Présidentielles 1998


Le candidat du HCR appelle à une journée ville morte lundi

LIBREVILLE, 12 déc (AFP) - Le candidat du Haut conseil de la résistance (HCR) à l'élection présidentielle gabonaise de
dimanche dernier, M. Pierre Mandoumbou, arrivé second avec 16,5% des voix, a appelé samedi à une "journée ville morte sur l'ensemble du pays" pour lundi prochain. "Cette journée ville morte est une mise en garde qui constitue la première étape d'une riposte graduée au second coup d'état électoral perpétré par le PDG (Parti démocratique gabonais, au pouvoir) et ses alliés, car 1998 ne sera pas comme 1993", a prévenu le président du HCR, coalition de cinq partis d'opposition, lors d'une conférence de presse. L'élection présidentielle de dimanche, la seconde pluraliste depuis celle de 1993, a vu la victoire dès le premier tour du président sortant Omar Bongo, réélu avec 66,55% des suffrages. En 1993, M. Bongo avait été élu, également au premier tour avec 51% des voix.

S'exprimant pour la première fois publiquement depuis sa défaite dans un grand hôtel de Libreville, devant un parterre de plusieurs centaines de militants enthousiastes, M. Mandoumbou a dévoilé sa "stratégie de pas à pas" après le scrutin du 6 décembre "au cours duquel le peuple gabonais s'est fait une nouvelle fois voler sa victoire". "Sur le plan juridique, nous allons introduire un recours en annulation, même si l'expérience de 1993 nous est restée en travers de la gorge", a indiqué le candidat du HCR, après avoir dénoncé "multiples violations de la loi, les résultats programmés d'avance et le gonflement du collège électoral. "Face à l'Etat hors la loi qui a violé la loi sur toute sa longueur, nous opposerons une lecture ordonnée et cohérente du droit". "Au plan politique, la lutte commence dès maintenant par votre mobilisation a-t-il ajouté sous un tonnerre d'applaudissements de ses militants: nous rejetons les résultats annoncés par le ministre de l'Intérieur et nous ne reconnaîtrons pas, par conséquent, le gouvernement qui pourrait être issu du processus actuel". "Pour montrer au pouvoir notre détermination jusqu'à la restitution de notre victoire, pour lui montrer notre détermination à lui retirer définitivement notre confiance, nous décrétons une journée ville morte sur l'ensemble du pays pour ce lundi 14 décembre. A cet effet, nous demandons aux commerçants et aux fonctionnaires de fermer boutiques et de rester à la maison", a martelé M. Mandoumbou.

Il s'est par ailleurs "félicité de la position actuelle du Parti socialiste français et de tous les démocrates du monde qui se sont émus de la situation électorale gabonaise et de l'attitude de certains observateurs qui n'ont pas hésité à succomber à l'appât du gain au détriment des principes de l'Etat de droit". Interrogé enfin par la presse pour savoir ce qui se passerait après une éventuelle annulation du scrutin par la Cour constitutionnelle, M. Mandoumbou a estimé que "le nouveau scrutin devra être préparé avec l'implication active des organisations internationales, de la CNE et financé par tous les pays et organisations soucieux de la paix et de la stabilité au Gabon. Au total onze partis ou organisations politiques de l'opposition assistaient à la conférence de presse du candidat battu du HCR.

Copyright © 1998 Agence France-Presse.


Gabon - Mamboundou rejette les résultats du scrutin présidentiel

LIBREVILLE, 12 décembre - Pierre Mamboundou, arrivé en deuxième position au scrutin présidentiel remporté par Omar Bongo au Gabon, a accusé samedi les partisans de ce dernier de manipulations visant à assurer sa réélection et a annoncé qu'il
contesterait les résultats dans la rue et en justice. Lors d'une conférence de presse, Mamboundou - qui a devancé le vieil opposant Pierre M'Ba Abessole à l'élection du 6 décembre - a appelé la population gabonaise à observer une journée "ville morte" à l'échelle nationale lundi prochain. "Nous rejetons les résultats annoncés par le ministre de l'Intérieur et nous ne reconnaîtrons pas par conséquent le gouvernement qui pourrait être issu du processus actuel", a dit le leader de l'Union du peuple gabonais. Denonçant "de multiples violations de la loi, des résultats programmés d'avance (et un) gonflement du collège électoral", il a demandé "l'annulation pure et simple d'un scrutin qui a été, somme toute, organisé pour couvrir une fraude massive".

"Nous décrétons une ville morte sur l'ensemble du pays pour lundi 14 décembre 1998. A cet effet, nous demandons aux
commerçants et aux fonctionnaires de fermer boutique et de rester à la maison. Cette ville morte est une mise en garde qui
constitue la première étape d'une riposte graduée au second coup d'Etat électoral perpétré par le PDG et ses alliés, car 1998 ne sera pas comme 1993", a-t-il ajouté. Le ministre de l'Intérieur a annoncé mardi qu'Omar Bongo était réélu pour un nouveau mandat de sept ans avec 66,55% des suffrages exprimés dimanche dernier. Mamboundou a obtenu 16,54% des voix, suivi du père Abessole (13,43%). La Cour constitutionnelle doit encore confirmer les résultats.

Copyright © 1998 Reuters Limited.


Radio Soleil programmes jammed

December 11, 1998, Toronto (The International Freedom Of Expression Exchange Clearing House)- The following document was released by the Reporters sans frontières (RSF), Paris: RSF is expressing concern further to the jamming of Radio Soleil's programmes. According to RSF's information, programmes of the private station Radio Soleil, which is close to the National
Assembly of Woodcutters (Rassemblement national des bûcherons, RNB, an opposition party), have been scrambled since 7:00 p.m. (local time) Monday, 7 December 1998. The radio station's telephone lines were also cut. That same day, the National Communication Council (Conseil National de la Communication, CNC) published a press release criticising Radio Soleil for not having respected "journalistic ethics" during the programme "Feed-Back". This programme gave listeners the opportunity to call in and denounce, live on air, fraudulent activities which they had witnessed during the casting of ballots in the presidential election of Sunday, 6 December. The CNC text cautioned the radio station and warned it would be permanently suspended for any subsequent offence.

RECOMMENDED ACTION:

Send appeals to the President of the National Communication Council: - asking him to explain the jamming of which Radio Soleil is a victim, while condemning calls for violence which may have been broadcast on the radio station, and reminding him that this breach in ethics is unacceptable - reminding him that Gabon included freedom of audiovisual communication in Article 94 of its Constitution, and stating that such unexplained radio jamming is unacceptable - asking that he make a public statement indicating that the jamming is a result of certain programmes of the station, should this be the case.

APPEALS TO:

Mr. Pierre-Marie Dong President of the National Communication Council - CNC Libreville, Gabon Republic. Please copy appeals to the source if possible.

For further information, contact Jean-François Julliard or Frederic Lesain at RSF, rue Geoffroy Marie, Paris 75009,
France, tel: +33 1 44 83 84 84, fax: +33 1 45 23 11 51, e-mail: afrique@rsf.fr, Internet: http://www.rsf.fr. The information contained in this action alert is the sole responsibility of RSF. In citing this material for broadcast or publication, please credit RSF.

Distributed by The International Freedom Of Expression Exchange Clearing House, 489 College St. Suite 403, Toronto,
Ontario M6G 1A5 CANADA, tel: +1 416 515 9622, fax: +1 416 515 7879, e-mail: ifex@ifex.org, Internet site: http://www.ifex.org.


Georges Fenech démissionne de l'APM et de la magistrature

PARIS (AP, 9 déc. 1998) -- Le magistrat Georges Fenech, substitut général à la cour d'appel de Lyon et président de l'Association professionnelle des magistrats (APM), a annoncé mercredi sa démission de la magistrature et du syndicat en dénonçant ``un lynchage médiatique''. Dans un communiqué, Georges Fenech explique cette double démission après avoir été mis en cause pour sa gestion de la crise suscitée au sein de l'APM par les écrits antisémites de l'un de ses membres-fondateurs, Alain Terrail, dans la dernière édition de la publication de l'association.

Georges Fenech, qui postulait à un poste de juge d'instruction à Paris, avait en outre été critiqué pour sa participation à une mission d'observateurs de l'élection présidentielle au Gabon organisée par l'association internationale pour la démocratie (AID), soupçonnée de partialité en faveur du président Omar Bongo. La partialité supposée de la mission de l'AID, organisée par l'avocat parisien Robert Bourgi et à laquelle participait également Me Francis Szpiner, ancien défenseur de Jean-Bedel Bokassa, avaient été récemment dénoncée par Libération et Le Monde. ``Je me retire de la magistrature, le sentiment d'avoir accompli en conscience mon devoir de magistrat soucieux de vérité et de justice'' explique M. Fenech.

Sa démission de la magistrature intervient en outre au moment où la ministre de la Justice Elisabeth Guigou a annoncé avoir retiré son nom de la liste des magistrats proposés au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour pourvoir au poste de premier juge d'instruction à Paris. Dans un communiqué publié mercredi, le ministère de la Justice précise que ``la tenue de propos à connotation antisémite dans la revue que dirige M. Fenech en tant que président de l'APM et les interrogations que suscite, au regard de la magistrature, sa participation à une mission non-officielle d'observations des élections présidentielles gabonaises ont convaincu Mme le Garde des Sceaux de retirer sa proposition''.

Copyright © 1998 Associated Press.


Elections gabonaises: Quand Bongo s'autoproclame à nouveau

(L'Humanité, 10 Décembre 98)-Les résultats officiels lui donnent plus des deux tiers des suffrages. Un score dénoncé par l'opposition et qui ne peut, effectivement, que susciter l'incrédulité. Même si des proches de l'Elysée s'apprêtent à cautionner la fraude. 'La victoire d'Omar Bongo, qui a recueilli plus de 66,5% des voix lors du premier tour de l'élection présidentielle gabonaise du 6 décembre, a surpris l'ensemble des observateurs', a déclaré l'AFP qui, sur les questions africaines, sait pratiquer l'art de la litote.

Le mot est effectivement faible. Pour comprendre la stupeur de l'opinion gabonaise à cette annonce, il faut évoquer une rumeur
qui, depuis cinq ans, court les rues de Libreville ou de Port-Gentil. Authentique ou non, elle est révélatrice de la façon dont, sur
place, sont perçues les relations franco-africaines. Lors des précédentes présidentielles (1993), Charles Pasqua aurait conseillé à Omar Bongo de ne se faire déclarer réélu qu'au second tour, mais alors avec une forte majorité garantie. Refus du vieux dictateur, qui préférait le premier tour, avec 'seulement' 51% (contre 27,5% au père Mba Abessole). Aujourd'hui, Bongo ne s'encombre plus d'un quelconque souci de crédibilité: il prétend, à nouveau, l'emporter haut la main au premier tour, cette fois avec plus des deux tiers des voix. La vraisemblance la plus élémentaire est pulvérisée. Cela avec la bénédiction d'une cellule élyséenne qui, par avocats et magistrats français interposés (à commencer par Me Robert Bourgi, conseiller officieux de Jacques Chirac), s'apprête à apporter l'indispensable caution internationale. Question aujourd'hui sans réponse: qui les avait mandatés?

Le président sortant a donc officiellement été réélu avec 66,55% des suffrages exprimés. Pierre Manboudou, candidat du Haut
Conseil de la Résistance (HCR, coalition de cinq partis d'opposition), se voit concéder 16,54%. 13,41% pour le père Paul Mba Abessole, candidat de la principale tendance du Rassemblement national des Bûcherons, RNB (avant même la publication de ces résultats, Mba Abessole avait demandé l'annulation du scrutin, entaché 'd'une fraude d'Etat unique dans l'histoire électorale gabonaise'). 1,54% à Pierre Kombila, d'une autre faction du RNB. Le leader du Parti social démocrate (PSD), Pierre Claver Maganga Moussavou, ne rassemble que 0,99% des voix. Un autre candidat d'une troisième tendance du RNB et deux autres candidats indépendants se sont partagés les mini-miettes de ce scrutin.

Dans la province de l'Estuaire, où se trouve la capitale Libreville et où le taux de participation n'a été que de 35%, le président
Bongo rassemblerait 49,48% des votants, devant le maire de la ville, Paul Mba Abessole, crédité de 24,67%, et Pierre Manboudou, avec 22,91%. Pour le porte-parole du gouvernement, André Mba Obame, ce 'formidable plébiscite' s'explique par 'l'intense campagne de proximité menée par le candidat du rassemblement'. L'opposition gabonaise, pour sa part, est plus crédible, qui dénonce les 'fraudes massives organisées par le pouvoir'. 'Je ne suis pas pour l'explosion qui serait de nature à déboucher sur la 'casse', comme on dit. Mais, vous savez, les Gabonais en ont marre, les Gabonais veulent que ça change et puis on leur impose encore le régime actuel', avait prédit Pierre Manboudou. 'J'ai des grandes craintes de voir une explosion qui serait plus importante que celle qui s'est passée en 1993 et plus importante que celle qui s'est passée en 1990. Une situation comme celle-là va nécessiter une concertation au sein de l'opposition; il faudrait que tous les candidats de l'opposition se retrouvent pour analyser la situation et pour décider ensemble d'une conduite à tenir. Ce ne sera pas seulement le fait de Pierre Manboudou: ma position sera celle de la concertation avant de pouvoir dire exactement ce qu'on va faire. Maintenir encore le président de la République actuel en place équivaudrait à encore accentuer une profonde frustration du peuple gabonais.'

JEAN CHATAIN.


Omar Bongo In First Round Victory

December 9, 1998, Libreville, Gabon (PANA) - Incumbent Gabonese President Omar Bongo has been re-elected for a seven-year mandate after polling 66.55 percent of the votes cast Sunday. According to the results proclaimed by the minister of the interior, Anoine Mboumbou-Miyaku, on radio and television Tuesday night, the president won an outright first round victory. Bongo has been in power since 2 December, 1967.

Second to Bongo is Pierre Mamboundou, the candidate of the Supreme Resistance Council, a coalition of five
opposition parties, who polled 16 percent. The candidate is Fr. Paul Mba Abessole, the leader of the National Bucherons Rally (RNB), and mayor of Libreville, who collected 14 percent of the votes. The minister said the voter turnout was around 53 percent.   Before the results were proclaimed, a spokesman of the RNB had claimed there was massive fraud. He said "RNB and its chairman, Paul Mba Abessole, do not recognise the legitimacy or legality of the results that will result from
these polls."

The spokesman, Vincent Moulengui Boukosso, the RNB deputy chairman, told a news conference that party supporters would be instructed on the party's position within 48 hours. According to him, some holders of 10,000 passports, 10,000 national identity card receipts and 10,000 driving permits were allowed to cast ballots in Libreville Sunday.

Copyright © 1998 Panafrican News Agency.


La victoire d'Omar Bongo au 1er tour constitue une surprise

par Jean-Pierre REJETE, LIBREVILLE, 9 déc (AFP) - La victoire d'Omar Bongo qui a recueilli plus de 66,5% des voix lors du premier tour de l'élection présidentielle gabonaise du 6 décembre a surpris l'ensemble des observateurs qui ne s'attendaient pas à un tel raz de marée en faveur du président sortant, au pouvoir depuis 31 ans. En effet, si au cours des derniers jours les sondages officiels le donnait pour favori, les mêmes sondages publiés une semaine avant le déroulement du scrutin, avait crédité le candidat Bongo d'une fourchette allant de 48% à 53% n'écartant pas ainsi l'hypothèse d'un second tour.

C'est le vote massif en faveur du candidat Bongo de huit des neuf provinces du Gabon - à l'exception de l'Ogooé maritime (sud), fief populaire de l'opposition où il n'arrive que second derrière M. Mamboundou (41% contre 41%)- qui a entraîné le raz de marée. Pour le porte-parole du candidat Bongo, également porte-parole du gouvernement, M. André Mba Obame, ce "formidable plébiscite des Gabonais" s'explique par "l'intense campagne de proximité menée durant plusieurs mois par le candidat du rassemblement et qui a notamment trouvé un large écho à l'intérieur du pays". L'opposition gabonaise pour sa part, avait, avant même la proclamation des résultats dans la nuit de mardi à mercredi, dénoncé les "fraudes massives organisées par le pouvoir" qui lui "garantissait l'élection dès le premier tour de son candidat". Le Père Paul Mba Abessole, candidat de la principale tendance du Rassemblement national des bûcherons (RNB-Nouveau départ) crédité de 13,41% des suffrages, selon les chiffres rendus publics par le ministre de l'Intérieur, avait demandé l'annulation du scrutin entaché selon lui "d'une fraude d'Etat unique dans l'histoire électorale gabonaise".

Le leader du Parti social démocrate (PSD, opposition) Pierre Claver Maganga Moussavou qui n'a rassemblé que 0,99% des voix, s'était volontairement mis "en congé de la République" affirmant qu'il ne participerait plus à aucune élection tant que "les conditions de transparence et d'équité ne seront pas garanties". En dehors de l'hypothèse de la fraude avancée par l'opposition, les observateurs notent que l'importance du score du président sortant peut s'expliquer par les dissessions au sein de l'opposition, notamment le RNB qui n'a pas présenté moins de trois candidats. Une autre raison serait l'organisation parfois défectueuse du scrutin reconnue même par le pouvoir (manque d'affichages des listes électorales, retard dans l'ouverture des bureaux, mauvaise distribution des cartes d'électeurs etc...). Le candidat du Haut conseil de la résistance (HCR, coalition de cinq partis de l'opposition), donné avant le scrutin de dimanche par des sondages officiels comme le "principal adversaire d'Omar Bongo" et qui a recueilli seulement 16,54% des suffrages, n'avait toujours pas réagi mercredi à l'annonce des résultats.

Une autre surprise de l'élection, constatée dès le jour du scrutin par l'ensemble de la presse est le faible taux de participation dans la province où se trouve Libreville (35%, contre 53% au niveau national) et qui regroupe 40% de l'électorat. L'ampleur de la victoire du candidat du Parti démocratique gabonais (PDG, ex-parti unique) ne manquera pas d'être contestée par
certains acteurs intérieurs et extérieurs alors que vient d'éclater en France une polémique sur la partialité de l'observation
internationale et notamment française. Deux grands quotidiens français, Libération et Le Monde, viennent de faire un lien étroit entre certains observateurs français présents sur place et la présidence gabonaise, via un conseiller officieux de l'Elysée. En attendant, Libreville et l'ensemble du pays ont connu une nuit calme marquée cependant peu après l'annonce du verdict, par de
légers incidents dans la capitale entre partisans et opposants du vainqueur. Lors de la présidentielle de 1993, la première pluraliste de l'histoire du Gabon, le candidat Bongo avait été réélu au premier tour avec 51% des voix, contre 27,5% pour le père Paul Mba Abessole.

Copyright © 1998 Agence France-Presse.


Le ton monte dans l'opposition après des résultats donnant en tête Omar Bongo

LIBREVILLE, 7-8 déc (AFP) - Le ton est monté d'un cran mardi au sein de l'opposition gabonaise alors que des résultats partiels et, non confirmés officiellement, du premier tour de l'élection présidentielle du 6 décembre continuaient de donner largement en tête le président sortant Omar. Le père Paul Mba Abessole, figure emblématique de l'opposition et donné comme l'un des deux principaux challengers du candidat Bongo, a d'ores et déjà demandé l'annulation du scrutin entaché selon lui d'une "fraude d'Etat unique dans l'histoire électorale gabonaise". D'autres candidats pourraient faire de même, selon une source proche de l'opposition Alors que la Commission nationale électorale devait se réunir en milieu d'après-midi en séance plénière, aucune indication d'ampleur nationale fiable n'était encore disponible dans la capitale. La radio nationale a poursuivi, bureau par bureau, son énumération de chiffres faisant état d'une "nette avance du candidat Bongo". Le quotidien gouvernemental L'Union a titré: "Omar Bongo dès le premier tour!", précisant que "les scores obtenus par Omar Bongo sont désormais de nature à lui assurer la victoire dès le premier tour".

"En dehors du faux-pas" de Port-Gentil (100 km au sud de Libreville), où son principal challenger, le candidat du Haut conseil de la résistance (HCR) Pierre Mamboundou, arriverait en tête avec près de 65% des suffrages, le "candidat du rassemblement fait carton plein presque partout ailleurs", dans huit des neufs provinces du pays, estime le quotidien. Sans attendre l'annonce officielle des résultats, le père Abessole s'en est vivement pris, dans un communiqué, à la "corruption des membres des bureaux de vote". Dénonçant pêle-mêle "l'achat généralisé des consciences", les "listes électorales sélectives et fausses pièces d'identité destinées aux votes multiples", il souligne : "il nous faut faire échec à ce qui vient de se passer en annulant purement et simplement la mascarade du 6 décembre". Le père Abessole qui est également maire de Libreville devrait donner dans la soirée à ses partisans les premières consignes de l'après scrutin, a-t-on indiqué de sources proches de son parti le RNB, Rassemblement national des bûcherons. Plusieurs "militants bûcherons", sur les ondes de Radio Soleil (opposition), s'en sont pris aux observateurs internationaux, et principalement français, leur reprochant leur "partialité" et d'avoir "volontairement ignoré les fraudes pourtant évidentes du scrutin".

"C'est une honte pour la France", a notamment lancé l'un d'entre eux. De son coté, le directeur de campagne du candidat du Haut conseil de la résitance (HCR, coalition de cinq partis d'opposition) Pierre Mamboundou, donné second derrière Omar Bongo par les résultats partiels de la radio, a estimé qu'un second tour est "inéluctable". Il a également affirmé avoir en sa possession "plusieurs centaines de faux passeports". Selon plusieurs sources jointes par téléphone depuis Libreville, Port-Gentil, fief du candidat Mamboundou, aurait connu dans la nuit de lundi à mardi quelques échauffourées, un commerce de quartier ayant été pillé par des groupes de jeunes. Ces informations ont été démenties par le gouverneur de la province de l'Ougooué maritime (sud-ouest), Antoine Abiague Angoue, qui a affirmé à l'AFP que "tout est calme dans les rues" de la deuxième ville du pays.

Le gouvernement prendra "toutes les dispositions nécessaires pour mater d'éventuels troubles", avait pour sa part avertit la veille le ministre de l'Intérieur.

Copyright © 1998 Agence France-Presse.


Gabon: élection sur fond de crise

(L'Humanité, 3 Décembre 98)- Les Gabonais sont appelés dimanche aux urnes pour une élection présidentielle sur fond de crise économique (baisse des prix pétroliers et mévente du bois), sociale et politique. Deuxième scrutin de ce type depuis la conférence nationale de 1990 instaurant le multipartisme. Le président sortant, Omar Bongo, qui affiche trente et une années de pouvoir, est candidat à sa propre succession. Il avait emporté l'élection au premier tour de 1993 dans des conditions de fraude si flagrantes qu'elles avaient provoqué de violentes émeutes à Libreville.

Face à lui, sept candidats. Dont deux pour le seul RNB (Rassemblement national des bûcherons), principal parti d'opposition, qui a éclaté en deux formations voilà plusieurs mois: le père Paul Mba Abessole, maire de Libreville depuis 1997; Pierre André Kombila, numéro deux du RNB, déclaré exclu en juillet dernier par le père Abessole auquel il reproche son 'autocratisme' et ses alliances au niveau international (tel l'adhésion à l'internationale démocrate-chrétienne, au côté, entre autres, de l'UNITA de Savimbi); également Pierre Mamboundou, pour le Haut Conseil de la résistance (HCR, regroupant cinq partis d'opposition); Pierre-Claver Maganga Moussavou, président du Parti social démocrate (PSD), ancien fonctionnaire international et ancien ministre de l'Aménagement; Alain Engouang Nzé, de la Confédération nationale des associations bûcheronnes (CONAB), la plus petite fraction du RNB; Martin Edzozomo Ela, candidat autoproclamé des 'makayas' (pauvres); Joseph-Adrien Mabicke, candidat indépendant.

Signe inquiétant, rapporté hier par l'AFP, le Gabon a fermé ses frontières à l'approche du premier tour de l'élection présidentielle du 6 décembre. Plusieurs dizaines de voyageurs étrangers, pourtant titulaire d'un visa en règle délivré par une ambassade gabonaise, se sont vu refuser ces derniers jours l'accès au territoire gabonais et ont été refoulés à leur arrivée à l'aéroport de Libreville. Cette mesure intervient après une cascade de déclarations menaçantes d'Omar Bongo accusant ses adversaires de 'préparer la guerre civile'. 'Je serai impitoyable', a-t-il déclaré dans une récente interview à l'hebdomadaire 'Jeune Afrique', ajoutant cette phrase extravagante à l'intention des candidats de l'opposition: 'Ils doivent savoir qu'une balle perdue ne choisit pas sa cible'...

JEAN CHATAIN.