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Lettre à Monsieur Omar Bongo
Auteur:  CIGASANA  | Date: 16 Octobre 2001  | Réactions ()
Section: Le BDPiste

Monsieur,

Le temps est enfin venu pour vous de prendre un certain nombre de responsabilités. Nous, participants au CIGASANA, réunis en collectif de Gabonais au sein du Congrès Inter-Gabonais de Salut National du 8 au 15 octobre 2001, avons décidé de nous adresser à vous au travers de cette lettre dans un esprit patriotique qui se veut constructif pour l'avenir à court, moyen et long terme de notre nation.

Monsieur, il ne fait aucun doute que le Gabon et son peuple ont gravement et longuement souffert sous votre régime vieux de 34 ans. Cette souffrance a aujourd'hui atteint des proportions inquiétantes:

- Au Gabon, pays à revenu intermédiaire qui pendant des années a brassé des milliards de dollars grâce à ses revenus pétroliers, les chiffres parlent encore aujourd'hui de plus de 60% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté. Ceci veut dire que sur le million de Gabonais qui existe aujourd'hui, 600.000 d'entre eux au moins n'ont pas le minimum nécessaire à la vie. C'est, en quelque sorte, 600.000 Gabonais, c'est-à-dire plus de la moitié de la population, qui sont condamnés à une précarité criminelle. La cause de ces maux, quand on remonte la filière des responsabilités, est malheureusement Omar Bongo lui-même. Nous expliquerons plus bas pourquoi nous pensons que la cause ultime de la misère gabonaise est Omar Bongo.

- Au Gabon, les contradictions règnent en effet. Le Gabon fut, pendant longtemps, le pays d'Afrique sub-saharienne avec le revenu par habitant (PNB) le plus élevé, et dépasse encore aujourd'hui celui de pays plus largement industrialisés comme la Chine, le Pakistan, l'Inde, la Corée du Nord et de nombreux autres. Pourtant, les données économiques montrent que ce PNB demeure artificiellement gonflé par les revenus pétroliers. Pire encore, les calculs montrent que, par rapport à sa population, le revenu par habitant du Gabon a en fait baissé de 2,9% depuis 1975! En termes économiques, ceci veut dire que notre pays n'a pas du tout d'économie et n'a pas fait de progrès. Cela veut aussi dire que le Gabonais vivait probablement mieux il y a 26 ans qu'aujourd'hui. Que s'est-il donc passé, Monsieur?

- Au Gabon, les progrès n?ont pas été significatifs en matière de santé publique. Il est particulièrement alarmant de constater que le SIDA/VIH est en train de faire des ravages au sein de notre population (15% de la population) sans que les pouvoirs publics aient mis en place une politique de lutte contre ce fléau qui risque de décimer la population gabonaise d'ici quelques années. Il est également alarmant de constater que le taux d'espérance de vie des Gabonais reste extrêmement faible. Aujourd'hui, le Gabonais ne peut espérer vivre que 53 ans en moyenne. Notez qu'en 1970, le Gabonais espérait déjà vivre 44 ans. Ceci veut dire qu'en 2001, avec de gros revenus pétroliers comme ceux du Gabon, le Gabonais aurait dû espérer vivre au moins 75 ans. Malheureusement pour nous, 49% de nos citoyens meurent avant l'âge de 60 ans. Pourquoi un tel désastre? Tout simplement parce que le régime Bongo n'a jamais songé à doter le pays de vrais structures hospitalières capables de garantir non seulement la présence de personnels qualifiés, mais aussi de médicaments dans les hôpitaux. Pire encore, 68% des nouveaux nés gabonais ne sont pas vaccinés contre la rougeole. Le Gabon, en 1999, ne comptait que 19 docteurs et 56 infirmiers et infirmières pour 100.000 habitants. C?est dire que les Gabonais sont médiocrement soignés. Notez qu?un pays comme le Sao Tomé, en 1999, comptait 32 médecins pour 100.000 habitants, alors que son revenu par habitant (PNB) n?était que de 290 dollars, contre 4120 dollars pour le Gabon. Pire encore, en 1960 le Gabon dépensait 0,5% de son PNB pour la santé. Cependant, malgré le boom pétrolier des années 70 et la hausse de ses revenus, le Gabonais n?est toujours pas bien soigné par son gouvernement. Le pays ne dépense aujourd?hui que 0,6% de son PIB (Produit Intérieur Brut) pour la santé de ses citoyens, c?est-à-dire une maigre progression de 0,1% en plus de 40 ans!!!

- Sur le plan de l'éducation, la situation, là encore, est désastreuse. En 1999, 41% de nos enfants n?atteignaient même pas le CM1 (Cours Moyen Elémentaire, niveau 1). Le Gabon ne dépense en moyenne que 2,8% de son PNB pour l?éducation de ses citoyens. A titre de comparaison, le Botswana, le pays qui bat tous les records économiques en Afrique actuellement, dépense plus de 10,4% de son PNB pour l?éducation. En fait, les dépenses d?éducation n?ont fait que baisser au Gabon, puisque le pays dépensait 4,5% de son PNB pour l?éducation en 1985. 14 ans plus tard, le Gabon ne dépensait plus que 2,8% pour l?éducation et la formation. Les femmes restent les grandes perdantes de cette équation puisque 56,8% seulement étaient alphabétisées en 1999.

- Il n'est nullement besoin de montrer ici que votre régime a été incapable, en 34 ans, de doter le pays d'un réseau routier bitumé et efficace, alors que ceci aurait pu se faire en 5 ans sans que l'état n'ait à dépenser un seul centime; il n'est nullement besoin de démontrer que le Gabon croule sous la corruption à tous les niveaux, et que le pays vit un immobilisme économique, social, culturel et politique sans pareil dans le monde quand on l'analyse dans le contexte des moyens dont dispose le Gabon. Or, voilà un pays où des ministres gagnent facilement entre 10 et 70 millions de francs CFA par mois. Or, vu que le salaire annuel du président américain n'est que de 200.000 dollars, un ministre qui, au Gabon gagne 10 millions de francs CFA dépasse ce salaire annuel. Pour celui, qui comme Lemboumba, reconnaissait gagner dans les 70 millions de F CFA par mois, son salaire annuel était 7 fois supérieur au salaire annuel du président américain. Imaginez la richesse que ceci faisait quand le franc français valait encore 50 Francs CFA!

Monsieur,

Jusqu'à quels niveaux de souffrance croyez-vous encore devoir mener les Gabonais? Avez-vous jamais circulé dans les rues de Libreville pour vous rendre compte de l'état de misère de vos concitoyens? N'éprouvez-vous pas un peu de gêne, de honte ou même un peu de remord quand vous rentrez de l'étranger pour constater que le Gabonais n'a même pas accès à l'eau potable?

Monsieur, il doit subvenir à un moment donné dans la vie de tout le monde un constat qui relève du patriotisme. Le patriotisme est un acte sacré que seul les grands hommes et femmes sont capables de poser à un moment donné de leur histoire. En Afrique, il y a eu de rares exceptions: au Sénégal, Senghor et Abdou Diouf ont su poser de tels actes quand ils se sont rendus compte qu'ils avaient perdu l'inspiration et n'avaient plus rien à offrir à leur population.

Les actes patriotiques, Monsieur, grandissent l'être et le rendent sacré. Car, être patriote, c'est, en fait aimer son pays comme un père ou une mère aime ses enfants. Etre patriote, c'est créer les conditions d?un épanouissement de la population comme le font un père et une mère pour leurs enfants. Etre patriote, c'est être prêt à se sacrifier et à s'oublier pour permettre le bien-être du plus grand nombre.

Monsieur, vous le savez vous-même. Les Gabonais ne vous portent plus dans leur c?ur. Avez-vous jamais songé à vous réconcilier avec votre peuple? Aujourd'hui, vous représentez pour les Gabonais, l'image même de l'enfer sur terre car les Gabonais vous honnissent comme la peste et n'attendent que le jour où un patriote courageux mettra hors d'état de nuire votre régime. Mais, Monsieur, doit-on vraiment en arriver là pour que vous compreniez que le Gabonais a besoin d'air frais, et surtout d'un régime frais capable de répondre valablement à ses aspirations? Le Gabonais doit-il se rebeller et vous pourchasser de par le monde pour que vous compreniez enfin que le moment est venu de passer la main?

Mais bon sang, Monsieur Bongo. Avez-vous jamais songé au fait que le Gabonais, qui n'est pas rancunier, aurait pu avoir de vous l'image positive et historique de père de la nation gabonaise si vous aviez pris l'initiative de mettre de l'ordre dans la maison Gabon en laissant la démocratie se faire dans le pays? Savez-vous au moins que si vous aviez eu la présence d'esprit de mettre en place un gouvernement nouveau politiquement neutre dont l'action n'aurait jamais été encombrée par vous, un tel gouvernement aurait pris le soin, en 5 ans, de remettre le Gabon sur pied, ce qui vous aurait évité la haine que les Gabonais éprouvent actuellement à votre endroit?

Pourquoi vous obstinez-vous, Monsieur, à créer les conditions de votre propre perte quand vous auriez pu en fait gagner le ciel gabonais et l'estime de votre peuple par des actes de patriotisme?
Nous, participants au CIGASANA, demeurons très perplexes par rapport à l'entêtement qui est celui de votre régime. Un tel entêtement se comprendrait s'il servait à mettre de l'ordre dans la maison Gabon. Or, vos gouvernements successifs, de Léon Mebiame à Casimir Oyé Mba, et de Paulin Nguéma Obame à Ntoutoume Emane, ont plus brillé par leur sommeil et le pillage caractérisé du Gabon que par leur capacité à travailler.

Vous-même, au vu des scandales des Affaires Elf, Citibank et autres, ont montré que vous êtes parti pris dans ce pillage systématisé des biens de notre nation. Pour le Gabonais, vous êtes le vrai et probablement le seul vrai responsable de la débâcle gabonaise. Dans un état de droit, la responsabilité s'établit selon une échelle des pouvoirs qui ne fait aucun doute. Le propriétaire d'un chien qui laisse son chien se promener librement dans la rue sera responsable légalement des actes commis par son chien. Un père de famille qui laisse ses enfants voler les bananes du voisin sera tenu responsable des actes commis par ses enfants. Un père de famille qui oublie d'éduquer ses enfants, de leur montrer la différence entre le bien et le mal, finira par en faire des délinquants sans foi ni loi. Un tel père est indigne et doit être jugé responsable d'avoir échoué dans l'éducation de ses enfants. Il en va de même pour la personne qui a la charge de toute une nation. Quand un président de la république ou un chef d'état vole lui-même son pays, il ne peut représenter un exemple pour ses ministres. Ceux-ci se mettront aussi à voler parce que leur patron vole. Quand un président de la république ou un chef d'état jouissant de pouvoirs arbitraires ne punit pas la criminalité de son équipe, mais semble plutôt au contraire l'encourager, vous conviendrez avec nous qu'un tel chef d'état doit être considéré responsable des actes odieux de son régime.

Il nous semble donc, Monsieur, que vous êtes directement responsable, et complicement coupable, de la situation catastrophique du Gabon d'aujourd'hui.

Faut-il alors, Monsieur, pour que les choses changent dans notre pays, que le Gabonais sombre dans la violence pour retrouver un semblant de dignité? Ne vous reste-t-il pas, au vu des milliers d'enfants qui meurent chaque jour dans notre pays, un brin d'humanité qui puisse, dès aujourd'hui même, vous décider à finalement montrer un élan de patriotisme qui pourra vous réhabiliter aux yeux des Gabonais?

Nous, participants au CIGASANA, disons que tout n'est pas encore perdu. Vous avez encore la possibilité, Monsieur, de vous réhabiliter. Votre réhabilitation, qui ferait de vous un héros aux yeux des Gabonais et permettra à la nation de se réconcilier tout en oubliant le passé, ne demanderait pas plus qu'une simple acceptation du principe de la paix des braves que nous, en tant qu'intellectuels et patriotes gabonais désintéressés, avons imaginé pour le pays à l'occasion de cet événement unique dans l'histoire politique de notre pays.

Le CIGASANA, ce n'était pas un Congrès pour le BDP, ni pour des groupes partisans. C'était un congrès pour la nation au cours duquel des Gabonais se sont réunis pour imaginer les meilleures possibilités de paix, de progrès et de bien-être pour notre peuple. Ce travail, fait à partir d'une initiative patriotique, a produit le concept de la paix des braves que nous offrons aujourd'hui au peuple gabonais. Cette paix des braves consiste non seulement à repousser les élections législatives de 6 mois afin de mettre en place des structures politiques et constitutionnelles capables de garantir la transparence politique au Gabon, mais aussi à mettre en chantier, au niveau économique, notre plan de salut national. Nous pensons que 5 ans au maximum seraient nécessaires pour remettre de l'ordre au Gabon. Mais le succès d'une telle entreprise passe au préalable par une réforme de fond de la structure politique et économique du pays.

Monsieur, il ne vous a fallu, en 1968, que quelques mois pour supprimer le multipartisme du Gabon. Aujourd'hui, vu les pouvoirs étendus dont vous disposez encore actuellement, il vous suffirait d'une parole, d'un acte, d'un geste, pour que le Gabon démocratique se fasse.

Aujourd'hui, nous, Gabonais ayant travaillé dans le cadre du CIGASANA, vous mettons au défi de l'histoire, à ce carrefour qui fait les grands hommes et femmes qui savent accompagner le cours de l'histoire et défait ceux qui, voulant se montrer trop arrogants, ont voulu s'y opposer et se sont retrouvés balayés et jetés dans les poubelles de l'histoire.

Monsieur Bongo, s'il reste encore un brin de patriotisme et d'humanité en vous, le moment est venu de montrer à la population gabonaise que vous êtes non seulement capables de changer, mais que vous vous préoccupez réellement de son bien-être. Nos propositions sont claires. Nous avons offert à la nation gabonaise le texte d'une nouvelle constitution, le programme d'une éventuelle paix des braves qui nous imposerait à tous l'oubli du passé, l'amnistie pour vous et tous les membres anciens ou nouveaux de vos régimes successifs, le report des élections pour l'établissement de la transparence électorale et politique, la résolution de nos problèmes économiques en 5 ans et la possibilité d'un renouveau dans lequel chaque gabonais se reconnaîtra.

Tel est le pacte national, Monsieur, que nous vous proposons, solennellement devant le monde et devant le peuple gabonais pris à témoin. Ce pacte est garant et porteur d'une paix durable et du bien-être pour tous.
Car il arrive parfois qu'un peuple se ressaisisse d'un élan patriotique commun qui puisse l'aider à surmonter ses divisions pour le bien de tous. Un tel élan patriotique est celui que nous recherchons. Celui de la paix des braves et des responsabilités collectives. Si vous accompagnez cet élan, le Gabon vous en saura gré et le pays saura vous le rendre en mettant votre nom parmi ceux qui, demain, constitueront le panthéon des grands hommes et femmes de notre naissante nation.

Mais que restera-t-il comme choix au peuple, lorsque demain, vous refuserez ces propositions venues du fond du c?ur d'une classe de Gabonais qui, voyant la misère avérée et insupportable de tout un peuple, a voulu aider sa classe politique à voir plus loin que l'intérêt individuel ou partisan?

Que restera-t-il comme choix au peuple, lorsque, ayant pris connaissance de nos propositions, vous les aurez balayées du revers de la main, montrant ainsi un entêtement qui signifierait pour notre nation, la possibilité d'une instabilité croissante qui, dans les années à venir, risquerait d'engloutir le Gabon?

Que restera-t-il comme choix au Gabonais qui veut s'épanouir, nous vous le demandons?

Il nous semble qu'acculé, le Gabonais souhaitant s'épanouir sera comme un lion en cage prêt à se retourner sans pitié contre son agresseur, car il se sera retrouvé en situation de légitime défense. Le Gabonais ainsi acculé à la bestialité ne pourra alors répondre que par la violence, le terrorisme, le coup d'état ou la révolte militaire pour réclamer de vive voix sa dignité confisquée par vous.

Les temps changent et ont changé. L'on a vu des peuples longtemps jugés pacifiques et amorphes prendre leurs responsabilités et se défaire de leurs oppresseurs. Kabila défit Mobutu en promettant la libération au peuple. Puis Kabila fut abattu par un garde du corps parce qu'il avait manqué à sa parole et était devenu lui-même un dictateur. Au Niger, le président Barré fut fauché par sa propre garde à un moment où il ne s'y attendait pas. En Côte d'Ivoire, c'est le peuple lui-même qui se chargea de Guei qui, lui aussi, avait menti au peuple après être devenu président par hasard suite à une rébellion salariale d'un petit groupe de militaires. Ce groupe de militaires avait lui-même, quelques mois auparavant et de manière inattendue, défait le régime de Bédié qui s'était entêté, comme celui de Bongo, à semer le trouble et la discorde dans le pays en vue de se maintenir au pouvoir. Ceci montre que l'on ne sait jamais d'où peut venir une révolution.

Le Gabon n'est pas obligé de passer par de telles extrémités pour changer. Au contraire, nous pouvons servir d'exemple à beaucoup d'autres en adoptant une position de conciliation qui puisse nous permettre de faire un nouveau Gabon dans lequel il fera bon vivre. Or, cela fait déjà presque 12 ans depuis le retour du multipartisme que le Gabonais se débat contre votre régime.

Monsieur, si le Gabon venait à changer grâce à la violence terroriste, militaire, populaire ou par le coup d'état, aucun des membres du régime Bongo ne serait à l'abri des poursuites judiciaires internationales ou autres. Pourquoi exposer tout un système comme le vôtre à une possible chasse aux sorcières, à l'exil ou à des fins malheureuses comme celle de Mobutu, alors que vous pourriez tous, grâce à la paix des braves, demeurer dans votre pays et continuer, après deux ans de retraite politique, à jouer des rôles positifs pour votre pays, mais dans le cadre d'un système que personne de contrôlera plus? Et pourquoi exposer le Gabon à la possibilité d'un changement dans la violence quand on peut le faire dans la paix?

Monsieur, il s'agit plus que jamais pour vous de faire le choix entre la paix et la violence, entre la possibilité pour vous et votre régime de continuer à jouir de votre pays et les affres d'un exil qui ne vous garantit rien du tout vu que le nouveau régime gabonais pourrait faire bloquer tous vos avoirs à l'étranger et obtenir votre extradition pour comparaître devant une justice gabonaise qui vous fera payer pour vos crimes.

Pour nous, le choix est simple. C'est de paix que nous voulons. Il vous appartient de décider du sort de votre régime. De vos actes découleront le futur de ce pays que nous aimons tous tant.

Veuillez agréer, Monsieur, nos salutations patriotiques.

Participants au CIGASANA.
Montclair, New Jersey, USA


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