[BDPalabres] Gabon: Après le deuil, la réalité et les crimes: Quelles leçons tirer de la mort d’Edith Lucie Bongo Ondimba ? Gabon: Après le deuil, la réalité et les crimes: Quelles leçons tirer de la mort d’Edith Lucie Bongo Ondimba ?

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Mar 14 Avr 18:36:10 EDT 2009


Source: BDP, 14 avril 2009

Edith Lucie Bongo Ondimba est morte, mais elle a laissé derrière elle un Gabon malade. Elle a laissé un Gabon malade d’une maladie mortelle que, de son vivant et en compagnie de son mari, elle a contribué à empirer. Cette maladie qui ronge notre pays , je l’ai baptisée en 1998 du nom de « bongoïsme », c’est-à-dire la somme de toutes les tares mentales et culturelles qui font aujourd’hui l’état d’esprit d’une certaine classe de Gabonais, Gabonais qui, pendant 42 ans, ont été conditionnés à voir le crime et les comportements déviants introduits au sein de notre société par Omar Bongo et ses complices comme quelque chose de normal, d’acceptable et même de louable.

Et cela est d’autant plus vrai qu’au sein du régime Bongo, on a du mal à trouver, dans toute l’histoire du règne de 42 ans de notre dictateur, l’exemple d’un seul ministre ayant été forcé de démissionner ou ayant été débauché de son poste suite à un scandale ou à un constat de criminalité ou d’incompétence. Au contraire, ce sont ceux-là mêmes qui se sont distingués par les crimes, les détournements et autres comportements répréhensibles qu’Omar Bongo a promus à des postes de responsabilité encore plus importants.

Au pays de Bongo, donc, plus on vole, plus on est récompensé. Plus on viole les jeunes filles de 12 ans en leur donnant le SIDA, plus on est admiré. Plus on détourne l’argent de l’état, plus on compte dans le cercle restreint de l’entourage de Bongo qui fait la pluie et le beau temps au Gabon. Exactement comme on l’a vu récemment dans l’affaire Alaba Fall car, au pays de Bongo, quand un procureur de la République censé rendre la justice et la faire respecter se retrouve avec 300 millions de francs CFA d’origine douteuse dans son compte bancaire, cela n’émeut personne car Alaba Fall fait partie de la famille, et quand on fait partie du sérail familial bongoïste, on a le droit d’agir en toute impunité. A la fin, ceux des magistrats qui voudraient bien faire respecter la justice, mais qui ont peur de perdre leur emploi ou d’atterrir en prison, s’inclinent devant le poids des liens familiaux mafieux qui font désormais la loi du plus fort et du mieux placé au Gabon.

Le Gabon du bongoïsme mafieux, c’est exactement cela. Ce n’est ni un accident ni une surprise. Le Gabon de Bongo est ce qu’il est aujourd’hui parce qu’Omar Bongo l’a voulu ainsi. Le Gabon est mal géré parce que la bonne gouvernance du Gabon n’est pas la préoccupation de Bongo. La bonne gouvernance n’est pas de son intérêt non plus. Ce qui l’intéresse, c’est le pillage. C’est donc à ceux qui servent le mieux le pilleur en chef que reviennent les récompenses et les promotions. Dans le monde de la déchéance humaine et de la mentalité pourrie créé au Gabon par Omar Bongo, la compétence, l’honnêteté et l’amour de la patrie n’ont aucune importance ni aucune place. Ce qui compte, c’est servir Bongo et le servir bien, et uniquement dans le sens que Bongo aime. Ceux qui gravitent autour d’Omar Bongo savent ce que « Yaya » aime. Ils savent que Bongo aime les femmes, alors ils lui apportent des femmes en tous genres, des petites de 12 ans aux prostituées chinoises en passant par les épouses de ses propres ministres dont il fait les trophées de sa suprématie politique. Même quand il faut tenter de kidnapper puis séquestrer une péruvienne comme ce fut le cas pour la pauvre Miss Pérou du nom d’Ivette Santa Maria en 2004, Omar Bongo est partant et il trouve toujours dans sa bassecour quelqu’un pour arranger la combine. Ceux qui gravitent autour de Bongo savent que « papa » aime l’argent : alors, ils organisent des combines diverses pour obtenir de l’argent pour « papa » car ils savent qu’au passage, ils vont pouvoir se servir pour en garder un peu pour eux-mêmes, sans que le Grand Camarade en fasse un infarctus. Pour lui, détourner est tout à fait normal, donc tout le monde fait comme lui et lui-même encourage tout le monde à faire comme lui. C’est donc à qui impressionnera le mieux « le vieux » que reviennent les honneurs. Enfin, ceux qui gravitent autour de Bongo savent que le Grand Camarade est incompétent, alors ils s’accommodent de l’incompétence et de l’immobilisme car, au régime de Bongo, ce n’est pas la compétence ni le travail qui comptent ; ce qui compte, c’est l’engouement à servir les lubies les plus animalières d’Omar Bongo. Du coup, à la tête même de l’état, c’est la cage aux folles.

Ne croyons cependant pas un seul instant qu’Omar Bongo et son entourage ne sachent pas ce qu’ils font.

Ils savent très bien, pour ceux d’entre eux qui osent encore circuler dans notre Gabon pourri par le sous-développement, que depuis 42 ans, les routes de notre pays n’ont jamais été construites. Mais cela ne leur fait absolument rien car, eux au moins, ils ont leurs voitures 4×4 et leurs avions. Dans la tête des hommes animalisés et rongés par la vanité qu’ils sont devenus (et qu’ils ont probablement toujours été), ils tirent grand plaisir à être les seuls à rouler en 4×4 et ne peuvent en aucun cas s’accommoder, ni risquer de voir, comme aux USA, tous les Gabonais avoir accès aux voitures 4×4 s’ils le désirent. Que vaut une voiture 4×4 pour la vanité des parvenus et des voleurs qui en possèdent une au Gabon si tout le monde en a une ? Il faut bien montrer qu’on est un parvenu !

Les bongoïstes savent très bien qu’au Gabon, il n’y a aucun hôpital digne de ce nom pour soigner les Gabonais, mais là n’est pas vraiment leur souci. Ils tirent plus de plaisir à montrer à leur peuple que, eux, bons nègres qu’ils sont, peuvent aller en France, en Chine ou au Maroc se faire soigner et faire leur « check-up » annuel. Dans leur esprit, ils éprouvent une supériorité quasi coïtale sur le reste des Gabonais qui, eux, ne pouvant se rendre au Maroc pour leur check-up médical, tirent le diable par la queue et meurent chaque année par milliers comme des rats dans les hôpitaux délabrés du Gabon et sous les yeux indifférents d’Omar Bongo et de sa clique de malfrats.

Et nous, le reste du peuple, au lieu de nous révolter contre ces déviances criminelles, les avons acceptées, au point de commencer à envier les animaux et à vouloir devenir comme eux. Il n’y a qu’à voir combien de Gabonais vivent dans l’attente de se voir un jour promus ou appelés à un poste de ministre. Au Gabon, les valeurs humaines ont cédé le pas aux valeurs animalières.

Et voilà pourquoi, au Gabon, le temps d’un décès, toute une nation est capable d’oublier le mal fait par les criminels pendant 42 ans et d’offrir un deuil national à une Edith Lucie Bongo Ondimba pourtant complices des malversations qui tuent notre pays, comme si, de son vivant, elle n’avait jamais commis de crimes contre le Gabon et la dignité des Gabonais.

La réalité, pourtant, nous interpelle. Quel est véritablement le bilan que l’on peut faire du passage d’Edith Lucie Bongo au Gabon ? Sans tergiverser, il faut conclure que ce fut, exactement comme celui de son époux, un bilan criminel, donc un bilan qui ne mérite pas que le Gabon doive arrêter de respirer, encore moins de revendiquer, simplement parce qu’Edith Lucie Bongo est morte. Un crime étant un crime, il importe peu que la personne qui a commis le crime soit morte ou pas. La mort n’efface pas le crime.

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