Journaux Gabonais: nouvelles sur les méfaits de Bongo

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Les grands chantiers du cabinet Ntoutoume Emane

L'Union, 12/02/1999, Franck NDJIMBI

Un peu plus de deux semaines après sa composition, le cabinet Ntoutoume-Émane vient de subir quelques réaménagements dictés, à en croire le libellé du décret présidentiel, par des impératifs techniques. Et, même si cet acte paraît, politiquement, lourd de sens, il est plutôt révélateur des orientations qui devront, désormais, guider l’action de Jean-François Ntoutoume-Émane et de ses ministres. Car, loin d’être le fruit du hasard ou d’un quelconque dosage irrationnel, l’ordre protocolaire tout comme les attributions dont bénéficient de nombreux ténors du régime sont symptomatiques des ambitions qui sont celles du président réélu, Omar Bongo. De fait, au regard de la composition du gouvernement, l’on peut, à juste titre, penser que la restauration de l’autorité de l’État à travers une justice forte, équilibrée et impartiale, sera l’un des principaux combats de l’actuel cabinet. D’autant qu’il y a quelques temps, Omar Bongo avait saisi l’opportunité offerte par la tenue du Conseil supérieur de la magistrature pour inviter le corps judiciaire à faire montre de rigueur et de plus d’indépendance dans l’exercice des missions qui sont les siennes.

CRIME ÉCONOMIQUES ET INSÉCURITÉ

Car, entre crimes économiques impunis et insécurité grandissante, de nombreux compatriotes ont aujourd’hui le sentiment de vivre au pays du laisser-dire et du laisser-faire où, la justice est à plusieurs vitesses alors que l’État n’existe que de façon virtuelle. Le vice-Premier ministre en charge de la Justice, Emmanuel Ondo-Méthogo, devra donc déployer des trésors d’ingéniosité et mettre tout son poids dans la balance afin de restaurer l’autorité de l’État, l’ordre républicain et rendre à son département la noble mission qui est la sienne, à savoir : celle de ramener tous les citoyens au même niveau. Et, dans sa croisade pour plus de justice, il ne devra rien épargner, ni personne. Quitte à ouvrir une information judiciaire sur l’utilisation des fonds alloués par les pouvoirs publics au projet OZI (opération zonales intégrées) qui semblent être passés par pertes et profits.

RÉALITÉ

Une tâche d’autant plus ardue que nos compatriotes ne se connaissent véritablement pas du fait de la faiblesse de notre réseau routier qui rend hypothétique le brassage des populations et laisse libre cours aux idées reçues et autres informations concernant certaines provinces que l’on dit, à tort ou à raison, plus nanties que d’autres. Du moins au plan infrastructurel. C’est donc, entre autres, pour tordre le coup à ces préjugés qui ne participent pas de la consolidation de l’unité nationale que le ministre d’État en charge de ce secteur se doit de ne ménager aucun effort pour continuer à doter notre pays d’un réseau routier fiable et digne de son rang de producteur de pétrole et donc, de bitume. Car, à ce jour, le Gabon fait vraiment figure de "coordonnier mal chaussé", malgré les efforts entrepris depuis bientôt une décennie. Une réalité que l’on ne saurait souffrir plus longtemps dans la mesure où de nombreuses localités manquent à peu près du minimum vital, de sorte que leurs habitants sont souvent obligés de parcourir des kilomètres pour se faire soigner ou bénéficier de certaines prestations s’inscrivant dans le registre des attributions régaliennes de l’État. C’est pourquoi, il convient que le Dr Paulin Obame-Nguéma, en charge des Affaires sociales et de la Famille, se démène pour installer des structures susceptibles de permettre à tous les Gabonais, même ceux vivant dans des zones reculées, de jouir de l’assistance de la communauté nationale.

Dans le même ordre d’idées, Casimir Oyé-Mba, en charge de l’Aménagement du territoire, et Antoine Mboumbou Miyakou, seraient bien inspirés de coordonner leurs actions pour rendre la décentralisation effective en donnant aux collectivités locales les moyens de s’autofinancer à travers une loi d’orientation prenant en compte la réalité actuelle. Car, à ce jour, l’absence d’infrastructures et d’entités économiques fait en sorte que les collectivités locales ne peuvent vivre d’elles-mêmes, contrairement à ce que stipule la loi sur la décentralisation.

DÉNUEMENT

Au reste, il suffit d’aller dans l’arrière-pays pour se rendre compte de l’état de dénuement de nombreuses localités où le chômage et la misère font la loi. D’où le fol espoir manifesté par les populations des localités ayant eu le privilège de voir l’un de leurs fils promus au sein du gouvernement où l’on note, tout de même et avec une certaine amertume, les absences de représentants de deux grandes villes du pays, à savoir : Port-Gentil et Tchibanga. Raison pour laquelle l’opinion est, dans ces deux localités, réduite à ruminer son désarroi en se considérant comme oubliée. Quoi qu’il en soit, cette situation devra contraindre le ministre d’État Missambo à faire preuve d’inventivité et à mener un combat sur l’ensemble du pays, afin de réduire, autant que faire se pourra, le nombre de demandeurs d’emplois et donc d’indigents. Car, selon les statistiques, à ce jour, un Gabonais actif a, au bas mot, dix personnes à charge, quels que soient ses revenus. Et, cela est encore plus criant dans les villes dont aucun ressortissant n’est au gouvernement.

Autre domaine où le cabinet Ntoutoume-Émane a du pain sur la planche : l’habitat. Secteur à vocation sociale par excellence, il devra être au centre des préoccupations du gouvernement car, logée dans des zones non viabilisées et quotidiennement au contact des virus en tout genre, la majorité des Gabonais encourent le risque d’être infectés et donc, de ne plus pouvoir servir la nation mais plutôt, devenir une charge pour elle.

IMAGINATION CRÉATRICE

Aussi, le ministre d’État Adiahénot ­ qui a rué dans les brancards pour obtenir ce poste ­ devra-t-il utiliser rationnellement, avec le concours d’instances telles que le Fonds national pour l’habitat, le Compte de refinancement de l’habitat, le Créfoga et même les compagnies d’assurance, les crédits qui lui seront alloués. Tout en prenant langue avec les banques ­ de développement ou commerciales ­ afin d’alléger les conditions d’accès au crédit immobilier. Ce n’est qu’ainsi que les Gabonais pourront obtenir des logements décents. Si l’on tient compte de la nécessaire codification du monde de la communication qui manque de tout, alors que ses animateurs sont très mal rémunérés et qu’il prend une part essentielle dans l’ancrage de l’idéal démocratique, l’on comprend que le gouvernement de la République a du travail en perspective.

D’ailleurs, en dépit des efforts consentis depuis huit ans, les secteurs de la communication et de l’éducation nationale sont toujours à la recherche d’un second souffle, étant entendu que ce sont des domaines à responsabilité dont l’influence sur la société et donc le développement est cardinale. Jean-Rémy Pendy-Bouyiki et André Mba Obame devront donc donner la pleine mesure de leurs talents pour leur permettre de remplir efficacement les missions qui leur sont dévolues. Cela étant, les pouvoirs publics ont-ils les moyens financiers nécessaires à la prise à bras-le-corps de ces chantiers ? La force d’un gouvernement réside d’abord dans l’imagination créatrice de ses membres. Aussi, nos ministres devront-ils tout tenter pour mener à bien les différents projets, au risque d’être accusés de tout par un petit peuple qui n’a que trop attendu son arrivée dans les prairies d’abondance.


Les Gabonais dans l'expectative

L'Union, 03/02/1999, Par Franck Ndjimbi

AU moment de la publication du cabinet Ntoutoume-Émane, les Gabonais ont, non seulement, pris connaissance de l’équipe qui sera désormais chargée de la gestion de leur destin mais, aussi, de la portée réelle de la main tendue du chef de l’État, Omar Bongo, en direction de l’opposition. Et, contrairement à l’idée reçue selon laquelle cela correspondait à une invitation à entrer au gouvernement, ils ont compris qu’il s’agissait en fait d’un appel en vue de mener une vaste réflexion pouvant, à terme, permettre de trouver les voies et moyens de renforcer les conditions de la transparence électorale. Aussi, forts de cela, les Gabonais se demandent-ils quand et dans quel cadre débuteront les pourparlers devant permettre de traduire dans les faits cette initiative du chef de l’État. D’autant que, tout au long de la période s’étant écoulée entre la publication des résultats de la dernière présidentielle et la mise en place du gouvernement, les principaux leaders de l’opposition ont répondu, chacun à sa manière et quelquefois de façon feutrée, à cet appel. De fait, tout en épiloguant sur l’invite du chef de l’État au motif que cela se ramenait à un retour au consensus ayant prévalu lors des “Accords de Paris”, les leaders de l’opposition se sont, généralement, montrés favorables à une discussion pouvant déboucher sur la mise en place de mécanismes à même de garantir la fiabilité des futurs scrutins. Car, la paix sociale ­ préoccupation majeure du chef de l’État et même de nombreux leaders de partis ­ est aussi à ce prix.

CADRE DE RÉFLEXION:

Du reste, c’est conscient de cet état de fait que la Cour constitutionnelle, par la voix de son président, Marie-Madeleine Mborantsuo, a ouvert quelques pistes de réflexion susceptibles d’orienter la classe politique nationale au moment où s’ouvriront ces pourparlers. Selon le président de la vénérable institution, il s’agit avant tout de faire en sorte que notre pays continue “à être rangé dans le peleton de tête des jeunes démocraties crédibles”. C’est pourquoi, tout en invitant les uns et les autres à un respect scrupuleux des lois de la République, elle s’est prononcée en faveur d’une prise en compte de la motivation des décisions du juge des élections. Toutefois, en dépit de ce qui précède, l’opinion publique en est toujours à se demander quand et dans quel cadre se dérouleront ces pourparlers. Car, l’idée d’une institutionnalisation de la Commission nationale électorale afin qu’elle devienne permanente est de celles même qui rencontrent l’assentiment du plus grand nombre. En outre, les dérapages et autres manquements enregistrés lors du dernier scrutin ont achevé de convaincre les uns et les autres de la nécessité de régler définitivement la question de la transparence électorale.

Seulement, eu égard à l’existence du Conseil national de la démocratie (CND) où se retrouvent les leaders politiques nationaux ainsi que les principaux garants de l’ordre républicain ­ présidents des deux chambres du Parlement notamment ­, il y a lieu de croire que cette instance peut bel et bien servir de cadre de réflexion. D’autant que, n’étant guère prévue par les textes, elle ne doit son existence qu’à un arrangement politique. De ce fait, la mise en place d’un cadre spécial pourrait apparaître comme superfétatoire. En ce sens que, lors de sa réunion du 28 décembre dernier, le CND s’était refusé à analyser les résultats en sa possession au motif qu’il attendait de disposer de tous les procès-verbaux afin de tirer les enseignements du dernier processus et voir comment rendre notre machine électorale plus efficiente. Une préoccupation qui se ramène, en clair, au sens réel de la main tendue d’Omar Bongo.


André Mba Obame au lycée d'application

Par Ibrahim Issa, L'Union du 03/02/1999

À peine investi dans ses nouvelles fonctions, le ministre André Mba-Obame est déjà sur des charbons ardents. Hier matin, accompagné d’une importante délégation de son département ministériel, le nouveau patron de l’Education nationale s’est rendu sur les décombres du lycée d’Application, qui, on s’en souvient, a été le théâtre principal, le 22 janvier dernier, de l’affrontement entre les étudiants de l’Université Omar Bongo (UOB) en colère ­ appuyés par un fort contingent de lycéens ­ et les gendarmes, qui débordés, ont dû se réfugier dans cet établissement qui fait face à l’UOB. Douze jours après cette razzia des étudiants sur l’un des lycées les mieux lotis de Libreville, le ministre Mba-Obame a donc pu mesurer l’ampleur des dégâts. Accueilli par Mme Leyimangoye, proviseur de l’établissement, le ministre de l’Education nationale, porte-parole du gouvernement et sa délégation ont fait le tour du propriétaire, sous la conduite du proviseur. Le constat est simplement effarant : le bâtiment administratif qui comprend les bureaux des deux censeurs, le secrétariat, les bureaux de l’intendant, de l’économe et la salle d’informatique ont été totalement incendiés.

Le bureau et le secrétariat du proviseur, les laboratoires de biologie et de physique et la salle des professeurs, à défaut d’être incendiés ont été détruits et vidés de leurs contenus dans la plupart des cas. Idem pour le Centre de documentation et d’information (CDI),managé par Mme Bouchard et le foyer des élèves qui ont subi de sérieux dommages. La principale victime des Attila de l’UOB, est certainement le censeur du second cycle qui a vu son habitation, située juste à l’entrée du lycée, complètement pillée.

PRÉALABLES: Ce sont plusieurs dizaines de millions de nos francs qui sont ainsi partis en fumée en l’espace d’un après-midi de débordement. Même s’ils n’ont pas été perdus pour tout le monde Un bilan qui continue à s’alourdir avec les pillages et autres actes de vandalisme dont le lycée, ouvert à tous les vents est l’objet depuis ce malheureux événement, a tenu à rappeler Mme Leyimangoye. C’est dans un bureau de fortune, l’infirmerie du lycée en l’occurrence (dépourvu de lumière et de système de climatisation) que Mme le proviseur a reçu le ministre et sa suite. Les enseignants de l’établissement ont saisi cette opportunité pour exprimer leur indignation face à de tels actes au sein de leur établissement.

Réunis en assemblée générale, les enseignants ont soumis au ministre Mba-Obame cinq préalables pour la reprise des cours au lycée d’Application : réfection et équipement du logement du censeur du second cycle, réfection et équipement de tous les bâtiments endommagés, remplacement du matériel de reprographie, des rames de papiers, des téléphones et matériel de bureau pillés, la sécurité de l’établissement, pour éviter d’en faire une cible facile ou un “bunker”, et enfin l’aménagement d’une sortie de secours avec possibilité d’évacuer les véhicules par l’arrière. Dans sa réponse, le ministre de l’Education nationale a rassuré les responsables du lycée d’Application sur la volonté de son département de faire tout ce qui est en son pouvoir pour assurer une reprise rapide des cours. Pour ce qui est du cas spécifique du lycée visité, M. Mba-Obame, après constat sur le terrain, a reconnu qu’il y a là “une situation exceptionnelle”, qui requiert également des mesures exceptionnelles. Tout en rappelant que tout ne pourra être fait dans un délai relativement court, il a indiqué que “nous allons parer au plus pressé”. Pour la sécurité de l’établissement que le proviseur a cité comme préalable à la reprise ­ le pillage continue ­, le ministre a dit qu’il veillera à ce que l’établissement soit surveillé et cela dans les meilleurs délais. Ce qui est déjà fait.


Le resto-U, la goutte d'eau.

Pra Ibrahim Issa, L'Union, 15/01/99

LES étudiants de l’Université Omar Bongo (UOB) ont remis ça. Hier matin, outre le portail de leur établissement qu’ils ont soigneusement cadenassé, ils ont érigé des barricades sur la voie publique attenante à l’UOB, ce qui naturellement, a sérieusement perturbé durant toute la journée la circulation sur ce grand axe qui relie le nord au sud de Libreville. Sur les lieux, les étudiants nous ont fait savoir que ce brusque mouvement d’humeur découle du non-aboutissement des négociations qu’ils ont entamées depuis novembre dernier avec les autorités rectorales et celles du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Lors de ces négociations, ils disent avoir revendiqué, entre autres, l’amélioration de leur cadre d’études.

Aujourd’hui encore, ils disent que rien n’a bougé : la bibliothèque manque de livres, les salles de classe et les amphis sont en nombre insuffisant, le centre médical universitaire manque de médicaments, les salles de cours manquent de système de sonorisation, il n’y a pas d’ordinateurs en vue d’une éventuelle connexion sur Internet. Autant de manquements dont ils disent ne pas voir un début d’exécution. Leur colère, affirment-ils, à été exacerbée par la non-ouverture du restaurant universitaire depuis le début de l’année académique en cours. Annoncée pour début décembre, cette ouverture a été décalée au 12 du même mois, puis au 4 janvier et jusqu’à ce jour ce restaurant reste fermé. Les grévistes soutiennent également que le non entretien des espaces verts de l’UOB, envahis par les hautes herbes, les exposant aux morsures de serpents. Le manque d’éclairage en certains endroits du campus, fait aussi partie de leurs revendications. Cherchant à rencontrer la directrice du Centre national des œuvres universitaires (CNOU) pour savoir ce qu’il en est de l’ouverture du Resto U, celle-ci, en conclave avec les autorités rectorales, nous a néanmoins assuré que cette rencontre visait à décanter la situation de crise observée à l’UOB.

Face à la quasi récurrence des revendications des étudiants, qui chaque année, réclament les mêmes choses, certains observateurs voient la résolution de ces problèmes par la nomination d’universitaires chevronnés à la tête des structures comme le CNOU. Leurs capacités de gestionnaires rigoureux reste néanmoins à démontrer. Le seul reproche qu’on peut faire aux étudiants mécontents, en dehors du blocage de la circulation, est le fait de malmener les piétons, parmi lesquels certains ont l’âge de leurs parents. Exprimer des revendications, qui à bien des égards apparaissent justes est très compréhensible, mais se comporter comme des voyous,est une déviation qui n’honore pas l’image tant enviée de l’étudiant.