source. De plus, celui-ci vient de procéder à un remaniement sans précédent au sein de son ministère avec de nombreuses nominations de cadres venant du privé. Reste à savoir quel va être l'impact de la nouvelle rigueur budgétaire sur la population et les salariés du pays déjà durement éprouvés par la crise? "Les mois à venir, jusqu'à la fin de l'année --date de la signature d'un éventuel nouvel accord avec le FMI-- risquent d'être particulièrement cruciaux pour le gouvernement et le chef de l'Etat. Ce dernier à d'ores et déja prévenu: "je ferai moi-même, s'il le faut, avaler la pillule aux Gabonais". Les parlementaires africains adoptent un projet de statut pour l'opposition Par Jean-Pierre REJETE LIBREVILLE, 20 mai (AFP) - Les parlementaires africains réunis durant trois jours à Libreville par l'Union Interparlementaire (UIP) ont adopté mercredi soir un "projet de statut pour l'opposition en Afrique" tout en "condamnant énergiquement" les derniers coups d'Etat militaires sur ce continent. Approuvé par l'ensemble des représentants d'une quarantaine de parlements africains dans le cadre d'un "séminaire sur les relations entre partis majoritaires et minoritaires dans les parlements africains", ce projet "s'inspire", selon ses concepteurs, "des principes généraux de la démocratie et des droits de l'Homme". "Au même titre que les parlementaires qui font partie de la majorité gouvernementale, les membres de l'opposition ont besoin que leur soient reconnus des droits fondamentaux", estime ce texte dans un chapitre consacré aux "droits de l'opposition au parlement". "Le respect de la liberté d'expression et d'information est essentiel pour les parlementaires, notamment ceux de l'opposition, afin de leur permettre de s'acquitter de leurs responsablités parlementaires", ajoute le projet qui devra être soumis au conseil de l'UIP lors des réunions interparlementaires de Berlin du 10 au 16 octobre prochains. "Si ces droits et d'autres droits fondamentaux sont consacrés par la législation, ont cependant remarqué les séminaristes, les parlementaires, notamment ceux de l'opposition, doivent bénéficier de prérogatives supplémentaires pour qu'ils soient en mesure d'oeuvrer de concert avec la majorité ainsi que de contrôler l'action du gouvernement et de la critiquer en cas de besoin". A propos de l'organisation des travaux parlementaires, le texte rappelle que "les groupes politiques doivent être à même de se constituer librement, à partir du nombre minimum de membres prévus par la loi" et que "l'opposition a le droit d'être représentée, en fonction de ses effectifs, au sein de chaque commission et sous-commission parlementaire". Concernant les "devoirs de l'opposition", le séminaire a insisté sur le fait que "l'opposition au sein du parlement a le devoir d'offrir une alternative crédible à la majorité en place pour rendre cette dernière responsable". "Par ailleurs, poursuit le projet, l'opposition doit se montrer responsable: elle doit être en mesure d'agir dans l'intérêt supérieur de la nation et pratiquer une opposition constructive et responsable en faisant des contre-propositions". Au cours des travaux de ce séminaire, un des intervenants, M. Guy Carcassonne, professeur de droit public à l'université de Paris X - Nanterre (France) avait déjà souligné "l'importance de ces droits et devoirs de l'opposition". "Spontanément, dans tous les parlements du monde, la majorité répugne à partager les privilèges de sa puissance et l'opposition répugne à renoncer au confort de son irresponsabilité", avait-il souligné estimant que "c'est donc cette double réticence que les mécanismes institutionnels doivent permettre de surmonter". Faisant par ailleurs allusion aux derniers coups d'Etat en Afrique, "notamment au Niger, aux Comores et en Guinée-Bissau où les militaires ont pris le pouvoir par les armes", les parlementaires ont "dénoncé et condamné énergiquement ces agissements anti-démocratiques. "Nous lançons un appel pressant aux autorités des pays concernés afin qu'elles mettent tout en oeuvre pour le rétablissement, dans les plus brefs délais, des institutions démocratiques, permettant ainsi à leur peuple de bâtir son avenir dans la démocratie et la bonne gouvernance", ont-il ajouté dans une "déclaration de Libreville". L'UIP, dont le siège est basé à Genève, regroupe en son sein 138 parlements nationaux et avait tenu sa 100ème conférence en septembre dernier à Moscou. Celle de Libreville s'est déroulée à l'invitation de l'assemblée nationale gabonaise Enfants des rues: un phénomène nouveau et en pleine expansion au Gabon LIBREVILLE, 15 mai (AFP) - Le Gabon, relativement riche et jusqu'à présent préservé de la guerre, connait depuis une demi douzaine d'années un phénomène inquiétant et en pleine expansion: celui des enfants des rues, abandonnés par leurs parents contre toutes les règles sociales traditionnelles. Inconnus avant la dévaluation du franc cfa en janvier 1994, ces enfants sont de plus en plus nombreux dans les rues de Libreville, survivant d'expédients en groupes généralement organisés sur des bases ethniques. Sur moins de 450.000 Librevillois, plus de 200 enfants de 6 à 16 ans ont été ainsi recensés en 1998 par les organisations caritatives. Ce chiffre ne peut qu'augmenter avec l'exode rural et la crise sociale et économique, sinon morale, qui affecte actuellement l'ancien "émirat" pétrolier de l'Afrique, estiment ces mêmes organisations. Cette perspective alarme déjà l'opinion publique gabonaise et la presse, aussi bien gouvernementale que d'opposition, d'autant que l'Etat n'a pas vraiment réussi à mettre en route des structures d'accueil, laissant la place à quelques initiatives privées. "C'était vraiment une question d'urgence car des cas très graves existent: maladies, viols et même tortures, la plus populaire consistant à "repasser" au fer brûlant des enfants soupçonnés de vols", affirme à l'AFP soeur Théo Corral, de la "Maison arc-en-ciel", l'une des trois structures d'accueil de la ville. "Je reste bouche bée quand je vois la progression du phénomène des enfants livrés à eux-mêmes en six ans. Ce n'est que depuis 16 mois que nous avons réussi à ouvrir, avec Caritas et Manos Unidas, ce centre de jour où, avec trois employés et neuf bénévoles, nous nous occupons de dix à trente enfants par jour", explique cette carmélite de la Charité, originaire de Vitoria (Espagne). "Notre centre ne fonctionne que de jour, par choix stratégique et pour des raisons de pure économie car nous ne vivons que de maigres dons", précise soeur Théo. "Les enfants, poursuit-elle, viennent à 08H30, se lavent, se font soigner, jouent ou discutent avec les éducateurs. Après une collation de lait et de fruits, nous les alphabétisons. Il arrive que nous en accompagnions quelques uns dans leurs familles pour qu'ils renouent le contact". "Certains nous reprochent de ne pas bien nourrir les enfants: c'est vrai car nous ne voulons pas que ces petits prennent l'habitude de manger "cadeau" pour continuer une vie marginale. Nous voulons les réinsérer dans leurs familles et à l'école", dit-elle. "C'est difficile, ajoute-t-elle, car ces enfants sont partis de chez eux soit en raison de la misère de leurs parents, soit par éclatement de leur structure familiale. On a affaire à des mères qui nous disent: "je suis dépassée", ou pire même "mon enfant est possédé d'une maladie de vampire"". Encore scandalisée, soeur Théo se remémore: "quand nous l'avons libéré, le petit Dimitri, 25 kg pour dix ans, venait de passer six jours enchaîné dans le noir avec de grosses chaînes de 12 kg servant à fixer les billes de bois sur les camions". "Dans la rue, la vie n'est pas plus gaie, avec les bandes de voyous plus âgés qui les battent ou les rançonnent, les interrogatoires policiers ou privés plutôt musclés --genres fer à repasser-- et même des viols, avec tous les risques liés au sida, ajoute-t-elle. Des histoires comme çà, soeur Théo en connaît des dizaines, mais ce qui la choque le plus peut-être c'est "l'inaction des Pouvoirs publics": "on a l'impression que l'Etat se défausse sur nous de ce problème". "C'est d'autant plus grave, conclut-elle, que le système scolaire normal est déjà insuffisant et qu'il n'y a pas de centre de formation professionnelle pour récupérer les exclus du sytème". M. Bongo estime "possible" la signature de nouveaux accords avec le FMI LIBREVILLE, 13 mai (AFP) - Le président gabonais Omar Bongo a estimé "possible demain" la signature de nouveaux accords avec les institutions financières internationales en annonçant, jeudi à Libreville, qu'il "allait tout prendre en main dans ce domaine précis". "Tout est possible pour qu'on signe demain, l'essentiel est d'aller vite", a déclaré M. Bongo lors d'une conférence de presse à son retour d'une visite de trois semaines aux Etats-Unis, au Canada, puis en France. Au cours de cette visite, il a notamment rencontré les responsables du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale ainsi que des dirigeants de ces pays. Le Gabon, pays classé à revenu intermédiaire (PRI) par les institutions internationales avait signé en 1995 avec le FMI un programme élargi couvrant une période de trois ans, de juillet 1995 à juillet 1998, et est actuellement en négociations avec cette institution pour la conclusion d'un nouvel accord. "Mais, a averti le président gabonais, nous devrons appliquer les accords que nous allons signer. J'en profite pour dire, a-t-il assuré symboliquement, que désormais le ministre de l'Economie et des Finances au Gabon, c'est moi. Je vais tout prendre en main dans ce domaine précis". Soulignant "qu'on ne peut prendre des engagements avec des grèves, des demandes d'augmentation salariales quotidiennes, des casses d'établissements scolaires par la jeunesse", M. Bongo s'est engagé à "faire passer la pillule" lui-même. "Le ministre de l'Economie et des Finances sera derrière moi, on ne le verra même plus, parce que les ministres ont parfois peur, n'ont pas toujours le pouvoir, ont une image à soigner. Moi je n'ai pas d'image à soigner. Quand je dirai non, ce sera au nom du peuple gabonais", a-t-il conclu tout en déclarant conserver son "soutien total" à son ministre. Durant son périple, le président Bongo a également rencontré le Premier ministre canadien Jean Chrétien, celui du Québec Lucien Bouchard, le président français Jacques Chirac et son Premier ministre Lionel Jospin, avec lesquels il a évoqué la dette de son pays. Omar Bongo évoque la dette gabonaise avec Lionel Jospin PARIS, 12 mai (AFP) - Le président gabonais Omar Bongo a évoqué mercredi avec le Premier ministre français Lionel Jospin le problème de "la dette africaine et de la dette gabonaise en particulier". S'exprimant à l'issue de son entretien avec le chef du gouvernement français, M. Bongo a expliqué que c'était "le sujet numéro un" à ses yeux. Pour autant, il a refusé de dire s'il avait obtenu de la France des assurances. "Il faut d'abord parler", a-t-il dit. Répétant qu'il était "très content" de cette discussion, le président gabonais a estimé qu'il avait "initié un travail très enrichissant, très important avec le gouvernement français". M. Bongo avait été reçu mardi au palais de l'Elysée par le président Jacques Chirac. Omar Bongo condamne les récents coups d'Etat en Afrique PARIS, 11 mai (AFP) - Le président gabonais Omar Bongo a condamné mardi à Paris, à l'issue d'un entretien avec son homologue français Jacques Chirac, les coups d'Etat qui se sont déroulés récemment en Afrique, estimant qu'il y avait "de quoi être inquiet" pour la stabilité du continent africain. "C'est un retour en arrière. Je les condamne tous et j'ai dit que les auteurs de ces coups d'Etat sont pour moi des proscrits. Ils ne peuvent pas venir chez moi, je ne veux même pas leur parler", a déclaré Omar Bongo, interrogé par la presse à sa sortie de l'Elysée. Depuis début avril, trois coups d'Etat ont eu lieu en Afrique: Niger, Comores, Guinée Bissau. Omar Bongo a reconnu qu'il y avait "des torts" de la part des auteurs de ces coups d'Etat, mais "aussi des torts imputables à ceux qui détiennent le pouvoir, entre autres les chefs d'Etat". Au cours de son entretien avec Jacques Chirac, le président gabonais, de retour d'un voyage au Canada, a évoqué la situation au Kosovo, le Gabon assurant la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies durant le mois de mai. Interrogé sur le rôle de l'ONU dans le règlement de la crise, M. Bongo a répondu: "Pour le moment le dossier est entre les mains de l'OTAN, pas entre celles de l'ONU. Lorsqu'il sera à l'ONU, on assurera nos responsabilités". Concernant la coopération entre la France et le Gabon, il a démenti qu'elle ait "jamais été suspendue". "Elle existe, mais nous avons eu des problèmes financiers et c'est la raison pour laquelle je me suis rendu à Washington pour discuter avec le directeur général du FMI Michel Camdessus et le président de la Banque mondiale (James Wolfensohn) en vue d'un accord", a-t-il dit. Il a indiqué qu'il rencontrerait mercredi le directeur de l'Agence française de développement (AFD), Antoine Pouillieute. Omar Bongo a également démenti avoir été "lâché" par la France. "Je ne suis pas quelqu'un qu'on lâche comme cela. Si la France me lâche, je la lâche", a-t-il prévenu. Il a aussi assuré faire "confiance aux membres du G7, singulièrement à la France" pour les décisions concernant l'allègement de la dette des pays africains qui sera notamment à l'ordre du jour du sommet des sept pays les plus industrialisés, du 18 au 20 juin à Cologne. Le Gabon est classé par le Fonds monétaire international dans "les pays à revenus intermédiaires", alors que M. Bongo souhaite qu'il soit reconnu comme "un pays en développement, un pays endetté comme un autre". Le gouvernement affiche sa volonté de rigueur financière LIBREVILLE, 7 mai (AFP) - L'action réformatrice du nouveau gouvernement gabonais vient de marquer une nouvelle étape, avec des premiers résultats dans le recensement des fonctionnaires, mais cette volonté de rigueur financière semble déjà provoquer des résistances dans les ministères. En moins de deux semaines, l'opération de recensement, "clef de voûte de la réforme administrative", selon le Premier ministre Jean-François Ntoutoume Emane, a déjà mis en évidence 350 "cas douteux" sur les 40.000 fonctionnaires, dont, selon les syndicats, 10.000 seraient des agents "fantômes". Ces cas douteux sont matérialisés par la non-réclamation aux guichets du Trésor par leurs supposés ayant-droits de 350 "bons de caisse" permettant de payer les salaires. Un certain nombre d'enquêteurs ont été détachés sur cette affaire et "les fichiers étant parfaitement en règle, les fraudes éventuelles seront découvertes", indiquait-on au ministère des Finances. Le Premier ministre, apparu à plusieurs reprises ces derniers jours dans les médias, a tenu à revenir jeudi soir à la télévision pour réaffirmer sa détermination à "réduire le train de vie de l'Etat, appliquer la discipline budgétaire, réformer la Fonction publique et redonner confiance aux institutions monétaires internationales". Cette réforme est réalisée "avec l'aide du PNUD" (programme des Nations Unies pour le développement)", a-t-il souligné. Avec la réduction en avril de 40,25% du budget de l'Etat, il est temps de faire "des mutations profondes dans les pratiques qui ont toujours prévalu", a-t-il dit. "Au moment où débute le recensement, nul doute qu'on tombera sur des aberrations encore plus importantes" que les dernières années, commentait de son côté le quotidien gouvernemental L'Union, en prévenant que ce coup-ci "le couperet tomberait, comme l'a promis le Premier ministre". Toutefois, comme M. Ntoutoume Emane le reconnaissait jeudi soir, "il y a des gens qui veulent protéger leurs privilèges et les avantages qu'ils se sont octroyés". Plus explicite, l'Union dénonçait jeudi le "vent de folie qui s'est emparé de l'ensemble du personnel du ministère des Finances" devenu au fil des ans "la mère dépensière de l'Etat". Depuis la nomination, en janvier, du ministre de la Fonction publique Patrice Nziengui et de celui des Finances Emile Doumba, "austère banquier à la réputation sans tâche", "l'immobilisme a quasiment gagné toutes les administrations" de ce ministère où "la délation n'a jamais été aussi en vogue que maintenant", estiment des fonctionnaires. L'Union rappelle incidemment: "ce n'est plus un secret pour personne que certains titulaires du département des Finances ont amassé d'énormes fortunes sur le dos de l'Etat" et "n'hésitent pas aujourd'hui à le narguer". Mais au-delà de ces titulaires, qui, selon Jean-Pierre Leboumba, l'ancien grand argentier du Gabon de 1980 à 1989 et aujourd'hui financier de l'opposition, gagnent "au bas mot 30 millions de FCFA mensuels (300.000 FF)", à comparer avec le SMIG de 44.000 FCFA (440 FF), il y a aussi "les petits fonctionnaires surpris de constater qu'on veuille faire un exemple sur eux", prévenait L'Union. Le président gabonais Omar Bongo évoque la dette des pays africains OTTAWA, 6 mai (AFP) - Le président gabonais Omar Bongo a indiqué mercredi avoir notamment discuté de la dette des pays africains lors de sa rencontre mercredi à Ottawa avec le Premier ministre canadien Jean Chrétien. Au cours d'une conférence de presse, M. Bongo a précisé cependant qu'avant de parler de la dette il fallait "passer par le passage obligatoire qui est le FMI", et avoir un accord avec le Fonds, qui donne "quitus" au pays concerné. "A ce moment-là, on pourra poser la question au Premier ministre en lui disant 'le Gabon en a fini avec le Fonds monétaire, qu'est ce que vous faites pour le Gabon ?' ", a dit le président gabonais. M. Bongo aurait cependant, apprend-on de bonne source, émis le souhait que le Canada intervienne auprès du FMI pour modifier les critères concernant l'allègement de la dette des pays africains. M. Bongo, qui est accompagné de cinq de ses ministres, avait commencé sa "visite de travail" samedi dernier au Canada par Calgary, la capitale du pétrole, où il s'est entretenu avec plusieurs chefs d'entreprises du secteur de l'énergie, ainsi qu'avec le ministre albertain de l'énergie Steve West. Le pétrole est une ressource importante pour le Gabon. A Ottawa, il a rencontré notamment le ministre de la Coopération et de la Francophonie Diane Marleau et le ministre des Finances Paul Martin. Il achèvera son voyage par la province du Québec. Avant le Canada, M. Bongo avait effectué un voyage de deux semaines aux Etats-Unis. Il avait exprimé ses craintes que la crise au Kosovo n'affecte les promesses faites à l'Afrique par la communauté internationale, notamment en ce qui concerne l'effacement de la dette. M. Bongo s'était aussi déclaré "solidaire" des actions de l'OTAN au Kosovo. Frontière: des "inquiétudes mais pas de psychose", selon le PM gabonais LIBREVILLE, 4 mai (AFP) - La situation à la frontière entre le Gabon et le Congo-Brazzaville, déchiré par une guerre civile, provoque "quelques inquiétudes mais pas de psychose", a déclaré mardi le Premier ministre gabonais Jean-François Ntoutoume Emane. "Il n'y a pas lieu de s'alarmer", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse. M. Ntoutoume Emane a assuré que "des mesures appropriées sont prises et les moyens appropriés sont dégagés" pour faire face à l'entrée de réfugiés congolais au Gabon, particulièrement dans la province du Haut-Ogooué (sud-est). "C'est naturel que les gens en guerre de l'autre côté veuillent venir chez nous" et devant "l'absence de frontières naturelles et infranchissables, il est évident qu'il y a des tentatives d'infiltrations d'immigrés et de clandestins", a-t-il poursuivi. "De temps en temps il y a quelques éléments qui effarouchent les populations", a-t-il reconnu. "Nous faisons ce qu'il faut pour maîtriser ce flot", a-t-il dit en signalant le recensement général des étrangers déclenché il y a une semaine dans le Haut-Ogooué. A cet égard, il a remarqué, sans autres précisions, que "le seuil de tolérance pour le nombre d'étrangers au Gabon est largement au-dessus de la norme internationalement admise". Le Gabon, qui jouit d'une stabilité enviée dans toute l'Afrique centrale, possède une frontière commune de quelque 1.000 km avec le Congo-Brazzaville, où les forces de l'actuel chef de l'Etat Denis Sassou Nguesso affrontent depuis 1997 celles de son prédécesseur Pascal Lissouba. Le président gabonais dimanche à Calgary OTTAWA, 1er mai (AFP) - Le président gabonais Omar Bongo est attendu dimanche à Calgary (Alberta), première étape d'une visite de travail d'une semaine qui le conduira également à Ottawa et au Québec. M. Bongo, qui a achèvé une visite de deux semaines aux Etats-Unis, devrait rencontrer en Alberta des responsables du secteur pétrolier. A Ottawa, il s'entretiendra avec le Premier ministre canadien Jean Chrétien ainsi qu'avec la ministre de la Coopération internationale et de la Francophonie Diane Marleau. Au Québec il rencontrera le Premier ministre québécois Lucien Bouchard et des responsables de l'industrie aéronautique et de la foresterie. A l'occasion de cette visite, M. Chrétien a annoncé dans un communiqué l'intention du Canada d'"entreprendre de nouveaux projets d'investissement et de coopération technique et industrielle avec la République gabonaise et les pays de l'Afrique centrale". Le Gabon et le Canada sont actuellement membres non permanents du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. Ils participent également à la mission des Nations-Unies en République centrafricaine (MINURCA) et appartiennent à la Francophonie, qui va tenir son sommet en septembre à Moncton (Nouveau-Brunswick). La dernière visite de M. Bongo au Canada remonte au Sommet de la Francophonie en 1987 à Québec. (LA LETTRE DU CONTINENT n°327 du 15/04/99) Une erreur de casting s'est glissée dans la dernière Lettre du Continent sur les relations matrimoniales entre Brazzaville et Libreville. Willy Nguesso, neveu de Sassou II, a épousé le 5 avril Claudia Engonga, une métisse de père gabonais et de mère canadienne. Le mariage a été fastueusement "célébré" à l'hôtel Okoumé Palace de Libreville (au lieu de l'hôtel de ville) par l'ambassadeur du Congo au Gabon, M. Likibi. En revanche, c'est le fils (et non la fille) de Jean-Pierre Lemboumba - Martin Lemboumba - qui est fiancé à l'une des filles du président Sassou: "Coco Sassou". Depuis de longs mois, les fiancés n'attendent plus que l'accord de Sassou II (qui hésite sans doute à s'allier ainsi à l'opposant numéro un de son beau-père Bongo IV) pour passer devant le maire. Toutes nos excuses en tout cas aux fraîchement mariés et aux fiancés éternels. |