Le candidat du HCR appelle à une journée ville morte lundi
LIBREVILLE, 12 déc (AFP) - Le candidat du Haut conseil de la résistance (HCR) à
l'élection présidentielle gabonaise de
dimanche dernier, M. Pierre Mandoumbou, arrivé second avec 16,5% des voix, a appelé
samedi à une "journée ville morte sur l'ensemble du pays" pour lundi prochain.
"Cette journée ville morte est une mise en garde qui constitue la première étape
d'une riposte graduée au second coup d'état électoral perpétré par le PDG (Parti
démocratique gabonais, au pouvoir) et ses alliés, car 1998 ne sera pas comme 1993",
a prévenu le président du HCR, coalition de cinq partis d'opposition, lors d'une
conférence de presse. L'élection présidentielle de dimanche, la seconde pluraliste
depuis celle de 1993, a vu la victoire dès le premier tour du président sortant Omar
Bongo, réélu avec 66,55% des suffrages. En 1993, M. Bongo avait été élu, également
au premier tour avec 51% des voix.
S'exprimant pour la première fois publiquement depuis sa défaite dans un grand hôtel de
Libreville, devant un parterre de plusieurs centaines de militants enthousiastes, M.
Mandoumbou a dévoilé sa "stratégie de pas à pas" après le scrutin du 6
décembre "au cours duquel le peuple gabonais s'est fait une nouvelle fois voler sa
victoire". "Sur le plan juridique, nous allons introduire un recours en
annulation, même si l'expérience de 1993 nous est restée en travers de la gorge",
a indiqué le candidat du HCR, après avoir dénoncé "multiples violations de la
loi, les résultats programmés d'avance et le gonflement du collège électoral.
"Face à l'Etat hors la loi qui a violé la loi sur toute sa longueur, nous
opposerons une lecture ordonnée et cohérente du droit". "Au plan politique, la
lutte commence dès maintenant par votre mobilisation a-t-il ajouté sous un tonnerre
d'applaudissements de ses militants: nous rejetons les résultats annoncés par le
ministre de l'Intérieur et nous ne reconnaîtrons pas, par conséquent, le gouvernement
qui pourrait être issu du processus actuel". "Pour montrer au pouvoir notre
détermination jusqu'à la restitution de notre victoire, pour lui montrer notre
détermination à lui retirer définitivement notre confiance, nous décrétons une
journée ville morte sur l'ensemble du pays pour ce lundi 14 décembre. A cet effet, nous
demandons aux commerçants et aux fonctionnaires de fermer boutiques et de rester à la
maison", a martelé M. Mandoumbou.
Il s'est par ailleurs "félicité de la position actuelle du Parti socialiste
français et de tous les démocrates du monde qui se sont émus de la situation
électorale gabonaise et de l'attitude de certains observateurs qui n'ont pas hésité à
succomber à l'appât du gain au détriment des principes de l'Etat de droit".
Interrogé enfin par la presse pour savoir ce qui se passerait après une éventuelle
annulation du scrutin par la Cour constitutionnelle, M. Mandoumbou a estimé que "le
nouveau scrutin devra être préparé avec l'implication active des organisations
internationales, de la CNE et financé par tous les pays et organisations soucieux de la
paix et de la stabilité au Gabon. Au total onze partis ou organisations politiques de
l'opposition assistaient à la conférence de presse du candidat battu du HCR.
Copyright © 1998 Agence France-Presse.
Gabon - Mamboundou rejette les résultats du scrutin présidentiel
LIBREVILLE, 12 décembre - Pierre Mamboundou, arrivé en deuxième position au scrutin
présidentiel remporté par Omar Bongo au Gabon, a accusé samedi les partisans de ce
dernier de manipulations visant à assurer sa réélection et a annoncé qu'il
contesterait les résultats dans la rue et en justice. Lors d'une conférence de presse,
Mamboundou - qui a devancé le vieil opposant Pierre M'Ba Abessole à l'élection du 6
décembre - a appelé la population gabonaise à observer une journée "ville
morte" à l'échelle nationale lundi prochain. "Nous rejetons les résultats
annoncés par le ministre de l'Intérieur et nous ne reconnaîtrons pas par conséquent le
gouvernement qui pourrait être issu du processus actuel", a dit le leader de l'Union
du peuple gabonais. Denonçant "de multiples violations de la loi, des résultats
programmés d'avance (et un) gonflement du collège électoral", il a demandé
"l'annulation pure et simple d'un scrutin qui a été, somme toute, organisé pour
couvrir une fraude massive".
"Nous décrétons une ville morte sur l'ensemble du pays pour lundi 14 décembre
1998. A cet effet, nous demandons aux
commerçants et aux fonctionnaires de fermer boutique et de rester à la maison. Cette
ville morte est une mise en garde qui
constitue la première étape d'une riposte graduée au second coup d'Etat électoral
perpétré par le PDG et ses alliés, car 1998 ne sera pas comme 1993", a-t-il
ajouté. Le ministre de l'Intérieur a annoncé mardi qu'Omar Bongo était réélu pour un
nouveau mandat de sept ans avec 66,55% des suffrages exprimés dimanche dernier.
Mamboundou a obtenu 16,54% des voix, suivi du père Abessole (13,43%). La Cour
constitutionnelle doit encore confirmer les résultats.
Copyright © 1998 Reuters Limited.
Radio Soleil
programmes jammed
December 11, 1998, Toronto (The International Freedom Of Expression Exchange Clearing
House)- The following document was released by the Reporters sans frontières (RSF),
Paris: RSF is expressing concern further to the jamming of Radio Soleil's programmes.
According to RSF's information, programmes of the private station Radio Soleil, which is
close to the National
Assembly of Woodcutters (Rassemblement national des bûcherons, RNB, an opposition party),
have been scrambled since 7:00 p.m. (local time) Monday, 7 December 1998. The radio
station's telephone lines were also cut. That same day, the National Communication Council
(Conseil National de la Communication, CNC) published a press release criticising Radio
Soleil for not having respected "journalistic ethics" during the programme
"Feed-Back". This programme gave listeners the opportunity to call in and
denounce, live on air, fraudulent activities which they had witnessed during the casting
of ballots in the presidential election of Sunday, 6 December. The CNC text cautioned the
radio station and warned it would be permanently suspended for any subsequent offence.
RECOMMENDED ACTION:
Send appeals to the President of the National Communication Council: - asking him to
explain the jamming of which Radio Soleil is a victim, while condemning calls for violence
which may have been broadcast on the radio station, and reminding him that this breach in
ethics is unacceptable - reminding him that Gabon included freedom of audiovisual
communication in Article 94 of its Constitution, and stating that such unexplained radio
jamming is unacceptable - asking that he make a public statement indicating that the
jamming is a result of certain programmes of the station, should this be the case.
APPEALS TO:
Mr. Pierre-Marie Dong President of the National Communication Council - CNC Libreville,
Gabon Republic. Please copy appeals to the source if possible.
For further information, contact Jean-François Julliard or Frederic Lesain at RSF, rue
Geoffroy Marie, Paris 75009,
France, tel: +33 1 44 83 84 84, fax: +33 1 45 23 11 51, e-mail: afrique@rsf.fr, Internet: http://www.rsf.fr. The information contained in this action
alert is the sole responsibility of RSF. In citing this material for broadcast or
publication, please credit RSF.
Distributed by The International Freedom Of Expression Exchange Clearing House, 489
College St. Suite 403, Toronto,
Ontario M6G 1A5 CANADA, tel: +1 416 515 9622, fax: +1 416 515 7879, e-mail: ifex@ifex.org,
Internet site: http://www.ifex.org.
Georges Fenech démissionne de l'APM et de la magistrature
PARIS (AP, 9 déc. 1998) -- Le magistrat Georges Fenech, substitut général à la cour
d'appel de Lyon et président de l'Association professionnelle des magistrats (APM), a
annoncé mercredi sa démission de la magistrature et du syndicat en dénonçant ``un
lynchage médiatique''. Dans un communiqué, Georges Fenech explique cette double
démission après avoir été mis en cause pour sa gestion de la crise suscitée au sein
de l'APM par les écrits antisémites de l'un de ses membres-fondateurs, Alain Terrail,
dans la dernière édition de la publication de l'association.
Georges Fenech, qui postulait à un poste de juge d'instruction à Paris, avait en outre
été critiqué pour sa participation à une mission d'observateurs de l'élection
présidentielle au Gabon organisée par l'association internationale pour la démocratie
(AID), soupçonnée de partialité en faveur du président Omar Bongo. La partialité
supposée de la mission de l'AID, organisée par l'avocat parisien Robert Bourgi et à
laquelle participait également Me Francis Szpiner, ancien défenseur de Jean-Bedel
Bokassa, avaient été récemment dénoncée par Libération et Le Monde. ``Je me retire
de la magistrature, le sentiment d'avoir accompli en conscience mon devoir de magistrat
soucieux de vérité et de justice'' explique M. Fenech.
Sa démission de la magistrature intervient en outre au moment où la ministre de la
Justice Elisabeth Guigou a annoncé avoir retiré son nom de la liste des magistrats
proposés au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour pourvoir au poste de premier
juge d'instruction à Paris. Dans un communiqué publié mercredi, le ministère de la
Justice précise que ``la tenue de propos à connotation antisémite dans la revue que
dirige M. Fenech en tant que président de l'APM et les interrogations que suscite, au
regard de la magistrature, sa participation à une mission non-officielle d'observations
des élections présidentielles gabonaises ont convaincu Mme le Garde des Sceaux de
retirer sa proposition''.
Copyright © 1998 Associated Press.
Elections gabonaises: Quand Bongo s'autoproclame à nouveau
(L'Humanité, 10 Décembre 98)-Les résultats officiels lui donnent plus des deux tiers
des suffrages. Un score dénoncé par l'opposition et qui ne peut, effectivement, que
susciter l'incrédulité. Même si des proches de l'Elysée s'apprêtent à cautionner la
fraude. 'La victoire d'Omar Bongo, qui a recueilli plus de 66,5% des voix lors du premier
tour de l'élection présidentielle gabonaise du 6 décembre, a surpris l'ensemble des
observateurs', a déclaré l'AFP qui, sur les questions africaines, sait pratiquer l'art
de la litote.
Le mot est effectivement faible. Pour comprendre la stupeur de l'opinion gabonaise à
cette annonce, il faut évoquer une rumeur
qui, depuis cinq ans, court les rues de Libreville ou de Port-Gentil. Authentique ou non,
elle est révélatrice de la façon dont, sur
place, sont perçues les relations franco-africaines. Lors des précédentes
présidentielles (1993), Charles Pasqua aurait conseillé à Omar Bongo de ne se faire
déclarer réélu qu'au second tour, mais alors avec une forte majorité garantie. Refus
du vieux dictateur, qui préférait le premier tour, avec 'seulement' 51% (contre 27,5% au
père Mba Abessole). Aujourd'hui, Bongo ne s'encombre plus d'un quelconque souci de
crédibilité: il prétend, à nouveau, l'emporter haut la main au premier tour, cette
fois avec plus des deux tiers des voix. La vraisemblance la plus élémentaire est
pulvérisée. Cela avec la bénédiction d'une cellule élyséenne qui, par avocats et
magistrats français interposés (à commencer par Me Robert Bourgi, conseiller officieux
de Jacques Chirac), s'apprête à apporter l'indispensable caution internationale.
Question aujourd'hui sans réponse: qui les avait mandatés?
Le président sortant a donc officiellement été réélu avec 66,55% des suffrages
exprimés. Pierre Manboudou, candidat du Haut
Conseil de la Résistance (HCR, coalition de cinq partis d'opposition), se voit concéder
16,54%. 13,41% pour le père Paul Mba Abessole, candidat de la principale tendance du
Rassemblement national des Bûcherons, RNB (avant même la publication de ces résultats,
Mba Abessole avait demandé l'annulation du scrutin, entaché 'd'une fraude d'Etat unique
dans l'histoire électorale gabonaise'). 1,54% à Pierre Kombila, d'une autre faction du
RNB. Le leader du Parti social démocrate (PSD), Pierre Claver Maganga Moussavou, ne
rassemble que 0,99% des voix. Un autre candidat d'une troisième tendance du RNB et deux
autres candidats indépendants se sont partagés les mini-miettes de ce scrutin.
Dans la province de l'Estuaire, où se trouve la capitale Libreville et où le taux de
participation n'a été que de 35%, le président
Bongo rassemblerait 49,48% des votants, devant le maire de la ville, Paul Mba Abessole,
crédité de 24,67%, et Pierre Manboudou, avec 22,91%. Pour le porte-parole du
gouvernement, André Mba Obame, ce 'formidable plébiscite' s'explique par 'l'intense
campagne de proximité menée par le candidat du rassemblement'. L'opposition gabonaise,
pour sa part, est plus crédible, qui dénonce les 'fraudes massives organisées par le
pouvoir'. 'Je ne suis pas pour l'explosion qui serait de nature à déboucher sur la
'casse', comme on dit. Mais, vous savez, les Gabonais en ont marre, les Gabonais veulent
que ça change et puis on leur impose encore le régime actuel', avait prédit Pierre
Manboudou. 'J'ai des grandes craintes de voir une explosion qui serait plus importante que
celle qui s'est passée en 1993 et plus importante que celle qui s'est passée en 1990.
Une situation comme celle-là va nécessiter une concertation au sein de l'opposition; il
faudrait que tous les candidats de l'opposition se retrouvent pour analyser la situation
et pour décider ensemble d'une conduite à tenir. Ce ne sera pas seulement le fait de
Pierre Manboudou: ma position sera celle de la concertation avant de pouvoir dire
exactement ce qu'on va faire. Maintenir encore le président de la République actuel en
place équivaudrait à encore accentuer une profonde frustration du peuple gabonais.'
JEAN CHATAIN.
Omar Bongo In
First Round Victory
December 9, 1998, Libreville, Gabon (PANA) - Incumbent Gabonese President Omar Bongo has
been re-elected for a seven-year mandate after polling 66.55 percent of the votes cast
Sunday. According to the results proclaimed by the minister of the interior, Anoine
Mboumbou-Miyaku, on radio and television Tuesday night, the president won an outright
first round victory. Bongo has been in power since 2 December, 1967.
Second to Bongo is Pierre Mamboundou, the candidate of the Supreme Resistance Council, a
coalition of five
opposition parties, who polled 16 percent. The candidate is Fr. Paul Mba Abessole, the
leader of the National Bucherons Rally (RNB), and mayor of Libreville, who collected 14
percent of the votes. The minister said the voter turnout was around 53 percent.
Before the results were proclaimed, a spokesman of the RNB had claimed there was massive
fraud. He said "RNB and its chairman, Paul Mba Abessole, do not recognise the
legitimacy or legality of the results that will result from
these polls."
The spokesman, Vincent Moulengui Boukosso, the RNB deputy chairman, told a news conference
that party supporters would be instructed on the party's position within 48 hours.
According to him, some holders of 10,000 passports, 10,000 national identity card receipts
and 10,000 driving permits were allowed to cast ballots in Libreville Sunday.
Copyright © 1998 Panafrican News Agency.
La victoire d'Omar Bongo au 1er tour constitue une surprise
par Jean-Pierre REJETE, LIBREVILLE, 9 déc (AFP) - La victoire d'Omar Bongo qui a
recueilli plus de 66,5% des voix lors du premier tour de l'élection présidentielle
gabonaise du 6 décembre a surpris l'ensemble des observateurs qui ne s'attendaient pas à
un tel raz de marée en faveur du président sortant, au pouvoir depuis 31 ans. En effet,
si au cours des derniers jours les sondages officiels le donnait pour favori, les mêmes
sondages publiés une semaine avant le déroulement du scrutin, avait crédité le
candidat Bongo d'une fourchette allant de 48% à 53% n'écartant pas ainsi l'hypothèse
d'un second tour.
C'est le vote massif en faveur du candidat Bongo de huit des neuf provinces du Gabon - à
l'exception de l'Ogooé maritime (sud), fief populaire de l'opposition où il n'arrive que
second derrière M. Mamboundou (41% contre 41%)- qui a entraîné le raz de marée. Pour
le porte-parole du candidat Bongo, également porte-parole du gouvernement, M. André Mba
Obame, ce "formidable plébiscite des Gabonais" s'explique par "l'intense
campagne de proximité menée durant plusieurs mois par le candidat du rassemblement et
qui a notamment trouvé un large écho à l'intérieur du pays". L'opposition
gabonaise pour sa part, avait, avant même la proclamation des résultats dans la nuit de
mardi à mercredi, dénoncé les "fraudes massives organisées par le pouvoir"
qui lui "garantissait l'élection dès le premier tour de son candidat". Le
Père Paul Mba Abessole, candidat de la principale tendance du Rassemblement national des
bûcherons (RNB-Nouveau départ) crédité de 13,41% des suffrages, selon les chiffres
rendus publics par le ministre de l'Intérieur, avait demandé l'annulation du scrutin
entaché selon lui "d'une fraude d'Etat unique dans l'histoire électorale
gabonaise".
Le leader du Parti social démocrate (PSD, opposition) Pierre Claver Maganga Moussavou qui
n'a rassemblé que 0,99% des voix, s'était volontairement mis "en congé de la
République" affirmant qu'il ne participerait plus à aucune élection tant que
"les conditions de transparence et d'équité ne seront pas garanties". En
dehors de l'hypothèse de la fraude avancée par l'opposition, les observateurs notent que
l'importance du score du président sortant peut s'expliquer par les dissessions au sein
de l'opposition, notamment le RNB qui n'a pas présenté moins de trois candidats. Une
autre raison serait l'organisation parfois défectueuse du scrutin reconnue même par le
pouvoir (manque d'affichages des listes électorales, retard dans l'ouverture des bureaux,
mauvaise distribution des cartes d'électeurs etc...). Le candidat du Haut conseil de la
résistance (HCR, coalition de cinq partis de l'opposition), donné avant le scrutin de
dimanche par des sondages officiels comme le "principal adversaire d'Omar Bongo"
et qui a recueilli seulement 16,54% des suffrages, n'avait toujours pas réagi mercredi à
l'annonce des résultats.
Une autre surprise de l'élection, constatée dès le jour du scrutin par l'ensemble de la
presse est le faible taux de participation dans la province où se trouve Libreville (35%,
contre 53% au niveau national) et qui regroupe 40% de l'électorat. L'ampleur de la
victoire du candidat du Parti démocratique gabonais (PDG, ex-parti unique) ne manquera
pas d'être contestée par
certains acteurs intérieurs et extérieurs alors que vient d'éclater en France une
polémique sur la partialité de l'observation
internationale et notamment française. Deux grands quotidiens français, Libération et
Le Monde, viennent de faire un lien étroit entre certains observateurs français
présents sur place et la présidence gabonaise, via un conseiller officieux de l'Elysée.
En attendant, Libreville et l'ensemble du pays ont connu une nuit calme marquée cependant
peu après l'annonce du verdict, par de
légers incidents dans la capitale entre partisans et opposants du vainqueur. Lors de la
présidentielle de 1993, la première pluraliste de l'histoire du Gabon, le candidat Bongo
avait été réélu au premier tour avec 51% des voix, contre 27,5% pour le père Paul Mba
Abessole.
Copyright © 1998 Agence France-Presse.
Le ton monte dans l'opposition après des résultats donnant en
tête Omar Bongo
LIBREVILLE, 7-8 déc (AFP) - Le ton est monté d'un cran mardi au sein de l'opposition
gabonaise alors que des résultats partiels et, non confirmés officiellement, du premier
tour de l'élection présidentielle du 6 décembre continuaient de donner largement en
tête le président sortant Omar. Le père Paul Mba Abessole, figure emblématique de
l'opposition et donné comme l'un des deux principaux challengers du candidat Bongo, a
d'ores et déjà demandé l'annulation du scrutin entaché selon lui d'une "fraude
d'Etat unique dans l'histoire électorale gabonaise". D'autres candidats pourraient
faire de même, selon une source proche de l'opposition Alors que la Commission nationale
électorale devait se réunir en milieu d'après-midi en séance plénière, aucune
indication d'ampleur nationale fiable n'était encore disponible dans la capitale. La
radio nationale a poursuivi, bureau par bureau, son énumération de chiffres faisant
état d'une "nette avance du candidat Bongo". Le quotidien gouvernemental
L'Union a titré: "Omar Bongo dès le premier tour!", précisant que "les
scores obtenus par Omar Bongo sont désormais de nature à lui assurer la victoire dès le
premier tour".
"En dehors du faux-pas" de Port-Gentil (100 km au sud de Libreville), où son
principal challenger, le candidat du Haut conseil de la résistance (HCR) Pierre
Mamboundou, arriverait en tête avec près de 65% des suffrages, le "candidat du
rassemblement fait carton plein presque partout ailleurs", dans huit des neufs
provinces du pays, estime le quotidien. Sans attendre l'annonce officielle des résultats,
le père Abessole s'en est vivement pris, dans un communiqué, à la "corruption des
membres des bureaux de vote". Dénonçant pêle-mêle "l'achat généralisé des
consciences", les "listes électorales sélectives et fausses pièces
d'identité destinées aux votes multiples", il souligne : "il nous faut faire
échec à ce qui vient de se passer en annulant purement et simplement la mascarade du 6
décembre". Le père Abessole qui est également maire de Libreville devrait donner
dans la soirée à ses partisans les premières consignes de l'après scrutin, a-t-on
indiqué de sources proches de son parti le RNB, Rassemblement national des bûcherons.
Plusieurs "militants bûcherons", sur les ondes de Radio Soleil (opposition),
s'en sont pris aux observateurs internationaux, et principalement français, leur
reprochant leur "partialité" et d'avoir "volontairement ignoré les
fraudes pourtant évidentes du scrutin".
"C'est une honte pour la France", a notamment lancé l'un d'entre eux. De son
coté, le directeur de campagne du candidat du Haut conseil de la résitance (HCR,
coalition de cinq partis d'opposition) Pierre Mamboundou, donné second derrière Omar
Bongo par les résultats partiels de la radio, a estimé qu'un second tour est
"inéluctable". Il a également affirmé avoir en sa possession "plusieurs
centaines de faux passeports". Selon plusieurs sources jointes par téléphone depuis
Libreville, Port-Gentil, fief du candidat Mamboundou, aurait connu dans la nuit de lundi
à mardi quelques échauffourées, un commerce de quartier ayant été pillé par des
groupes de jeunes. Ces informations ont été démenties par le gouverneur de la province
de l'Ougooué maritime (sud-ouest), Antoine Abiague Angoue, qui a affirmé à l'AFP que
"tout est calme dans les rues" de la deuxième ville du pays.
Le gouvernement prendra "toutes les dispositions nécessaires pour mater d'éventuels
troubles", avait pour sa part avertit la veille le ministre de l'Intérieur.
Copyright © 1998 Agence France-Presse.
Gabon:
élection sur fond de crise
(L'Humanité, 3 Décembre 98)- Les Gabonais sont appelés dimanche aux urnes pour une
élection présidentielle sur fond de crise économique (baisse des prix pétroliers et
mévente du bois), sociale et politique. Deuxième scrutin de ce type depuis la
conférence nationale de 1990 instaurant le multipartisme. Le président sortant, Omar
Bongo, qui affiche trente et une années de pouvoir, est candidat à sa propre succession.
Il avait emporté l'élection au premier tour de 1993 dans des conditions de fraude si
flagrantes qu'elles avaient provoqué de violentes émeutes à Libreville.
Face à lui, sept candidats. Dont deux pour le seul RNB (Rassemblement national des
bûcherons), principal parti d'opposition, qui a éclaté en deux formations voilà
plusieurs mois: le père Paul Mba Abessole, maire de Libreville depuis 1997; Pierre André
Kombila, numéro deux du RNB, déclaré exclu en juillet dernier par le père Abessole
auquel il reproche son 'autocratisme' et ses alliances au niveau international (tel
l'adhésion à l'internationale démocrate-chrétienne, au côté, entre autres, de
l'UNITA de Savimbi); également Pierre Mamboundou, pour le Haut Conseil de la résistance
(HCR, regroupant cinq partis d'opposition); Pierre-Claver Maganga Moussavou, président du
Parti social démocrate (PSD), ancien fonctionnaire international et ancien ministre de
l'Aménagement; Alain Engouang Nzé, de la Confédération nationale des associations
bûcheronnes (CONAB), la plus petite fraction du RNB; Martin Edzozomo Ela, candidat
autoproclamé des 'makayas' (pauvres); Joseph-Adrien Mabicke, candidat indépendant.
Signe inquiétant, rapporté hier par l'AFP, le Gabon a fermé ses frontières à
l'approche du premier tour de l'élection présidentielle du 6 décembre. Plusieurs
dizaines de voyageurs étrangers, pourtant titulaire d'un visa en règle délivré par une
ambassade gabonaise, se sont vu refuser ces derniers jours l'accès au territoire gabonais
et ont été refoulés à leur arrivée à l'aéroport de Libreville. Cette mesure
intervient après une cascade de déclarations menaçantes d'Omar Bongo accusant ses
adversaires de 'préparer la guerre civile'. 'Je serai impitoyable', a-t-il déclaré dans
une récente interview à l'hebdomadaire 'Jeune Afrique', ajoutant cette phrase
extravagante à l'intention des candidats de l'opposition: 'Ils doivent savoir qu'une
balle perdue ne choisit pas sa cible'...
JEAN CHATAIN.
|