(Montclair, 9 septembre 2002) - La date: mai 2002. Le Lieu: New York. Omar Bongo vient d'arriver à New York pour une conférence de l'ONU sur les enfants. Les enfants? Oui, car Omar Bongo, dans son pays, a "toujours dit" que pour lui la jeunesse était sacrée. Cependant, à l'ONU, personne ne respecte Omar Bongo car on sait que son pays est honteusement pauvre malgré la multitude de richesses dont il regorge. On sait également qu'au pays d'Omar Bongo, l'esclavage des enfants bat son plein et que le régime Bongo, qui exploite directement les enfants dans des réseaux de corruption et de commerce, ferme allègrement les yeux sur ce traffic inhumain d'enfants ouest-africains. Donc, pour la plupart des représentants onusiens, le discours d'Omar Bongo sonne creux comme une calebasse trouée.
Mais Omar Bongo a également beaucoup vieilli. A cause de cela, il fatigue vite et est sujet à beaucoup de stress, surtout quand on sait qu'il ne se sent aimé par personne dans son propre pays. Mais diabolique comme il est, le Monsieur s'en fout éperdument. Que lui vaut l'amour des Gabonais? Ce qui compte pour lui c'est le pognon qu'il vole à son pays. Le stress? Bof! Il a sa manière à lui de décompresser et son entourage sait lire jusqu'au moindre désir du "patron".
Aujourd'hui, le patron est un peu plus stressé que d'habitude. Il est même un peu énervé car Edith Sassou-Bongo fait la moue. Elle vient encore de refuser au patron les faveurs suprêmes qu'il adore. Ah, Edith est maligne. Quand le patron lui offre quelques millions comme argent de poche pour la semaine, elle devient douce comme un ange. Mais les temps sont un peu durs en ce moment pour le patron. Comme à son habitude, il a amené avec lui une forte délégation d'inutiles qui ne cessent de le sucer. Et les caisses de l'état ne sont plus ce qu'elles étaient jadis. Même Bongo doit commencer à faire un peu attention à ce qu'il dépense, même quand cela risque d'assombrir les beaux yeux d'Edith et d'installer la moue sur sa jolie bouche. Le patron a donc dû, pour une fois, dire à Edith de patienter un peu. Mais elle n'a pas aimé cela. Alors, elle a foutu Bongo hors de sa suite et refermé la porte communicante qui sépare sa suite de celle de son mari. Elle trouvera bien de quoi se consoler ce soir, même si elle doit pour cela sortir de l'hôtel par la porte de derrière pour se rendre à un rendez-vous secret avec son ancien petit ami congolo. A moins qu'elle ne le fasse monter en catimini dans sa suite. Après tout, Madame aussi a le droit de "recevoir".
Bongo n'est cependant pas démonté. Il affiche même un sourire en coin malicieux.
- "Toungui!" crie Bongo. "Où il est Toungui?" crie-t-il à son entourage attendant dans le salon de sa suite.
- "Je suis là, Mr. le président" lance Toungui qui, tout recourbé et presqu'en rampant, se précipite aussitôt aux pieds de son patron comme un chien docile. Il paraît qu'ils rampent tous comme cela quand Bongo les appelle, surtout quand il est stressé comme aujourd'hui. Toungui, depuis qu'il a épousé la fille de Bongo, est entré dans les bonnes grâces du patron. Grâce à cela, il est devenu le confident par excellence d'Omar. Il jouit ici, avec "mao" Ping, d'une influence certaine car tout ce qui se dit entre Bongo et le monde doit passer par Toungui et "Mao". Le bruit court même dans les cercles bongoïstes que Bongo aurait à plusieurs reprises envoyé de l'argent aux USA pour corrompre le Dr. Mengara et son groupe pour les faire taire, mais que Toungui et "Mao" Ping auraient à chaque fois détourné cet argent. Bongo est donc quelque peu surpris de constater que malgré tout l'argent envoyé, le Dr. Mengara et son groupe de bédépistes ne se soient jamais tus. Au contraire, ils continuent à pourfendre sans arrêt le régime. Ce que Bongo ne savait cependant pas, c'est que Toungui et son cercle d'amis, y compris "Mao" Ping, se sont toujours arrangés pour se partager cet argent, argent qui n'est donc jamais arrivé à destination. Bongo écume donc, surtout parce qu'il vient d'apprendre la formation par le BDP d'un gouvernement de salut national en exil. Raison de plus pour lui de chercher à évacuer son énorme stress du jour.
"Va me chercher une femme", lance Bongo à Toungui. Ce dernier n'a pas besoin que son patron lui repète sa requête. Il connaît le rituel du patron. Toungui, Ministre de la république devenu garçon de courses pour son "président", se précipite et mobilise les quelques diplomates gabonais stationnés à New York. Ils connaissent bien la ville et devraient savoir quoi chercher. Voilà donc nos diplomates transformés en filles et garçons de courses, à la recherche d'une femme pour leur président. Edith Sassou-Bongo est dans la suite d'à côté. Elle ne se doute pas de ce qui se passe dans la suite-bureau du patron. A chaque fois qu'elle demande à ses servants ce que Bongo fait, on lui répond que le patron est en train de "recevoir".
Evidemment, oui. Le patron est en train de "recevoir". Les diplomates paniqués ont dû travailler comme des forcenés pour "trouver une femme" à leur patron. Et ils ont bien travaillé d'ailleurs. Bongo a toujours eu un faible pour les femmes à peau claire. Quand ils s'agit de blanches, il perd la tête car il les trouve très "salopes" et il aime ça. Or, cette fois les diplomates ont tapé fort. Ils ont déniché une jolie porto-ricaine sensuelle encore très jeune qui, à court d'argent pour payer ses études, avait accepté d'aller rencontrer le "monsieur" dont on lui avait parlé. On l'avait rassurée en lui disant que cela ne prendrait pas trop longtemps et qu'elle serait bien récompensée. Elle espérait ainsi pouvoir se faire un peu d'argent pour continuer à payer ses études et soulager un peu ses parents pauvres. La Porto-ricaine est donc conduite dans la suite du patron, qui n'en revient pas. Dans ses yeux se lit l'anticipation des moments qui l'attendent. Evidemment, le patron a quelque peu vieilli. Faute de temps et d'énergie, il ne se complique plus la vie. Il semble donc avoir développé une préférence pour le "pompier" vite fait, bien fait, à la manière de Clinton. Imitation? Vice? On ne saurait dire. Ce qui est sûr c'est que Bongo se fait servir un pompier magistral à la sauvette, qui manque de lui causer une crise cardiaque.
Satisfait des services qui viennent de lui être rendus, Omar Bongo demande à Toungui de ramasser une des enveloppes qui traînaient sur une des tables de la suite, et ce dernier la tend à la fille. Celle-ci, un peu dégoûtée par ce qu'elle vient de faire, attend de se retrouver dans la rue avant d'ouvrir son enveloppe. Elle n'en revient pas quand elle voit les grosses liasses de dollars qui s'y trouvent.
Le coeur agité, la porto-ricaine hèle précipitamment un taxi et se retrouve rapidement chez elle. Elle s'enferme dans sa chambre et se met à compter fébrilement les billets qui lui ont été remis. Une heure plus tard, la porto-ricaine finit de compter son argent. Total: 200.000 dollars américains.
La porto-ricaine n'en croit pas ses yeux. 200.000 dollars pour un simple pompier donné à la va-vite, c'est extraordinaire! 200.000 dollars pour 10 minute de pompier! Quelle aubaine! Bref, la porto-ricaine venait de devenir riche, grâce aux soins d'Omar Bongo.
L'histoire qui précède, quoique quelque peu habillée de style romanesque, est vraie. Elle s'est réellement passée. Ce qui rend cette histoire choquante n'est point le fait qu'Omar Bongo soit un homme vicieux. Cela tout le monde le sait déjà car nous savons que le prix à payer, quand on veut devenir ministre dans le gouvernement de Bongo, par exemple, c'est de donner sa femme, sa fille et parfois soi-même au patron pour lui prouver votre fidélité. Ce qui est choquant dans cette histoire c'est le fait qu'Omar Bongo ait, pour 10 miniutes de satisfaction sexuelle, dilapidé 200.000 dollars d'argent gabonais.
200.000 dollars, c'est une fortune. Cela représente à peu près 140 millions de FCFA. Aux USA, avec un tel montant, on peut s'acheter une maison et une voiture. Les maisons coûtant en moyenne 150.000 dollars aux USA, ce qui est relativement cher, il faut à l'Américain 30 ans pour finir de rembourser son emprunt immobilier. Par ailleurs, après 40 ans de travail, 200.000
dollars représentent le montant de la retraite qu'aura accumulée un prof d'université américain au moment de sa retraite à 60-65 ans. Or, voilà qu'Omar Bongo débourse comme cela, comme par enchantement, un montant colossal pour le remettre à une vulgaire pute qui lui aura offert des services sexuels.
Omar Bongo ignorerait-il la valeur du dollar américain? Aurait-il confondu 200.000 dollars (140 millions de CFA) avec 200.000 F CFA (300 dollars)? Ceci est très révoltant.
C'est révoltant non seulement quand on sait que de nombreux enfants gabonais meurent chaque année parce qu'il n'y a pas de médicaments dans les hôpitaux du pays, mais aussi quand on considère tout l'argent qu'Omar Bongo a dû distribuer ça et là aux putes lors de ses voyages à l'étranger. En faisant le calcul, on peut estimer que sur environ 15 voyages à l'étranger, Omar Bongo dépense près de deux millions de dollars par an en putes et prostituées de tout genre. Deux millions de dollars, c'est à peu près 1,4 milliards de F CFA par an de dépensé pour satisfaire les appétits sexuels de Monsieur Bongo car il faut payer non seulement les prostituées, mais aussi récompenser tous ceux qui les lui amènent. Ceci exclue ce que le Monsieur dépense à l'intérieur du pays pour récompenser et faire taire les femmes et enfants de dignitaires et autres gabonaises qu'il viole ou qui s'offrent à lui pour quelques poignées de CFA.
Le budget sexuel d'Omar Bongo, est certes, très inférieur à son budget corruption--car il faut corrompre non seulement les opposants, mais aussi la nation entière--mais montre à quel point Omar Bongo et son entourage ont utilisé l'argent du Gabon pour des motifs très bassement inacceptables. Quand cette histoire nous fut racontée, nous eûmes d'abord du mal à y croire, mais après vérification, nous n'en tirâmes que du dégoût. Nous n'en parlons ici que parce qu'elle touche à l'un des problèmes fondamentaux qui se posent au sein du régime Bongo, autrement dit le détournement des biens gabonais à des fins personnelles. Cela confirme encore une fois le caractère enfantin de ces tyrans africains qui, à l'étranger, aiment à afficher leur statut à tout-va. L'on se souvient encore de Mobutu arrivant à Paris et achetant à boire et à manger à tous ceux qui se trouvaient dans les restaurants et hôtels où il dînait. La faiblesse d'Omar Bongo, elle, coûte des milliards de FCFA au pays chaque année.
On ne saurait donc ignorer une telle trahison du peuple gabonais. Et l'on peut également, au bout du compte, se poser la question suivante: A quoi cela lui sert-il, alors, d'être allé épouser Edith? Doit-on rappeler à Bongo qu'il a déjà ruiné le Gabon en finançant la guerre de son beau-père au Congo et que, de par ce fait, il devrait se contenter d'Edith pour ses appétit sexuels, histoire d'économiser au Gabon les quelques argents qui lui restent?
La nature outrageuse et scandaleuse de ces actes, et l'indécence insupportable de Bongo dépensant l'argent du Gabon pour des putes alors même que les Gabonais croupissent dans la misère est quelque chose, encore une fois, qui devrait pousser les Gabonais à signifier leur ras-le-bol à ce tyran et à son régime. Bongo coûte trop cher à notre pays pour que nous le laissions continuer à dilapider ainsi le peu de richesse qui reste à notre pays. Partout ailleurs, un tel scandale aurait dû pousser Omar Bongo à la démission immédiate. Mais au Gabon, Omar Bongo se prend pour un coriace et fait et interprète la loi selon ses propres préférences. Il faudra donc que les Gabonais, très bientôt, s'en débarrassent avant qu'il ne soit trop tard. Nos enfants ne sauraient continuer à mourir dans les hopitaux démunis du Gabon alors même que Bongo utilise l'argent qui aurait pu les sauver à des fins sexuelles personnelles. Cela, même un pays comme le Gabon ne saurait l'accepter.