Dossiers et Opinions: France-Gabon-International |
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Gabon: Un destin africain? Justin Gamé Le président gabonais Omar Bongo est sur tous les fronts; situation de doyen des chefs d'État de la région centrale du continent oblige. Possède-t-il encore les moyens? Afrique Tribune (Vol. 3, No. 61, 4-17 juillet 1997). On se souvient des sommets de Franceville, capitale de la province natale du président Bongo, entre les frères ennemis angolais, Edouardo Dos Santos et Jonas Savimbi. Bien avant la diplomatie sud-africaine, le président gabonais, Omar Bongo, y a investi de lui même. Il était également des conflits tchadiens et de leur résolution. Aujourd'hui, on le retrouve au coeur des médiations internationales entre les belligérants centrafricains et congolais, après avoir tenté vainement une issue heureuse dans la crise de l'ex-Zaïre. De passage à Montréal, le père Mba Abessolo, opposant légendaire au pouvoir de Bongo et actuel maire de Libreville, s'est moqué du destin international du président gabonais en invitant son adversaire à organiser d'abord des élections transparentes chez lui. Quelques jours plus tard, le Bûcheron, journal du parti que dirige Mba Abessolo va être interdit pour avoir appelé à assassiner le président gabonais. Vrai ou faux, le feu n'est pas seulement dans la maison gabonaise, il est également dans une région, d'Afrique centrale, et pourrait menacer le président gabonais. Homme de confiance de différents gouvernements et intérêts français, le président gabonais est devenu un fer de lance de la présence française en Afrique. Avec les déboires retentissants infligés à la diplomatie française dans l'ex-Zaïre et au Rwanda, l'influence du président gabonais s'est trouvée amoindrie. Il vient de crier au <<complot visant à déloger la France>> du continent africain. Belle découverte! Avec une certaine réticence américaine, le Conseil de sécurité vient de voter une résolution en faveur d'une Force d'interposition internationale à Brazzaville, dans le but de protéger l'aéroport de la capitale congolaise. C'est aussi un succès personnel pour le président gabonais que la France présente comme le président du <<Comité international de médiation>>. Mais tout porte à croire que la présence de la gauche française au gouvernement ainsi que les trente ans de pouvoir de Bongo lui-même commencent à lui jouer de vilains tours en cette fin de siècle où le processus de changement de garde est en cours sur le continent. Pour avoir été longtemps le porte-voix d'une certaine France, le président gabonais perd une crédibilité trop bien protégée. Les pillages, soulèvements, mutineries qui sont devenus courants en Afrique Centrale pourraient ne pas épargner le Gabon, si la règle des dominos se poursuit dans cette région. Présence militaire au Gabon : récompenser les efforts du président Bongo? [ou comment Bongo et la France prirent le Gabon en otage] Archives RFI, 29/07/97 Cest en 1961 que le Gabon décide dadhérer à laccord de défense quadripartite déjàexistant entre la France, le Congo, la RCA et le Tchad, et dont le Congo se retirera en 1972, et dont le Tchad annulera de facto sa participation par la signature de nouveaux textes en 1976. Le Gabon reste donc lié à la France par ces textes prévoyant la plupart des hypothèses : agression extérieure, crise grave intérieure et maintien de lordre, utilisation par la France du pays comme relais, appui par les forces françaises stationnées, facilités portuaires onusiennes... toujours avec la nécessité dune demande formelle du Gabon, nentraînant pas dobligation impérative pour Paris. Obligation de demande formelle, qui dailleurs dans les faits na pas toujours été respectée... par Paris. En 1960, 1962 et 1964, les militaires français ont effectué des opérations dappui au maintien de lordre interne dans le pays. Et en 1990, fut lancée lopération Requin à la suite des émeutes de Port-Gentil et Libreville destinée, par lenvoi dun millier dhommes, à assurer la sécurité des ressortissants français, mais qui contribuera à stabiliser la situation en faveur du régime. Laide militaire française limitée dans les années 60 commence à saccroître à partir de 1974 (20 à 40 MF par an) puis de nouveau à partir de 1981 (100 MF par an). Le nombre dassistants techniques militaires est passé de 60 en 1995 et 1996 à une cinquantaine en 1997. Laide en matériels reste limitée (3 MF en 1994 et 3,65 MF en 1995) le nombre de stagiaires militaires gabonais en France est passé de 147 en 1994 à 90 en 1995 et 66 en 1996. Les forces de présence françaises installées à Libreville, dans le camp de Gaulle, près de laéroport international sont restées ces dernières années stables à un niveau moyen de 5 à 600 hommes (en dehors des opérations exceptionnelles au cours desquelles Libreville a servi de relais, comme ce fut le cas récemment pour les opérations ponctuelles au Congo). Au cours de la visite effectuée au Gabon conjointement fin juillet 1997 par les ministres français de la Défense Alain Richard, et le secrétaire dEtat à la Coopération Charles Josselin, devait être confirmée aux autorités gabonaises le maintien de la base et de la présence permanente, toujours revue à la baisse dans la logique de la professionnalisation et de la nécessité de réduire les coûts. Les intérêts pétroliers français dans le pays, la situation inquiétante en Afrique centrale, mais aussi lénergie déployée depuis longtemps par le président Bongo sur de nombreux dossiers de conflits africains, notamment le conflit tchadien dans les années 90, ou la crise centrafricaine et le déploiement de la MISAB, ou la crise congolaise très récemment, ont sans doute joué positivement en faveur du maintien dune présence au Gabon. Alors quau cours des premières hypothèses de réajustement, Libreville avait été inscrite sur la liste des installations susceptibles dêtre supprimées. Hugo Sada, RFI |