Journaux Gabonais: nouvelles sur les méfaits de Bongo

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ELF: de "franco-française", l'affaire devient franco-gabonaise

"Omar Bingo" dans le brut

"Petit Congo" sait tout ce qui se passait ailleurs, mais n'est pas au courant de ce qui se passait au Gabon. La haute responsabilité.

Pour le procureur de Génève, Bernard Bertossa, la question essentielle est de savoir ("Le Canard Enchaîné", 3/6) «pour quelles mystérieuses raisons Bongo aurait-il versé de l’argent au groupe pétrolier, alors que, par tradition, Elf versait plutôt des commissions aux chefs d’Etat étrangers ou à leurs ayants-droit?» Voilà de quoi il est désormais question dans la pétroleuse affaire Elf. Qualifiée à son début d’«affaire franco-française» (sic) par le «Président des Pygmées» (sic), elle s’est apparemment transformée en affaire Bongo-Elf.

Les choses se sont tellement compliquées que la malchance s’y est aussi mise. C’est qu’un redoutable magistrat suisse vient de rentrer dans la danse: il s’agit du juge Paul Perraudin, «gracieusement surnommé Pol Pot par les avocats». Cet insensible juriste, d’après «Le Volatile», vient de «faire saisir l’ensemble des comptes détenus par les personnes mises en examen à Paris dans l’affaire Elf". Ce qui donne à l’affaire un caractère extrêmement dangereux.

En effet, poursuit «Le Canard», «ce magistrat a notamment épluché plus d’une dizaine de comptes au nom d’Alfred Sirven, actuellement en cabale, dont un ouvert dès 1989 à la Banque des dépôts et de gestion (BDG) de Lausanne sous les codes successifs de "Mineral" puis de "Vegetal". Des dizaines de millions de francs français y ont été déposés chaque année par Elf. A ces versements se sont donc ajoutés, entre 1991 et 1993, de mystérieux fonds en provenance du Gabon». En clair, ce ballet de grisbi se déroulait à l’époque où Bongo ne cessait de demander à ses «chers compatriotes» de serrer la ceinture.

Si le juge Bertossa est convaincu, malgré les protestations de l’Olympe, de l’implication de Bongo, il est cependant certain qu’«à cette époque, Sirven est particulièrement actif et il tente, ajoute le confrère, de se rapprocher d’Omar Bongo en contournant les réseaux tradtionnels d’André Tarallo, le Monsieur Afrique du groupe. On. voit souvent Sirven à Libreville en compagnie de Daniel Léandri, un proche de Charles Pasqua. Et un responsable de la sécurité gabonaise, Samuel M’baye [alias Foccarti, lui rend parfois visite à la tour Elf». Précision inutile: à l’époque, l’actuel ministre délégué à l’intérieur était le patron des services secrets de la Présidence. Ce qui simplifie évidemment la compréhension. Mais Bongo reste teigneux. Au téléphone, il a joué au «Canard» (2/5) son coup fétiche de l’amnésie. En déclarant, la main sur le Coran, «ne pas être au courant de versements gabonais sur les comptes d’Alfred Sirven en Suisse». Avant de perdre complètement la mémoire: «Sirven venait souvent au Gabon et, de là, il traitait d’affaires au Congo et en Angola, mais je n ai rien à voir avec tout cela». Bref, Bongo sait ce que Sirven faisait au Congo et en Angola. Mais ignore tout de ce qu'il faisait au Gabon.

Ne pouffez pas! Attendez plutôt la suite de cette affaire de Dossou de tables dans notre livraison de la semaine prochaine.

Raphaël Ntoutoume Nkoghe


Le syndrome Suharto

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«La victoire dépend moins des armes employées que de la détermination des combattants. » Pour l’avoir compris, les étudiants indonésiens sont, le 20 mai dernier, entrés en douceur et avec panache dans l’Histoire: ces «enfants» ont réussi le tour de force de «virer» un vieux dictateur, au pouvoir depuis trente-deux ans. Soutenu des années durant par les occidentaux — au nom de la stabilité — et par une armée totalement soumise, Suharto a été «débarqué» par une génération sans complexe, déterminée à ne pas inaugurer le 3ème millénaire avec un président d’une autre époque. Au césarisme démocratique et aux réformes «cosmétiques» proposés par le tyran, la «jeunesse sacrée» indonésienne a répondu par une ardeur contestataire à nulle autre pareille. Fait marquant: le Mai 98 indonésien n’était placé sous la houlette d’aucun leader charismatique.

Voilà pour le modèle Indonésien!

Sous nos latitudes, en dehors des cases d’écoute destinées à suivre la «coupe mondiale», la jeunesse attend avec impatience que le pouvoir daigne enfin lui présenter au moins la maquette du modèle gabonais dont il lui rabat les oreilles à longueur de discours. Pourvu que d’ici là, ces enfants "mal éduqués par leurs parents» ne succombent pas à la tentation du mimétisme, à l’envie de faire comme les autres. Et dans ce cas, il pourrait bien être trop tard pour expliquer à ces "malappris" que comparaison n'est pas raison. Que Bongo n'est pas Suharto, même si quelques raisons de comparaison peuvent, l'espace d'un moment, être source de confusion. En effet, comme le général Suharto, Bongo est le militaire le plus gradé de son pays. Comme l’Asiatique, le Bantu n’a jamais gagné une véritable élection, malgré une présence au pouvoir de plus de trente ans. Comme Suharto, Bongo a mis en place un régime «familial», gangrené par la corruption et la concussion. Résultat: le Gabon et l’indonésie sont englués dans une profonde récession et une immense pauvreté. La baisse substantielle des revenus pétroliers, ajoutée à la grave crise du secteur forestier qui devra très bientôt se délester d’environ 30% de ses 11.000 salariés ne sont pas faits pour arranger la situation gabonaise. Surtout en année électoraIe, face à des populations jeunes et «mal éduquées» qui, à défaut des milliards virtuels et des promesses vaseuses, attendront le moment opportun pour solder durement les comptes post-électoraux.

Et c’est cette logique infernale que le général-président Suharto a apprise à ses dépens: après avoir organisé et remporté la farce électorale— de trop —du 10 mars dernier, l’artiste a été contraint de quitter la scène deux mois plus tard sous les quolibets, les crachats et les "wa wa wa". Mais la comparaison s’arrête là car El Hadj Omar Bongo est un "sage". Les Gabonais sont convaincus que leur président ne commettra pas l’erreur d'écouter Mboumbou et Oyé Mba. Ils ont compris que la récente toumée républicaine de leur petit chef bien-aimé était en fait une manière de leur dire aurevoir, de tirer sa révérence. Donc, Bongo ne sera pas candidat à Ia prochaine élection présidentielle. Et ce sera tant mieux pour lui… et pour le Gabon.

Michel Ongoundou Loundah