Au cous d’une interview diffusée par RFI le 29 octobre 2003, Omar Bongo lançait un défi au BDP. Voici l’interview dans lequel le dictateur gabonais dans la section Gabon de l’interview fustige le BDP et invite le BDP à croiser le fer avec lui à l’élection présidentielle de 2005.
L’interview se passe de commentaires. Le BDP répondra à Bongo dans quelques jours.
Voici ci-dessous le texte de l’interview. Pour ceux qui ont le moyen d’écouter l’interview sur leur ordinateur, vous pouvez le télécharger ici :
RFI : Alors, bon, il y a un problème au Gabon, c’est que les réserves pétrolières sont annoncées en baisse, comment allez-vous faire face à l’avenir à la baisse des recettes pétrolières ?
BONGO : On le dit, on le dit, mais nous faisons toujours 13 millions de tonnes et quelques, on a fait je crois 13 millions 200 cette année, et je crois que l’année prochaine ce sera encore mieux. Quoiqu’il en soit, nous nous battons toujours pour la recherche du pétrole, on peut pas dire que demain on ne trouvera plus du pétrole au Gabon. Et puis, il y a d’autres ingrédients, nous avons du bois, nous avons fait d’autres découvertes dans d’autres secteurs qui sont pas le moins négligeables.
RFI : Sur le plan politique Monsieur le président vous avez fait modifier la constitution il y a trois mois, cela vous permettrait de vous représenter ad vitam aeternam, pourquoi avez-vous fait cela ?
BONGO : Ecoutez, vous êtes marrant vous, vous êtes marrant, je dis vous, vous les journalistes et tous ceux qui ne comprennent pas les choses. La constitution gabonaise, avant qu’elle ne soit même modifiée me laissait encore le droit de me présenter à un second mandat…
RFI : En 2005 ?
BONGO : En 2005. Après ce mandat, si je suis élu ou battu, eh bien nous en parlerons. Mais pour le moment il ne s’agit pas de dire que je veux être président à vie. Que s’est-il passé ? Est-ce qu’il appartient à un individu ou à un club des individus comme nous l’étions de décider en disant le mandat du président doit être limité à deux mandats ? Nous avons enlevé ce verrou. Voilà ce qui a été fait. Il ne s’agit pas de faire de Bongo un président à vie. Pourquoi ? Il faut tout de même que je sache quitter les choses avant qu’elles ne me quittent.
RFI : Vous savez ce que disent beaucoup d’Africains, un chef meurt au pouvoir…
BONGO : Non, mais pas moi. Est-ce que vous pouvez me dire franchement en votre âme et conscience qu’il n’y a qu’en Afrique ?
RFI : On pense à Houphouët par exemple…
BONGO : Parler d’Houphouet, que Dieu aie son âme, laissez Houphouet tranquille à où il est, et parlons des vivants.
RFI : Serez-vous candidat en 2005 ?
BONGO : Il y a encore le temps d’ici 2005 l’eau va beaucoup couler sous le pont encore. Alors, demandez-moi si je vais réussir à signer un accord triennal avec le FMI. Ne me parlez pas de 2005.
RFI : Parce qu’en 2005 vous serez président depuis 38 ans, est-ce que vous ne commencerez pas à penser à votre succession par exemple ?
BONGO : Ma succession, il faut seulement dire est-ce que vous ne penserez pas à s’arrêter, pas de cesser à mon successeur. Mon successeur c’est pas moi qui le chercherai, qui le trouverai.
RFI : Au sein du parti au pouvoir PDG…
BONGO : Oui, mais le parti il y aura des candidats, mais le meilleur gagne…
RFI : Mais est-ce que ce sera le moment où vous commencerez à y penser ou bien vous pensez que c’est trop tôt déjà ?
BONGO : Mais on y pense tout le temps, mais on ne veut pas le dire.
RFI : Qu’est-ce que vous répondez à ces compatriotes peut-être provocateurs qui distribuent des affiches BDP, Bongo Doit Partir ?
BONGO : C’est leur affaire. Moi je leur dis à ceux-là : ayez une manière élégante. Je dis venez au Gabon, constituez-vous en un parti politique qui s’appellerait Bongo Doit Partir, et ce parti présentera son candidat contre Bongo et on verra qui battra l’autre.. Mais voilà la bonne politique, mais pas de faire des petits tracts, c’est mesquin tout ça.
RFI : M. le président, vous savez que par votre longévité politique exceptionnelle beaucoup vous comparent au président Eyadéma. Que pensez-vous de cette réflexion d’un de vos vieux opposants, vous le connaissez bien, il est aussi un de vos parents, Maître Agongjo…
BONGO : Lui c’est lui, moi c’est moi…
RFI : Maître Agondjo qui dit…
BONGO : Et le Gabon c’est le Gabon…
RFI : Mr. Eyadéma règne par la terreur et Mr. Bongo par l’argent…
BONGO : Un jour posez la question à Maître Agondjo. Dites-lui s’il n’a pas été chez Bongo prendre l’argent.
RFI : Il dit que « non ». Il dit qu’il n’a jamais pris d’argent chez vous…
BONGO : Il dira ça à vous, mais pas devant moi… et pas à moi. Je l’invite à venir le dire devant moi. Et c’est pas moi qui le lui ait donné, c’est lui qui me l’a demandé.
RFI: M. le président, merci.