Journaux Gabonais:  L'Union


Les opérateurs économiques gabonais intéressés par le marché santoméen

03/07/1999, MOUIDY-MOUIDY

C’est ce qui ressort de la rencontre entre hommes d’affaires santoméens et gabonais avant-hier à la chambre de commerce de Libreville en présence des présidents Joachim Boussamba Mapanga et Antonio de Barros Aguiar.

LES opérateurs économiques gabonais et leurs homologues de Sao-Tomé et Principe se sont retrouvés, avant-hier à l’hôtel consulaire de Libreville, dans le cadre du renforcement des liens de coopération et d’amitié entre nos deux pays. Cette rencontre présidée par les responsables des chambres consulaires des deux pays, Joachim Boussamba Mapaga et Antonio de Barros Aguiar, est la conséquence logique du récent séjour gabonais du premier ministre santoméen, Guilherme Posser Da Costa. Il apparaît que les opérateurs économiques gabonais sont de plus en plus intéressés par les opportunités d’affaires qu’offre le nouveau marché de l’Archipel. Ils ont d’ailleurs eu droit à un brillant exposé fait par le président Antoinio de Barros Aguiar, lequel a situé le cadre et les avantages d’un tel marché. “Toutes les conditions sont aujourd’hui réunies pour que n’importe quel opérateur économique y trouve son compte” insistera-t-il.

De même, la nouvelle loi actuellement en cours dans son pays sur la délimitation de la zone franche offre plus d’opportunités aux éventuels opérateurs économiques qui voudraient bien investir dans son pays. Sao-Tomé et Principe, par la volonté de la politique des nouvelles autorités, n’entend pas être en marge de l’évolution de l’histoire. Pour cela, dira le président Antonio de Barros Aguiar, plusieurs entreprises sont en voie de privatisation. De fait, l’excellence des relations d’amitié entre nos deux pays est aussi à mettre à l’actif des présidents Miguel Traovoda et Omar Bongo qui entretiennent des relations cordiales et fraternelles. Il est à noter que plusieurs accords dans les domaines de la marine marchande, du ciment et autres ont été signés entre les deux parties lors du séjour du Premier ministre Guilherme Posser Da Costa à Libreville. Pour sa part, le président de la Chambre de commerce, d’agriculture et des mines du Gabon, Joachim Boussamba Mapaga qui a dit peser de tout son poids a tenu à rassurer son hôte de la volonté de son institution de faire en sorte que des opérateurs économiques gabonais investissent à Sao-Tome. Car, selon lui, c’est un marché porteur et à prendre. Pour cela un cadre juridique est actuellement en cours d’élaboration. Une invitation a par ailleurs été adressée au président de notre chambre par son homologue santoméen.


Saupoudrage sélectif pour l’investissement

L'Union, 24/06//1999, Lin-Joël NDEMBET

Malgré le contexte difficile, les secteurs de la route, l’eau et l’électricité, la santé, l’éducation, l’enseignement et l’habitat représentent plus de 50% du budget d’investissement total sur les 75, 556 millards de francs CFA prévus.

Le chef de l’Etat Omar Bongo avait été clair avec les Gabonais en déclarant durant la campagne présidentielle et après que l’année 1999 sera difficile pour le Gabon. Avant-hier et hier, à la cité de la Démocratie, le patron des Finances, Emile Doumba et celui de la Planification, le ministre d’Etat Casimir Oyé Mba, présentant devant les députés d’abord et les sénateurs, ensuite, le projet de budget 1999 révisé, ont confirmé ces assertions. L’exposé des motifs du texte gouvernemental soumis à nouveau hier, après-midi à l’examen de la Commission des Finances et des comptes économiques de la nation de la chambre des sénateurs, a permis de se faire une idée précise de la situation, voire l’impasse financière dans laquelle se trouve, actuellement, notre pays. Mais aussi d’avoir des éléments d’appréciation sur les choix et priorités du nouveau grand argentier gabonais et du gouvernement dans son ensemble. Car, après avoir décrit le paysage économique et financier actuel pour le moins difficile de notre pays, le ministre Emile Doumba qui a passé son baptême du feu dans la pratique parlementaire, a présenté un texte quasiment refait. Lequel démontre la volonté des autorités gabonaises de poursuivre l’effort d’assainissement des finances publiques. Pour ce faire, le premier responsable des Finances n’y est pas allé par quatre chemins pour justifier les choix qui ont été faits en qui ce concerne le budget de fonctionnement et le problème de la dette. Lequel reste entier, a-t-il déclaré. D’autant que le surendettement apparaît pour lui comme la forme moderne de l’esclavage. Et lorsque l’on sait que pour la seule année 1999, le service de la dette extérieure devait prélever 494,5 milliards de francs CFA soit, 89,99% des recettes totales, on mesure, a-t-il ajouté la nécessité de faire une pause et des choix.

GERER

Pour l’heure, Emile Doumba a choisi de gérer cette difficile situation et non de la geler car elle coûterait beaucoup plus cher, mais en plus on ternirait davantage une image passablement dégradée. La démarche stratégique adoptée de concert avec le Fonds monétaire international (FMI) consiste à bien circonscrire la dette interne réelle. D’où bien évidemment, a-t-il relevé, l’audit en cours des conventions de régulation et de règlements ainsi que des instances du Trésor. Cet audit sera complété par un autre portant sur les opérations financières devant permettre d’aboutir à l’échéance de trois mois retenus pour ce faire, à une vue claire et précise des finances publiques de notre pays. Sur la question proprement dite de la dette dans son entièreté au regard du montant global qui se chiffre à 1.066,2 milliards de francs CFA, dont 494,5 milliards de francs CFA sont destinés à la dette externe, et 571,7 milliards en dette interne, les sénateurs Kassa Mapsi (PDG-Mouila) et Marcel Ndimal n’ont pas caché leur désarroi en comparant cette enveloppe aux recettes. Ce qui a fait dire au sénateur de PDG de Mouila que cela prend à tout le moins les allures d’un tonneau des Danaïdes. “On veut éliminer la dette par la dette”, lancera en sus le président du groupe PDG au Sénat. C’est dire si le franc-parler qui aura été adopté par le ministre d’Etat Casimir Oyé Mba n’a pas suffi à atténuer la gravité de la conjoncture d’aujourd’hui. D’autant qu’en sa qualité de responsable du département chargé de la Planification, donc devant arrondir les angles afin que les besoins exprimés puissent correspondre aux fonds dont le pays dispose, il n’a pas manqué de dire que cette fois encore, il a fallu saupoudrer. En somme répartir la pénurie. Sinon de réfléchir à l’avenir sur la nécessité de mettre l’accent pendant une période bien précise sur un, deux voire trois secteurs précis afin de régler successivement les problèmes posés.

PRIORITES

Avec une enveloppe réduite de 54,2% par rapport à la précédente allocation, il ne dispose plus pour l’exercice 1999 que de 75, 556 milliards de francs CFA, contre 165 dans la loi de finance initiale. Devant ce cas de figure, Casimir Oyé Mba a indiqué que des choix se sont imposés, notamment pour les projets. Il a été décidé de la suspension de tous les projets nouveaux cofinancés par les bailleurs de fonds extérieurs, à l’exception de ceux avec l’Autriche, la Banque mondiale et le Koweit pour lesquels la programmation préalable est maintenue. C’est le cas également pour ceux entamés qui seront poursuivis, mais cela à des rythmes différents. Malgré cela, a renchéri le ministre d’Etat Oyé Mba, le gouvernement malgré la maigre enveloppe prévue a établi une hiérarchisation des priorités telle que définie par le chef de l’Etat en accord avec les institutions internationales. Au nombre de celles-ci figurent, notamment, les routes avec 12 milliards de francs CFA, l’adduction d’eau et l’électrification pour 2,6 milliards, la santé pour 7,1 milliards , l’éducation 5 milliards, l’enseignement supérieur, 2,3 milliards, l’habitat, pour 2,5 milliards de francs CFA. Autant de choix qui ont conduit les sénateurs Raphaël Mamiaka, Maurice Leflem, Alexis Mbouy Boutzit, Mvoula, Akelaguelo, Berthe Etiany, Sophie Ngwamassana, Amoughé Mba et Léonard Andjembé, et autres, à insister sur les options de développement opérées dans notre pays depuis son indépendance, la fin du règne de l’impunité au niveau des gestionnaires publics, la gestion des budgets d’investissement, la non prise en compte de nombre de localités, etc. Pour Emile Doumba et Casimir Oyé Mba qui ont répondu sans passion, mais avec franchise aux interrogations de ces parlementaires, les choses sont bien claires. La pilule étant amère à avaler, il reste à chacun à en suppporter le goût et les effets.cs CFA prévus.


Poursuivre l’assainissement des finances publiques

L'Union, 24/06/1999, Jean Christian KOMBILA

La loi de finances rectificative, présentée mardi 22 juin à l’Assemblée nationale ramène le budget 99 à 547 milliards de FCFA. Sa confection s’est conformée aux règles prudentielles définies par les institutions financières internationales. M. Emile Doumba, en charge du département des Finances a par ailleurs annoncé la poursuite à un rythme “soutenu” des privatisations en cours. Un signal fort en direction des bailleurs de fonds.

La baisse des cours des matières premières, engendrée par les turbulences vécues dès le début de l’année en cours par les marchés financiers internationaux aura eu comme incidence majeure sur l’économie de notre pays notamment, une nette diminution du budget de l’Etat, contrairement aux prévisions initiales. Réunis au sein de la Commission des finances, du budget et de la comptabilité publique, les députés poursuivent l’examen des dispositions contenues dans ce document. Ce texte, on se souvient, avait déjà été adopté en conseil des ministres le 16 avril dernier. S’appuyant sur un prix du barril de pétrole qui oscille autour de 13 dollars US, de même que sur un taux de change dudit billet vert estimé à 580 FCFA, le projet de loi défendu par M. Emile Doumba, le ministre de l’Economie, des finances, du Budget et de la Privatisation, ainsi qu’il devait l’affirmer lui-même, se veut “prudent”. Et le moins qu’on puisse dire est que cette loi rectificative des finances s’inscrit en droite ligne des attitudes en vigueur au sein des institutions financières internationales. D’autant plus que celle-ci, note-t-on, entend observer le minimum de règles prudentielles y exigées en matière de gestion. S’exprimant devant le peuple en miniature, M. Emile Doumba ne s’est pas moins voulu pédagogue pour justifier la direction dans laquelle le gouvernement entend, dorénavant, s’avancer : l’assainissement des finances publiques.  Selon lui, comme l’ensemble des pays pauvres très endettés (PPTE), l’économie nationale ne peut échapper à la mauvaise conjoncture internationale du moment, qui les contraint à aller chercher des sources de financements à l’extérieur. Et c’est cette situation qui a entraîné la chute drastique de ses principales matières premières, ainsi que leur production qui s’est traduite par les déséquilibres observés au niveau macro-économique. D’où, a-t-il fait constater, les dépenses de l’Etat sont largement supérieures à ses recettes.

Pour lui, les causes structurelles et celles dites exogènes sont indissociables pour comprendre l’origine profonde de la crise économique que traverse le pays. Le fait d’exporter les matières premières a-t-il souligné à mots voilés, lui a valu d’avoir l’un des revenus par habitant les plus élevés du continent: Près de 5000 dollars par tête d’habitant au milieu des années 80, faisant de lui encore l’unique pays de la zone franc à revenu intermédiaire. A ce jour hélas, celles-ci se vendent moins bien, et ne représentent plus que 3% du commerce international. Conséquence, producteur de produits de base les revenus du pays ont fortement diminué.

COURAGE POLITIQUE

D’autre part, et ceci a valeur de symbole, l’homme a courageusement mis en cause les pratiques mafieuses de certains membres des administrations des Finances et du Plan, insistant avec force sur la nécessité d’initier un audit global au niveau de la Solde de l’Etat. Celle-ci, selon des indiscrétions serait trois fois supérieure à celle qui est officiellement annoncée. Sinon, s’interrogeait un député, comment interpréter que les dépenses hors budget soient supérieures aux dépenses budgétaires. De même il n’a pas manqué de souligner le poids de la dette intérieure sur le budget de l’Etat. Celle-ci serait volontairement gonflée pour approvisionner certains comptes. Alors, on peut penser que c’est en connaissance de cause qu’il voit la dette comme un esclavage des temps modernes. Devant cette réalité, il a proposé quelques pistes. Notamment, la suspension du paiement de la dette, vu que l’annulation de celle-ci est irréaliste et qu’elle ne bénéficie qu’à une infime frange de la population. A titre de rappel, notons que notre pays tel que vient de le démontrer le récent sommet du G7, ne peut en l’état actuel des choses bénéficier des facilités octroyées aux PPTE, selon l’expression consacrée. Or, c’est à ces derniers que sont destinées les principales mesures prises justement lors du dernier sommet du G7 consacré à la dette des pays pauvres très endéttés. Par ailleurs, les pratiques que dénonce entre les lignes le ministre de l’Economie, des Finances, du Budget et de la Privatisation ne font pas non plus de notre pays un modèles de bonne gouvernance. Qui pourtant aurait été nécessaire pour bénéficier des mesures dites des PPTE. Cependant, il a indiqué au titre des réformes structurelles, la poursuite imminente du processus de privatisation à un “rythme plus soutenu”. L’OPT, Les Ciments du Gabon, et AGROGABON, sont les trois sociétés concernées par cette mesure. Ainsi, l’annonce de cette décision a été perçue comme un signal fort à l’endroit de la communauté internationale. Enfin, on peut néanmoins regretter que M. Doumba n’ait pas donné des mesures concrètes qui permettront dans des délais indiqués, à notre pays de s’inscrire durablement dans le processus de mondialisation. Se limitant pour le moins à des déclarations d’intention en ce qui concerne la formation et l’entretien du capital humain. Il est vrai que ce qu’on lui demende c’est de veiller à ce que la gestion des déniers publics ne soit plus jamais celle que nous avons connue.


Séminaire sur le déclin de l’athlétisme féminin au Gabon: Tout est pratiquement à refaire

L'Union, 24/06/1999, MIKOLO-MIKOLO

C’est le sentiment qui se dégage au sortir de ces assises qui ont réuni les éminences grises du sport gabonais. Notamment le président du CNO, Fidèle Waura, celui de la FGAA, Richard Damas et la présidente de la Fégahand, Dr Nicole Assélé...

LA salle “Oyem” de l’hôtel Intercontinental Okoumé Palace de Libreville a abrité dernièrement un important séminaire sur le déclin de l’athlétisme féminin au Gabon. A l’initiative du comité féminin d’athlétisme dont la présidence échoit à Mme Mocci née Colette Raoumbé.
Plusieurs personnalités politiques et sportives nationales, notamment le ministre des Sports, Pierre Emboni, les présidents du comité national olympique (CNO), Fidèle Waura, et de la Fédération gabonaise d’athlétisme amateur (FGAA), Richard Damas, et la patronne de la Fédération gabonaise de handball (Fégahand), Dr Nicole Assélé, étaient présents à l’ouverture et pendant les débats. Y compris les anciennes gloires dont Mme Kingbo née Odette Mistoul.
Même si certains participants ont déploré, à juste titre, la non implication des jeunes filles athlètes au cours de ces assises, les maux qui minent l’athlétisme féminin dans notre pays ont été “décortiqués” presque de fond en comble pendant plusieurs heures des débats parfois houleux mais enrichissants. Il fallait que «le sport national en général et l’athlétisme en particulier avancent».
Le pessimisme particulièrement a caractérisé ces travaux sportifs en raison «du manque de dynamisme et de nationalisme de certains responsables gabonais qui bloquent l’avancée du sport qui est une puissance pouvant donner la vie à une nation», devaient reconnaître les séminaristes. C’est dans cette optique que certains intervenants, dont la présidente de la Fégahand, ont lancé un cri du cœur au gouvernement Ntoutoume-Emane afin qu’il injecte des moyens financiers et matériels conséquents pour ressusciter le sport au Gabon.
«(...)Pourquoi continuer à réfléchir pendant des longues heures alors que les résolutions prises ne sont jamais appliquées ? Où sont passées “La loi Patrice Nziengui” et la volonté du gouvernement ainsi que celle des élus du peuple et locaux ?». Autant de questions de la part de plusieurs participants qui les ont amenés à asseoir un programme détaillé des préoccupations.
Unanimement, la réactualisation et la création des infrastructures sportives sur le territoire national sont de mise. Il faudrait, selon les séminaristes, équiper les salles polyvalentes en matériel et refaire les pistes d’athlétisme. En fait, que sont devenues les promesses du président du comité international olympique, Juan Antonio Samaranch, à l’endroit du chef de l’Etat gabonais et son peuple sportif pour la réhabilitation de la piste du stade omnisports président Bongo ?
L’organisation des conférences sur la diététique sportive et des rencontres en impliquant le ministère de l’Education nationale, la construction d’un centre de suivi sportif, l’aboutissement de “La loi Patrice Nziengui”, la promotion de l’athlétisme auprès des handicapés, la création d’un centre pour le sport des handicapés et d’une structure de promotion du sport féminin au sein du département des Sports, la hausse du budget des sports par l’Etat, l’épanouissement social des anciennes sportives, la revalorisation médiatique du sport auprès du public, sont, entre autres, les résolutions qui ont été prises par l’assemblée.
Ce n’est pas tout ! Les femmes, tout en réclamant des bourses et leur insertion dans la vie sociale, voudraient, à l’aube du 3e millénaire, figurer dans les fédérations sportives et dans les comités nationaux olympiques pour leur implication totale dans la gestion du sport féminin. A cet effet, il est grand temps que la tutelle, la FGAA et le CNOG se préoccupent du recyclage des médecins de sport, des encadreurs, des administrateurs et des enseignants d’Education physique et sportive (EPS).


“ Se regrouper pour gagner des parts de marché ”

L'Union, 23/06/1999,  MIKENI-DIENGUESSE

Le souhait est de Pierre-Parfait Gondjout, président de l’association “Bâtir”, organisatrice de cette rencontre à caractère économique qui a pris fin hier en soirée.

LE droit des affaires, on en parle de plus, surtout à l’heure de la mondialisation de l’économie appelée à toucher toutes les régions du monde. C’est pour obéir à cette logique que le Bloc des associations et des travailleurs indépendants de la République (Bâtir), a organisé hier au Ré-Ndama de Libreville, un séminaire-atelier axé sur quatre thèmes. Ce sont : “Le fonds de commerce”, “La vente commerciale”, “Le cautionnement des prêts bancaires” et “Les garanties à première demande”, animés respectivement par Me Moubeyi-Bouale, avocat au barreau du Gabon, Mvé, assistant à l’université Omar Bongo (UOB), Jean Juste Lemboumba, vice-président de tribunal et Etienne Nsie, enseignant à l’UOB. Pour Pierre-Parfait Gondjout, président de “Bâtir”, cette rencontre s’est voulue un creuset, un lieu de prise de conscience face aux dangers que représente désormais la guerre économique qui pointe à l’horizon, à l’orée du 3e millénaire. Selon lui, nos États doivent dorénavant «se regrouper pour gagner des parts de marché dans un monde économique en pleine mutation». Illustrant son propos, il a cité les Accords de Lomé et l’Udeac qui, a-t-il dit, sont des exemples de regroupement qui ont permis et permettent encore de favoriser la résistance des États membres face aux courants mondiaux, dans l’atteinte des objectifs fixés. L’Udeac a échoué, a-t-il reconnu, certainement par manque de volonté politique. Mais, devait-il ajouter, la Cemac qui l’a remplacée devrait être capable d’impulser à la sous-région d’Afrique centrale, une meilleure intégration économique.

INSERTION EFFECTIVE DES PME

En ce qui le concerne, le haut-commissaire auprès du vice-Premier ministre, ministre de la Justice, garde des Sceaux, M. Guy Bertrand Mapangou, s’est réjoui de la thématique choisie, avant de réitérer au nom du gouvernement, l’engagement de ce dernier à voir les réformes qui découlent des Actes uniformes de l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires (Ohada) appliquées. Il a toutefois reconnu que l’exercice qui consiste à mettre en phase toutes les législations d’affaires des pays membres n’est pas chose facile. «Il est indispensable de favoriser au niveau des États membres, l’insertion effective des PME et de l’artisanat dans la vie économique et sociale en améliorant et en adaptant leur environnement juridique, fiscal et administratif et en poursuivant l’harmonisation des législations pour qu’elles puissent enfin bénéficier des chances d’un grand marché unifié», a-t-il ajouté. Notons que le traité relatif à l’harmonisation du droit des affaires en Afrique a pour objectif de favoriser, au plan économique, le développement et l’intégration régionale ainsi que la sécurité juridique et judiciaire et en particulier de :

- doter les États-parties d’un même droit des affaires simple, moderne et adapté à la situation de leurs économies,
- promouvoir l’arbitrage comme instrument de règlement des différends contractuels,
- concourir à la formation et assurer la spécialisation des magistrats et des auxiliaires de justice. Le traité institue la primauté des Actes uniformes sur le droit national et leur applicabilité directe.


Patrice Nziengui prône le professionnalisme et l’éthique

23/06/1999, ONDOUBA’NTSIBAH

Dans son allocution de circonstance, le ministre de la Fonction publique a souligné l’importance de s’attarder sur ces facteurs d’efficacité d’une administration C’est pourquoi il est revenu sur la Réforme administrative en cours dans notre pays…

POUR la première fois en 5 ans, le Gabon à l’instar des autres États africains, célèbre la “Journée africaine de l’administration et de la Fonction publique”. À cet effet, plusieurs manifestations sont prévues. Hier déjà, le ministre de la Fonction publique, de la Réforme administrative et de la Modernisation de l’État, Patrice Nziengui, a prononcé une allocution de circonstance. Rappelant que cet évènement est une occasion pour s’interroger sur l’avenir de notre administration, à l’heure de la mondialisation. Patrice Nziengui a souligné que notre administration “doit s’y préparer afin d‘effectuer son entrée avec le maximum de chances en faisant montre d’un grand professionnalisme.” Lequel implique, entre autres, l’excellence, la défense de l’intérêt général, l’amélioration du fonctionnement des services publics, la qualité du service, l’efficacité et la rapidité… Revenant sur la Réforme de l’État en cours, le sénateur de la Douigny a rappelé qu’elle doit viser la création d’un environnement qui permette de mieux répondre aux aspirations des populations et de préparer l’insertion avantageuse de notre pays dans l’économie globale et mondialisée. Engagé depuis 1995, cette Réforme prend en compte des composantes telles que le renforcement des capacités des services publics et de la gestion financière, le développement des ressources humaines et des pratiques opérationnelles, l’appui à la décentralisation, etc.

Selon le ministre de la Fonction publique l’administration en tant qu’instrument de développement, doit bannir les approximations qui la fragilisent en exigeant de ses animateurs un savoir-faire irréprochable, c’est-à-dire plus de professionnalisme. “Pour ce faire, a ajouté M. Nziengui, plusieurs actions sont à entreprendre. Notamment la conscientisation des principaux acteurs sur le rôle et les missions de l’administration, la définition des politiques de formations adaptées, l’accent mis sur les méthodes d’évaluation et de suivi des performances des agents de l’État. ” La réforme de l’administration gabonaise s’attache aussi, a dit l’orateur, à faire ressusciter une conduite éthique. “La conduite professionnelle, a précisé le ministre, qui doit aller de pair avec la conscience personnelle que l’on a du bien commun, doit cultiver davantage l’intégrité, la probité, et le sens aigu des valeurs morales”. Formulant le vœu de voir la participation plus active de l’ensemble des départements ministériels pour les prochaines journées, Patrice Nziengui a souligné que “tout l’effort de redressement de l’administration, entrepris par le gouvernement, obéit aux instructions du président Bongo, dans sa lettre de cadrage au chef du gouvernement”. Ce matin, le Premier ministre Jean-François Ntoutoume Emane, présidera la cérémonie solennelle d’ouverture des journées portes ouvertes du ministère de la Fonction publique. Une conférence-débat est prévue cet après-midi sur le thème : “ La réforme de l’administration gabonaise”.


157e anniversaire de l’église évangélique du Gabon: Le devoir de mémoire

23/06/1999, L'Union, Dady BOUCHARD et OYOGHO PRIVATH

À l’occasion du 157e anniversaire de la mission protestante, nous nous permettons de révéler à l’opinion le rôle majeur joué par trois pasteurs dont le souvenir semble s’estomper dans la mémoire des chrétiens de cette église. L’occasion est propice de rappeler aux uns et aux autres le travail pastoral mené par les précurseurs de cette mission. En effet, les pasteurs Ogoula Mbeye, Félix Ombagho et Henri Ndjawé ont largement dominé et influencé l’avènement d’une église dont les ramifications s’étendent aux quatre coins de la République. À l’issue d’une formation reçue auprès des missionnaires européens, les trois précurseurs travailleront d’arrache-pied pour mieux imposer la vision religieuse de l’église protestante. Ayant acquis la maîtrise de la parole biblique et bénéficiant d’un charisme reconnu dans tout le bassin de l’Ogooué, les trois compagnons des premières batailles de la mission iront chacun dans sa voie pour propager l’évangile avec un talent jamais égalé : Ogoula Mbeye s’en ira à Port-Gentil, Henri Ndjawé restera au temple de Ngomo, alors que Félix Ombagho ira évangéliser la partie nord du Gabon, plus précisément à Bitam. Grâce au travail de ces ouvriers de la première heure, l’église évangélique a pu grandir et maintenir si ce n’est amplifier le message biblique.

En ce qui concerne le pasteur Ogoula Mbeye, il mettra à profit son intelligence et sa lucidité pour étudier l’histoire du peuple miènè dans toute sa plénitude. À sa mort, il laissera de nombreux écrits englobant la vie des peuples du bassin de l’Ogooué : ces œuvres servent aujourd’hui de référence à une multitude de chercheurs gabonais et étrangers. Il suffit de se référer aux livres édités à l’époque par son petit neveu Paul Vincent Pounah, l’un des premiers écrivains gabonais, pour apprécier la portée de l’œuvre ethnologique, historique et spirituelle du pasteur Ogoula Mbeye. Les deux autres également brilleront par leur savoir-faire, leur grande culture et leur maîtrise des arcanes de la religion. Ainsi, grâce au pasteur Henri Ndjawé, la mission de Ngomo a connu ses heures de gloire. Alors que dans le Woleu-Ntem, le pasteur Félix Ombagho a œuvré inlassablement à bâtir le socle d’une église protestante forte. Au regard de ce qui précède, les fidèles de l’Eglise évangélique du Gabon ont un devoir de mémoire en souvenir de ces illustres messagers qui n’ont ménagé ni leur peine, ni leur énergie pour assurer l’implantation de cette église. Il serait souhaitable que les responsables actuels de l’église songent à les immortaliser en baptisant de leurs noms écoles et temples pour qu’à jamais leur œuvre serve d’exemple.


Pour la transparence dans le contrôle

ONDOUBA’NTSIBAH, L'Union, 21/06/1999

Présentant dernièrement le rapport de son institution, lors de la cérémonie de remise de rapport au Parlement, le président de la Cour des Comptes avait révélé des entraves au contrôle, par les administrations. Tout comme il avait déploré le manque d’intérêt manifesté par les parlementaires quant au dit rapport.

LA Cour des Comptes a dernièrement remis au Parlement son rapport sur le contrôle de l’exécution des lois de Finances 1997. Rapport dont le grand enseignement est le non respect des destinations des budgets. Ceux-ci étant souvent utilisés, totalement ou en partie, pour des besoins autres que ceux pour lesquels ils ont été prévus… Présentant son rapport, M. Gilbert Ngoulakia a attiré l’attention des parlementaires sur les difficultés rencontrées par les juges financiers dans l’accomplissement de leur mission de contrôle de l’exécution du budget de l’État. Des difficultés qui se traduisent par des entraves découlant de la réticence et du désintérêt dont font preuve les administrations chargées de l’exécution des opérations financières de l’État. Parmi les enseignements tirés par M. Ngoulakia, figure la non acceptation du contrôle de la Cour par l’administration qui le perçoit non pas comme “un outil de gestion, mais comme un moyen de répression voire de déstabilisation”. Justifiant ce comportement de l’administration, le président de la Cour des Comptes a jeté une part de responsabilité sur le Parlement et la presse.

L’intervenant s’est demandé quel retentissement son rapport a auprès du Parlement et, par l’intermédiaire de la presse, auprès de l’opinion publique ? En réponse à sa propre question, Gilbert Ngoulakia a conclu que ledit retentissement était faible. À juste titre, ajouterons-nous. Cependant, nous nous intéresserons exclusivement au reproche fait à la presse. Le responsable de la Cour des Comptes trouve deux raisons à la non médiatisation des rapports sur le contrôle de l’exécution des lois de Finances, dont le goût de la presse pour les révélations, alors que la Cour n’émet que de simples critiques sans dénoncer des détournements de fonds et en citer les auteurs. Les dispositions de la loi organique N°11/94 obligeant la Cour des Comptes à préserver la confidentialité quant au secret de ses investigations. Dans le fond, Gilbert Ngoulakia n’a pas totalement tort. Loin s’en faut. Son argument rejoint d’ailleurs le goût du public pour les révélations. En effet, le plus important aujourd’hui pour les Gabonais n’est pas d’apprendre que l’argent a été détourné. Ils en ont l’habitude. Ce qui retiendrait plus leur attention c’est de savoir qui est l’auteur de ce vol. La question est de connaître l’objectif visé par la médiatisation des résultats du contrôle de l’institution de M. Ngoulakia. Si la médiatisation du rapport peut servir à dissuader les administrateurs à la main facile, il est évident que la publication des noms des auteurs de détournements en est le moyen le plus efficace. Et comme le public, la presse n’attend que ce genre de scoop. Si par contre l’objectif recherché est la simple information creuse consistant à dire simplement que les budgets sont détournés, cela va de soi que même médiatisé, ce rapport ne retiendra pas outre mesure l’attention du public. Tout en partageant les vues de Gilbert Ngoulakia lorsqu’il dit que “l’acceptation du contrôle constitue, entre autres, un préalable indispensable à l’instauration de la rigueur budgétaire”, nous ajouterons pour notre part que la transparence et l’abandon de la confidentialité dans le contrôle doivent également être de règle.


Sortie de la XIIe promotion des élèves ingénieurs de l’USTM: Divungi Di Ndinge plaide pour une économie d’entrepreneurs

L'Union, 22/06/1999, Jean Christian KOMBILA

Parrain de la XIIe promotion des ingénieurs et techniciens supérieurs de l’USTM, le vice-président de la République appelle à faire de “ l’innovation ” et de “ l’esprit d’entreprise ” une pratique et une discipline pour contribuer à remettre sur pied l’économie nationale.

Masuku. Quarante sept lauréats, dont quinze ingénieurs et trente deux techniciens supérieurs, constituant la XIIe promotion de l’Ecole polytechnique, baptisée du nom du vice-président de la République, ont été primés vendredi dernier 19 juin, devant les plus hautes autorités politiques et administratives locales, ainsi que rectorales de l’Université des sciences et techniques (USTM). Ces lauréats ont reçu leurs parchemins des mains de M. Didjob Divungi Di Ndinge, lors d’une cérémonie au cours de laquelle il a évoqué, pour notre pays, l’urgence de voir naître une économie d’entrepreneurs, tant sur le plan économique que social, ou même psychologique, pour contribuer à remettre sur pied l’économie nationale. Accompagné du ministre d’Etat, ministre de l’Equipement et de la Construction, M. Zacharie Myboto, dont la présence avait pour le moins valeur de symblole, et de celui de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation technologique, M. André Dieudonné Berre. Il a salué, à la veille de l’an 2000, le choix stratégique pour notre pays, d’avoir compris pour son avenir, la nécessité de construire une Université à caractère technologique.

IMAGINATION

Puis, tirant les leçons des progrès scientifiques vécus par l’humanité à partir de l’an Mil, notamment avec le moulin à eau et la charrue à roues ainsi qu’il l’a rappelé, Divungi Di Ndinge devait souligner l’impact de ceux-ci sur l’agriculture de ces pays devenus industrialisés. Au-delà, en vue d’indiquer la place et le rôle qui doivent être accordés à l’imagination créatrice pour hisser notre pays sur la voie du développement durable, le VPR devait présenter l’an 2000, avec son corollaire de la mondialisation et de la compétitivité des industries et des économies, comme étant le siècle des technologues par excellence. “Ils auront, a-t-il dit, d’autres rôles à jouer qu’ils devront apprendre pour bien les tenir parfois dans des domaines jusque là peu fréquentés, au bureau, au laboratoire, à l’usine, dans l’entreprise ou dans la cité” a-t-il enfin noté. Avant d’affirmer: “ Pour ma part, le 21e siècle sera celui des techniciens et des technologues à la fois détenteurs de solides connaissances techniques et experts habiles dans les contacts et les relations humaines ”. Cependant, l’arrivée sur le marché de l’empoi devenu exigu, de cette nouvelle promotion de technologues intervient au moment où l’angoisse et le désespoir sont le lot quotidien de nombreuses familles. Et contrairement aux années précédentes où les entreprises nationales se disputaient les produits “made in USTM”, les difficultés d’obtention d’un premier emploi par ces nouveaux diplômés augurent de lendemains qui déchantent.

Selon l’un des impétrants qui s’exprimait au nom de ses collègues, 25 d’entre eux n’ont toujours pas trouvé le moindre stage. Ce qui atteste à nouveau que après “l’âge d’or du plein emploi, et parfois du suremploi” qu’a connu notre pays, aucun effort ne doit être épargné pour chercher un moyen de dépasser la vague de chômage qui nous submerge, de créer les emplois qui se font rares. Aussi bien le ministre André Dieudonné Berre que le Pr Jacques Lébibi, recteur de l’USTM, ont eux aussi invité la nouvelle génération des technologues à s’inscrire dans la dynamique de l’entreprise qui sait apprendre. Par exemple, en devenant des managers qui repensent leur structure et se redéfinissent en fonction des défis du marché et des besoins des consommateurs. Certes, il est désormais acquis qu’un cadre d’entreprise doit réfléchir davantage et apprendre et s’adapter plus rapidement, mais comme l’a relevé un chef d’entreprise sur place, les managers restent encore conditionnés par leur formation. Cette attitude d’ailleurs, est plus visible au sommet de nombreuses entreprises nationales, ainsi qu’il l’a expliqué: “Toute entreprise qui veut réussir dans la conjoncture très dure du moment doit d’abord résoudre un dilemme. Sa prospérité dépend de plus en plus de ses capacités d’apprentissage, mais la plupart des gens ne savent pas apprendre. Pis encore, les membres du personnel censés être les plus aptes à le faire (c’est-à-dire les professionnels bardés de diplômes, puissants et motivés qui occupent les échelons supérieurs d’une entreprise moderne) se débrouillent en fait assez mal”, selon ce chef d’entreprise.

TROISIEME CYCLE

Parce que du reste, par cette attitude défensive, les diplômés sont prerçus par une frange importante de l’opinion comme étant ceux qui freinent l’apprentissage et l’adaptabilité de l’entreprise, et donc, sa réussite face à la concurrence, le vice-président de la République, a invité la nouvelle élite à initier la remise en question radicale attendue dans l’entreprise gabonaise. Au-delà, M. Divungi a souligné la nécessité pour ceux-ci d’envisager de se prendre en charge eux-mêmes , en refusant le chômage par la création d’emplois qui se font rares. En effet, aujourd’hui, à cause du chômage, de nombreux jeunes ratent dramatiquement leur entrée dans la vie active Dans ce contexte, a indiqué le vice-président de la République, l’Etat providence n’étant plus l’avenir, ils contribueront à faire progresser notre pays vers plus de justice sociale. Aussi, autant qu’on le sache, l’avenir de la paix dépend lui aussi de cette recherche. Enfin, le grand problème de la faim est insoluble si l’on ne dispose pas de méthodes efficaces pour créer les emplois. De même, le recteur Jacques Lebibi, évoquant son projet d’une formation doctorale à l’USTM, a déclaré que ce doit être une des tâches essentielles pour notre pays au cours du siècle prochain.


Commémoration des 50 ans du collège Bessieux: Maintenir une flamme quinquagénaire

L'Union, 19/06/1999, Issa IBRAHIM

Unanime, tous les anciens de Bessieux, en tête desquels le Premier ministre Jean-François Ntoutoume-Emane, parrain de la présente commémoration et Mgr Basile Mvé archevêque de Libreville ont souhaité voir ce collège fondé par les frères et pères spiritains en 1948 continuer à former l’élite du pays. DEPUIS jeudi dernier, le collège Bessieux fête fièrement ses 50 ans d’existence. La commémoration a commencé dès la matinée par une marche en direction de Sainte Marie où les élèves, le corps enseignant et administratif ainsi que quelques anciens de Bessieux sont allés déposer une gerbe de fleurs sur la tombe de Mgr Jean-Rémy Bessieux, celui qui a donné son nom à ce collège fondé par Mgr Jean-Jérôme Adam. L’après-midi, la fête prendra une autre configuration avec son ouverture officielle placée sous le parrainage du Premier ministre Jean-François Ntoutoume-Emane, un des tout premiers bacheliers du collège Bessieux. L’établissement avait revêtu ses plus beaux atours pour la circonstance. Une longue haie d’élèves recevait les invités sous des salves d’applaudissements. Des membres du gouvernement au corps diplomatique on en a vu défiler du beau monde. L’établissement a également accueilli ses anciens élèves, des plus connus ( Lazare Digombé, Basile Mvé, Paul Mba Abessole, Jacques Igoho, Casimir Oyé Mba, André Mba Obame, Mamadou Diop, Pierre Claver Mvélé...) jusqu’au plus anonymes , mais qui tous participent, chacun à son niveau à la construction de notre pays. Dans une longue intervention ponctuée des citations latines - c’est aussi une des caractéristiques de Bessieux- le parrain de la manifestation le Premier ministre Jean-François Ntoutoume-Emane n’a pas manqué d’éveiller des souvenirs d’une “adolescence aussi studieuse que turbulente” dans ce lieu “quasiment magique et fortement envié” qui découle du rêve d’un homme: Mgr Jean-Jérôme Adam.

DOTATION SPÉCIALE

Invité à réfléchir sur le thème “Peut-on encore rêver” Jean-François Ntoutoume-Emane sans verser dans une dissertation philosophique a considéré le vocable rêver selon la définition qu’en donne le Larousse “Laisser aller sa pensée, son imagination, concevoir et exprimer des idées déraisonnables et chimériques, ou encore imaginer de toutes pièces”. Ainsi perçu Jean-François Ntoutoume-Emane a dit que le rêve est un stimulant qui appelle à une “dynamique d’actions” ce qui est aux antipodes “de la rêverie ou de la rêvasserie qui induisent une espèce d’atonie”. Ce rêve positif, l’orateur dira qu’il habitait tous les anciens dont il fait partie. Ne rêvaient-ils pas un jour de devenir qui un médecin, qui un pilote ou un ministre ? En bon aîné, le Premier ministre invitera les générations actuelles et futures de Bessieux à ne pas se départir de ce rêve stimulant. Peut-on encore rêver de nos jours ? Jean-François Ntoutoume Emane n’hésitera pas à répondre par l’affirmative. Pour aider le collège Bessieux à faire face aux nombreuses difficultés qui sont les siennes au bout de ces cinquante ans d’existence, le Premier ministre a rappelé que le président Omar Bongo qui rentrait d’Afrique du Sud le jour même a donné des instructions pour que ce collège puisse bénéficier d’une dotation spéciale de 50 millions cette année et 50 millions l’année prochaine. Guy Nzouba Ndama, président de l’Assemblée nationale, autre ancien de Bessieux, qui n’a pu assister à la cérémonie ( il est en déplacement) a fait lire sa communication portant sur “La formation et l’éducation à la veille du troisième millénaire” . Après avoir fait un rappel historique de la situation de l’éducation dans notre pays, M. Nzouba a appelé à une nouvelle conception de l’éducation qui tienne compte de la mondialisation, des innovations technologique non sans avoir stigmatisé l’entrée de la violence à l’école.

Mgr Basile Mvé archevêque de Libreville, autre ancien de Bessieux a dit tout son plaisir de célébrer ces 50 ans, œuvre de l’action de l’église catholique qui a contribué à donner une “éducation intégrale” empreinte “d’humanisme”–une valeur qui a tendance à se perdre de nos jours– à la jeunesse gabonaise. Le prélat invitera ensuite les élèves et les enseignants, chacun à son niveau à pérenniser “l’esprit de rigueur” qui a toujours caractérisé Bessieux. Le ministre de l’Éducation nationale André Mba Obame, également ancien de Bessieux a salué cette “ marque indélébile” que Mgr Adam a laissée à notre pays avant d’assurer qu’en dépit des difficultés du moment, le gouvernement sous l’impulsion du président Omar Bongo continuera, comme par le passé, à soutenir l’enseignement catholique en général et le collège Bessieux en particulier. Que ce soit la direction nationale de l’enseignement où la direction du collège Bessieux tenue par un ancien de l’établissement, tous ont insisté sur la nécessité de préserver les acquis de ce grand établissement d’enseignement secondaire de notre pays. Cette fête qui se poursuit aujourd’hui à Bessieux même et à la Cité de la Démocratie en soirée, s’achèvera demain.


Mandela and Bongo : always together...“

19/06/1999, ONDOUBA’NTSIBAH

Les rapports entre les deux hommes ne se seraient finalement pas limités au moment du règne de l’ancien président sud-africain. Son premier voyage au Gabon, le 14 février 1991, à peine sorti de prison, était une reconnaissance du soutien gabonais à l’ANC. Nelson Mandela a réservé les premiers jours de sa retraite au Gabon. Grand honneur à la fois pour le pays et son chef !

DEPUIS le mercredi dernier, Nelson Mandela est devenu “l’ancien président de la République d’Afrique du Sud”. Quittant ainsi une fonction qu’il a exercée pendant 5 ans. Après 27 ans de prison, le vieux leader africain recouvrait la liberté un historique 11 février 1990. Quelques mois plus tard, encore vice-président de l’African National Congress (ANC), Nelson Mandela foulait pour la première fois le sol gabonais pour un séjour de 48 heures. Séjour que “Madiba” avait d’ailleurs qualifié de “réussite totale”. Trouvant même que les heures passées en terre gabonaise étaient “inoubliables”. Le prédécesseur de Thabo Mbeki avait pu mesurer, en cette occasion, le soutien du président Bongo et son peuple, à la noble lutte de l’ANC. Soutien exprimé par la grande affluence qui avait suivi Nelson Mandela dans les différentes étapes de sa visite. Les Gabonais étaient venus de partout pour voir l’homme au destin exceptionnel. Le choix du Gabon comme premier pays à visiter après un long séjour en prison était forcément révélateur. Le Gabon avait joué un rôle, Nelson Mandela avait été davantage motivé. C’est pourquoi, exprimant l’assurance que lui donnait l’intérêt accordé à son combat, il déclarait : “renforcée et encouragée, notre lutte commune aboutira”. Cette lutte a fini par aboutir.

BÉNÉDICTION

Au-delà du paraître, l’enthousiasme des Gabonais avait valeur de bénédiction. 48 heures avaient suffi aux “dieux gabonais” pour donner leur bénédiction à Nelson Mandela, à l’ANC dont il était le vice-président et à sa lutte pour la noble cause. Cette onction atteignait son apogée en juin 1994, lorsque l’ancien prisonnier accéda à la Magistrature suprême dans son pays. Devenant ainsi le premier président sud-africain post-Apartheid. Il aurait été surprenant que, compte tenu de cet attachement au peuple gabonais, le Gabon fût absent à la cérémonie solennelle de prestation de serment du vieux lutteur devenu chef d’État. Et c’est Omar Bongo lui-même qui représenta le pays. Jusqu’à présent les relations entre les deux pays et entre les deux hommes n’ont souffert d’aucun nuage. Aujourd’hui, fidèle à sa logique et à ses principes, “Madiba” a choisi une fois de plus de ne pas trahir l’histoire. Comme en 1991, Nelson Mandela consacre les premiers jours de sa retraite au Gabon. Certes après le Mozambique, pays de son épouse Graça Machel. Mais ses relations avec ce pays sont d’une tout autre nature. Et cette fois, l’ancien président sud-africain, le président le plus populaire du monde, qui a préféré surseoir à toutes les autres invitations au profit du Gabon, sera accompagné de Graça.

Comme ils l’avaient fait lors de sa première visite, les “dieux gabonais” béniront également la retraite de Mandela. C’est… à quelques insuffisances près, le coût de l’honneur que Nelson Mandela, un homme tant sollicité de partout, fait au Gabon. Et à ce titre, les Gabonais auront du mal à souscrire au vœu du vieux lutteur : passer un séjour discret. Une bénédiction qui n’est évidemment pas à sens unique. Au regard de nos traditions ancestrales, il est généralement admis que lorsqu’un ancien se montre à ce point proche et attaché à un plus jeune, on y voit une sorte d’adoubement. Le choix du Gabon est ainsi un énième succès diplomatique à mettre au compte du président Bongo dont Mandela partage les convictions profondes. Notamment le combat pour la paix et la justice sociale. Au moment où, l’Afrique en général et la sous-région en particulier, sont en proie à des conflits divers, l’ancien leader sud-africain, longtemps soutenu par Omar Bongo, vient rendre son soutien personnel au président gabonais, dans son leadership pour la lutte en faveur de la paix en Afrique. Confirmant ainsi la parfaite entente et la concordance de vues des deux hommes.


Comilog : Construction du Complexe industriel de Moanda

Contrat signé pour la réalisation de l’unité d’agglomération

L'Union, 19/06/1999, NDEMEZO’O ESSONO

Les installations de l’unité d’agglomération du Complexe industriel de Moanda (CIM) de la Comilog doivent être opérationnelles au début du quatrième trimestre de l’an 2000. C’est dans cette perspective qu’une convention pour la commande principale relative à cette unité d’agglomération a été signée jeudi dernier à Moanda par MM. Marcel Abéké et Ronald Knoche, respectivement administrateur directeur général de Comilog et président du directoire de l’entreprise Lurgi France SA. Progressivement, le chantier va occuper un nombre croissant d’employés d’ici le démarrage industriel.

UN pas essentiel dans la réalisation du Complexe industriel de Moanda (CIM) vient d’être franchi avec la signature, jeudi dernier à Moanda, du contrat pour la commande principale relative à la chaîne d’agglomération. La cérémonie s’est déroulée en présence des administrateurs de la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), initiatrice du projet, et de M. Ronald Knoche, président du directoire de Lurgi France SA, entreprise retenue, à l’issue d’un appel d’offres international, pour construire clé en main cette chaîne. Une chaîne qui, à elle seule, constitue près de la moitié de l’investissement, puisque valant plus de 20 milliards de F CFA. Les équipements qui représentent près de 11 milliards de F CFA seront incorporés dans un bâtiment industriel de dimensions imposantes; le processus, largement automatisé, sera piloté depuis une salle de contrôle informatisée tandis que tous les équipements de traitement des gaz mis en œuvre satisferont aux règles en vigueur en matière d’environnement. Le chantier du CIM devrait occuper jusqu’à 500 personnes à partir du premier trimestre de l’an 2000 après une phase de terrassement et de génie civil qui emploiera plus de 100 personnes. Depuis la pose de la première pierre du projet de construction du CIM le 11 septembre 1998 par le chef de l’Etat, différents travaux d’ingénierie et de terrassement ont déjà été entrepris et les commandes d’équipements relatives à l’enrichissement des fines ont été passées.

Projet essentiel pour la province du Haut-Ogooué, le CIM représente un investissement de 47 milliards de F CFA. C’est lors de la visite de la Comilog des présidents Bongo et Chirac, en juillet 1996, que la hiérarchie de la Compagnie, en accord avec Eramet - actionnaire majoritaire - ont pris l’engagement de faire étudier l’intérêt d’une transformation du minerai de manganèse au Gabon. Avec l’aide des moyens d’études et de recherches du groupe Eramet, la Comilog a examiné les différentes solutions de valorisation du minerai sur la zone de Moanda. Cette démarche a débouché sur des conclusions importantes. Ainsi, la production d’alliages, très gourmande en énergie électrique, ne pouvait constituer qu’un projet à horizon 7/10 ans compte tenu des délais nécessaires pour la construction d’une centrale hydroélectrique indispensable pour la fourniture de l’énergie requise. En outre, la production d’aggloméré, permettant de mieux valoriser la substance minière du plateau Bangombé actuellement exploité par Comilog était réalisable rapidement. De plus, elle venait combler un vide en matière commerciale. Après un examen du dossier de faisabilité, le Conseil d’administration de Comilog prenait la décision de construire une usine de production d’aggloméré d’une capacité annuelle de 600 000 tonnes et la première pierre était posée par le président Bongo le 11 septembre 1998.


Africa N°1 et la radio nationale de la RDC scellent un partenariat

Bona MASANU, 18/06/1999

Au terme de cet accord, les deux parties ont convenu de réaliser le 30 juin prochain, date de mise en service du relais de la radio africaine à Kinshasa sur la fréquence 102 Mhz, en ouvrant simultanément son antenne, le jour du lancement, au journal de la mi-journée de la RTNC et à son jeu radiophonique, sur sa tranche “Salut les copines”. Les deux programmes seront diffusés sur l’ensemble de son réseau. C’est la seconde fois que Africa N°1 conclut un accord de partenariat de ce genre. Après le Togo, aujourd’hui vient le tour de la République démocratique du Congo, par le biais de sa station de radio, la RTNC. C’est donc avant-hier que les deux parties, représentées d’une part par Louis Barthélémy Mapangou et d’autre part par José Kajangwa ­ tous deux PDG ­ se sont engagés à exécuter des accords signés au préalable le 8 mai dernier, entre la radio panafricaine et le ministère congolais de l’Information et du Tourisme. Dégageant ainsi les perspectives de leur partenariat à court et à long termes.

En prévision de cette collaboration, des équipements techniques d’Africa N°1, en vue d’un relais 24 h sur 24 de ses programmes, seront disponibles à Kinshasa dès le 21 juin. Avant la date de lancement des premières émissions, le 30 juin, jour de la fête de l’indépendance de ce pays, avec le journal parlé de 12 h30 à 13 h qui recevra une personnalité congolaise et un jeu radiophonique qui sera diffusé sur la tranche réservée à l’émission “Salut les copines”. La RTNC, pour sa part, s’engage à établir les circuits radio nécessaires entre son studio et celui d’Africa N°1 à Libreville pour la diffusion en direct de son programme sur les antennes de sa partenaire. À long terme, les deux contractants s’obligent à recevoir réciproquement journalistes, animateurs et techniciens, pour un échange d’expériences, dans le souci de permettre au personnel de deux organismes de s’imprégner des réalités mutuelles. Eu sus, les deux chaînes s’accordent à élaborer des coproductions pour diffusion et/ou proposition à d’autres organismes. À tout prendre, la radio africaine se félicite de pouvoir contribuer à la promotion de nombreux talents du vivier congolais et d’en faire bénéficier son auditoire.


Colloque international sur les droits de l’homme et la femme africaine au sud du Sahara : Un traitement égalitaire entre les êtres humains plus qu’impératif

Bona MASANU, L'Union, 18/06//1999

C’est la substance des résolutions auxquelles sont parvenus les participants aux assises de Libreville qui, du 10 au 12 juin, ont, de toute évidence, apporté une contribution à la totale abolition des discriminations à l’égard de la gent féminine, à travers divers thèmes développés à ce sujet et ayant suscité des débats houleux et passionnés. Il s’en est dégagé la nécessité pour les femmes de s’investir pleinement dans cette lutte pour la reconnaissance et l’affirmation de leurs droits. LE colloque de Libreville, qui a rassemblé des délégués de plusieurs pays africains et d’Europe, à l’initiative du barreau du Gabon ­ tout à fait en phase du combat de tous les instants que mènent les instances dont l’activité essentielle est la défense des droits humains ­ a clos ses travaux samedi à l’Okoumé Palace, avec à la clé un certain nombre de résolutions et recommandations.Les participants ont promis de mettre à contribution toute leur énergie pour leur application effective. Convaincus que ce colloque n’en sera point un de plus, si l’ensemble des gouvernants et praticiens du droit s’impliquent résolument dans leur mise en œuvre. En présence du vice-Premier ministre, ministre de la Justice, garde des Sceaux, Emmanuel Ondo Methogo, qui s’est du reste félicité de la profondeur et de l’intensité des thèmes abordés. Lesquels, selon lui, cadraient parfaitement avec les options politiques gabonaises.

INADÉQUATIONS

L’éventail des questions soulevées tout au long de ces travaux, a-t-il fait valoir, démontrait à suffisance l’importance cardinale que revêtent les droits de l’homme et de la femme, à travers l’application du droit pénal, la polygamie, les droits successoraux des veuves, la sous-représentation en politique des femmes et les mutilations génitales, etc. Les femmes ont été interpellées sur la nécessité qu’il y a pour elles de s’investir pleinement dans la lutte pour la reconnaissance et l’application de leurs droits. Faisant l’autopsie des violations des droits de la femme au regard tant des principes généraux mondialement connus, de la constitution, que des lois nationales, le bâtonnier David Foumane Mengué a relevé «l’inadéquation des dispositions des droits pénaux et civils avec les lois fondamentales dénonçant au passage l’anticonstitutionalité des lois nationales relatives aux droits de la femme africaine». Cette conférence a dénoncé non seulement les disparités textuelles, mais surtout tout ce qui s’apparente aux mauvais traitements de nos mères, sœurs et filles. Me Foumane n’a pas manqué d’éprouver un regret, ressenti comme un chagrin, à l’égard de la petite frange de femmes occupant pourtant des postes politiques importants dans le pays qu’on souhaitait voir aux côtés de leurs sœurs dont l’absence lui est restée comme une arête en travers de la gorge. Avant de s’écrier : «Ne font-elles pas partie de ce cocotier que nous devons secouer ?»

DES SUJETS DIVERS

Rappelons que la rencontre de Libreville a passé au peigne fin diverses questions. Notamment celles liées à l’”Inégalité des époux dans le mariage (divorce inégal, droits de la veuve...) “, par Jean Barthélémy Rogoula de l’université Omar Bongo, “La polygamie, nécessité, privilège, fatalité, peut-on s’en passer ?”, sujet animé par Kassoum Tapo, du Mali, “Le droit pénal et les femmes (adultère, abandon de famille, avortement, excuses en matière de crimes passionnels”, thème conduit par Norbert Issialh, président de la commission des droits de l’homme du barreau du Gabon, “La sous- représentation des femmes en politique”, développé par Mme De la Garanderie, bâtonnier de Paris, la “scolarisation et condition de la femme dans le monde du travail”, animé par Mme Bernadette Codjovi, procureur général près la Cour d’appel de Cotonou et “Les mutilations génitales imposées à la femme (excision, infibulation...)”, par Lucien Mathieu N’Gouin-Claih, ancien bâtonnier de Côte d’Ivoire... Les délégués à ces assises se sont réjouis de s’être enrichis des expériences des uns et des autres et ont promis de tout mettre en œuvre au sein de leurs pays respectifs afin que les recommandations qui en ont résulté fassent véritablement boule de neige. À coup sûr, on aurab alors fait un pas de plus...


“ Comment éviter les conflits armés en Afrique ”

Jean-Blaise OYONO, L'Union, 17/06/1999

Le vice-Premier ministre, Émmanuel Ondo-Méthogo, a ouvert hier à la cité de la Démocratie un séminaire censé apporter des solutions “concrètes” pour le maintien définitif de la paix sur notre continent en proie à des conflits multiformes et sanglants. On se serait cru aux négociations entre l’OTAN et les forces serbes, hier à la cité de la Démocratie. Mise à part la couleur de la majorité des protagonistes. Car on était servi pour ce qui est de la marée de généraux et de colonels, Blancs et Noirs, auxquels se mêlaient une nuée de diplomates, un fort contingent de membres du gouvernement (gabonais) et une foule d’invités de marque. Au nombre de ces derniers, on comptait les représentants des dix pays, qui, avec le Gabon, forment le Comité consultatif permanent des Nations unies pour la sécurité en Afrique centrale (CCPNUSAC). N’oublions pas, certains autres Etats africains et quelques organisations internationales particulièrement concernées par les questions de sécurité africaine. Et mentionnons, enfin, ce qu’on a appelé “les pays donateurs”, c’est-à-dire les Etats extérieurs au continent mais susceptibles de fournir un soutien aux initiatives africaines.

Tout ce beau monde a fait le plein de la salle Mengane, à l’ouverture d’un important séminaire présenté comme diplomatico-militaire et qui a une noble ambition : celle de proposer des solutions efficaces et durables pour garantir la paix dans un continent dont on peut dire qu’il est miné par une kyrielle de conflits, parfois télécommandés, mais tous injustifiables et particulièrement meurtriers et dommageables pour les populations. Ce séminaire sur le maintien de la paix en Afrique s’articule autour de deux modules (un militaire et un diplomatique). Il est conjointement organisé par le Gabon, en tant que pays hôte, et par la France. On le situe dans le cadre d’un nouveau type de relations militaires entre le continent noir et la France.

RECAMP

Ce nouveau type de relations militaires, dénommé “concept Recamp” (Renforcement des capacités africaines de maintien de paix), qui sera développé au cours de cette importante réunion, vise à permettre aux pays de notre continent d’être en mesure d’engager, en cas de besoin, des unités dans des opérations internationales. Le concept Recamp vise aussi à préserver les équilibres sous-régionaux actuels, souvent fragilisés par les ambitions économiques de certains groupes maffieux, méprisant royalement la vie de milliers, voire de millions de personnes. Dans le cadre de ce concept Recamp, l’action de la France se traduit d’abord par l’instruction. Celle-ci s’appuie sur les Missions militaires de coopération avec dix-huit pays africains, dont évidemment le Gabon. L’action de la France se vérifie ensuite par l’entraînement des militaires africains dans des écoles du type Saint-Cyr, Saint-Maixent, l’EMIA et autres écoles de guerre. Il y a aussi l’équipement des forces africaines en matériels nécessaires pour le maintien de la paix. Il y a enfin l’appui financier de la France : la Mission de sécurité des Accords de Bangui (MISAB) et la Mission des Nations unies en République Centrafricaine (MINURCA) sont le témoignage de cette assistance financière.

Hier, le vice-Premier ministre Émmanuel Ondo-Méthogo a ouvert les travaux de cette réunion hautement stratégique, par un discours auquel a répondu S. E l’ambassadeur Gabriel Regnauld de Bellescize, chargé de coordonner les efforts de la France dans le domaine des capacités de maintien de la paix en Afrique, de promouvoir les initiatives engagées par ce pays sur le sujet et d’y associer de nouveaux partenaires. L’ambassadeur français a “remercié le président Omar Bongo pour l’initiative prise” d’abriter ces travaux et a loué le rôle du Gabon dans le règlement des conflits en Afrique. Après les formules d’usage, le vice-Premier ministre a, quant à lui, mis en évidence le fait suivant : “l’ONU ne peut plus à elle seule jouer le rôle de gendarme du monde. Elle a ainsi introduit la notion du maintien de la paix par les organisations régionales”. M. Ondo-Méthogo a précisé les objectifs de ce programme Recamp qui a le “double avantage, non seulement de respecter les accords de coopération qui lient la France et les pays africains, mais surtout il répond au vœu de l’ONU de voir établi, dans chaque Etat, un potentiel, en ressources humaines et matérielles, prêt à intervenir si nécessaire dans les sous-régions concernées”.

ATTENTION

Mais le VPM n’a pas manqué d’attirer l’attention sur le risque que comporte cette initiative remarquable “si elle ne s’accorde pas à reconnaître que la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationale incombe au Conseil de sécurité des Nations unies”. Il apparaît clair que “le Conseil de sécurité des Nations unies ne pourrait s’autoriser à laisser la pleine initiative du maintien de la paix aux organisations régionales et sous-régionales”, la nature humaine ayant tendance à abuser du pouvoir.Le vice-Premier ministre a enfin regretté que “l’espoir né de la chute du mur de Berlin et de la fin de la guerre froide (ait) malheureusement (été) de courte durée. Le contexte international, plus que par le passé, a-t-il dit, est révélateur de la crise multidimensionnelle que traverse la communauté internationale”.


Les pugilistes une nouvelle fois honorés par le Premier ministre

Joseph NGOM’ANGO, L'Union, 16/06/1999

Les boxeurs de l’équipe nationale gabonaise, n’en finissent pas d’être couverts de lauriers, suite à leurs victoires au Cameroun d’où ils ont ramené 9 médailles au mois de mars, mais surtout à Libreville quelques semaines plus tard, lors du tournoi international, ils s’étaient taillés la part du lion en empochant 16 médailles dont 6 d’or. Une telle performance ne pouvait laisser les autorités du pays insensibles. De retour de Yaoundé, le chef de l’Etat a félicité personnellement les neuf boxeurs et leurs encadreurs. Après le tournoi de Libreville, le Premier ministre Jean-François Ntoutoume avait, au nom du gouvernement et du chef de l’Etat félicité les boxeurs, en présence du vice -premier ministre Emmanuel Ondo Methogo, des ministres d’Etat, Casimir Oye Mba, Zacharie Myboto et Mboumbou Miyakou et des ministres Pierre Claver Zeng Ebome et Ali Bongo. Un pot leur avait été offert à l’hôtel Ré-Ndama. Mais aucune enveloppe n’avait été octroyée. Le président de la Fégaboxe avait, à l’époque évoqué la situation de ses boxeurs qui sont, pour la plupart au chômage.

Hier, à la primature, le Premier ministre a, une nouvelle fois, reçu les boxeurs, ou du moins leurs représentants, le capitaine de l’équipe Guy-Elie Boulingui, le président de la fédération gabonaise de boxe Bonaventure Nzigou Manfoumbi et son équipe et le président de la zone IV, M. Emmanuel Edou Eyene. Cette audience s’est déroulée en présence, du vice -premier ministre Emmanuel Ondo Methogo, les ministres d’Etat Zacharie Myboto, Casimir Oyé Mba et Paulin Obame Nguéma, les ministres Idriss Ngari et Pierre Emboni. Ce dernier dans une brève allocution introductive a remercié le chef du gouvernement pour ses encouragements à la boxe, «un sport qui a toujours fait rayonner le Gabon, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, il est donc tout à fait normal qu’il soit encouragé» dira-t-il. Le ministre des Sports s’est d’ailleurs réjoui du fait que le Premier ministre “s’intéresse à la chose du sport” et qu’il entende recevoir le football qui a le vent en poupe en ce moment, après une qualification méritée à la Can 2000. Et Emboni de conclure : “Le sport gabonais se porte bien”.

Pour sa part, le Premier ministre, Jean-François Ntoutoume Emane a voulu que cette cérémonie soit aussi simple que possible, estimant que «la boxe a déjà été largement honorée par le chef de l’Etat, qui a reçu nos vaillants boxeurs et leur a remis des présents. Aujourd’hui, je voulais tout simplement, avec quelques membres du gouvernement vous réitérer nos vives félicitations et nos encouragements. M. le président souhaite de plus en plus que nous nous manifestions, que nous soyons solidaires de ceux qui portent très haut le drapeau gabonais», C’est ainsi que, les ministres, à titre personnel, ont donc décidé de «réunir une petite somme, pour aider le président de la Fégaboxe, à acheter quelques équipements pour les entraînements» annoncera-t-il.  Il s’agit d’une somme de 3,750 millions de francs CFA en argent liquide plus deux titres de transports pour permettre aux deux boxeurs, Guy-Elie Boulingui et Dieudonné Mouélé de se rendre en Tunisie, où ils sont en stage dans un centre de boxe. Enfin, le Premier ministre a révélé que le chef de l’Etat a donné “des instructions au gouvernement à travers le ministre d’Etat Oyé Mba pour dégager les fonds nécessaires pour la réfection de la salle d’entraînements des boxeurs. Le dernier intervenant, Bonaventure Nzigou Manfoumbi a dit toute sa satisfaction, de constater que le Premier ministre lie les actes à la parole et que son gouvernement a fait preuve de solidarité. Cela, a-t-il poursuivi, “encourage les acteurs que nous sommes, à plus de confiance et d’actions d’envergure, mais aussi à plus de notoriété dans ce que nous entreprenons pour honorer notre pays”. Selon M. Nzigou, le Premier ministre a suivi «les encouragements du président de la République qui nous a remis un présent substantiel pour l’accomplissement de notre tâche».

Pour le président de la Fégaboxe, le Premier ministre, en décidant de la remise à neuf de la salle de boxe, mène une lutte contre la délinquance juvénile par l’encadrement des jeunes. Un geste qui pousse à plus d’effort, de dignité pour une meilleure représentativité de notre pays : «L’acte que vous venez de poser, a-t-il dit, va stimuler les sportifs. Il est médiatisé et rassurez-vous, avant que les deux boxeurs ne prennent l’avion, je réunirai tous les pugilistes pour leur dire voilà le cadeau que tous les membres du gouvernement nous ont donné. Cet argent est sorti de leurs poches, et qu’il va falloir que nous prouvions à ceux qui, comme eux font des sacrifices personnels que nous sommes capables de représenter le pays». Face à cette réalité, M. Nzigou a dit que les boxeurs vont chercher à faire un peu plus, c’est-à-dire gagner des médailles aux Jeux africains et olympiques. C’est ainsi qu’au nom de son équipe et des boxeurs représentés par leur capitaine, il a pris l’engagement pour que le Gabon soit honoré en ces occasions. Enfin il a posé le problème des boxeurs qui sont presque tous au chômage. Sur ce, et immédiatement, le Premier ministre a révélé que le ministre de la Défense est saisi du dossier. Il est donc probable que tous ces internationaux soient incorporés dans l’armée. Il s’agit là d’une heureuse initiative car on a du mal à comprendre que de nombreux sportifs qui ont porté haut le drapeau de notre pays et fait retentir à plusieurs reprises l’hymne national, croupissent ensuite dans la misère, à défaut de vivre d’expédients. L’ancien champion d’Afrique Jean-Paul Makaya qui travaille certes à l’Octra, en est la preuve, puisque malade il est incapable en ce moment de se soigner. Et nous pensons qu’il n’a pas été récompensé comme cela se doit. D’autres anciens champions sont dans le même cas.


Des tables à repassage en bois “ made in Gabon ” sur le marché

MOUIDY-MOUIDY, L'Union, 14/06/1999

C’est l’œuvre d’un ancien élève du lycée technique national Omar Bongo, Paul Max Zué Ndong, qui entend ainsi donner l’exemple aux jeunes compatriotes pour une meilleure prise en charge. Produisons et consommons gabonais”. C’est l’appel que lance Paul Max Zué Ndong à l’endroit des jeunes compatriotes afin que les uns et les autres puissent se prendre en charge. L’exemple est à suivre et à saluer si l’on veut efficacement combattre le chômage et le sous-développement qui frappent de plein fouet les jeunes générations montantes. Après ses études secondaires au lycée technique national Omar Bongo, option menuiserie-ébenisterie avec en prime, un Certificat d’aptitude professionnelle, faute de soutien conséquent, il ne pourra malheureusement poursuivre plus loin ses études comme il l’aurait souhaité. Il se lance alors dans les petits métiers. Le créneau choisi semble porteur : la fabrication des tables à repassage en bois bien de chez nous. Mais l’homme, qui a foi en son métier, est confronté, sur le terrain à d’énormes difficultés, notamment le problème de local, l’insuffisance de matériels de travail, des difficultés d’approvisionnement en bois et autres.

GÉNIE CRÉATEUR

Le père Jean Kazadi de la cathédrale Sainte Marie, qui ne pouvait rester insensible devant le génie créateur de Zué Ndong, va s’intéresser à lui. Ce nouveau partenariat va les amener à organiser une grande exposition des tables à Sainte Marie. L’objectif étant d’attirer l’attention des pouvoirs publics et des hommes d’affaires. Compte tenu du succès rencontré par cette exposition expérimentale, le père Kazadi décide de parrainer le jeune artiste. Les ateliers de Sainte Marie seront alors mis à contribution. Grâce à cette exposition qui aura attiré la sympathie des visiteurs, Paul Max Zué Ndong, se donnera un nom et se fera connaître du grand public. “Optimiser les conditions d’un repassage harmonieux et agréable” est l’un des objectifs visés par ce compatriote qui entend, par ricochet, revaloriser les métiers du bois pour prouver à l’opinion nationale et internationale que les Gabonais sont aussi capables de bonnes initiatives.

CONTRATS DE PARTENARIAT

Lors de l’exposition, les hommes d’affaires et certains responsables d’entreprises de la place, à l’instar de CK2 n’ont pas hésité à signer des contrats de partenariats avec Paul Max Zué Ndong même si, les modalités de leurs mises en exécution ne sont pas totalement définies jusqu’à ce jour. Toutefois, Paul Max Zué Ndong dont le talent et le génie créateur ne sont plus à démontrer, espère par cette démonstration, servir d’exemple à tous les jeunes de sa génération. De ce fait, et en dépit du soutien apporté par le père Jean Kazadi et la cathédrale Sainte Marie, Paul Max Zué Ndong dit ne pas bénéficier de l’aide des pouvoirs publics pour l’achat du matériel de travail pouvant lui permettre de mieux exercer sa profession. C’est pourquoi, tout en rendant hommage à la direction de la cathédrale Sainte Marie, particulièrement au père Jean Kazadi, Jean Obame Toung, Isaac et Edouard pour tout l’encadrement dont il bénéficie jusqu’à ce jour, en a profité pour lancer un cri du cœur en direction des pouvoirs publics et de certaines bonnes volontés pour qu’ils s’intéressentaux jeunes promoteurs gabonais. La nouvelle table de repassage en bois “made in Gabon” est une composante démontable en trois pièces par vices de rappels, et contient deux prises et une rallonge incorporées. Une mousse et un tissu permettent un repassage impeccable. Un crochet est placé à proximité pour déposer le fer. Le prix pratiqué reste, selon le jeune promoteur, à la portée de toutes les bourses.


Gouvernement-Parlement : le tournant

14/06/1999, Jean Christian KOMBILA, L'Union

La promulgation de la loi sur l’autonomie administrative et financière de l’Assemblée nationale et du Sénat attendue par le Parlement, et au-delà sa mise en application, pourrait constituer un tournant capital dans les relations à venir entre le gouvernement et ses deux institutions. Du sort de la loi sur l’autonomie administrative et financière de la chambre des députés et du Sénat, votée par l’Assemblée nationale, mercredi 9 juin, à la cité de la Démocratie, en présence de nombreux membres du gouvernement, dont M. Fabien Owono Essono, ministre délégué à l’Economie, aux Finances, au Budget et à la Privatisation, chargé de la Privatisation, pourrait dépendre l’avenir des relations entre le gouvernement et le Parlement. Les députés de la majorité et de l’opposition, sur cette question “vitale” pour leur institution, ont fait montre d’une extraordinaire solidarité en levant leurs bras en signe d’adhésion après que le président de cette institution, M. Guy Nzouba-Ndama eut demandé leur avis à ce propos. Témoignant une fois encore du consensus qui les caractérise chaque fois qu’il est question à leurs yeux de défendre des intérêts jugés par eux comme étant généraux, ainsi qu’ils l’ont souvent démontré lors des auditions impartiales des membres du gouvernement.

Certes, le gouvernement bénéficie de la confiance totale de l’Assemblée nationale, grâce à la majorité absolue dont il y dispose et en avait donné la preuve à l’occasion de la déclaration de politique générale du Premier ministre, M. Jean François Ntoutoume Emane, le 11 mars dernier. Mais force est d’indiquer que l’intervention de M. Fabien Owono Essono, en sa qualité de ministre délégué aux Finances, la semaine dernière face aux députés, est venue rappeler à ces derniers le souvenir de la levée de boucliers qu’avaient constituées il y a un an, les discussions inhérentes au vote de cette loi. Pour laquelle d’ailleurs, le représentant du grand argentier avait craint les incidences négatives que pourrait avoir l’instauration d’une seconde Fonction publique sur le budget de l’Etat. En souhaitant d’une part que l’autonomie recherchée par l’Assemblée nationale soit porteuse d’ “efficacité” dans le travail de cette institution, de même qu’en s’interrogeant d’autre part sur l’origine des emprunts qui constitueront ses ressources extraordinaires, M. Fabien Owono Essono avait pour le moins ravivé les inquiétudes des députés de voir certains “lobbies” du ministère des Finances venir combattre la mise en application de la loi sur l’autonomie du Parlement dans le pays. SUSPICION • Par la voix de leur président justement, “le peuple en miniature” avait tenu à rappeler au ministre délégué aux Finances, que cette loi qui était examinée en deuxième délibération avait déjà été “volontairement mise sous le coude” par certains services de ce ministère opposés à sa naissance.

Aujourd’hui néanmoins, le nouvel examen de ce texte intervient dans un contexte particulier. Outre le fait que le regain d’actualité qu’il suscite n’a été possible que grâce à l’intervention du président de la République en personne. Mais également, sa promulgation ne devrait plus souffrir d’aucun doute d’autant que la Cour constitutionnelle, en dépit de l’inconstitutionnalité de certaines de ses dispositions qui ont fini par être amendées par les députés, s’est au préalable prononcée en sa faveur. Pour les députés dorénavant, seuls leur importe la promulgation et la mise en application de cette loi. Ces derniers cependant ont pour le moins eu du mal à dissimuler leurs inquiétudes de voir certains milieux du ministère des Finances opposés à l’autonomie administrative et financière du Parlement s’employer à la combattre comme ils l’avaient déjà fait auparavant. Car dans le contexte de ramadan financier que connaît le pays, le ministère des Finances entend mieux que par le passé soumettre la Fonction publique nationale à un contrôle financier rigoureux. D’où les appréhensions évoquées par M. Fabien Owono Essono de voir se constituer parallèlement une seconde Fonction publique dans le pays. Entre les exigences d’austérité qu’impose au Gabon la conjoncture économique actuelle, et la volonté du Parlement d’obtenir son autonomie d’ensemble, les risques d’un bras de fer entre ces institutions tenues de regarder souvent dans la même direction constitueront l’enjeu de leurs rapports futurs.


« Les sommes allouées au ramassage des ordures ne nous sont pas toujours remises à ce jour par le ministère des Finances… »

L'Union, 12/06 /1999, MIKENI-DIENGUESSE

Entretien avec le 1er maire-adjoint de Libreville, Pierre Amoughé Mba. Propos recueillis par MIKENI-DIENGUESSE

Pierre Amoughé Mba est ferme : ce n’est pas la mairie qui décaisse les sommes (4 milliards de francs CFA) pour payer les prestataires de services, mais bien le ministère des Finances. De ce fait, le conflit actuel ne s’impose pas et la municipalité n’a rien à voir avec la situation incriminée, notamment la prolifération des ordures ménagères dans la cité. Voilà qui devrait relancer le jeu de ping pong, sur le sujet, entre l’Hôtel de Ville et le gouvernement.

M. le maire, depuis quelques semaines, les ordures ménagères ont refait surface, avec plus d'acuité. Du coup Libreville ressemble à une poubelle géante. Qu'en est-il exactement ?


Pierre Amoughé Mba : L'origine de la situation actuelle est connue de tous. Trois entreprises ­ Gabon Propre service, Antigone, la Société gabonaise d'assainissement (SGA) ­ sont chargées de la collecte et du ramassage des ordures à Libreville. Une autre entreprise, Sobea, s'occupe de la gestion de la décharge publique de Mindoubé. Ces quatre entreprises observent depuis le mois de mai une grève pour exiger le paiement des arriérés dus en 1998 et 1999 ; soit 9 mois d'impayés. Tous les Librevillois savent que cette situation n'est pas nouvelle. Régulièrement, du fait du non paiement de leurs droits, ces entreprises arrêtent le travail parce qu'elles sont exsangues et n'ont pratiquement plus de liquidités pour payer leurs employés, régler leurs notes de loyer, eau, électricité et entretenir leurs engins. Les conséquences, vous les connaissez : Libreville ploie sous les ordures de toutes sortes et la capitale, asphyxiée, est menacée de toutes les épidémies.

Est-ce que la situation qui a prévalu entre le ministère des TP et la mairie de Libreville sur la gestion des fonds alloués à la collecte des ordures a été définitivement réglée ? Sinon, qu'est-ce qui bloque ?

P.A.M. : A la suite de la rencontre gouvernement/mairie de Libreville du 11 janvier 1999, et sur décision du chef de l'Etat, la commune de Libreville a, enfin, obtenu le droit de gérer elle-même ses propres ordures. Conformément à la loi 15/96 portant sur la décentralisation, ce transfert de compétences devrait s'accompagner du transfert des moyens financiers dont disposait jusque-là l'Etat pour assurer cette mission. A la suite d'une série de rencontres avec le gouvernement, le principe de la rétrocession de cette somme d'argent à la mairie a donc été acquis pour compter du 1er janvier 1999, étant entendu que l'Etat lui même réglerait le passif accumulé vis-à-vis des entreprises en 1998. Le budget municipal ayant été adopté en novembre 1998, nous espérions, logiquement, que l'Etat nous remettrait, dès le début de l'année 1999, les 4 milliards nécessaires au ramassage et au traitement des ordures. La réalité est malheureusement autre ! Nous sommes allés de déconvenues en déconvenues. Non seulement le budget municipal de 1998 n'a pas été liquidé mais nos projections pour l'année 1999 ont été ramenées à leur niveau antérieur. Et, dans la foulée, les sommes allouées à la collecte, au ramassage et au traitement des ordures ne nous sont pas toujours remises à ce jour par le ministère des Finances contrairement au plan de trésorerie arrêté. De ce fait, les entreprises n'ont toujours pas perçu les arriérés dus par l'Etat au compte de l'année 1998 et, a fortiori, ceux de l'année en cours que nous aurions dû verser si l'Etat nous avait alloué les sommes nécessaires. En définitive, on peut dire que le gouvernement a officiellement transféré la compétence sur les ordures sans nous allouer à ce jour les moyens financiers pour y faire face.

Mais voyez-vous, il y a urgence. Qu'envisagez vous faire pour rendre Libreville propre ?

P.A.M.: La situation actuelle est suffisamment préoccupante pour que l'Etat et la commune sortent du climat de polémique dans lequel nous avons vécu depuis notre installation à la mairie pour prendre à bras le corps ce problème, car il y va de la santé des populations. Plusieurs solutions sont envisageables : la meilleure étant que le gouvernement débloque rapidement au moins une partie des arriérés dus aux entreprises. Mais les Librevillois doivent s'attendre au pire. Il est possible que l'Etat, comme en 1997 et 1998 ne puisse pas payer à temps ces sommes d'argent. Il est même possible de penser que, du fait de ses difficultés financières actuelles, l'Etat ne puisse pas honorer tous ses engagements. Il faut donc rechercher d'autres voies et moyens pour assurer la propreté de la capitale. On peut, par exemple, mobiliser l'armée, les pompiers, la société civile qui a si diligemment soutenu la campagne de propreté entreprise en 1997. Il est important, en effet, que tous les Librevillois se mobilisent pour enrayer durablement l'état d'insalubrité endémique de leur ville. Depuis le début de la semaine, grâce à nos propres équipes, à nos faibles moyens ­ 4 camions ­ et à l'aide de quelques bénévoles parmi lesquels je voudrais citer M. Pinto, un expatrié, nous avons réussi à dégager les marchés et certains grands carrefours. Mais cette action reste insuffisante. Il faut que nous nous mobilisions tous, notre santé en dépend.


L’usage abusif des transferts des crédits dénoncé par la Cour des comptes

L'Union, 11 juin 1999, Lin-Joël NDEMBET

Le président Gilbert Ngoulakia a attiré l’attention des sénateurs et députés sur cette pratique. Avant de remettre à Georges Rawiri (Sénat) et Guy Nzouba Ndama (Assemblée nationale) le rapport de la Cour des Comptes sur l’exécution de la loi des Finances 1997 reconnue conforme par son institution. Les membres du Parlement ont été soumis hier matin, à la cité de la Démocratie, au rituel de présentation par le président de la Cour des Comptes, Gilbert Ngoulakia, du rapport sanctionnant le contrôle de l’exécution de la loi des finances 97 et la déclaration générale de conformité qui l’accompagne en application des articles 48 et 76 de la Loi fondamentale de notre pays. La remise de ce document s’est déroulée en deux phases. D’abord devant l’Assemblée nationale et le Sénat, une heure plus tard, au cours de cérémonies sobres, mais n’ayant toutefois pas manqué de solennité en raison du cérémonial marqué par la présence des membres de cette Cour et les nombreux députés et sénateurs qui ont pris, tour à tour, place dans l’hémicycicle. 

Le premier responsable de l’institution supérieure de contrôle des finances publiques a donc transmis aux présidents des deux chambres du Parlement Georges Rawiri (Sénat) et Guy Nzouba Ndama (Assemblée nationale), le rapport annuel de la Cour des Comptes. Laquelle, après délibération, a jugé, comme c’est le cas tous les ans, en la forme et le fond, conforme les écritures du comptable centralisateur de l’Etat et celles de l’ordonnateur pour l’exercice 1997. Cette conformité a été admise non sans que le président Gilbert Ngoulakia ait tiré, au préalable, plusieurs enseignements et attiré l’attention des sénateurs et députés sur nombre de pratiques contraires surtout au principe de la spécialité des crédits, notamment. En ce sens que celle observée aujourd’hui dans la plupart des départements ministériels a démontré que certaines dotations budgétaires ouvertes dans les lois de Finances, au lieu d’être exécutées conformément à l’autorisation parlementaire, ne le sont souvent pas. En clair, que les crédits sont utilisés pour d’autres emplois importants, c’est selon. Pour étayer son propos, Gilbert Ngoulakia a fait état du détournement à d’autres fins des crédits initialement destinés à la construction d’une caserne à Port-Gentil. Il en est de même pour l’acquisition des véhicules administratifs avec les dotations budgétaires prévues pour la réfection des palais de Justice de Koulamoutou, Makokou et Port-Gentil. Ainsi que la couverture d’autres dépenses par une partie des fonds préalablement destinés à la construction de l’immeuble de l’Institut de l’Economie et des Finances (IEF) qui tarde toujours à sortir de terre. Toutes choses qui démontrent à suffisance les choix et les priorités qui sont ceux de nombreux de nos dirigeants.

Toutefois, il est à noter, a indiqué l’orateur, que pour tenir compte des besoins ponctuels et surtout réellement exprimés par les administrations, le législateur a introduit dans le texte relatif aux lois des finances des dispositions permettant au ministère chargé des Finances d’effectuer en cours d’exercice, sous forme de transferts les modifications budgétaires nécessaires. Mais ceci se fait sous conditions, lesquelles ne sont, malheureusement, toujours pas remplies. D’où l’excès, a-t-il fait remarquer, de pouvoirs observé dans le budget 97 par les Magistrats. Et qui illustre bien cette sorte de gabegie ayant eu cours sous les anciens patrons des Finances de notre pays. Ce fut également l’occasion pour le président de cette juridiction d’inviter les sénateurs et députés à se servir davantage de ce rapport qui doit être un document de travail pour tout parlementaire. Car, il est important que le Parlement ne s’intéresse pas seulement au vote du budget, mais aussi à l’exécution de celui-ci, a-t-il conclu. Avant que les présidents Georges Rawiri et Guy Nzouba Ndama se soient réjouis de l’acte posé par les membres de la Cour des Comptes.


« … Les éboueurs croisent les bras parce qu’ils attendent que le ministère des Finances leur paie les arriérés de 1998 »

L'Union, 11/06/1999, Olivier NDEMBI

C’est en ces termes que le maire de Libreville, Paul Mba Abessole, s’est soucié, une fois de plus, d’éclairer l’opinion sur la situation actuelle des ordures ménagères. Il a par ailleurs saisi cette opportunité pour lancer un appel à l’endroit du gouvernement et des militaires pour faire front à cet “ennemi”. C’était hier au cours d’une déclaration tenue à son cabinet. Le maire de Libreville, M. Paul Mba Abessole, a fait hier après-midi à son cabinet de travail, une déclaration relative à la situation des ordures ménagères qui polluent notre capitale. L’orateur a particulièrement saisi cette occasion pour éclairer une fois de plus l’opinion sur la confusion qui régnerait chez certaines personnes visant à rendre responsable la municipalité de Libreville de la présente situation. Il a, à cet effet, indiqué que notre ville ploie sous les ordures à la suite de l’arrêt de travail des sociétés chargées de les ramasser. Et que “les éboueurs croisent les bras parce qu’ils attendent que le ministère des Finances leur paie les arriérés de 1998”. Invitant les uns et les autres à réfléchir sur les dangers d’épidémies et de transmission de maladies que nous courrons avec ces immondices, M. Mba Abessole a dit que l’heure n’était plus aux polémiques inutiles soulevées et entretenues par ceux qui n’ont rien d’autre à faire qu’à colporter des rumeurs.

MILITAIRES ET POMPIERS

Il a notamment indiqué que les grèves des éboueurs sont connues dans tous les pays du monde. Mais, où que l’on se trouve, les gouvernements des pays veillent toujours à ce qu’un certain seuil d‘insalubrité ne soit pas dépassé. Dès qu’un dépassement est constaté, ils interviennent pour protéger les populations des épidémies. Pour cela, ils mobilisent les militaires et les pompiers ainsi que toute la logistique qu’ils ont à leur disposition. C’était pour le maire, une occasion d’inviter le gouvernement à mettre en place ce dispositif afin de débarrasser les ordures qui encombrent les rues de notre capitale. “Les militaires doivent actuellement considérer les ordures comme une armée ennemie qui attaque notre pays”, a-t-il lancé à l’endroit de nos forces de sécurité. Pour sa part, la municipalité met au travail, nuit et jour, “ses quatre vieux camions” pour éviter le pire. Ne pouvant faire plus, faute de moyens financiers et logistiques conséquents, M. Mba Abessole a lancé un appel à tous les Librevillois sans distinction aucune, pour qu’ils s’impliquent davantage dans la lutte contre l’insalubrité et la gestion des ordures ménagères.


Adoption de la loi sur l'autonomie administrative et financière du Parlement

L'Union, 10/06/1999, Jean Christian KOMBILA

Les députés se sont réunis en séance plénière hier autour de leur président Guy Nzouba Ndama. L’ordre du jour portait sur l’examen et l’adoption de quatre textes. Lesquels concernent la loi relative à l’autonomie administrative et financière de l’Assemblée nationale et du Sénat ; le Code minier ; la ratification de l’Accord cadre entre le Saint-Siège et la République gabonaise ; et la création du district de Mokeko dans l’Ogooué-Ivindo. C’est pourquoi, outre la présence du ministre chargé des Relations avec les Institutions constitutionnelles, Pierre Claver Zeng-Ebome, on pouvait noter celle de Jean Ping (Coopération), Antoine Mboumbou Miyakou (Intérieur), Paul Toungui (Mines) et Fabien Owono Essono (Finances). Au terme d’une séance au cours de laquelle les députés et les membres du gouvernement ont débattu de ces questions de grande importance pour la nation, tous les quatre textes ont finalement été adoptés… à l’unanimité. Toutefois, il faut souligner que 87 élus sur 120 ont répondu à l’appel. À l’unanimité, les députés se sont prononcés en faveur de l’autonomie administrative et financière de l’Assemblée nationale et du Sénat, les deux chambres du Parlement, hier mercredi 12 juin en milieu d’après-midi, à la cité de la Démocratie.

Les 87 députés présents dans l’hémicycle du Palais international des conférences, n’ont en définitive pas hésité à adopter ladite loi en deuxième délibération, suite à la demande du président de la République d’une nouvelle délibération de celle-ci. Ce texte qui a déjà été validé par la Cour constitutionnelle est néanmoins revenu sur la table des élus du peuple du fait de l’inconstitutionnalité de certaines de ses dispositions jugées comme telles par la Haute cour. Dans le fond il n’ y a plus eu de débat sur cette question hier. Les députés ayant voté comme on pouvait s’y attendre. D’autant que c’est un texte en faveur duquel les élus du peuple, ainsi que les membres du Sénat s’étaient déjà prononcés il y a un an, mais dont on se souvient qu’il avait pour le moins été combattu par certains milieux du ministère des Finances. C’est du moins le sentiment qu’ont eu depuis les députés, et qu’a implicitement traduit le président de l’Assemblée nationale, M. Guy Nzouba-Ndama en personne. Notamment lorsqu’il s’est empoyé à dissiper certaines craintes émises par le ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, des Finances, du Budjet et de la Privatisation, chargé de la Privatisation justement, M. Fabien Owono Essono. Celui-ci redoutant que le texte adopté ne crée certains “dysfonctionnements” qui pourraient compromettre “l’efficacité” recherchée par la Fonction publique en général, a semblé ironiser sur l’origine des “emprunts” mentionnés dans le document, et qui constitueront entre autres désormais les entrées financières de l’Assemblée nationale . Les députés n’ayant plus jugé opportun d’ouvrir un débat qui à leurs yeux ne s’imposait plus, ont plutôt souhaité que cette “efficacité” guide dorénavant les services du ministère des Finances davantage que par le passé. “L’efficacité à laquelle vous faites allusion M. le ministre, a lancé le président Guy Nzouba-Ndama, l’Assemblée nationale y était sensible, il doit être le credo de tous les services de l’État”.

Grosso-modo, les députés, indique le texte, saluent la décision de la Cour constitutionnelle qui est venue à son tour confirmer l’autonomie complète de chaque chambre du Parlement, condition esssentielle ont-ils rappelé de l’indépendance du pouvoir législatif par rapport au pouvoir exécutif et au pouvoir judiciaire. Outre la mise en place d’une Fonction publique parlementaire régie par des textes législatifs et réglementaires spéciaux, ainsi que l’adoption d’un règlement financier par chaque chambre du Parlement en lieu et place des règles de la comptabilité publique. Les conditions de cette autonomie exigent la soumission de tous les comptes de chaque chambre à la Commission des finances de la chambre concernée par l’intermédiaire d’une Commission de vérification et d’apurement des comptes. Ce document de 49 articles souligne l’importance de l’autonomie administrative, de la gestion administrative et l’autonomie financière en question. Il accorde enfin une place aux dispositions transitoires. Cependant, dans le contexte de Ramadan financier que traverse le pays, ainsi qu’on a pu le percevoir à la cité de la Démocratie, gageons que sa promulgation par l’exécutif ne donnera pas lieu à une longue attente similaire à celle qu’avait déjà connue ce texte par le passé, et qui fait dire aux députés qu’il avait “volontairement” été mis sous le coude par les agents de l’État en exercice au ministère des Finances. Car comment comprendre que ce soit seulemnt à l’Assemblée nationale que le ministre de tutelle a pu prendre connaissance de ce texte se sont-ils demandé ?


Le Gabon aujourd'hui : petites confidences d'un économiste

Gérard MALEKOU, 08/06/1999

M. Boussougou-Nzamba, le budget du Gabon est en baisse de plus de 40%. Quelles peuvent en être les conséquences sur les plans social et économique ?

Les origines de cette baisse s’expliquent officiellement par la baisse du prix du baril de pétrole et la mévente du bois.Toutes ces explications sont valables, mais l’on pourrait s’interroger aussi sur l’efficacité de nos outils de prévision. Est-ce que les experts gabonais suivent régulièrement les facteurs mondiaux ? Est-ce que nous faisons de bonnes analyses macro-économiques ? Si l’on observe la manière dont le budget est confectionné au Gabon et surtout ceux qui le confectionnent, les qualifications tournent très souvent autour des comptables publics et l’on se demanderait si un comptable public est en mesure de faire de la prévision économique, au risque de se tromper ? Il apparaît aujourd’hui que ce sont les fonctionnaires du trésor public et quelques économistes sortis de l’Institut de l’économie et des finances qui sont responsables de l’élaboration du budget. Le gouvernement s’était fixé des objectifs à partir de l’ancien budget, il va sans dire que ces objectifs risquent d’être réduits. Au moment où le budget d’investissement se trouve réduit et que les revendications sociales fusent de partout , fondées sur l’augmentation du point d’indice, que nous réserve l’avenir ? Ce que nous devons comprendre en tant que Gabonais, c’est que les difficultés actuelles du pays doivent être supportées par tous. Notre pays a suffisamment de ressources, notamment des ressources humaines, pour venir à bout de ces difficultés; mais comment sont utilisées ces ressources et comment les affecter pour atteindre une certaine efficacité ? Quant aux ressources naturelles, des biens et services, je pense qu’il faut avoir une vision qui consisterait à rechercher toutes les capacités disponibles dans notre pays, les évaluer au lieu de penser que notre pays est condamné à vivre du bois, du pétrole , du manganèse et de l’uranium. Je crois qu’il est temps que tout le monde se mette au travail.

Et le chômage ?

Je vous renvoie la question en vous demandant : si on ne crée pas des richesses, comment peut-on venir à bout de ce fléau ? Quand nous parlons de solidarité nationale, la première est celle qui crée des richesses, qui permet à chacun d’avoir du travail et un salaire conséquent. Les autres formes de solidarité ne sont que secondaires.

La privatisation amorce sa phase déterminante, avec son corollaire de conséquences. Quel commentaire vous inspire cette opération qui est un élément du programme de restructuration économique en cours d’exécution, lequel a pour objectif, entre autres, l’accroissement de l’investissement privé ?

Cela me gêne un peu d’en parler. Les privatisations dans notre pays ont débuté en août 94 avec la nomination du Commissaire général à la privatisation. Un cadre juridique a été mis en place, c’est-à-dire la loi sur la privatisation, le cadre institutionnel, la création d’une Commission interministérielle de privatisation et un Comité de privatisation. Le Commissariat général avait lancé le 2 mars 96 la mise en concession de la SEEG. La SFI (Société financière internationale) - une branche de la Banque mondiale - agissait en qualité de consultant pour le compte du gouvernement. Le Commissariat a suivi cette mise en concession du début à la fin, qui apparaît aujourd’hui comme l’une des privatisations les mieux réussies au Gabon, voire sur l’ensemble du continent. Après la SEEG, le Commissariat a lancé la mise en concession de l’Octra qui a été précédée d’un séminaire organisé au ministère de la Planification, le 1er avril 96 devant des bailleurs de fonds, la direction générale de cette société, les représentants du personnel, le cabinet MERCER-BNP. Cette mise en concession et celles qui se déroulent actuellement ne sont plus suivies par le Commissariat, suite aux changements opérés par le ministre des Finances de l’époque, Marcel Doupamby-Matocka. Pour moi, l’essentiel est que les privatisations se déroulent dans le même sens que celle de la SEEG, c’est-à-dire avec la participation des Gabonais et des salariés de la société au capital. Ceci est un élément fondamental puisqu’ il permet aux nationaux de participer activement au processus du développement économique et à la paix sociale.

L’AFD a suspendu ses prêts envers le Gabon. Quelles peuvent en être les conséquences ?

C’est une question très importante. Je voudrais dire par analogie qu’ au sein d’un mariage ou partout où il y a contrat, de temps en temps les cocontractants font le point. Mais cela ne signifie pas qu’il y a rupture, d’ailleurs ce point peut constituer un argument fort pour faire une évaluation de ce qui a été fait, ce qui reste à faire et ce qui doit être fait. Je ne suis pas certain qu’il s’agit ici d’une rupture entre notre pays et ce bailleur de fonds.

Quelles sont alors les chances pour notre pays d’affronter les défis économiques à venir, à l’heure de la mondialisation et de la globalisation ?

Les chances de notre pays restent intactes. Très souvent, l’on dit que c’est la volonté politique qui nous manque, je pense au contraire qu’il faut que nous prenions le train en marche, car ce n’est plus le moment de prendre les problèmes avec légèreté ou dans le sens contraire. Les chances du Gabon sont dans l’homme gabonais. Nous devons cultiver la notion de responsabilité et la latitude de se mouvoir c’est cela qui constitue les chances du Gabon. Il faut qu’il y ait une certaine égalité de chances, une certaine dynamique, cette solidarité manifeste et souhaitée par le chef de l’Etat, et réduire dans les meilleurs délais l’esprit de clocher qui fait croire à certains que la connaissance est un défaut. Ce sont ces clichés qu’il faut broyer, car la mondialisation n’est qu’une vision globale de l’économie. En un mot le monde bouge et le Gabon doit intégrer le mouvement mondial pour ne pas subir une certaine exclusion, une certaine marginalisation. Tout en acceptant ce mouvement, notre pays doit rester tel, car la mondialisation comporte certain danger en dehors de la marginalisation, il y a un danger culturel. Il n’y a pas d’échanges sud-sud ou dans la sous-région; la seule intégration c’est la musique. Or cette musique peut être perverse. Le Gabon doit sauvegarder sa culture. La mondialisation n’est pas une idée neuve, c’est elle qui est à l’origine de la colonisation ou des autres découvertes de continents etc... En somme, il ne faut pas la subir, mais y prendre part.