Pensée et action politique du BDP-Gabon Nouveau


Le scandale des salaires du régime Bongo

24 mai 1999

Dans une dépêche de l'AFP en date du 7 mai 1999, Jean-Pierre Lemboumba, qui s'était lui-même immensément enrichi comme membre du gouvernment entre 1980 et 1989, déclarait que certains titulaires du ministère des finances gagnaient "au bas mot 30 millions de FCFA mensuels (300.000 FF)".

On serait effectivement tenté de croire Lemboumba puisqu'il fut le grand argentier et homme de confiance de Bongo à l'époque où les deux hommes étaient sur la même longueur d'onde. Ce que cette déclaration démontre c'est que la fonction politique s'est, au fil des années, transformée en une vraie mine d'or pour la classe politique gabonaise. Comment alors s'étonner que la plupart des Gabonais, qu'ils soient de l'opposition ou de la mouvance bongoïste, veuillent se jeter corps et âmes dans cette fonction par trop lucrative?

Le contraste est saisissant quand on compare un petit pays d'un million d'habitants comme le Gabon à la nation la plus puissante du monde, les Etats-Unis.

Sur le plan des mentalités, la différence est déjà frappante: les Américains ne vont pas en politique pour s'enrichir, mais plutôt pour se faire un nom dans l'histoire de leur pays. En général, ils s'engagent dans la carrière politique quand ils sont déjà riches, ce qui leur évite les tentatives de la corruption. En plus, à cause du système de pouvoir et de contre pouvoir qui existe dans le pays, personne n'est à l'abri de la main justicière du corps judiciaire. L'affaire Lewinski est là pour nous le rappeler.

L'idée américaine est donc que la fonction politique est une chance inouie pour celui/celle qui veut laisser une empreinte historique positive dans l'histoire de son pays par les grandes réalisations qu'il/elle aura accomplies. Tout se joue donc au niveau de l'honneur. Voilà pourquoi les grands principes de la démocratie américaine mettent l'accent sur l'idée de service: la fonction politique relève de la fonction publique, c'est-à-dire du service rendu à la nation. Celui qui veut s'enrichir doit donc s'intéresser à d'autres types de professions--surtout dans le secteur privé--, et non point à la politique.

Au Gabon, point de ces principes républicains. La fonction publique est synonyme de "vautourage": l'on se jette dessus comme des vautours sur des chiens morts et l'on ne veut en sortir que quand le chien est devenu une carcasse désossée. Voilà donc pourquoi, Bongo, en tant que vautour en chef, est indéracinablement vautré sur le pactole gabonais. Ce n'est pas le sens de l'honneur ou du travail bien accompli qui le retient à la tête du pays, mais bel et bien cette manne, cet argent gabonais dont il a décidé de s'emparer, ne laissant aux Gabonais que les miettes dont il ne veut pas. Et encore!

C'est donc dans ce contexte que la problématique des salaires est intéressante. Elle révèle, du côté américain, le côté service de l'administration publique, mais démontre, du côté Gabonais, la nature rapace de la classe politique.

C'est ainsi que l'on se rend compte, scandaleusement, qu'un ministre gabonais a, en moyenne, un salaire mensuel trois fois plus élevé que celui du président américain, Bill Clinton, qui a un salaire comparable à celui d'un simple président d'Université aux Etats-Unis.

Comparons donc le salaire d'un ministre gabonais à celui du président américain:

GABON:

Un ministre gabonais gagnant donc, en moyenne, 30 millions de FCFA PAR MOIS, ceci représente, en dollars américains, 54.545 dollars PAR MOIS (pour un cours moyen d'un dollar pour 550 F CFA).

AMERIQUE

Le président américain gagne 200.000 dollars PAR AN, ce qui représente un SALAIRE MENSUEL de 16.666 dollars, ce qui revient à un salaire de 9 millions 666.666 F CFA PAR MOIS.

RESUMONS:

Salaire moyen du Ministre gabonais: 30 millions de FCFA par mois.

Salaire du président américain: 9 millions 166.666 FCFA par mois.

CONCLUSION:

Comment alors s'étonner que, devant l'ignominie abominable de salaires monstrueusement élevés comme ceux des ministres gabonais, l'on ne veuille prêter aucun argent à Bongo?

Comment s'étonner qu'un président américain, qui gagne durement mais honnêtement sa vie, ne mamque pas de s'étrangler quand on lui dit qu'un président nègre d'Afrique centrale vient quémander des dollars en Amérique, alors que ses ministres gagnent en moyenne 360 millions de FCFA par an, et que lui, le président du pays le plus puissant du monde, ne gagne que 110 millions de FCFA par an?

Comment s'étonner de l'étonnement du président américain quand on lui dit que ce ministre gabonais, qui gagne 21 millions de FCFA DE PLUS que lui, obtient aussi un parking de voitures 4x4 et ne paie ni son logement, ni son électricité, ni son téléphone, ni son transport en avion, alors que lui, le président américain, doit payer de sa propre poche la nourriture qu'il mange avec sa famille? (selon CNN, 24 mai 1994)

Comment s'étonner, finalement, que Bongo, dont le salaire jamais révélé demeure deux à trois fois supérieur à celui d'un ministre gabonais, soit la risée de ces chefs blancs et autres présidents africains qui n'arrivent toujours pas à comprendre comment le soi-disant président gabonais ose encore se présenter à eux comme président d'un pays pauvre, si pauvre qu'il n'arrive plus à supporter son statut de pays à revenu intermédiaire?

Omar Bongo: qu'avez-vous fait de notre pays?

BDP-Gabon Nouveau.


La psychose d'Omar Bongo

11 avril 1999

C'est à croire qu'Omar Bongo vit de plus en plus dans la psychose généralisée depuis que les coups d'état se sont multipliés dernièrement dans des pays comme les Comores (où, paradoxalement, Bongo lui-même aida jadis à déposer un président), le Niger, et il y a quelques jours, la Guinée-Bissau.

Qu'est-ce qui rend Bongo schizophrénique à ce point? Probablement:

1) la crainte de voir des militaires gabonais s'engaillardir et décider d'imiter leurs collègues africains. Cette peur s'était déjà traduite dans les faits par la nomination à la défense du fils Ali Ben dont la mission officieuse consiste à maîtriser les troupes en faveur de "papa". De plus, le coup d'état du Niger a apporté une marque innovatrice qui ne peut échapper à Bongo: ce sont des membres de la garde présidentielle même de Maïnassara qui l'ont liquidé. Cette idée rend évidemment très nerveux un Bongo plus que jamais aux abois car le contexte actuel ne peut plus garantir l'intégrité d'un pouvoir qui vit désormais ses dernières heures. La psychose qui envahit peu à peu l'esprit de Bongo le rend désormais tellement irrascible qu'il ne peut s'empêcher, à chaque fois qu'il en a l'occasion, de cracher sa haine contre le nouveau pouvoir au Niger. C'est ce que confirme la dépêche de l'AFP du 11 mai courant. Evidemment, comme à son habitude, la mégalomanie de Bongo l'emporte sur la logique. En menaçant les nouveaux dirigeants nigériens et en se promettant de ne jamais leur parler ni les recevoir, Bongo se croit plus gros que la grenouille qui se mesura au boeuf. Qu'est-ce que cela peut bien foutre aux Nigériens que Bongo leur parle ou non?

2) Mai l'on comprend vite le problème de Bongo. On comprend en fait qu'en s'attaquant au Nigériens, Bongo s'en prend en fait à la France. En effet, rien dans le pré-carré postcolonial français ne se fait sans l'accord de la France. Dans la plupart des coups d'état fomentés ou financés par la France en Afrique, Bongo fut toujours mis au courant, ayant souvent dans ces contextes-là joué les arbitres décideurs. Au Niger, Bongo n'a rien vu venir et personne ne l'a averti, même pas "sa" France. En ne le mettant plus dans la confidence, la France éveille les suspicions et certains observateurs se demandent si Paris n'avait pas déjà décidé de ne plus lui faire confiance. Du coup, Bongo s'emporte. Et panique. "Je ne suis pas quelqu'un qu'on lâche comme cela. Si la France me lâche, je la lâche", a rétorqué Bongo à l'AFP ce 11 mai 1999.

C'est qu'à Paris et dans les milieux français, des rumeurs commencent effectivement à circuler sur un éventuel lâchage d'un Bongo devenu trop encombrant et embarrassant pour une France qui essaie plus que jamais d'embellir son image souillée auprès des Africains. Probablement à cause de la rivalité de plus en plus visible de l'Amérique? Néanmoins, le fait que cette même France fasse la sourde oreille à Bongo, préférant l'envoyer aux quatres coins d'un monde de plus en plus sourd à ses requêtes, ne semble pas devoir calmer Bongo de sitôt. Alors, Bongo ressort son arme habituelle: "Si la France me lâche, je la lâche", menace-t-il. C'est que Bongo compte encore sur les secrets de "famille" qu'il détient pour faire fléchir une France qu'il sait est désormais prête à le lâcher.

Normalement, le lâchage de Bongo par la France aurait dû se faire avant l'élection présidentielle de décembre dernier, mais Bongo avait apparemment très vite vu dans le jeu de la France. Le fameux colonel Marion, chef des renseignements de la présidence Bongo, devait servir de maillon central dans ce lâchage, mais il fut liquidé par Bongo avant même que les jeux n'aient été totalement faits. La France dut donc, comme signe de bonne volonté visant à évider la méfiance de Bongo, envoyer "officieusement" des équipes d'observateurs pour soutenir leur "ami et frère" Bongo aux élections présidentielles.

Cepandant, Omar Bongo n'était pas encore au bout de ses peines. Devant le refus de la France de cautionner, comme à son habitude, les prêts faits à Bongo, Bongo dut préparer frénétiquemnt un voyage aux USA non seulement pour essayer de diversifier ses sources, mais aussi pour montrer à la France qu'il était capable de se débrouiller sans elle. Mais c'était là sans compter avec la solidarité capitaliste des occidentaux! On joua de Bongo comme une balle de ping pong: Clinton l'évita comme la peste, tandis que les Canadiens ne lui apportèrent leur soutien que du bout des lèvres. L'entretien avec Chirac ne semble pas avoir donné grand chose non plus puisque c'est finalement avec le "petit" Antoine Pouillieute de l'Agence Française de Développement (AFD) que Bongo doit aller négocier sa pitance.

Ce qui reste sûr, malgré les apparences qui échappent encore à tout le monde au Gabon comme à l'étranger, c'est que les jours du régime Bongo sont de plus en plus comptés. C'est que l'attrait qu'avait le Gabon il y a 20 ans s'est peu à peu volatilisé. Chaque année, des centaines de Français quittent le Gabon parce qu'il n'y a plus rien à en tirer. Quand vous leur parlez, ils vous disent: "Bof, le Gabon c'est foutu; y a plus grand chose à en tirer. C'est le chaos total". Dans un contexte où la manne pétrolière s'est amincie, ne laissant au Gabon que 7 à 10 ans de ressources pétrolières dans un contexte international déprimé, et pour cause du manque d'un tissu économique viable à l'intérieur du pays, les investisseurs hésitent à s'engager.

Pis, le Gabon, malgré les discours officiels qui parlent de stabilité, est considéré par plusieurs observateurs comme une poudrière susceptible de sauter à tout moment. A l'intérieur du pays comme sur la frontière congolaise, l'image du Gabon à l'étanger est celle d'un pays qui attend patiemment, mais explosivement, que la masse critique atteigne son paroxysme. Dans ce contexte, le combat de Bongo s'avère rude. Il doit non seulement convaincre ses créanciers de sa capacité à reformuler son système, mais aussi de sa capacité à ne plus détourner à des fins personnelles l'argent que l'on prête au pays pour son développement. Personne n'en est apparemment convaincu puisque Bongo n'a même pas pu réduire la pléthore des membres de son gouvernement. En sus de cela, la réduction de la masse salariale au niveau de l'administration est renvoyée aux calendes grecques. Bongo n'a point envie de risquer le mécontentement de son administration au cas où des réformes douloureuses seraient engagées. A un moment où il n'arrive même plus à payer les salaires des fonctionnaires et à assurer le service de sa dette, Bongo se retrouve donc les mains liées, avec comme pour seule solution... l'endettement supplémentaire.

Dans le gouvernement même de Bongo, les tiraillement sont fréquents. Il y a d'abord la rivalité entre le nouveau premier ministre Ntoutoume Emane et ses deux prédécesseurs Paulin Obame Nguéma et Casimir Oye Mba. Il y a aussi les regroupements ethniques qui, selon La Lettre du Continent No. 327 du 15 avril 1999, se font de plus en plus visibles au sein du gouvernement. C'est que l'on sent avec empressement que, qu'il le veuille ou non, Bongo ne pourra garder le pouvoir très longtemps. Alors on essaie tant bien que mal de se positionner, tant sur le plan individuel qu'ethnique, juste au cas où...

Mais il y a surtout l'ambition de Ntoutoume Emane qui, maintenant qu'il a conquis la primature, se voit comme un successeur naturel à un Bongo que les uns considèrent moribond physiquement et politiquement, et à plusieurs autres égards. Et Bongo voit d'un mauvais oeil l'ombre que lui fait de plus en plus Ntoutoume Emane. En principe, c'est Ntoutoume Emane qui, "nouveau" comme il est, aurait dû faire le voyage aux Amériques et en France pour le compte du Gabon. Son image de diplômé aux mille diplômes et sa "nouveauté" auraient en effet pu apporter de meilleurs résultats face à des interlocuteurs qui supportent de plus en plus mal l'arrogance écervelée du petit homme venu du Gabon. Seulement, Bongo souhaite absolument que Ntoutoume Emane se souvienne de sa place: il n'est qu'un premier ministre. Au Gabon, ceci a une signification bien particulière: un premier ministre ne décide pas, il obéit. Contre vents et marrées, Bongo a donc décidé de faire ce voyage de la honte, ce qui à ses yeux était préférable à un Ntoutoume Emane prenant trop d'envergure internationale. A un moment où Bongo voit de plus en plus mal le voyage de ses opposants à l'étranger, il lui apparaît tout à fait aussi inacceptable de permettre à un aspirant ambitieux comme Ntoutoume Emane d'aller négocier on ne sait quoi avec les Blancs. On ne sait jamais qui pourrait l'approcher pour une éventuelle révolution de palais...

C'est dire que la psychose schizophrénique de Bongo ne fait que commencer. Pour le moment, il est le seul, avec ses "amis" français, à détenir le secret de ses rages médiatiques de plus en plus fréquentes. Mais tout secret étant condamné à être révélé, il ne reste au peuple qu'à attendre la lourde chute de l'okoumé Bongo.

BDP-Gabon Nouveau.


Ntoutoume Emane et la langue de bois de l'AFP

5 mai 1999

S'il est des choses que l'on peut reprocher à la presse et aux médias français, c'est certainement leur manque d'objectivité et leur langue de bois quand il s'agit de traiter du sujet Gabon. Ce sujet reste évidemment extrêmement tabou dans le discours politique français, soit par l'embarras qu'il crée, soit par les complexités entourant les relations Bongo-France. Certes, de temps en temps, on entend parler du Gabon en France lors de tel scandale politique mouillant des personalités françaises, ou à l'occasion de telle élection présidentielle scandaleuse, à l'instar de celle du 6 décembre dernier. Mais le sujet Gabon reste, de manière générale, plutôt ténébreux dans les médias français.

Evidemment, le sujet Bongo-Gabon inquiète les milieux français. A ce titre, il y a comme un code du silence qui semble submerger jusqu'aux médias français dits "libres". On critiquera volontiers de manière viscérale tous les autres pays africains, mais le Gabon, comme par miracle, restera souvent un ilôt de mystère avec lequel même les médias français n'osent point interférer. C'est comme si, par peur de casser ce bijou fragile, le Gabon était pris avec les pincettes de la prudence extrême.

Il en va ainsi de la dernière dépêche de l'AFP (4 mai 1999). Cette dépêche frappe par son extrême ambiguité. Déjà, dans son titre, elle dit ceci: "Cent premiers jours sans "état de grâce" mais avec quelques résultats".

L'on peut alors se poser les questions suivantes. A quel état de grâce fait-on allusion ici, et quels sont les QUELQUES (sic) résultats auxquels l'AFP fait allusion?

L'on verra néanmoins à la lecture de l'article qu'il y a ambiguité. Cette ambiguité n'empêche cependant pas l'observateur averti de lire entre les lignes de cette ambiguité et d'en faire ressortir les messages cachés.

Analysons donc, un à un, les éléments principaux de cette ambiguité.

L'ETAT DE GRACE

L'article de l'AFP, dans son titre, dit que le gouvernement de Ntoutoume Emane aura passé ses cent premiers jours dans un contexte difficile qui ne lui a donné aucun "état de grâce". Cependant, quand on lit l'article, on est frappé par un nombre de faits qui contredisent cette déclaration:

L'on "apprend" en effet que Ntoutoume Emane, malgré l'ambiance économique morose du pays, a réussi à désamorcer "un long conflit social", "alors que l'opposition continue de digérer sa défaite à l'élection présidentielle de décembre dernier." Ces deux idées maîtresses montrent donc que:

1) Ntoutoume Emane a bel et bien connu un état de grâce social qui, reposant sur la mâturité professionnelle de nos syndicats et la patience parfois trop légendaire de notre peuple, lui aura accordé le bénéfice du doute. Ntoutoume Emane n'a donc aucune excuse à avancer quant au bilan de ses premiers 100 jours de pouvoir (nous y reviendrons).

2) Ntoutoume Emane a bel et bien connu un état de grâce politique puisque l'opposition est restée TOTALEMENT dormante et amorphe (irresponsabilité majeure), lui laissant ainsi les coudées franches pour toute action qu'il aurait voulu contempler. Là encore, aucune excuse possible.

LES RESULTATS

Nous ayant présenté le contexte social et politique de "grâce" dans lequel aura évolué le gouvernement Ntoutoume, l'AFP se penche ensuite sur les résultats qu'aura obtenus le nouveau premier ministre au bout de 100 jours d'exercice.

1) Résultats politiques

- Ntoutoume Emane nous est présenté comme un "grand" négociateur car il a non seulement réussi à désamorcer les conflits sociaux avec les syndicats, obtenant même d'eux des concessions inattendues (rallongement de la pause, pragmatisme dans la recherche d'une solution en proposant que soit menée fermement la chasse aux fonctionnaires "fantômes" estimés à 10.000 sur 40.000).

- Les opposants politiques ayant apparemment démissionné d'eux-mêmes de leurs responsabilités d'opposants, Ntoutoume n'a pas eu à négocier quoi que ce soit avec eux.

2) Résultats socio-économiques

- Premier cadeau de Ntoutoume Emane aux Gabonais: Budget du pays réduit de 40,25%, "soit 547,4 milliards de FCFA contre les 916,2 mds FCFA prévus initialement. La banqueroute donc, comme résultat après 100 jours d'exercice.

- la chasse aux fonctionnaires "fantômes" proposée, non pas par Ntoutoume Emane, mais plutôt par les syndicats, a donné lieu à un PROJET de recensement des fonctionnaires, mais, conclut l'AFP, connaissant les vieilles habitudes gabonaises, ce projet sera lui-aussi vite renvoyé aux calendes... gabonaises (sic).

- les projets de privatisation traînent le pas, le gouvernement ne sachant trop comment s'y prendre. Rien donc, en 100 jours, ne s'est produit de ce côté, ni du côté de la réforme des entreprises d'état comme Air Gabon et beaucoup d'autres qui ont besoin en ce moment d'une véritable culture de l'entreprise que le système Bongo ne semble pas pouvoir insuffler.

- le remboursement de la dette demeure également un puzzle pour le gouvernement qui, au lieu de réformer son système de gestion, préfère prendre le taureau par la queue en allant négocier avec le FMI un allègement de la dette qu'une simple réallocation des ressources à l'intérieur du pays pourrait aider à résorber. Ainsi, au lieu de s'attaquer aux problèmes de gestion internes qui contribuent à l'endettement du pays, Bongo et Ntoutoume Emane ont passé 100 jours à traîner dans les capitales occidentales à faire la queue et à jouer les mendiants nègres. Leur projet? Endetter un peu plus le Gabon, sans pour autant changer leurs habitudes de gestion sur le plan interne.

Conclusion? Les Gabonais "sont toujours confrontés à des difficultés majeures et ne voient pas encore poindre à l'horizon les signes d'une réelle embellie" (sic).

Verdict? 100 jours marqués par un échec total dont l'immobilisme demeure le plus gros signe distinctif. Pourquoi?

Evidemment, ce qui fait la langue de bois de l'AFP c'est que le fond de son article demeure inaccessible au lecteur non-averti. Seuls quelques gabonais auront saisi les ambiguités de l'article, en ce qu'il a d'ironique. En effet, son message de surface reste totalement trompeur. On croirait effectivement que l'AFP est en train de faire des éloges à Bongo-Ntoutoume, alors qu'il n'en est rien du tout. S'il est une chose que la dépêche de l'AFP révèle implicitement (au fait, pourquoi ne l'avoir pas dit plus ouvertement?), cette chose demeure l'incroyable immobilisme du gouvernement "inventif" de Ntoutoume Emane. Si créativité il y a, cette créativité reste visible dans le sommeil scandaleux qui fait du gouvernement Ntoutoume Emane un gouvernement du statut quo. Après les grands discours électoraux, les vieilles habitudes sont vites revenues au galop. On parle, on passe son temps à discourir, mais l'action reste une denrée rare. L'immobilisme de Ntoutoume Emane est visible dans le fait que:

1) A aucun moment dans l'article de l'AFP, on ne voit une initiative venant proprement de lui. La seule action suggérée est celle d'un recencement des fonctionnaires fantômes. Mais Ntoutoume aura attendu que les syndicats le lui proposent. Cette idée n'est pas de lui. Le reste n'est que VIDE TOTAL et inactivité.

2) Or, ce ne sont pas les actions à entreprendre qui manquent. Outre la réduction des effectifs de la fonction publique, il reste un nombre incroyable de problèmes structurels et économiques à résoudre: train de vie de l'état, réduction des salaires de Bongo, des ministres et autres gagneurs de gros sous de l'administration, réforme du système éducatif avec allocation de nouvelles ressources, la santé et la salubrité pour tous, le logement, la route, l'agriculture, relèvement du SMIG, l'alternance politique, la séparation des pouvoirs, réforme de la justice, etc.

Autant de projets qui demandent une action immédiate. Mais que nous offre, fièrement, Ntoutoume Emane? IL A REUSSI A MUSELER LES PROTESTATAIRES. Pire: il laisse son patron enliser le Gabon dans une guerre congolaise dont le pays se passerait bien en ce moment. Voilà ce qui caractérise les 100 premiers jours de gouvernement Ntoutoume Emane.

Pathétique...

BDP-Gabon Nouveau


Omar Bongo: Qu'avez-vous fait de nos libertés?

28 avril 1999

La notion de liberté, de par son élasticité culturelle, demeure l'une des notions les plus complexes à définir. Depuis la Grèce antique d'il y a près de 2500 ans, où cette notion fut débattue au fil des siècles par les philosophes de l'antiquité, jusqu'à nos jours, la notion de liberté est restée difficile à cerner du fait des contours qu'elle peut prendre dans les diverses sociétés dans lesquelles elle s'exprime. Ainsi, ce qui est liberté chez les Français, ne l'est pas forcément chez les Américains ou les Russes. Tandis que, par exemple, l'Américain au travers de son état interdira la consommation de l'alcool aux moins de 21 ans, exigeant rigoureusement la présentation d'une carte d'identité à l'entrée d'un bar ou à la commande d'une bière, l'état français lui, malgré des lois limitant la consommation d'alcool aux plus de 18 ans, ne s'en préoccupera point et préférera laisser les citoyens jouer de leur libre arbitre.

Mais alors, pourrait-on être tenté de rétorquer, il n'y pas d'idéal libertaire possible puisque chaque culture peut faire ce qu'elle veut et définir à SA manière SA propre liberté!

A une telle remarque, nous dirions tout simplement que OUI, il existe un idéal de liberté. Tandis que le genre de libertés ci-dessus évoquées entre dans le cadre de ce que l'on pourrait appeler la RELATIVITE CULTURELLE, il existe, au-delà de ces spécificités culturelles, un idéal commun à tous les peuples qui entre dans le domaine d'une universalité irrévocablement humaine.

Dans le cadre de la relativité culturelle, les lois définies par chaque culture dans le contexte de son fonctionnement réflètent généralement les modes de pensée de cette culture. Ainsi, une société islamique aura des lois qui ne correspondront pas forcément à celles édictées par une société chrétienne. De même, dans le cadre des grands ensembles culturels, l'Européen définira ses lois d'une manière que l'Africain aura du mal à accepter, et vice-versa.

Cependant, au-delà des spécificités culturelles qui distinguent telle société de telle autre, il existe un domaine dans lequel s'exprimera l'universalité de la liberté au sein de chaque groupe culturel. Ce domaine est celui des droits humains qui furent si bien définis dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. En termes simples, que dit cette déclaration? Puisque dans chaque société connue, l'assassinat pour quelque raison que ce soit d'un être humain est vue comme un crime contre l'humanité, cet acte qui enlève la vie d'un autre devient une atteinte à la liberté de vivre et au droit à la vie. D'autre part, si dans un coin reculé de la brousse équatoriale, un enfant meurt de faim parce que la société dans laquelle cet enfant vit, de par ses lois et sa gestion de la chose publique, a créé les conditions de la famine qui tuent à petit feu cet enfant famélique, alors cet acte de mauvaise gestion, d'incompétence ou de cruauté de la société devient une atteinte au droit fondamental de cet enfant à la vie.

La question qui se pose alors, dans le cadre du Gabon, est la suivante: les Gabonais sont-ils LIBRES?

Comprenons-nous bien. La notion de liberté, si on l'appréhende dans le sens élargi de son universalité et l'applique à la situation gabonaise, révèlera que les Gabonais n'ont JAMAIS été libres, et n'ont jamais joui d'aucune liberté, sous le régime Bongo. Certes, à cause de la démagogie bongolienne qui, depuis 1990, leur a fait croire qu'ils étaient désormais libres puisque les journaux pouvaient insulter Bongo et le peuple pouvait aller aux urnes, les Gabonais ont été amenés à penser que la liberté d'un individu ou d'une nation se limite à la liberté d'insulter son président ou d'aller voter. Rien n'est plus erroné. La liberté, cette liberté universelle que le monde entier recherche, a chez nous été éternellement bafouée à tous les niveaux de l'existence de notre peuple par Bongo et le régime qu'il a mis en place.

Nous nous expliquons:

1) Puisque, sous le régime Bongo depuis son usurpation du pouvoir en 1967-1968, les Gabonais n'ont jamais connu l'alternance politique et n'ont jamais pu élire qui ils voulaient, il en ressort que le régime Bongo a toujours porté atteinte au droit des Gabonais à décider de leur destinée et du choix de leur leader ou de leur régime politique.

2) Puisque, sous le régime Bongo, depuis 1990, le droit de vote des Gabonais est constamment bafoué par des résultats électoraux qui ne réflètent jamais le choix du peuple, il en ressort que le régime Bongo porte atteinte aux droits civiques des Gabonais qui sont ainsi réduits à la simple expression d'une mascarade carnavalesque.

3) Puisque, sous le régime Bongo, le droit des Gabonais de se défaire du régime en place par tous les moyens à leur disposition est constamment compromis par la force militaire de la GP bongolienne et celle des interventions françaises, il en ressort que Bongo, en vendant le Gabon à la France, porte atteinte au droit des Gabonais à décider de leur destinée nationale et fait du Gabon un pays sans autonomie politique ou économique.

4) Puisque, sous le régime Bongo, le baillonnement des médias indépendants (comme le démontrent l'interdiction répétée de La Griffe et les brouillages de la Radio Liberté bûcheronne) est constant en période électorale comme en période non-électorale, c'est que Bongo porte atteinte à la liberté d'expression des Gabonais.

5) Puisque, sous le régime Bongo, les manifestations étudiantes, populaires ou syndicales sont toujours matées par la force militaire, c'est que Bongo n'a jamais arrêté de porter atteinte à la liberté du peuple de montrer son mécontentement par la manifestation.

6) Puisque, sous le régime Bongo, l'éducation des enfants est négligée depuis belle lurette, que les étudiants et les élèvent réussissent difficilement dans des conditions de travail où règne la surpopulation, le manque d'équipement, le manque de transport scolaire, etc., c'est que Bongo compromet profondément le droit à l'éducation et à la formation de notre peuple.

7) Puisque sous le régime Bongo, le pays n'a aucun système de santé pouvant apporter aux Gabonais les soins médicaux auxquels ils s'attendent, c'est que Bongo porte atteinte au droit des Gabonais à se soigner dignement, ce qui, ultimement, compromet le droit à la vie de nos enfants qui meurent chaque jour de paludisme, de malnutrition et autres maladies de l'enfant longtemps maîtrisées ailleurs.

8) Puisque sous le régime Bongo, la route n'a jamais été développée, il en ressort que Bongo porte atteinte au droit des Gabonais non seulement à circuler librement sur le territoire national, mais aussi à établir des échanges commerciaux et culturels capables d'apporter à notre pays la dynamique socio-économique intérieure dont il a besoin pour son développement et pour la valorisation de nos campagnes sur les plans du socio-économique et du culturel.

9) Puisque, sous le régime Bongo, les antagonismes ethniques entre Gabonais ont été exacerbés, c'est que Bongo a porté atteinte au droit des Gabonais à cultiver un esprit national capable d'amener à la syncrétisation de nos divers apports culturels dans le cadre d'un creuset porteur d'une dynamique culturelle véritablement nationale.

10) Puisque le régime Bongo avait longtemps réduit nos femmes à des "bougeuses de fesses" condamnées à chanter éternellement la gloire du "Grand Camarade", c'est que Bongo s'était mis dans la tête de porter atteinte non seulement au droit à la dignité de nos femmes, mères et soeurs, mais aussi à leur droit à un vrai épanouissement socio-économique et culturel.

11) Puisque, sous le régime Bongo, seuls 2% de la population bénéficient des largesses du régime, et seulement 20% de la population a accès à la masse monétaire du pays, c'est que Bongo a depuis toujours porté atteinte au droit des Gabonais à bénéficier des diverses opportunités économiques que le Gabon aurait dû offrir à tous ses citoyens.

12) Puisque, sous le régime Bongo, la corruption a été érigée en valeur, la mendicité lèche-cul en loi et l'incompétence en excellence, il ressort que Bongo a porté atteinte au droit des Gabonais à gagner honnêtement leur vie et à faire valoir leurs compétences dans le service qu'ils veulent rendre à leur pays.

13) Puisque Bongo continue de phagocyter les institutions gabonaises au point de servir, à lui tout seul, de pouvoir exécutif, législatif et judiciaire, il apparaît que son rôle au poste usurpé de chef de l'état a porté atteinte au droit des Gabonais à contrôler l'action de ceux qui président aux destinées de leur pays, ce qui par extension, équivaut (encore une fois) à la compromission de leur liberté d'expression.

14) Puisque le régime Bongo, malgré les maints suggestions, avertissements, menaces auxquels il a été soumis, s'est entêté dans la voie de la destruction du pays par son refus de laisser l'alernance se produire, c'est que Bongo a décidé, ultimement, de porter atteinte à l'existence même du Gabon en tant qu'entité nationale, faisant ainsi de son régime la structure liberticide qu'elle est aujourd'hui.

La liste est longue de ces libertés universelles qui, de tous temps et de tous peuples, correspondent aux aspirations élémentaires d'une société donnée. Ces libertés ESSENTIELLES, c'est-à-dire celles dont l'être humain a ABSOLUMENT BESOIN pour sa survie immédiate, ont TOUTES été refusées aux Gabonais depuis que Bongo a décidé de faire de ce pays son royaume en 1967.

En somme donc, toutes ces caractérisques du régime Bongo se résument en un seul mot: DICTATURE.

Et quand, en plus de tout ceci, Bongo lui-même, au bout de 32 ans de pouvoir, a accumulé une fortune personnelle (officielle) de 500 millions de FF, soit plus de 50.000 millions de F CFA (selon le French Weekly de Mai 1997), -- et ceci n'inclue pas les propriétés immobilières disséminées à tavers le monde--, on ne peut que conclure que Bongo a longtemps privé les Gabonais non seulement du droit à la vie, mais aussi du droit à l'enrichissement et au bien-être socio-économique.

Et comme Bongo refuse non seulement de quitter le pouvoir, mais aussi de reverser à l'état cet argent volé, il n'y a qu'une solution au fléau que représente ce régime: BDP.

Bongo, qu'avez-vous fait des libertés de notre peuple?

BDP-Gabon Nouveau.


Qui tue par l'épée périt par l'épée: les leçons du coup d'état au Niger

Lundi 12 mars 1999

La surprise fut grande le vendredi 9 avril dernier lorsque le monde apprit avec émoi l'assasinat du président Ibrahim Bare Maïnassara du Niger. Alors qu'il s'apprêtait à quitter l'aéroport de Niamey pour se rendre à l'intérieur du pays, le président Maïnassara fut fauché par un feu nourri de sa propre garde présidentielle qui mit fin à ses trois années de pouvoir.

Selon les dernières nouvelles en provenance du Niger, le nouvel homme fort du pays serait... Daouda Mallam Wanké, le chef même de la garde présidentielle qui avait pour charge de protéger le chef de l'état.

Cependant, tout bien pensé, devrait-on être si surpris que cela de voir Maïnassara renversé par sa propre garde présidentielle? Non, pas vraiment. Pourquoi?

Parce que:

1) En 1996, Maïnassara lui-même était arrivé au pouvoir par un coup d'état militaire.

2) En 1996, Maïnassara avait renversé Mahamane Ousmane, président nigérien démocratiquement élu en 1993 lors des toutes premières élections multipartistes du pays. L'élection de Maïnassara lors de la seconde compétition présidentielle organisée à la va-vite la même année (juillet 1996), avait évidemment été vue comme une vraie fraude de la part d'un homme venu au pouvoir par la force et qui s'y imposait au travers d'une élection tronquée.

3) La gestion socio-économique de Maïnassara depuis 1993 n'a pas été des plus brillantes

On peut donc dire que Maïnassara a péri par l'arme même qu'il avait utilisée pour accéder et se maintenir au pouvoir: le coup d'état despotique et la fraude électorale.

Quelles leçons pouvons-nous donc tirer de la situation au Niger dans le contexte gabonais?

1) Depuis 1990, Bongo s'impose par la fraude électorale.

2) Puisque gagner une élection par la fraude électorale équivaut à un coup d'état militaire, on peut donc dire que la vie politique gabonaise n'a été marquée que par une succession de coups d'état électoraux/militaires qui ont vu Bongo se maintenir au pouvoir par la force à chaque fois.

3) La gestion de l'économie gabonaise par le régime Bongo depuis 1967 est l'une des plus honteuses d'Afrique, non seulement par son incompétence, mais aussi par sa corruption, son ethnicisme exacerbé et ses abus répétés contre des citoyens croulant sous une misère inacceptable pour un pays regorgeant de richesses comme le Gabon.

Parce que le Gabon vit aujourd'hui des crises multisectorielles (politique, éducation, santé, économie, culture, chômage, pauvreté, etc.) pires que celles qui ont mené les Nigériens à la solution du coup d'état, l'on devrait donc s'attendre dans les temps qui viennent à ce que le régime de Bongo soit balayé de la même façon.

S'il y a une chose que ce coup d'état nigérien vient de démontrer, c'est qu'il est parfois possible que des coup d'état se passent sans une effusion exagérée de sang. Le coup d'état du Niger a été un coup d'état propre qui, avec l'aide d'une sorte d'acquiescement populaire qui demandait ce changement, pourrait servir d'inspiration à d'autres libérateurs en Afrique, surtout dans la Gabon d'Omar Bongo.

L'on peut donc désormais deviner un régime omarien totalement aux abois. En fait, Bongo sait qu'un tel scénario est désormais possible au Gabon, d'où le positionnement d'Ali Ben et d'autres hommes de confiance aux postes clés. Seulement, par ce geste enfantin, Bongo se trompe encore une fois de stratégie car ce n'est pas en faisant de la résistance qu'il sauvera sa tête. La mort de Maïnassara vient de le démontrer, la résistance ne servira à rien quand le moment du jugement dernier arrivera. Nous avions à nos début proposé trois solutions à Bongo: la démission ou la présidence symbolique comme solutions de paix, ou les diverses possibilités de violence comme solution de changement. Bongo a, comme à son habitude, fait la sourde oreille, montrant ainsi qu'il était prêt à mourir plutôt que de céder le pouvoir.

Or, le moment arrive toujours lorsqu'un fils du pays se lève pour sauvegarder la dignité d'un peuple à un moment où ce peuple n'a plus que ses yeux pour voir ses enfants se mourir à petit feu sous le regard indifférent, repus et arrogant de son chef. Il arrive toujours un moment où même les régimes les plus enracinés croulent comme des fêtus de paille sous la vindicte féroce d'une peuple qui n'en peut plus. Il arrive toujours un temps où, au moment le plus inattendu, un régime trop entêté tombe. L'URSS a eu son moment, le Zaïre a eu le sien, le Nigeria et aujourd'hui, le Niger. Ce moment, pour le moment contemplé de loin par les Gabonais, arrivera aussi chez nous.

Ce moment, les Gabonais l'attendent déjà depuis fort longtemps. Puisque tout le monde sait aujourd'hui que Bongo n'est pas prêt à partir dans des conditions démocratiques capables de préserver la paix au Gabon, le moment du Gabon ne pourra arriver que sous la forme d'actions tranchantes qui seront inévitablement violentes: vindicte populaire, coup d'état et autres possibilités imprévisibles. Qui sait? Peut-être qu'un membre patriotique de la Garde Présidentielle de Bongo, inspiré par la situation du Niger, se lèvera pour faire à Bongo ce qui a été fait à Maïnassara? Il suffit parfois d'un homme...

Peu importe la manière. Tout ce que l'on sait c'est que dans un contexte où il n'existe aucune possibilité d'alternance démocratique, le changement arrive toujours par la méthode Niger. C'est une équation mathématique sur laquelle ni nous au BDP, ni ceux qui mèneront une telle action n'avons aucune emprise. Elle est la conclusion inévitable dans le contexte d'une régime qui, par sa résistance farouche au changement, appelle de telles méthodes. Ce moment, il arrivera donc aussi chez nous. Ce n'est donc plus qu'une question de temps. Une chose est sûre cependant: quand ce moment arrivera chez nous, le perdant, ce ne sera pas le peuple gabonais, mais le régime entêté d'Omar Bongo.

Eveillons-nous, Gabon!

BDP-Gabon Nouveau


Press Release by the BDP-Gabon Nouveau (Bongo Doit Partir—Bongo Must Go), in relation to Omar Bongo's April trip to the United States.

Communiqué de presse envoyé à divers organes de presse, ainsi qu'à certains organismes étatiques ou para-étatiques.

Monday, April 12, 1999

As a Gabonese opposition movement to the Omar Bongo regime based in the United States, we would like to convey to the American authorities and other US-based organizations our opposition to Omar Bongo's upcoming visit in the United States. In a press release by ARG Media Services (see Africa News Online, April 9, 1999), it is said that Omar Bongo, the despotic ruler who has presided over the destiny of Gabon for the past 31 years will be visiting the United States where, from April 18 to May 1, he will be meeting with government officials, UN, World Bank and IMF representatives and various interest groups in New York City, Washington, D.C. and other parts of the United States.

We believe that the respect shown to Omar Bongo by the various groups he will be meeting is vastly undeserved. Sitting on the wealth of sub-Saharan Africa's richest country, Omar Bongo over the course of a 31-year old monolithic regime has brought only misery and dictatorship to his own citizens.

Today, despite Gabon's oil manna which ranks the country first in sub-Saharan Africa in terms of per capita income, more than 60% of the Gabonese population still live beneath the poverty threshold. In addition, the country is permanently vegetating at the brink of socio-economic bankruptcy and unrest: no health care system, electoral frauds, constant strikes, closing of schools for fear of student demonstrations, media censorship, rampant corruption, military control that keeps the population subdued, rampant unemployment, gestapic methods that constantly abuse the civil and human rights of the Gabonese people, etc.

Because of the advanced state of decay of his paradoxically-rich country, Omar Bongo's visit to the United States has only one meaning: he is coming to beg for the mercy and generosity of both Gabon's creditors and the American government. Our position is that no government, no interest group and no financial institution should give Bongo any economic aid, as such aid always means one thing: Bongo and his regime will use all the financial aid for themselves and no part of it will go to development projects that would help Gabon's economy and the Gabonese people. In other words, any aid that would be accorded Gabon at this time would only serve one purpose: help Bongo consolidate his dictatorship in Gabon, maintain his Presidential Guard of oppression and pay those who help him preserve power. None of it will go to fixing the country's bankrupt economy.

We therefore would recommend that:

1) No high-ranking American official meet Bongo and that he, as one of the most shameful rulers of Africa for his incompetence and incapacity to run a blessed country such as Gabon, not be given any press in the American circles he is planning to visit.

2) No financial aid be accorded Bongo to prevent him from using it for himself and his corrupt regime.

3) No reprieve be accorded to his government by the IMF, the World Bank and other creditors. We believe Gabon's economic problems come from Bongo's mismanagement and corruptedness, and that those problems could be easily fixed with a simple internal re-allocation and reorganization of the country's economic resources and assets. There is therefore no need to endebt Gabon any further as the country is already one of the most indebted countries in the world. We believe that, as long as Bongo is in power, Gabon should be placed under a severe economic quarantine that would force the Bongo regime to use Gabon's resources for national development rather than personal benefit.

4) Bongo be asked to relinquish power immediately, and new elections organized that would lead to the emergence a new generation of Gabonese leaders that would save Gabon the hard times that await the country if Bongo stays in power for the next 7 years.

Let no one be misguided about it. Gabon, contrary to what some have said in the past, is not the most stable country in Africa. There is a big difference between stability as imposed by dictatorship and stability stemming from democratic institutions. Gabon is currently a stateless country because of the irresponsibility of Omar Bongo and his regime. Under Gabon's false cover of apparent stability is constantly brewing the fire of rebellion, civil strife and war. We believe that Omar Bongo should leave power if peace is to be preserved in Gabon: Bongo is not the garantor of peace in Gabon; on the contrary, it is his presence that represents a clear and present danger to the continued stability of Gabon as internal discontent is doomed to grow to devastating proportions due to the lack of vision of the Bongo regime.

We ask that the American government and the various groups scheduled to meet Bongo help Gabon by not giving credit to the fake discourses that Bongo and his regime will be pronouncing. They have been using the same rhetoric for the past 31 years, yet nothing has changed for the better in Gabon. We believe American and Gabonese relations can be better without Bongo and, in the light of France's failings in Gabon, we are calling for the United States to step more heavily in the equation of political change and transition in Gabon.

Dr. Daniel M. Mengara
Coordinator
BDP-Gabon Nouveau
bdpgabon@home.com
Tel: (973) 655-5143
Fax: (973) 324-9789

Notes: BDP-Gabon Nouveau means: Bongo Doit Partir, pour la construction d'un Gabon nouveau (Bongo Must Go, for the construction of a new Gabon). Dr. Daniel M. Mengara is a Professor in the French Department at Montclair State University, New Jersey. Visit the BDP's Web site at: http://www.globalwebco.net/bdp