[BDPalabres] Pourquoi continuer à aimer la France...

Petit Léon MBA-MINKO protected at gmail.com
Dim 19 Oct 08:57:57 EDT 2008


Comment continuer à aimer la France, le "pays des droits de l'homme (blanc)", alors qu'elle demeure jusqu'à ce jour la seule puissante mondiale à entretenir une cour plétorienne des plus détestables dictateurs de la planête ?

 

Dans les grands rassemblements de la Francophonie (kermesses où l'on distribue des gâteaux aux meilleurs élèves dictateurs), où la France trône au sommet en tant qu'ancienne puissance coloniale (pas entièrement repentie diront certains), au milieu des pires autocrates de la planête, un siècle d'exploitation et de répression peut-il expliquer les maux que trimballent encore de nombreux pays afraicains aujourd'hui? Qu'est-ce qui explique que certains s'en tirent plutôt bien alors que d'autres ont un dossier pitoyable? Ficelles tirées par la métropole et le «grand ordre mondial» ou élites locales corrompues?

 

 

Les vieux dictateurs seraient-ils plus accommodants, moins gênants et... plus démocratiques? Car un bref tour de piste des visiteurs attendus dans la ville du 400e révèle que de nombreux chefs d'État sont d'abord arrivés au pouvoir par un putsch. Si certains ont été «élus» depuis, avec des scores à la 95 %, leur maintien en place relève souvent de la force brute, du népotisme et de la cleptocratie, très souvent encouragés et soutenus par la France.

 

Le doyen

Pour débuter l'examen des mains de fer, il faut inévitablement passer par le doyen des chefs africains, l'illustre Omar Bongo. Ce dernier, au pouvoir depuis

1967 et ne cachant pas son désir de gouverner à vie, n'a que faire des éloges posthumes : il a rebaptisé sa ville de naissance Bongoville et l'université de la capitale porte son nom. Toutes ces années au pouvoir lui auront valu plus que ces auto-hommages : on dit que Bongo est l'un des chefs d'État les plus fortunés de la planète. II est toujours bien en vue dans la «Françafrique» et malgré la «rupture» prêchée par Sarkozy, le président français s'est assuré de maintenir de solides liens avec l'ancienne colonie. «Omar Bongo est le doyen des chefs d'État et, en Afrique, le doyen, cela compte», a déclaré Sarkozy lors d'une visite officielle au Gabon en juillet 2007, selon Le Monde. Si Omar Bongo vient à Québec, les deux hommes pourront certes s'échanger une poignée de main chaleureuse.

 

Le contesté

Selon différents sites camerounais, le président du Cameroun, Paul Biya, pourrait faire l'objet de contestations à Québec. On rapporte que son personnel serait actif au Canada pour sonder la communauté camerounaise et récolter des appuis afin d'offrir à M. Biya un «accueil chaleureux». Mais cet homme politique n'est pas porté dans tous les cœurs. Au pouvoir depuis 1982, il a provoqué de violentes émeutes plus tôt cette année lorsqu'il a décidé de briguer un autre mandat en 2011. On peut donc lire sur Internet que «plusieurs Camerounais du Canada comptent profiter du séjour de Paul Biya au Canada pour lui réclamer des réponses sur les questions liées à la décrépitude du Cameroun».

 

Le pire

La Guinée équatoriale de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo figure parmi les pays les plus mal en point du monde. Nguema Mbasogo est arrivé au pouvoir en 1979 en assassinant son propre oncle. Depuis, il a été élu en 2002, mais avec un score de 97 %. Malgré des réserves de pétrole qui en font le troisième pays producteur en Afrique, les habitants de la Guinée équatoriale sont des plus pauvres. La raison est fort simple : le pays se classe 168e sur 180 sur l'échelle de corruption de l'organisme Transparency International.

 

Les héritiers

La Francophonie, malgré ses principes de démocratie, n'est pas exempte de princes héritiers. Étrangement, c'est probablement un vrai prince, descendant d'un vrai roi dans un régime monarchiste, qui a amené son pays à faire le plus de progrès en devenant le nouveau souverain, le roi Mohammed VI du Maroc. Quant aux faux princes, il faut désigner Joseph Kabila en République démocratique du Congo, ayant succédé à son père Laurent-Désiré Kabila, assassiné en 2001. Bien qu'élu en 2006 dans des élections ayant marqué un pas vers l'avant, Kabila fils n'a pu instaurer un climat de bonne entente et il est accusé de ne tolérer aucune opposition. Le pays est déchiré par des conflits armés internes, largement motivés par ses immenses ressources naturelles. L'autre prince est Faure Gnassingbe du Togo. Placé au pouvoir par l'armée en 2005 après la mort de son père, Eyadema, qui avait dirigé le pays durant 38 ans, il a été «élu» la même année dans un processus marqué de violences. Les crimes commis par le pouvoir dans cet épisode demeurent impunis. Quant à Hosni Mubarak, à la tête de l'Égypte depuis 1981, on soupçonne qu'il lèguera le pouvoir à son fils Gamal.

 

Non les moindres

Plusieurs autres dirigeants de pays membres de la Francophonie ne donnent pas leur place en matière de mauvaise gouvernance, de répression des droits fondamentaux et de corruption. Le Congo Brazzaville de Denis Sassou-Nguesso se classe 141e sur 150 dans l'évaluation de la démocratie de WorldAudit.org. Paul Kagame, aux commandes du Rwanda, est loin de faire l'unanimité dans ce pays traumatisé par la rivalité ethnique. Lors de sa visite à Montréal en 2006, des membres de la communauté rwandaise l'avaient accueilli avec une brique et un fanal. Idriss Déby du Tchad est arrivé au pouvoir par un coup d'État en 1990. À deux reprises, dernièrement, son régime, menacé par des rebelles, a été protégé par une intervention de l'armée française. Ben Ali en Tunisie, Blaise Compaore au Burkina Faso et Lansana Conte en Guinée ne donnent pas leur place non plus, littéralement. Ces hommes sont au pouvoir depuis respectivement 1987, 1987 et 1984. Ben Ali est, selon Reporters sans frontière, un «prédateur» de la liberté de la presse.

Petite anecdote québecquoise...

Alors que le protocole ne prévoit que le président de la république plus quatre collaborateurs, certaines délégations africaines affichent de 40 à 80 personnes, suscitant la surprise des organisateurs canadiens du 12ème Sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qui se tient samedi et dimanche à Québec, au Canada. Selon une source digne de foi, la délégation gabonaise au sommet compte 80 personnes tandis la délégation de la RD Congo est annoncée avec 60 personnes. La délégation nigérienne compte 30 personnes alors que celle du Congo ne compte pas moins de 40 personnes. "C’est à ne pas croire : deux tiers de membres de certaines délégations n’ont rien à faire au sommet. Ce sont des membres de la clientèle politique", s’est emporté un journaliste congolais présent au Sommet. Une trentaine de chefs d’Etat africains est attendue à ce 12ème Sommet francophone qui examinera, entre autres, la situation financière internationale, les questions environnementales ainsi que les crises dans l’espace francophone.





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