Préambule
Nous, Gabonais et Gabonaises d'appartenance politique, religieuse et ethnique diverse, réunis à Montclair State University dans le New Jersey, Etats-Unis d'Amérique, à l'occasion du CIGASANA (Congrès Inter-Gabonais de Salut National), du 8 au 15 Octobre 2001, avons délibéré comme suit:
Le CIGASANA (Congrès Inter-Gabonais de Salut National) s'est tenu dans la neutralité républicaine non partisane. Les participants déclarent avoir débattu objectivement des problèmes du Gabon en mettant la nation gabonaise au centre de leurs préoccupations. Les participants reconnaissent être venus au Congrès, non pas pour défendre les intérêts du régime Bongo ni ceux de l'opposition, mais bel et bien pour défendre les intérêts supérieurs et suprêmes de la nation gabonaise.
Les participants au CIGASANA, après 7 jours de discussions parfois houleuses mais objectives constatent que la situation politique, économique, sociale et culturelle du Gabon est désastreuse.
Les participants au CIGASANA constatent avec inquiétude le fait qu'il n'ait existé au Gabon qu'un un seul régime politique depuis 1967, que de nombreux Gabonais ayant aujourd'hui 34 ans et ceux qui dans 5 ans auront 39 ans n'auront connu qu'un seul régime politique au Gabon, celui d'Omar Bongo.
Les participants au CIGASANA trouvent scandaleux de découvrir que:
- quand Bill Clinton recevait sa licence à l'université en 1968, Omar Bongo était déjà au pouvoir. - quand Bill Clinton finissait ses études universitaires en 1973, Omar Bongo était encore au pouvoir. - quand Bill Clinton se faisait élire deux fois gouverneur de l'Arkansas (1978-1980, et 1982-1992 soit un total de 14 ans sur la période 1978-1992, Omar Bongo était toujours au pouvoir. - quand Bill Clinton se faisait élire à deux mandats consécutifs à la Présidence américaine, (1993-1997 et 1997-2001), soit un total de 8 ans, Omar Bongo était toujours au pouvoir. - quand Bill Clinton terminait sa présidence et prenait sa retraite politique en 2001, Omar Bongo était toujours au pouvoir. - quand Hillary Clinton, femme de Bill Clinton, qui est devenue Gouverneur de l'état de New York en 2001, terminera son mandat de gouverneur en 2005, Omar Bongo sera probablement encore au pouvoir au Gabon, 39 ans plus tard.
Les participants au CIGASANA marquent leur désapprobation par rapport à une telle durée politique. Ils trouvent qu'un régime qui passe 39 ans au pouvoir ne peut faire preuve de créativité, empêche le pays de progresser et condamne le pays à l'immobilisme politique, économique, social et culturel.
Les participants au CIGASANA condamnent avec force les manipulations partisanes de la constitution gabonaise. Ils remarquent avec amertume le fait que la Constitution gabonaise issue de la Conférence nationale, qui limitait le mandat présidentiel à 5 ans, avait de nouveau été modifiée en 1994 par le régime Bongo pour ramener ledit mandat à 7 ans, dans le seul but de prolonger la durée de vie politique de l'actuel régime. Les participants au CIGASANA notent que la Constitution d'un pays est un document sacré auquel l'on ne devrait jamais toucher sans le consentement référendaire du peuple.
Les participants au CIGASANA notent que depuis 1990, les progrès politiques faits par les Gabonais ont de nouveau été supprimés par le régime Bongo en place, non seulement au travers de manipulations constitutionnelles, mais aussi par la corruption généralisée de la classe politique à laquelle le régime Bongo se livre dans le but de se maintenir au pouvoir au détriment des aspirations fondamentales du peuple gabonais. Les participants au CIGASANA constatent que le Gabon régresse un peu plus chaque jour vers un régime despotique et dictatorial qui bafoue les libertés individuelles, physiques, psychiques, intellectuelles, culturelles, politiques, sociales et économiques du peuple gabonais.
Les participants au CIGASANA notent que toutes les formes d'élection?législatives, locales et présidentielles?qui se sont déroulées au Gabon depuis 1967 ont toutes été frappées d'illégalité. Entre 1967 et 1990, l'imposition du monopartisme à la nation gabonaise constituait un acte de dictature hautement illégal et anti-constitutionnel. Entre 1991 et 2001, toutes les élections tenues au Gabon se sont passées dans des conditions extrêmement frauduleuses qui remettent directement en cause la légalité et la légitimité des institutions et régime gabonais actuels.
Les participants au CIGASANA constatent avec déception que depuis 1967, le régime Bongo a gravement manqué à la protection des droits du citoyen gabonais tels que stipulés dans l'Article premier de la Constitution gabonaise actuelle. Les participants au CIGASANA pensent que de tels manquements constituent un acte d'agression criminelle à l'encontre du peuple gabonais.
Les participants au CIGASANA condamnent la politique ethnique du régime actuel. Les participants au CIGASANA constatent que le régime Bongo a suscité les clivages et divisions ethniques au sein du peuple gabonais pour cultiver une zizanie socioculturelle et politique qui serait profitable à sa longévité. Les participants au CIGASANA protestent contre une telle pratique et la jugent hautement répréhensible. Ils constatent également qu'au vu de la situation politique, économique, sociale et culturelle du Gabon d'aujourd'hui, toute tentative visant objectivement à la réforme politique, économique, sociale et culturelle du Gabon, ramène inéluctablement à la nécessité de rompre radicalement avec les pratiques actuelles du régime Bongo.
Les participants au CIGASANA sont ainsi obligés de conclure, objectivement, que la réussite de toute réforme politique, économique, sociale ou culturelle au Gabon doit impérativement passer par le démantèlement et le départ immédiat du régime dirigé par Omar Bongo et son remplacement par une structure politique et constitutionnelle capable non seulement de prévenir les dérapages du passé, mais aussi de permettre l'épanouissement économique, culturel, politique et social du peuple gabonais.
Les participants au CIGASANA observent que la nation gabonaise est au bord du gouffre politique et économique, que cette nation attend depuis 11 ans un changement politique et une amélioration du bien-être économique qui ne viennent toujours pas.
Les participants au CIGASANA observent que la situation politique et économique actuelle du Gabon font de notre pays une poudrière prête à exploser à la moindre étincelle, que si la situation politique, sociale, culturelle et économique actuelle perdure, la nation gabonaise court le risque de sombrer dans l'instabilité, la guerre civile, la rébellion militaire, le coup d'état, le terrorisme, l'insurrection populaire ou armée.
Les participants au CIGASANA trouvent que de tels risques sont tellement grands et inéluctables que ni le peuple gabonais, ni la classe politique gabonaise ne peuvent se permettre d'y rester indifférents. Les participants au CIGASANA pensent qu'une telle indifférence serait criminelle et irresponsable. Ils font donc appel au patriotisme de tous pour que la situation périlleuse de la nation gabonaise soit résolue immédiatement, avant que l'irréparable ne survienne.
Les participants au CIGASANA, approuvant les propositions du BDP-Gabon Nouveau en matière de réforme politique et économique, trouvent qu'il est en effet urgent pour la nation gabonaise de trouver, immédiatement, la voie de la réforme qui, seule, sera capable d'épargner à notre peuple les souffrances qui l'attendent si la situation actuelle du pays perdure.
Les participants au CIGASANA se saisissent par conséquent du principe de la paix des braves proposé par le BDP-Gabon Nouveau et proposent solennellement à la nation gabonaise et à la classe politique gabonaise de s'engager, immédiatement, dans des réformes de fond avant toute nouvelle élection au Gabon.
Les participants au CIGASANA pensent que toute nouvelle élection qui se tiendrait au Gabon sans réforme préalable sera irrévocablement frappée du sceau de l'illégalité à cause des fraudes perpétrées et avérées qui en découleront. Ils observent qu'une élection se tenant dans la fraude ne peut correspondre au désir politique du peuple gabonais. Les participants au CIGASANA pensent que seule une élection dans la transparence pourrait traduire le vrai désir politique des Gabonais. Par conséquent, seule une réforme politique globale établissant les conditions objectives et neutres de la transparence démocratique pourra véritablement correspondre aux aspirations populaires.
Propositions de réforme
Les participants au CIGASANA proposent, pour sauver notre pays du chaos, les réformes suivantes:
- Report immédiat des élections législatives gabonaises prévues pour décembre 2001 à juin 2002 en vue d'une réforme de fond qui sera le fondement d'un nouveau pacte national et qui traduira dans les faits le principe plus que jamais nécessaire de la paix des braves.
- Révision immédiate de la constitution gabonaise. Les participants au CIGASANA ont travaillé d'arrache-pied pour produire le texte d'une nouvelle constitution gabonaise qui pourra servir de base à la réforme. Cette nouvelle proposition de constitution est la contribution que, nous, participants au CIGASANA, offrons à notre nation en vue de son renouveau patriotique. Dans la nouvelle constitution telle que produite par les participants au CIGASANA (voir le document de la nouvelle Constitution), les réformes suivantes ont été introduites:
- Suppression du Sénat de 91 membres qui existe actuellement et remplacement de ce Sénat par un Conseil des sages composé de 9 membres neutres représentant les 9 provinces du Gabon. Parce que les sages n'appartiennent à aucun parti politique, ils peuvent travailler de manière non partisane pour la nation tout entière. Les participants au CIGASANA pensent que le Sénat est une institution inutile dans un pays d'à peine 1 million d'habitants qui, en plus, a besoin de réaliser des économies en salaires.
- Réduction des effectifs de l'Assemblée nationale de 120 à 63 députés (7 par province). Les participants au CIGASANA pensent que donner à chaque province, quelque soit sa population ou son importance, le même nombre de députés supprimera tous les tiraillements politiques ayant trait au découpage des circonscriptions électorales. La réduction des effectifs de l'Assemblée permettra également de grandes économies salariales.
- Création d'une Présidence de la république symbolique. Les participants au CIGASANA pensent que la possession de trop de pouvoir par un seul homme est la cause du désastre que le Gabon connaît aujourd'hui. Nous proposons donc le retrait de tous ses pouvoirs au Président de la république et la transformation de son statut en symbole neutre de l'unité nationale. Le Président de la république, qui fera partie du Conseil des sages en tant que 10ème membre, ne jouira plus que du droit de dissolution de l'Assemblée à l'unanimité du Conseil des sages. Le document de la nouvelle constitution spécifie le fonctionnement de la Présidence symbolique dans le cadre de l'équilibre des pouvoirs.
- Création d'une Présidence de la république à rotation. Conjointement au principe du symbolisme qui enlève tous ses pouvoirs au président, les participants au CIGASANA jugent également bénéfique l'institutionnalisation du principe de la rotation présidentielle. Pour éviter que le pouvoir présidentiel symbolique ne soit concentré uniquement dans les mains des ethnies majoritaires, ethnies qui risquent, par leur nombre, de monopoliser le pouvoir présidentiel, les participants au CIGASANA proposent une rotation basée soit sur les ethnies regroupées en 4 ou 5 grands groupes, soit sur une reconfiguration des régions qui créerait, pour les besoins de l'élection présidentielle, 4 ou 5 grands groupes régionaux dont seraient issus, à tour de rôle, les candidats à la présidence de la république. Les regroupements régionaux ne seraient pas basés sur les ethnies, mais uniquement sur un découpage du pays en 4 ou 5 régions électorales qui donnera à ces 4 ou 5 régions le droit de proposer tour à tour les candidats à la Présidence de la République. Le pays pourrait ainsi définir 5 régions (Nord, Est, Ouest, Centre et Sud) et établir le calendrier de la rotation. Evidemment, tout le peuple votera pour ces candidats au suffrage universel direct. Le mandat présidentiel serait de 4 ans non renouvelable pour permettre la rotation ethnique ou régionale.
- Création d'une Commission Nationale des Consultations Electorales qui serait totalement indépendante du gouvernement et des pouvoirs publique, et dont les membres seront élus, et non nommés. La Commission aurait un budget indépendant et contrôlerait la totalité du processus électoral dans le pays sans avoir de compte à rendre au gouvernement, au président ou à un régime quelconque. Les participants au CIGASANA proposent le rattachement à cette Commission du Conseil National de la Communication qui, en période électorale, sera directement sous les ordres de la Commission Nationale des Consultations Electorales. Les participants au CIGASANA pensent que seul un organe indépendant des pouvoir publics et non partisan pourra assurer la transparence des élections au Gabon.
- Réforme de la branche judiciaire avec notamment, la création d'une Cour suprême composée de 9 membres. Toutes les autres cours relevant du domaine de la justice (Constitutionnelle, Administrative, Judiciaire, des Comptes, etc.) seraient sous les ordres directes de la Cour suprême. Tous les membres seront élus à vie par leurs pairs magistrats et avocats réunis en collège électoral. La Cour suprême et les différentes cours sous sa juridiction seraient totalement indépendants des pouvoirs publics et auraient également un budget autonome. Les participants au CIGASANA pensent qu'une Cour suprême libre des pouvoirs politiques pourra mieux exercer ses fonctions d'arbitre de la légalité républicaine tout en protégeant le citoyen des abus de pouvoir qui émanent de l'action d'un régime. La Cour suprême deviendra donc ainsi l'autorité finale en matière constitutionnelle et légale. Elle veillera au respect des lois garantissant l'équilibre des pouvoirs et les libertés citoyennes.
- Création de parlements provinciaux qui représenteront l'autorité décentralisée de l'état au niveau des provinces du pays. Les parlements provinciaux seront présidés par un Gouverneur qui en dirigera l'action, et composés de 10 membres représentants des circonscriptions à l'intérieur de chaque commune.
- Renforcement des pouvoirs du Premier ministre qui deviendrait désormais le vrai chef de l'exécutif. Il hériterait ainsi de certains des pouvoirs traditionnellement exercés par le Président de la république et deviendrait ainsi totalement indépendant vis-à-vis de ce dernier. Le Premier ministre ne sera plus, dans le cadre de la nouvelle constitution, nommé par le Président de la République, mais par l'Assemblée nationale. Cette dernière contrôlera l'action du Premier ministre et de son gouvernement.
- Renforcement des pouvoirs de l'Assemblée nationale. Parce que les participants au CIGASANA pensent qu'un système politique fortement parlementaire est ce qu'il y a de mieux pour le Gabon et l'Afrique, l'Assemblée nationale doit devenir le centre névralgique de l'action politique gabonaise. Certains pouvoirs traditionnellement réservés au Président de la république ou au Premier ministre seront désormais les prérogatives de l'Assemblée nationale.
- Institutionnalisation du référendum. Les participants au CIGASANA pensent que le référendum doit devenir une pratique plus commune dans le cadre d'une démocratie parlementaire. Ainsi, le système politique gabonais donnera plus de pouvoirs au peuple qui pourra de cette manière contrôler plus directement le fonctionnement de ses institutions. Toute révision de la constitution, par exemple, ne pourrait plus se faire au Gabon sans référendum. Par ailleurs, tout acte de la part des pouvoirs publics qui engagerait la nation devrait au préalable être approuvé au travers du référendum par le peuple.
Appel à la nation
Les participants au CIGASANA ont rédigé cette nouvelle constitution pour aider notre pays à s'assurer un meilleur équilibre des pouvoirs entre les diverses institutions de la République et pour permettre à chacune de ces institutions de jouir pleinement de ses prérogatives constitutionnelles tout en exerçant un contrôle bénéfique sur l'action des autres.
Les participants au CIGASANA offrent cette constitution, qui est le fruit de leurs labeurs patriotes, à la nation gabonaise.
Les participants au CIGASANA pensent que les réformes proposées sont le bon point de départ vers un Gabon nouveau uni, fort, prospère et démocratique.
Les participants au CIGASANA demandent donc à la nation gabonaise, au régime Bongo, à l'opposition et à la classe politique gabonaise de s'arrêter un moment pour considérer l'importance d'une réforme immédiate pour l'avenir du Gabon. Le Gabon souffre et ne peut plus se permettre que l'on joue, à son détriment, un jeu politicien qui malheureusement ne nourrit pas les Gabonais, ne les éduque pas et ne les soigne pas.
La paix des braves
Les participants au CIGASANA proposent à la nation la paix des braves. Le principe de la paix des braves est un acte de réconciliation nationale au travers duquel la nation accepte d'oublier le passé malheureux de notre pays pour se consacrer à la construction d'un Gabon nouveau. Les participants au CIGASANA proposent que cet acte de réconciliation prenne la forme suivante:
- Acceptation des principes de la nouvelle constitution gabonaise telle que proposée par les participants au CIGASANA.
- Offre d'amnistie à tous les membres des gouvernements passés ou présents du régime Bongo et à Omar Bongo lui-même. Cependant, comme condition de l'Amnistie générale, les régimes Bongo passés ou présents acceptent de se soumettre, dans leur entièreté, aux exigences d'une Commission de Vérité et de Réconciliation Nationale. Cette Commission ne sera pas mise en place pour des buts récriminatifs. Elle se montrera neutre, mais s'efforcera d'étudier l'état de la fortune de chaque membre ancien ou nouveau des régimes Bongo successifs. Chacun de ces membres acceptera de restituer à l'état gabonais 50% de sa fortune en échange d'une amnistie générale et du droit de rester au Gabon pour jouir de ses biens. Les membres anciens ou nouveaux des gouvernements Bongo accepteront également de se retirer de la politique pendant 2 ans pour permettre la mise en place de structures démocratiques. Ils pourront alors revenir à la politique deux ans plus tard pour briguer n'importe quel mandat électif. Les personnes qui auront refusé de se plier au principe de la paix des braves ne bénéficieront pas de l'amnistie et seront, le moment venu, poursuivies en justice et soumises aux affres implacables de la loi pour répondre légalement des crimes économiques et politiques commis à l'encontre des Gabonais. Les participants au CIGASANA pensent que ces mesures sont nécessaires pour l'établissement d'un système politique qui garantirait l'alternance et la transparence au sein des institutions de la République.
- L'amnistie proposée aux régimes Bongo sera soumise au référendum et toute la classe politique devra militer, dans le cadre de l'accord de paix des braves, pour le "Oui" à l'amnistie des membres anciens ou nouveaux des régimes Bongo, pour qu'enfin la nation tout entière se fasse complice dans le cadre d'un nouveau contrat politique.
- Report des élections de décembre 2001. Pour que puisse se faire la paix des braves dans l'entente et la responsabilité patriotiques, les participants au CIGASANA pensent que le temps est venu aussi bien de la part du régime Bongo que de la part de l'opposition de se mettre d'accord sur un report immédiat des élections. Les participants au CIGASANA proposent le processus suivant:
- Décembre 2001: Report de l'élection législative à Juin 2002. Nomination d'un gouvernement d'union nationale de transition neutre, qui sera en place jusqu'en juin 2002. Le rôle de ce gouvernement sera uniquement de mettre en place les structures dictées par la réforme. Omar Bongo doit alors automatiquement prendre le statut de président symbolique de la république sans pouvoirs, pour éviter qu'il n'influe sur le processus de réforme.
- Décembre - Février 2002: Mise en place et travaux de la Commission de vérité et de réconciliation nationale. Ces travaux doivent se terminer avant mars 2002.
- Mars 2002: Soumission de la nouvelle constitution au référendum populaire. Le bulletin de vote contiendrait une question qui confirmerait l'amnistie accordée aux membres des régimes Bongo.
- Janvier ? Avril 2002: Mise en place des nouvelles institutions de la république sur la base de la nouvelle constitution (Commission Nationale des Consultations Electorales, Cour suprême, Conseil des sages, etc.) et préparation des élections générales.
- Avril 2002: Lancement de la campagne pour les élections générales (Présidentielles, Conseil des sages, Assemblée nationale, locales)
- Juin 2002: Elections générales sous le régime de la nouvelle constitution.
Les participants au CIGASANA pensent que le processus de réforme peut se faire sur la base d'un tel calendrier.
Mesures économiques
Les participants au CIGASANA, en plus de la révision de la Constitution, se sont mis d'accord sur un programme économique d'urgence qui, dans le cadre d'un pays réformé, pourrait être appliqué immédiatement. Les participants au CIGASANA se sont mis d'accord sur la nécessité des mesures suivantes:
- Lancement d'un grand projet de construction de routes bitumées au Gabon. Les participants au CIGASANA ont élaboré un plan d'urgence permettant de faire ces routes sans que l'état n'ait à dépenser un centime pour ces routes. Ce plan comprend le désenclavement total de Port-Gentil une autoroute reliant la ville au reste du pays. Ce programme de construction d'un vrai réseau d'autoroutes nationales bitumées prendra entre 2 et 5 ans. Ce programme sera bénéfique à moyen ou long terme pour l'économie nationale puisqu'il absorbera non seulement toute la main d'?uvre disponible au Gabon, éliminant ainsi totalement le chômage dans le pays, mais contribuera aussi à un désenclavement des campagnes qui permettra une relance de l'économie dans les secteurs agricoles, des transports des personnes et des marchandises, du tourisme et du commerce.
- Mesures pour la création d'une classe moyenne de Gabonais. Actuellement, le Gabon ne dispose pas d'une classe moyenne capable de soutenir son économie. Les participants au CIGASANA pensent donc qu'il est impératifs que des mesures de monétarisation des familles gabonaises soient mises en place dans le contexte d'un plan d'ensemble visant à une relance de l'économie gabonaise. Les participants au CIGASANA recommandent donc une revalorisation immédiate du SMIG de 60.000 CFA à 100.000 CFA, une augmentation de 50% des allocations familiales pour les familles les plus démunies, une augmentation de 50% des salaires des petits fonctionnaires dans les catégories les plus défavorisées (enseignants, policiers, forces armées, infirmiers, etc.), une restructuration de la grille des salaires de l'administration de manière à baisser les gros salaires pour financer l'augmentation des salaires les plus bas. Les participants au CIGASANA recommandent aussi l'application de lois forçant les employeurs à respecter la législation sur le SMIG car il s'agit ici de faire du Gabonais un citoyen qui non seulement serait capable de soutenir l'économie par la consommation, mais aussi de se constituer une épargne. A ce titre, la mise en place non seulement d'un programme de revalorisation des salaires dans les catégories les plus démunies, mais aussi de plans de retraite et de sécurité sociale pour tous les Gabonais des secteurs publics et privés est essentielle.
- Mesures en vue de la création d'un secteur privé fort par la monétarisation des Gabonais. Les participants au CIGASANA pensent qu'une politique de monétarisation soutenue et garantie par l'état sera nécessaire si le pays doit se doter d'un secteur privé fort. A ce titre, il sera nécessaire de susciter chez les Gabonais un élan de créativité économique par la mise à leur disposition de crédits bancaires individuels ou collectifs garantis par l'état en vue de la création de petites et moyennes entreprises. Ceci aura l'avantage de transformer la société gabonaise en une société de consommation et d'investissement par la libéralisation de l'épargne et la facilitation de l'accès à des formes de crédits divers dans le cadre d'un programme d'ensemble visant à l'élimination de la pauvreté au Gabon en 10 ans. Ce type de mesures sera, à moyen (5 ans) ou long terme (10 ans) capable de doter le pays d'une classe moyenne de citoyens monétarisés capables non seulement de consommer, mais aussi de se constituer une épargne.
- Programme de construction de logements. Les participants au CIGASANA notent l'importance que revêt une vraie politique du logement pour un pays comme le Gabon. L'immobilier est un secteur très lucratif, mais aussi très important dans l'économie d'un pays. Les participants au CIGASANA ont élaborés un plan de construction de logements et de revalorisation des villes gabonaises qui pourra garantir à tout citoyen citadin l'accès à un logement décent dans les 5 à 10 ans qui viennent. Ce plan permettrait, par exemple, la reconstruction de Libreville en 5 ans par la suppression totale des « matitis » et la mise en place de logements individuels de style "cités." Ce programme, comme le programme de construction des routes, ne coûtera pas un centime à l'état. Le Gabonais pourra entrer dans un contrat de location ou d'achat desdits logements. Chaque logement individuel sera doté d'installations individuelles en eau, électricité, et ligne téléphonique. Par une telle politique, les compagnies nationales d'électricité, d'eau et de téléphonie seront assurées d'une clientèle garantie car tout gabonais en possession d'un logement sera un client automatique. Ce programme absorbera également toute la main d'?uvre disponible dans le pays et éliminera le chômage tout en favorisant la monétarisation du citoyen par le salaire.
- Assainissement des dépenses publiques. Les participants au CIGASANA notent la nécessité de la réduction des parcs automobiles de l'état et des dépenses inutiles. Un plan a été conçu qui permettra une meilleure gestion des biens publics et une restructuration des services de l'état en vue de la génération de revenus par les services et l'impôt.
- Mesures fiscales visant à attirer l'investissement étranger. Les participants au CIGASANA recommandent une politique favorable non seulement à l'implantation des entreprises et investissements étrangers au Gabon, mais aussi à l'investissement national. Les participants au CIGASANA voient le bénéfice, à long terme, que peut représenter la réduction ou la suppression des taxes d'importation, douanières et autres impôts pour certaines catégories d'entreprises désirant investir au Gabon.
- Mesures anti-corruption et anti-laxisme. Les participants au CIGASANA ont conçu un plan anti-corruption et anti-laxisme qui permettra de rendre la gestion du secteur public plus transparent et plus efficacement productif. Ce plan passera par la mise en place d'un état de droit véritable et l'application stricte de la loi sur la corruption, les détournements des biens publics et le laxisme administratif. Les participants au CIGASANA proposent également la mises en place de structures permettant la prévention de la corruption. A ce titre, la mise en place de brigades anti-corruption et d'agences de contrôle de l'action gouvernementale et administrative seront nécessaires.
- Construction d'hôpitaux modernes et réhabilitation des programmes hospitaliers. Les participants au CIGASANA ont élaboré un plan de construction d'hôpitaux et de réhabilitation des structures existantes. Dans le cadre de ce plan, le retour à un système de soins gratuits pour tous et la disponibilité permanente de médicaments et de personnels qualifiés dans les hôpitaux, centres médicaux et dispensaires du pays est plus que nécessaires. Les participants au CIGASANA constatent avec amertume les ravages que font le SIDA et autres affections au sein de la population gabonaise. Les participants au CIGASANA ont élaboré un plan d'urgence pour le traitement et la prévention du SIDA, du paludisme et autres affections qui déciment indûment la population gabonaise aujourd'hui à cause de l'incompétence du régime en place.
- Moralisation de la société gabonaise. Les participants au CIGASANA condamnent l'abandon du régime Bongo dans le domaine moral. Ils notent par exemple que le SIDA et le virus du VIH, qui touchent aujourd'hui près de 15% de la population gabonaise, font des ravages à cause du laisser-aller gouvernemental. Les participants au CIGASANA ont, à ce titre, conçu un plan qui comprend non seulement la mise à la disposition de la population de préservatifs gratuits, mais aussi la mise en place de nouvelles lois sur la pratique sexuelle. Ces lois interdiront, entre autres, la prostitution et les relations sexuelles entre jeunes filles mineures (moins de 18 ans) et adultes. Elles institueront également comme crime tout acte sexuel qui mènerait à la contamination par le VIH. Les participants au CIGASANA pensent qu'il est grand temps de protéger les jeunes filles et les femmes gabonaises des actes prédateurs de certains hommes sans dignité. Des lois sur le mariage, le divorce, les enfants et la famille seront instituées qui protègeront ces catégories de citoyens contre les injustices et les traitements abusifs.
- Réforme du système éducatif et de l'enseignement supérieur. Les participants au CIGASANA préconisent dans ce domaine une revalorisation de la recherche universitaire et scientifique, la mise à la disposition des écoles et des universités de salles informatiques et de réseaux Internet performants et la constructions de vraies bibliothèques universitaires et scolaires modernes dans tous les établissements d'enseignement public. Les participants au CIGASANA préconisent également une réforme générale des programmes et structures de fonctionnement au sein de l'enseignement primaire, secondaire et supérieur. Un plan de réforme a été conçu dans ce sens qui devrait, dans une période de 5 ans, permettre au pays de mieux former ses citoyens tout en établissant une meilleure adéquation entre formation et emploi dans le secteur public. Une telle réforme rendra possible le retour au pays de tous les Gabonais qui aujourd'hui s'exilent et ne veulent plus revenir chez eux à cause du chaos général qui y règne.
- Lancement de programmes de revalorisation de l'agriculture. Les participants au CIGASANA pensent que l'agriculture constitue encore, pour notre pays, un atout essentiel qui pourrait bénéficier non seulement de l'existence d'un secteur routier très performant, mais aussi du développement des structures de production, de transformation et de services qui y sont liés. Les participants au CIGASANA disposent d'un plan qui comprend non seulement la mise en valeur de l'agriculture, mais aussi l'application de mesures de relance de la culture du cacao et du café, l'industrialisation des régions et le développement de programmes agricoles dont le but est de monétariser et de rendre économiquement viables les campagnes gabonaises. De telles mesures permettront non seulement la suppression de l'exode rural, mais aussi la sauvegarde des cultures nationales grâce au retour des jeunes dans les campagnes.
Les participants au CIGASANA pensent que de telles mesures d'urgence pour la relance économique, la monétarisation du citoyen et la suppression de la pauvreté seront nécessaires dans le cadre d'un plan de 5 ans au moins, ou de 10 ans au plus, visant à mettre en place les bases d'un développement durable qui permettra à la nation de faire face aux défis de l'après-pétrole gabonais.
Appel au patriotisme
Les participants au CIGASANA remercient le BDP-Gabon Nouveau pour l'initiative que ce mouvement a eu de permettre aux Gabonais de tous bords politiques, sociaux et culturels de se réunir pour participer, au profit de la nation gabonaise, au Congrès Inter-Gabonais de Salut National (CIGASANA).
Les participants au CIGASANA pensent que ce congrès a été un événement salutaire dans le mesure où il a permis aux participants de pouvoir imaginer, pour le Gabon, la seule vraie possibilité d'une paix gabonaise imaginée par des Gabonais pour le Gabon. Ce congrès a démontré que l'objectif de paix que nous caressons tous pour le Gabon est possible. Les participants au CIGASANA sont convaincus qu'un tel objectif de paix est atteignable si les Gabonais peuvent, pour une fois, savoir se montrer patriotes. Les participants au CIGASANA constatent sans ambiguïté que l'idéal d'un pacte national de paix est celui vers lequel tout Gabonais soucieux de faire de notre pays un exemple de stabilité et de démocratie doit tendre.
Les participants au CIGASANA pensent que si la classe politique gabonaise s'obstine à participer aux élections de décembre 2001, elle condamnera le pays à des troubles que personne ne pourra prévoir lorsque les contestations post-électorales verront le jour. Les participants au CIGASANA pensent plutôt qu'il vaut mieux prévenir de telles possibilités en reportant de quelques mois l'élection avec comme but l'établissement des règles de transparences permanentes qui feront de notre pays un exemple en Afrique.
Dans ce contexte, nous pensons que l'opposition gabonaise porte la plus grosse des responsabilités car c'est à elle de forcer le régime Bongo au changement immédiat. Cependant, les participants au CIGASANA pensent que le régime Bongo devrait, pour une fois, et peut-être pour son propre intérêt, se montrer patriote en acceptant enfin de se libéraliser.
Les participants au CIGASANA conseillent donc fortement aux membres de l'opposition gabonaise de bien penser à leurs actes actuels. Participer aux élections de décembre ne garantit aucunement le pouvoir ni au régime en place, ni à l'opposition. Parce que les élections législatives de décembre 2001 seront forcément marquées par la fraude, il semble évident que le régime Bongo les "gagnera" de manière malhonnête comme à son habitude. L'opposition gabonaise en sortira donc perdante avec une petite minorité fragile et incompétente au sein de l'Assemblée nationale. Cependant, parce que le régime Bongo, à cause des mécontentements qu'il continuera à susciter, courra le risque permanent d'être balayé par une soudaine révolution militaire, populaire ou terroriste, ce régime ne pourra s'estimer en sécurité sans qu'il se soit, au préalable, réformé dans un sens démocratique. Dans ces deux cas, l'opposition gabonaise restera perdante car elle perdra les élections face à Bongo, et elle perdra aussi ses postes à l'Assemblée si une révolution se passe qui annulera le vote de décembre 2001.
Les participants au CIGASANA pensent donc que seule une réforme politique sera porteuse de paix durable au Gabon. La misère et le mécontentement des Gabonais sont si grands et si profonds que tout peut désormais arriver dans notre pays. Les participants au CIGASANA sont convaincus par le fait que, au vu des conditions politiques et économiques actuelles au Gabon, des actes de rébellion par l'armée, des coups d'état, des actes de terrorisme et des soulèvements populaires visant à renverser les institutions caduques du régime Bongo ne sont pas à exclure. De tels actes peuvent subvenir non seulement dans le contexte des élections législatives de décembre, mais aussi dans les jours, mois ou années qui suivront. Les participants au CIGASANA pensent que le Gabon ne peut se laisser aller à de telles extrémités s'il compte préserver la paix et la stabilité. Il est donc du devoir du régime Bongo et de la classe politique gabonaise de se mettre enfin à travailler pour le peuple et la nation en rendant possible la paix des braves.
Les participants au CIGASANA craignent que les circonstances présentes dans le pays ne mènent inexorablement à une situation que personne dans le pays ne pourra plus maîtriser après les élections de décembre 2001.
Les participants au CIGASANA pensent que si la situation venait à se dégrader dans le pays à cause du mécontentement généralisé du peuple, l'élection des uns et des autres au parlement n'aura servi à rien puisqu'il est hautement prévisible que l'auteur d'un éventuel coup d'état supprimerait l'Assemblée nationale actuelle et convoquera de nouvelles élections dans le pays qui pourront garantir la transparence. Malheureusement, au passage, les partis politiques et le gouvernement auront perdu le temps et l'argent du pays à organiser des élections frappées de caducité et d'illégitimité depuis le départ.
Les participants au CIGASANA suggèrent donc à la classe politique de faire très attention aux actes qu'elle pose. Nous craignons que si un coup d'état ou un soulèvement populaire destructif venait à se faire au Gabon, l'Assemblée nationale issue des élections législatives de décembre 2001 serait aussitôt frappée de caducité. Ceci veut donc dire que les nouveaux élus n'auraient même pas le temps de siéger à l'Assemblée. Le nouveau régime, s'il est démocrate, se verra probablement obligé de convoquer d'autres élections pour réparer le mal, ce qui ferra regretter à la classe politique gabonaise de n'avoir pas écouté nos mises en gardes patriotes.
Les participants au CIGASANA, encore une fois, renouvellent leur appel à la classe politique gabonaise. C'est maintenant ou jamais qu'il vous faut construire le Gabon de demain. Si tous, en tant que Gabonais, vous vous entendez sur une vraie paix des braves, vous aurez sauvé la nation gabonaise du chaos. Ne vous laissez pas aveugler par la soif immédiate du pouvoir dans un contexte où un tel pouvoir pourrait vous échapper très rapidement suite à de potentiels actes de rébellion armée ou populaire.
Les participants au CIGASANA pensent que la sagesse serait plutôt dans la participation par tous, de manière patriotique, dans un acte de réforme dont la visée serait d'enraciner à tout jamais la démocratie gabonaise pour les générations futures.
Les participants au CIGASANA mettent donc la classe politique gabonaise en face de son histoire. Nous avons, en tant que Gabonais travaillant dans le désintéressement et la neutralité patriotique ?uvré dans le seul but d'imaginer, pour notre pays, une forme nouvelle de gouvernement dont la stabilité démocratique serait à toute épreuve. En choisissant la réforme proposée, la classe politique gabonaise aura choisi la paix durable. En rejetant les propositions du CIGASANA, la classe politique aura fait le choix qui, demain, pourrait plonger le Gabon dans des tourments qu'aujourd'hui nous préférons ne plus imaginer.
Mais surtout, c'est du régime Bongo que dépendra l'avenir immédiat du Gabon. Ouvert à la réforme, ce régime sauvera le Gabon du désastre et les Gabonais pourront peut-être encore réapprendre à respecter Omar Bongo. Fermé au changement, ce régime mènera à sa propre chute car la seule méthode de libération qui restera alors au Gabonais résidera dans l'utilisation de la violence. S'il reste encore un brin d'humanité dans Omar Bongo et le régime qu'il dirige, alors le Gabon retrouvera, grâce à leur ouverture d'esprit, la voie de la concorde. Par contre, si Omar Bongo et son régime ne sont plus que des animaux incapables de la sorte d'humanité qui est encore capable de penser au bien national, à ces enfants qui périssent chaque jour parce qu'il n'y a pas de médicaments dans les hôpitaux, à ces mères qui se suicident parce qu'elles ont perdu tout espoir, à ce pays qui s'enfonce dans la misère généralisée faute de gouvernement, alors que le seigneur nous protège tous.
Les participants au CIGASANA espèrent donc que la classe politique gabonaise fera le bon choix. Le choix de la paix pour tous, dans un Gabon prospère, stable et fort.
Que Dieu protège la nation gabonaise, pour que vive le Gabon
Fait à Montclair, le 15 octobre 2001.
Participants CIGASANA.
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