Au Gabon, les trois domaines d'applications des sources de rayonnements ionisants sont les mines, l'industrie et la médecine. A Mounana, le gouvernement a pris le relais de la Compagnie des mines d'uranium de Franceville (Comuf) depuis janvier 2004 et suit l'évolution de la radioactivité près et autour des anciens sites d'extraction et de traitement des minerais d'uranium de Comuf, en phase terminale de réhabilitation, à travers un réseau de stations radiologiques de l'environnement.
COMMENCÉE en 1960, l'exploitation des gisements d'uranium de Mounana par la Comuf, filiale du groupe Cogema, a pris fin en juin 1999. Le procédé de traitement utilise imposait un broyage du minerai à une granulométrie inférieure à 660 microns et une attaque par l'acide. Le rendement de récupération métallique ayant été en moyenne de 95%, la production d'uranium a généré environ 7,5 millions de tonnes de résidus de traitement de 1960 à 1999 entreposés dans divers sites (anciennes MCO de Mounana, vallée de la Gamaboungou, thalweg nord et sud, aval digue).
Après le démantèlement de toutes les installations industrielles (usines, atelier de fabrication d'acide et divers autres ateliers...), réhabilitation et remise en état des sites, la nécessité d'une surveillance radiologique plus grande de l'environnement immédiat et proche des anciens sites est vitale.
La prise en compte des risques liés aux faibles doses d'irradiation par le transfert éventuel à l'homme, à travers différents vecteurs des radioéléments issus des résidus miniers impose un contrôle et une surveillance systématique et permanent de la qualité du milieu.
Cette surveillance et ce contrôle radiologiques s'exercent sur une superficie d'environ 75 ha (60 ha pour les zones réhabilitées et 13 ha pour les zones réaménagées), sur un ouvrage (digue de retenue sur la Gamaboungou) et sur un volume de résidus de traitement d'environ 7,5 millions de tonnes.
SURVEILLANCE ET PROTECTION• Avec l'arrêt des activités du service Sécurité-Radioprotection de la Comuf en décembre 2003, le gouvernement, à travers le Centre national de prévention et de protection contre les rayonnements ionisants (CNPRI), exerce la surveillance et le contrôle permanents des anciens sites à travers son antenne installée à Mounana depuis janvier 2004.
Selon Césaire Joachim Louéyit et Jean-Claude Nzengué, respectivement administrateur provisoire du CNPRI et responsable de l'antenne de Mounana, la surveillance radiologique des anciens sites d'extraction et de traitement des minerais d'uranium de Mounana vise à:
- organiser et assurer la sûreté radiologique des zones réhabilitées, démantelées et réaménagées renfermant des stériles miniers et les anciens résidus issus des pratiques industrielles de traitement des minerais d'uranium.
- veiller au respect de la réglementation en matière de sûreté radiologique des déchets radioactifs.
- organiser et assurer la surveillance radiologique de l'environnement et, si besoin est, des populations contre les dangers/risques pouvant résulter des anciens résidus de traitement des minerais d'uranium en contrôlant les voies de transfert vers les populations et l'environnement.
- veiller à la pérennité de la qualité des travaux de réhabilitation et de réaménagement des anciens sites miniers et industriels aux fins d'assurer la stabilité physique des zones de stockage des déchets.
- protéger globalement la santé humaine des populations et l'environnement.
Le réseau de surveillance radiologique mis en place sur les sites par la Comuf dont hérite le CNPRI comprend, en fonction de la voie de transfert vers l'environnement ou les populations: des stations de surveillance de l'atmosphère, des contrôles de la chaîne alimentaire, des contrôles des sédiments des rivières proches, des contrôles dés végétaux aquatiques des rivières proches, des contrôles des végétaux terrestres (herbes).
A l'analyse des résultats actuellement disponibles émanant du service Sécurité-Radioprotection de Comuf, il ressort que depuis 1999, date de l'arrêt des activités industrielles, les expositions externes dues aux rayonnements gamma sur l'ensemble des zones réhabilitées/réaménagées baissent et tendent à se normaliser au regard de la nouvelle limite imposée par la CIPR 60-61.
Les expositions internes dues aux descendants du radon sont conformes à la nouvelle limite.
La qualité des eaux des rivières de l'environnement proche connaît la même évo-Iution tant du point de vue physico-chimique due du point de vue radiologique.
«Progressivement, la situation radiologique de l'environnement proche des anciens sites miniers. et industriels tend à la normalisation de tous les indicateurs (expositions externes et internes, qualité radiologique des signaux de l'environnement proche)» explique Césaire Joachim Louéyit et jean Claude Nzengué.
PROGRÈS. Ils ajoutent que le marquage apparent des bio-indicateurs (poissons, volailles, végétaux aquatiques et terrestres, sédiments, etc ...) par les pratiques industrielles d'extraction et de traitement des minerais d'uranium est très en dessous des valeurs limites réglementaires.
Toutefois, le CNPRI à travers son antenne déjà installée à Mounana poursuivra et maintiendra la surveillance exercée par Comuf sur les sites car les résidus de traitement et autres stériles miniers renferment des éléments radioactifs à longue durée de vie.
Le projet de réhabilitation des sites de la Comuf est financé par l'Union européenne dans le cadre du Fonds européen de développement (FED).
Les appels d'offres pour les travaux réaménagement et de démantèlement sur le site industriel et pour la surveillance de ces travaux ont été lancés au premier trimestre 2003.
Les marchés ont été attribués comme suit:
- travaux de réaménagement: Colas Gabon (878 millions de francs),
- travaux de démantèlement: Friedlander (472 millions de francs),
- surveillance des travaux: Sttaf (98 millions de francs).
Un devis-programme a été signé en décembre 2003 pour la surveillance radiologique à long terme du site, tel que, prévu dans la convention de financement pour les actions à caractère environnemental.
«Pour ce projet, le progrès dans la mise en oeuvre et les engagements pris est très satisfaisant, et suit le chronogramme initial» affirment le ministère du Plan et la délégation des communautés européennes au Gabon.