[BDPalabres] Re : LA MALEDICTION PERSISTANTE DU PETROLE EN AFRIQUE.
Christian MAYANDJI
protected at yahoo.fr
Sam 25 Oct 00:31:25 EDT 2008
Cher webm,
Je voudrais espérer que vous publierez également ma reponse au Professeur Fweley Diangitukwa avec lequel je pense que nous pourrons développer des échanges plus interessants. Il participe à une conférence le samedi à Genève à laquelle il invite aussi des gabonais.
Je vous remercie par avance pour cette quête équilibre.Salutations cordiales
MANGASS TTC
Christian MAYANDJI
Démarches-Gestion
FINANCEMENTS INVESTISSEMENTS PRIVES
ACHATS (SEMI-) INDUSTRIELS
CONVOYAGE EXPLOITATION
VEHICULES EQUIPEMENTS CONSOMMABLES
EUROPE - AFRIQUE
--- En date de : Mar 21.10.08, Afrique Nouvelle <protected at bluewin.ch> a écrit :
De: Afrique Nouvelle <protected at bluewin.ch>
Objet: [BDPalabres] Re : LA MALEDICTION PERSISTANTE DU PETROLE EN AFRIQUE.
À: bdpalabres at bdpgabon.org
Date: Mardi 21 Octobre 2008, 8h18
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Monsieur Mayandji,
Cette discussion est intéressante. Je publierai bientôt un livre sur la
gestion du pétrole en Afrique et je
reprendrai contact avec vous. Mais, comme M. Appolinaire Noël KOULAMA,
j'affirme que le pétrole est, dans la mesure où
il ne contribue pas au développement du continent, synonyme de malédiction,
car il est source de conflits,
d'exploitation éhontée, de pillage et de mauvaise gestion. Certains pays
africains qui n'ont pas de pétrole pratiquent
une "bonne gouvernance" dans le sens d'une meilleure gestion des
biens publics que les pays qui en ont. Le Gabon n'a
pas suivi un rythme de développement comparable à la quantité de pétrole
extrait de ce pays. Le pétrole gabonais a plus
enrichi la compagnie Total/ELF et les autorités politiques gabonaises que le
peuple gabonais dans son ensemble. De quel
côté vous situez-vous, celui du peuple gabonais qui souffre ou du côté du
pouvoir ? Je reviendrai vers vous très
prochainement.
Fweley Diangitukwa
Politologue et écrivain congolais (RDC), auteur des ouvrages suivants aux
éditions L'Harmattan :
- "Qu'est-ce que le pouvoir ?", 2004
- "Géopolitique, intégration régionale et mondialisation", 2006
- "Le règne du mensonge politique en RDC. Qui a tué Kabila ?", 2006
- "Migrations internationales, codéveloppement et coopération
décentralisée", avril 2008
- "Les fraudes électorales. Comment on recolonise la RDC", 2007
etc.
----Message d'origine----
De: cmayandji at yahoo.fr
Date: 19.10.2008 18:46
À: <africdossier at googlegroups.com>
Copie: "Forum Palabres - BDP-Gabon
Nouveau"<bdpalabres at bdpgabon.org>, <diasporagabonaise at yahoo.fr>
Objet: Re : LA MALEDICTION PERSISTANTE DU PETROLE EN AFRIQUE.
Cher Appolinaire Noël KOULAMA,
Je crois pas que le pétrole, pas plus que les autres ressources des activités
d'extraction, soit une quelconque
malédiction pour l'Afrique. Je suis Gabonais né à Port-Gentil, la ville
du pétrole et, j'ai consacré une part non
négligeable à l'étude des activités d'extraction dans le cadre de
recherches en Histoire économique. J'ai démarré mon
activité de recherche avec la même opinion que la votre. Mais en identifiant
les dysfonctionnements spécifiques de
l'économie gabonaise - sans doute comparable à celle du Congo et
d'autres pays africains - j'ai réalisé que le modèle
économique utilisé par les entreprises d'extraction pétrolière et
minière pour valoriser et commercialiser l'objet
principal de leurs activités aurait pu très rapidement servir d'exemple
à nos Etats respectifs, à nos collectivités
territoriales et même aux candidats nationaux à l'initiative privé pour
développer des secteurs d'activités
parallèles.
Vous avez sans doute entendu parler la démarche du benchmarking en management
et en marketing. Les entreprises
spécialisées dans l'activité pétrolière pourrait être le modèle
idéal d'inspiration.
En réalité, que font ces entreprises? Elles ont identifié un produit
d'intérêt stratégique à l'échelle
internationale. Elles savent que - compte tenu du modèle de production
actuelle fortement dependante de l'énergie
produite par des combustibles rares ou d'accès difficile - les économies
nationales des pays industriels aussi bien que
des pays en développement sont en position de forte demande. Elles ne font
qu'extraire la ressource - sous forme de
produit brut - là où les conditions de fournitures sont les plus favorables
et vont la livrer - sous forme de produits
finis - là où la demande est à la fois la plus solvable et forte. Il n'y
a rien d'étrange à cela même si nous nous
sentons particulièrement concernés et lésés. peut - être pouvions nous le
faire nous-même avec cette ressource. Sinon
et à defaut, nous pouvons nous en inspirer pour selectionner d'autres
ressources à partir desquelles nous pouvons créer
d'autres
filières dont le fonctionnement peut être calqué sur le modèle
d'organisation : collecter la ressource - sous forme
de produit brut - dans les conditions les plus favorables, selectionner un
marché demandeur et solvable, assurer la
livraison dans des condtions aussi favorables. le reste pourrait relever de la
stratégie de financement de
l'investissement, de la gestion du cycle et des risques d'exploitation
de la filière considérée, ainsi que de
l'optimisation de la trésorerie générée par le retour sur
investissement.
Comment procèdent ces entreprises ? En fait - contrairement l'image
qu'elles véhiculent et à nos voeux de favoriser
l'implantation des industries industriallisantes - l'activité de ces
entreprises n'est pas industrielle. Elles en ont
le mode de fonctionnement pour les aspects relevant du tertiaire et de la
gestion logistique. Elles évitent de
s'investir dans des activités de transformation lourdes ou raffinés dans
les pays où les conditions d'exploitation -
notamment les coûts - sont difficiles à maîtriser ou à rentabiliser sur le
long terme, les pays éloignés des marchés
cibles ou susceptibles de générer des doublons avec des unités présentant
des meilleures conditions d'exploitation.
L'essentiel de leurs investissements immobilisés - en dehors de toute
demande pressante - consiste en des batiments
administratifs imposants et facilement reconvertibles en centre d'affraires
en cas de départ ou en entrepôts abritant
le matériel de
recherche ou d'extraction et facilement démontable pour être projeté
sur un autre théatre d'opérations. le métier de
ces entreprises est celui d'intégrateur d'activités : elles font
appel à d'autres entreprises pour réaliser les
opérations conçues par elles et placées sous leurs contrôle. Les activités
de Bouyghes et de Bolloré relèvent de la
même logique d'organisation. Les principaux facteurs clé de succès de
ces entreprises sont :
- la qualité de la signature garantie initialement par les Etats des pays
d'origine, puis par l'épargne générée par
les activités précédentes et placée et enfin des sociétés
d'assurances pour la couverture de différentes classes de
risques; la qualité de signature sert à lever les ressources financières au
près des apporteurs de capitaux (marchés
boursiers, institutions bancaires, sociétés financières..) ;
- un réseaux de fournisseurs, de prestataires et de filiales qui leur
permettent de sous-traiter la plus grande
partie de leurs activités ainsi que de variabiliser les coûts du donneur
d'ordre ou de la société-mère ;
- un catalogue précis et renouvellé des équipements, consommables ainsi que
des nouvelles technologies;
- un repertoire affiné des compétences nécessaires aux ressources humaines
affectées à la gestion des différents
niveaux d'activités;
- une bonne connaissance des marchés-cibles permettant d'anticiper
l'évolution des réseaux et différents débouchés
commerciaux, donc d'assurer l'autofinancement des activités ;
- d'un réseau d'ingenierie interne ou externalisée qui conçoit le
savoir-faire et contrôle l'exécution des
opérations, gère la mémoire technique, réalisent les montages - financiers,
juridiques et techniques pour le compte de
l'entreprise;
- une capacité de communication qui leur permettent de développer leur
notoriété ainsi qu'une image favorable - pour
impression - aussi bien au près des dirigeants pourvoyeurs de nouveaux
marchés, des ressources humaines candidates ou
employées, qu'au près des populations bénéficiaires de leurs
implantation. Nous pouvons inclure les opérations de prise
en charge des soins de santé, d'hébergement et de restauration ou des
actions sociales et et de loisirs dans ces
opérations de communication.
- un levier de mobilisation d'unités de sécurité opérationnelle et de
gestion de système d'information chaque fois
que les conditions juridiques sont réunis pour leur permettre d'intervenir
directement ou par externalisation. Je crois
que c'est à ce niveau que les Etats-hotes - en concurrence avec les
sociétés privées - doivent justifier leur revenus.
Ces entreprises gèrent essentiellement des fonctions managériales (finances,
ressources humaines, communication,
ingenierie, commercialisation) . Pour les autres facteurs clé de succès,
Elles ont pris l'habitude d'externaliser la
gestion des fonctions correspondantes notamment dans le cadre de certains
processus principaux ou de support.
Les revenus tirés des activités d'une entreprise sont distribués entre
quatre catégories d'acteurs en échanges des
prestations fournies ou des contraintes juridiques : l'Etat, les
actionnaires, les fournisseurs de biens et
prestations, les ressources humaines, le réseaux commercial. En fait, nous
agissons sur ces entreprises en exerçant une
pression à travers les Etat agissant en tant que puissance publique ou en tant
qu'actionnaires. Nous essayons de nous
imposer en tant que ressources humaines en essayant de la rendre la plus locale
possible. Pourtant une analyse de la
valeur de ces entreprises peut montrer que l'essentiel de la valeur créée
dépent davantage de l'intervention des
fournisseurs des biens et des prestations ainsi que de l'efficacité du
réseau commercial sur les marchés-cibles. Or ces
deux catégories sont controlées pratiquement à cent pour cent par des
opérateurs de nationalité différente des pays-
hotes. Bien que la
repartition de la valeur créée par les entreprises soit contractuelle et non
mécanique, on peut aisément constater
que la plus grande partie de la valeur créée va à ceux qui en apporte la
plus grande contribution. C'est à dire au
réseau commercial, aux fournisseurs, aux actionnaires publiques et privés, à
l'Etat, aux ressources humaines expatriées
et accessoirement, locales. Lorsqu'on observe l'activité pétrolière
sous cet angle, on peut se rendre compte que notre
malédiction n'est pas de posséder le pétrole, il est plutôt de ne pas
savoir l'exploiter, ou du moins de ne pas savoir
contôler sa valorisation. l'action que les représentants les plus actifs
de nos populations mènent n'et peut-être pas
vain, mais il me paraît au moins insuffisant sinon mal orienté. Dans tous les
pays ayant accepté le mode de régulation
libérale - ou à l'extrême capitaliste - la valeur créée revient en
priorité aux propriétaires et promoteurs
de l'activité, ensuite à ceux qui y ont apporté la plus forte
contribution. Le combat que mène nos populations
risquent de ne pas être longtemps légitime à moins que le pouvoir de
nuisance occasionné par l'usage des armes ne
puissent inverser la tendance. Dans ce cas, les revenus distribués à la
population viendrait remunérer le prix de la
sécurité et non le financement d'une opération en vue de re-équilibrer
la repartition des richesses en faveur des plus
pauvres et précaires. Il faut bien comprendre que dans la mentalité
capitaliste, la pauvreté et la précarité n'ont
jamais été un facteur d'attraction de revenus, mais plutot de rejet. Au
regard de ce que j'ai exposé plus haut, il me
parait important de bien repositionner notre présence dans les différents
niveaux des filières d'activités car le
rapport de force physique ne sera pas toujours un argument durable dans le
contexte capitaliste.
A quel titre les populations locales souhaitent-elles tirer profit des
retombées du pétrole? Serait ce en tant que
propriétaire? Cette position pourrait être légitime si l'on privilégie
- en antropologie juridique - le droit du
premier occupant au dépens du droit du plus fort ou droit positif (droit
transmis par l'administration colonial aux
Etats post-coloniaux). Dans ce cas et surtout pour que le principe prenne la
force d'une loi, et non d'une règle
exceptionnelle en faveur de certaines populations ou catégories
socio-professionnelles, il faudrait rechercher la
reforme du système foncier afin que les populations locales puissent avoir
enfin des droits collectifs ou individuels
chaque fois qu'une entreprise se propose de développer une activité
économique dans leur localité et, même, en toute
circonstances. Une telle mesure verrait naître une multiplicité de
propriétaires auxquelle les entreprises - respectant
les règles du
libéralisme ou du capitalisme - devraient rendre compte. Cette mesure ne
serait pas iconoclaste. Les citoyens
américains en ont bénéficié au moment de l'exploitation du pétrole.
Les citoyens indiens d'amérique utilisent cette
disposition chaque fois qu'une société se propose d'exploiter une
quelconque opportunité dans leurs reserves. Dans un
lieu moins attendue - du fait de la représentation qu'on a de
l'attachement à une vision traditionnelle de la vie par
les aborigènes d'australie - une entreprise française spécialisée dans
l'exploitation de l'uranium s'est vue obligé de
payer des redevances autant au gouvernement qu'aux habitants de la reserves
aborigène. la présentation d'une
revendication sous cette forme permettrait de lever une mobilisation nationale
alors qu'aujourd'hui ces reventications
ressemblent plutôt à des revendications identitaires ou corporatistes.
En attendant qu'une telle reforme se mettent en oeuvre, il convient que la
pression que les populations puissent
exercer sur les entreprises d'extration serait leur imposer de faire
systématiquement appel un opérateur local pour les
fournitures de biens et prestations ou dans la phase de développement du
réseau commercial. Il ne s'agit nullement ici
d'exclure les opérateurs expatriés des opérations de sous-traitance mais
de les obliger à travailler en binômes avec
des opérateurs nationaux. l'intérêt pour ces opérateurs nationaux
serait alors de recevoir un revenu à capitaliser pour
investir ensuite sur le même métier que l'opérateur expatrié ou pour se
déployer vers d'autres activités. L'autre
intérêt serait également le bénéfice des effets d'apprentissage : en
étant impliqué dans la gestion des mêmes activités
que l'opérateur expatrié, l'opérateur local ne peut que
s'habituer aux usages du secteur d'activité et
développer des compétences transférables vers d'autres activités. Nous
ne parlerons pas des ressources humaines où
des actions se mettent en oeuvre selon différentes modalités et en fonction
de la pression exercée par l'Etat-hote
ainsi qu'en fonction des besoins des entreprises en compétences.
Voila, je vous ai décliné les raisons pour lesquelles je pense que c'est
l'incapacité des opérateurs nationaux à
fournir des offres compétitives aux entreprises d'extraction pétrolière
et minière que l'exploitation du pétrole elle-
même. Je crois au contraire que cette activité peut être une formidable
opportunité d'apprentissage et d'ouverture de
nos activités vers des marchés extérieurs dans le cadre d'un échange
équilibré. Je m'excuse de ne pas avoir été complet
dans ma présentation mais n'hésitez pas à souligner des points qui
nécessitent des compléments de présentation.
Merci pour votre attention et salutations cordiales.
MANGASS TTCChristian MAYANDJIDémarches-GestionFINANCEMENTS INVESTISSEMENTS
PRIVES ACHATS (SEMI-)
INDUSTRIELS CONVOYAGE EXPLOITATIONVEHICULES EQUIPEMENTS CONSOMMABLESEUROPE -
AFRIQUE
--- En date de : Dim 19.10.08, Groupe Africdossier
<groupe.africdossier at gmail.com> a écrit :
De: Groupe Africdossier <groupe.africdossier at gmail.com>
Objet: LA MALEDICTION PERSISTANTE DU PETROLE EN AFRIQUE.
À: africdossier at googlegroups.com
Date: Dimanche 19 Octobre 2008, 12h55
LA MALEDICTION PERSISITANTE DU PETROLE EN AFRIQUE.
« Les Effets Pervers de l'Or Noir
» en Afrique, ne peut être exclut des choix politiques et
économiques des Présidents prédateurs de l'or
noir et de sa manne, au détriment des peuples et des tribus.
Résultat :
Pauvreté et troubles sociopolitiques envahissent les sociétés
productrices du pétrole. Ainsi, dans l'espace économique africain,
des problèmes
complexes entiers
demeurent, encore, non résolus, où ces Présidents prédateurs
utilisent la force, que le débat qui tient compte des revendications
concrètes, pour lutter contre la pauvreté et les conflits sociaux à
caractère politique. Résultat, une catastrophe s'installe dans la
durée. Appolinaire Noël KOULAMA, votre animateur de ce forum, a
sélectionné pour vous deux articles
( joints ci-dessous), et deux pays (le Congo-Brazzaville et le
Nigeria), deux réalités tout à
fait différentes, mais qui aboutissent, toutes les deux dans le
fond, à l'appauvrissement des économies, comme si l'or noir
est une malédiction.
Bonne lecture à tous !
Appolinaire Noël KOULAMA
Groupe Africdossier
Note :
Les titres de chaque article sont du Groupe Africdossier
Vous pouvez lire : « Les Effets Pervers de l'Or Noir », un
article de la rédaction Africdossier
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PETROLE AU CONGO-BRAZZAVILLE : QUELS CONTRASTES SOCIAUX ET ECONOMIQUES ?
Syndicats et associations de défense des droits des consommateurs dénoncent
le renchérissement des prix des produits
pétroliers, ainsi que des pénuries récurrentes de carburant malgré une
production nationale couvrant largement les
besoins du pays.
Les Congolais ont connu des moments difficiles ces derniers temps du fait
conjugué de la hausse des prix et de la
pénurie de carburant entraînant une forte inflation à travers le pays. Le
litre d'essence super à la pompe est passé de
500 francs CFA à 1000 francs CFA, puis à 1500 francs CFA...
Une situation plutôt difficile à comprendre pour les Congolais, d'autant
que leur pays figure parmi les huit grands
producteurs de pétrole du continent, selon l'Association des pays
producteurs de pétrole d'Afrique (APPA). La
production pétrolière du Congo, selon une estimation prévisionnelle fiable,
devrait atteindre 93 millions de barils
d'ici la fin de l'année 2008, contre un peu plus de 80 millions de
barils par an ces dernières années.
« Malgré la hausse vertigineuse du baril qui avait atteint le taux record de
140 dollars sur le marché international,
les Congolais n'ont rien tiré de cette hausse. »
Les syndicats et les associations de défense des droits des consommateurs
attribuent principalement deux causes à la
hausse des prix et à la pénurie des produits pétroliers : la première
raison serait liée à une mauvaise politique de
redistribution de la production nationale, puisque la plus importante
quantité, soit plus des 2/3 de la production, est
exportée.
La seconde raison serait liée à une politique fiscale lourde, puisque
l'on comptabiliserait pratiquement une dizaine
de taxes sur les produits pétroliers. Conséquence de cette lourde taxation,
le marché noir s'est fortement développé,
en l'occurrence, dans la ville de Pointe-Noire, la métropole économique
qui concentre les principaux champs
pétrolifères du pays, ainsi qu'à Brazzaville, la capitale qui
représente la moitié des besoins nationaux en produits
hydrocarbures.
EXIGENCE DE LA BONNE GOUVERNANCE.
Ces dernières semaines, les stations-service ont été sevrées de carburant,
faisant ressortir du « maquis » les
revendeurs de produits pétroliers à la criée, les « Kadhafi », qui se sont
livrés à la spéculation. De quoi amplifier
le courroux des Congolais, d'autant que le gouvernement ne donne aucune
explication pour justifier cette hausse. Face à
ce que les organisations de la société civile qualifient «
d'inacceptable », la coalition « Publiez ce que vous payez »
est montée au créneau pour dénoncer la mauvaise gestion de la manne
pétrolière, soulignant que « malgré la hausse
vertigineuse du baril qui avait atteint le taux record de 140 dollars sur le
marché international, les Congolais n'ont
rien tiré de cette hausse ». La société civile, qui veut savoir « où vont
les surplus occasionnés par la flambée des
prix du baril de pétrole », milite d'ailleurs pour qu'un audit soit
réalisé sur l'épargne budgétaire
dans le compte ouvert depuis quelques années à la Banque centrale, et où il
n'y aurait que 139 millions d'euros.
Malgré ce contraste, le chef de l'Etat congolais Denis Sassou Nguesso
parle plutôt de « perspectives encourageantes »
pour l'économie congolaise, dont le pétrole représente, de loin, la
principale recette, soit 2/3 des ressources du
pays. Après une chute consécutive en 2006 et 2007, où la production
s'était stabilisée autour de 80 millions de barils
par an, le brut congolais, a confirmé le chef de l'Etat, devrait
connaître près de 35% d'augmentation cette année, avec
la mise en production, en mai dernier, d'un nouveau champ pétrolier à
Moho Bilondo, dans le sud du pays, et dont
l'exploitation est assurée par la société française Total & EP.
Véritable mamelle nourricière, le Congo attend cette
année grâce au pétrole un taux de croissance réel moyen de 9% du produit
intérieur brut (PIB), contre 3,7% il y a dix
ans.
Auteur : Achille MBog PIBASSO, Douala au Cameroun
Publié le : 19 octobre 2008
Rubrique : Afrique-économie
Source : Les Afriques
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NIGERIA : LA CRISE DE DELTA RENFORCE LA CRISE SOCIALE ET ECONOMIQUE.
Tout le potentiel pétrolier du Nigeria n'approvisionne pas les marchés.
La faute à une guérilla qui s'est enlisée
dans le delta du fleuve Niger, mais qui paraît encore en mesure d'obtenir
en partie justice pour les populations
démunies de la région la plus riche du pays.
La « guerre du pétrole » du MEND (Mouvement pour l'émancipation du
delta du Niger), lancée le 14 septembre 2008,
suite à des « attaques non provoquées », n'a duré qu'une semaine.
Le 21 septembre, le mouvement de guérilla, qui
revendique un meilleur partage des revenus pétroliers, a décrété un
cessez-le-feu unilatéral, à la demande, dit-il, de
chefs coutumiers et de responsables politiques du delta du Niger. Le MEND, qui
fait un usage intensif d'Internet, a
expliqué, dans un langage météorologique, qu'il « rétrogradait » la
guerre du pétrole qui porte le nom de code «
Ouragan Barbarossa » en état d'alerte dite « Vigilance tempête
tropicale ».
Le MEND, qui se fait le défenseur des Ijaw, une ethnie de 14 millions de
personnes, pèse depuis son apparition en
2006 sur la production de pétrole du Nigeria, qui oscille entre 1,8 millions
et 2 millions de baril-jour, alors qu'elle
était, deux ans plus tôt, de 2,6 mbj. L'insécurité créée par la crise
dans le Delta du Niger, avec des attaques, des
enlèvements et des sabotages sur terre et en off-shore, ferait perdre, selon
les estimations, un quart de la production
quotidienne du pays.
LES FRUITS DE LA REPRESSION :
D'une certaine manière, le Nigeria fait les frais de la répression dont a
été victime, dans les années 90, le MOSOP
(Mouvement pour la survie du peuple Ogoni) qui militait, par des moyens
pacifiques, contre les pratiques prédatrices de
la Shell et du gouvernement fédéral (destruction de l'environnement,
absence de redistribution de la rente).
L'exécution en 1995 du leader de ce mouvement, Ken Saro Wiwa, a favorisé
l'émergence de groupes radicaux en lutte
contre les compagnies pétrolières et le gouvernement fédéral. Le
pourrissement de la situation a provoqué des actions
destinées à attirer l'attention internationale sur la crise au Delta qui
se mêlent à des pratiques lucratives
d'enlèvement touchant aussi bien des Nigérians que des expatriés
travaillant pour les entreprises pétrolières.
Des spécialistes relèvent que le MEND, qui n'est pas le seul groupe armé
du Delta, ne contrôle pas toutes les actions
menées par ses troupes. Beaucoup de ses membres se livrent à du banditisme
pur et simple, d'où la tendance du
gouvernement fédéral à assimiler le MEND à un mouvement de brigandage
criminel.
A cela se greffe un trafic illégal, qui serait le fait d'hommes politiques
influents et qui porterait sur quelque 80
000 barils-jour. La « guerre du pétrole », annoncée le 14 septembre,
faisait craindre une extension du champ d'action
du MEND, qui ciblait jusque-là la filiale locale de Shell, à d'autres
compagnies étrangères comme l'italienne Agip ou
l'américaine Chevron. Le cessez-le-feu unilatéral décrété par le MEND
a fait baisser la tension.
UN KIMBERLY POUR LE PETROLE VOLE ?
Des analystes relient les dernières actions du MEND à un marchandage
politique avec le gouvernement d'Abuja, qui a
décidé de la création d'un ministère pour le delta du Niger. A
l'évidence, il s'agit pour le président Yar'Adua d'avoir
une prise directe dans l'affectation des ressources pour la région du
delta, où les frustrations de la population
expliquent largement le développement de la pratique du rapt et des sabotages
des installations pétrolières. « Le
Ministère coordonnera nos efforts pour relever les défis que présentent le
développement des infrastructures, la
protection de l'environnement et l'affectation de jeunes à des postes
de responsabilité dans la région » a déclaré le
président. Cette volonté affichée de prendre en charge les frustrations
réelles des populations du delta s'accompagne
d'un appel du gouvernement d'Abuja à la mise en place, sur le modèle
du processus de Kimberley pour le diamant, d'un
mécanisme contre la prolifération du « pétrole du sang » ou « blood oil
». L'appel a été lancé le 11 septembre, lors
d'une conférence ouest-africaine sur la transparence dans les transactions
pétrolières. Le parallèle entre les
diamants, qui ont alimenté les guerres civiles au Liberia et en Sierra Leone,
et le pétrole, volé dans le delta du
Niger, est significatif. A New York, où il assiste à l'assemblée
générale de l'Onu, le ministre des Affaires étrangères
Ojo Maduekwe à redemandé une criminalisation internationale de l'achat du
brut volé. Encore faut-il convaincre les
populations du delta qu'elles gagneront au change.
Auteur : Sana HARB, Alger en Algérie
Publié le : 19 octobre 2008
Rubrique : Afrique-économie
Source : Les Afriques
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