Nouvelles sur les méfaits de Bongo |
Le nouveau gouvernement à la recherche d'un "état de grâce" social LIBREVILLE, 12 fév (AFP) - 16h12 - Le nouveau gouvernement gabonais, tenu par les promesses de la campagne présidentielle de novembre-décembre mais handicapé par une grave crise économique, est depuis plusieurs semaines confronté à la montée des revendications sociales, avec grèves et manifestations, sous l'oeil intéressé de l'opposition. Après la parenthèse de la présidentielle de décembre, qui a vu la réélection haut la main d'Omar Bongo, les syndicats de la Fonction publique, dont certains sont en grève depuis novembre, ont repris dès janvier leurs actions dont des manifestations. L'une d'elles, le 22 janvier à Libreville, avait mal tourné avec un étudiant mortellement blessé et plusieurs blessés lors de heurts violents entre les policiers et des centaines de lycéens et d'étudiants ayant érigé des barricades, brûlé des véhicules et jeté des pierres sur les forces de l'ordre. Conscient du danger de dérapage et conformémement aux directives du président Bongo, qui a en partie assuré son succès au premier tour de la présidentielle sur la promesse d'un "Pacte social de solidarité et de développement", le Premier ministre Jean-François Ntoutoume Emane a aussitôt engagé plusieurs séries de négociations avec les syndicats. Il leur a même demandé de lui accorder "un état de grâce", ce que les syndicats n'ont pas l'air de vouloir entendre à voir leur long catalogue de revendications: relèvements de la valeur du point d'indice, des allocations familiales (de 20.000 à 50.000 Fcfa par enfant et par mois), du SMIG (de 44.000 à 280.000 Fcfa), des indemnités de transport, de l'aide à l'accession à la propriété ... Mettant en avant "la dégradation continue du niveau de vie des salariés", l'USAP (Union syndicale de l'Administration publique), actuellement à la pointe du combat, ne compte pas relâcher sa pression au risque de provoquer dans l'enseignement une énième "année blanche". Les établissements scolaires de la capitale avaient été fermés par le gouvernement au lendemain de la principale manifestation et sont toujours portes closes. De son côté, l'opposition, menée essentiellement par les deux principaux candidats malheureux à la présidentielle, Pierre Mamboundou (Haut conseil de la résistance, HCR) et le maire de Libreville Paul Mba Abessole (Rassemblement national des bucherons, RNB), n'hésite pas à soutenir les revendications sociales. "L'opposition fait son jeu normal, rattrapant sur le plan social l'audience politique qu'elle a ratée lors de l'élection, mais elle ne peut ni remplacer le pouvoir ni amener de l'argent et sa surenchère pourrait coûter cher à la paix sociale, sans retombée positive pour la population", estimait un journaliste local. La population semble d'ailleurs ne plus savoir à quel saint se vouer, avec les enseignants en grève, les hôpitaux comme le Centre hospitalier de Libreville qui refusent les malades, les transports urbains de nouveau en faillite, les poubelles qui jonchent chroniquement les rues, les coupures intempestives de courant, etc... De plus, la grande majorité des Gabonais, qui n'ont même pas l'assurance d'un salaire sûr et régulier, savent qu'ils risquent de prendre de plein fouet les difficultés annoncées, avec une augmentation probable du taux actuel de 20 % de chômage. La célèbre chronique "Makaya" du quotidien gouvernemental L'Union évoque même une "annus horribilis" pour 1999. Le gouvernement, dit "de combat" bien qu'il ressemble beaucoup au précédent, entend appliquer le Pacte social présidentiel mais il a aussi prévenu qu'il ne pouvait rien contre la baisse des prix internationaux du pétrole et la mévente du bois, les deux grandes richesses du Gabon. Un éventuel échec des négociations actuelles pourrait alors amener le pays à connaître un cas de figure déjà expérimenté après l'élection de 1993, celui d'un "troisième tour" politico-social à base d'émeutes, craignent les observateurs. Une expérience que les autorités gabonaises, désireuses avant tout de stabilité, ne veulent certainement pas recommencer. D'autant qu'elles redoutent de plus en plus que les conflits voisins, particulièrement au Congo-Brazzaville, ne débordent sur ses frontières et ne divisent ses ethnies. 613 morts sur les routes gabonaises en deux ans LIBREVILLE, 12 fév - 613 personnes ont trouvé la mort et 3.367 ont été blessées en 1997 et 1998 dans des accidents de la circulation au Gabon, a-t-on indiqué vendredi de source officielle à Libreville. Durant ces deux ans, 2.519 accidents ont été officiellement enregistrés représentant un coût global matériel et humain de 7,3 milliards de F CFA (730 millions de FF), ont précisé les services de la Sécurité routière. Ajoutant que 90% des sinistres étaient dus à des imprudences (excès de vitesse, conduite en état d'ivresse, stationnements dangereux, etc...), les responsables ont émis des "propositions" pour tenter de réduire ce lourd bilan lors des prochaines années.Parmi elles figurent le lancement de campagnes de sensibilisation et d'éducation routière, le "recyclage" des conducteurs ayant occasionné plus de deux accidents dans l'année et la "réactualisation" de la Commission nationale de suspension du permis de conduire. Actuellement, il n'existe au Gabon pratiquement aucune sanction envers les responsables d'accidents mortels et l'obligation de contrôles techniques annuels des véhicules est rarement suivie d'effet. Remaniement ministériel au Gabon LIBREVILLE, 10 fév (AFP) - 21h55 - Le nouveau gouvernement gabonais, formé le 26 janvier dernier, vient de connaître un "réaménagement technique" touchant sept ministres qui changent d'affectation, a annoncé mercredi soir la télévision gabonaise dans son dernier journal d'information. Ces changements n'affectent pas les principaux postes. Le Premier ministre, Jean-François Ntoutoume Emane, tout en restant en place, abandonne son ancien ministère de l'Habitat, du Cadastre et de la Ville qu'il avait conservé lors de sa nomination à la Primature. Ce ministère est désormais confié à Jacques Adiahénot, qui tenait le portefeuille du ministère d'Etat chargé du Tourisme, de l'Environnement et de la Protection de la nature. M. Adiahénot est remplacé par Martin-Fidèle Magnaga, ministre sortant chargé de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Promotion de la femme. M. Magnaga est remplacé par Victoire Lassény-Duboze, qui était son ministre déléguée. L'ancien Premier ministre Paulin Obame Nguema, nommé en janvier ministre d'Etat de la Santé publique, de la Population et des Affaires sociales, perd son titre de ministre d'Etat et n'occupe plus que le portefeuille des Affaires sociales. Le portefeuille de la Santé publique revient à Faustin Boukoubi qui était ministre délégué de ce département. Enfin, Félix Sibby qui était ministre délégué auprès du Premier ministre, devient ministre délégué à l'Habitat. Annulation du licenciement du personnel navigant d'Air Gabon LIBREVILLE, 10 fév (AFP) - 10h51 - La Cour administrative gabonaise a annulé le licenciement collectif de 57 hôtesses de l'air et stewards de la compagnie nationale Air Gabon, estimant que celui-ci, intervenu fin décembre 1996, était "nul et non avenu", a-t-on appris mercredi de source syndicale. Le 31 décembre 1996, la direction générale d'Air Gabon, avec l'autorisation du ministère du Travail, avait procédé au licenciement économique de la totalité de son personnnel navigant commercial (PNC), sans l'autorisation préalable de l'inspecteur du Travail. Le PNC avait été remplacé par le personnel d'une société étrangère sous-traitante. Dans ses attendus, la Cour administrative, la plus haute autorité juridique en la matière et dont les décisions ne sont succeptibles d'aucun recours, a estimé que "l'autorisation de licenciement, délivrée par une autorité manifestement incompétente (...) doit être regardée comme un acte juridiquement inexistant en raison des vices dont il est entaché". La compagnie Air Gabon avait déjà été condamnée dans cette affaire le 12 novembre 1998 par le tribunal de première instance de Libreville, qui lui avait ordonné de verser cinq millions de F CFA (50.000 FF) à chacun des licenciés ainsi qu'au Syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC). Le SNPNC, dans un communiqué, s'est déclaré "fier de cette victoire" tout en appelant Air Gabon à "tirer sans délais toutes les conclusions découlant du verdict de la Cour administrative". Il a par ailleurs appelé l'ensemble du personnel à "entreprendre tous ensemble le sauvetage de notre compagnie aérienne (...) aujourd'hui menacée de disparition". Les Gabonais toujours friands de singes pourtant porteurs du virus du sida LIBREVILLE, 10 fév (AFP) - 9h13 - Les Gabonais, grands amateurs de viandes de brousse, en particulier de singes, n'ont pas bouleversé leurs habitudes alimentaires malgré la récente découverte de chercheurs américains montrant que les chimpanzés des forêts humides d'Afrique équatoriale sont les réservoirs d'un virus du sida très proche de celui de l'homme. Cette annonce, relayée sans commentaires par les médias locaux, est ainsi passée pratiquement inaperçue des habitants de ce pays qui, selon Lucien Mayomboles du Fonds mondial pour la nature-WWF, "avalent chaque année près de 17.000 tonnes de porc-épics, d'antilopes, de crocodiles, de singe colobe, soit en moyenne 17 kg de gibier par personne". Les primates, précise-t-il, représentent environ 30% de cette consommation "essentiellement culturelle correspondant à de vieilles traditions alimentaires et dont les Gabonais, comme le reste des habitants de l'Afrique centrale, ne sont pas prêts de se passer". Les immenses forêts gabonaises comptent une vingtaine de type de singes: du gorille au chimpanzé, en passant par le babouin mandrill (au nez rouge caractéristique), le cercopithèque à queue de soleil, le nez blanc ou le colobe... La plupart de ces espèces sont "intégralement" ou "partiellement" protégées, ce qui n'empêche toutefois pas le braconnage. "Avec moins de 500 agents pour tout le territoire, le ministère des Eaux et forêts n'a tout simplement pas les moyens, ni même peut-être la volonté politique de faire respecter la législation en vigueur, pourtant très complète sur le papier", estime un membre d'une association écologiste. A Libreville, beaucoup de petites échoppes et de restaurants ont leur propre réseau d'approvisionnement en plus du gibier que l'on trouve sur n'importe quel marché de la capitale. La dépouille d'un babouin mandrill s'échange à près de 150.000 F CFA (1.500 FF). En grillade, à la sauce tomate ou à l'odika (une noix grasse de couleur chocolat), quatre espèces ont la préférence des gastronomes gabonais: le cercopithèque à queue de soleil, le colobe, le mandrill et le chimpanzé. "Vous videz les entrailles de la bête, vous grillez ses poils au feu et vous le cuisinez à votre convenance", conseille un restaurateur. Certaines personnes hésitent pourtant à manger du chimpanzé ou du gorille pour des raisons religieuses, les singes étant trop proches de l'homme. Le fameux virus Ebola, transmis par le chimpanzé à l'homme et à l'origine de trois épidémies mortelles successives depuis 1994 (au total une centaine de morts notamment à Makokou et à Booué dans l'est), a eu également pour conséquence une légère baisse de la consommation de viande de primate. "Selon l'étude américaine, le passage du virus VIH du chimpanzé à l'homme ne s'est pas fait par voie alimentaire, en consommant simplement un steack de singe", rappelle un chercheur en primatologie du Centre international de recherche médicale de Franceville (CIRMF). "Il pourrait se faire seulement et dans des cas très limités lors de la préparation culinaire de la bête, par contact avec le sang lors du dépeçage", précise-il. "Plus généralement, la mauvaise qualité sanitaire de la viande de brousse commercialisée et les conditions de préparation culinaires sont facteurs de propagation de maladies infectieuses, virales ou bactériennes", remarque le représentant au Gabon de Vétérinaire sans frontière. "Les animaux pris dans des pièges attendent parfois plusieurs jours avant d'être récupérés, puis ramenés, sanguinolents, dans une valise ou dans un coffre de voiture sur Libreville". Mais au-delà de ce problème de santé publique, les associations écologistes et de protection de la faune ont de leur côté parfaitement saisi l'enjeu de cette découverte. "Si nos campagnes de sensibilisation et les mécanismes de gestion de la faune actuellement mis en place échouent, l'argument +manger du singe peut donner le SIDA+ pourra peut-être, à défaut d'un autre plus efficace, permettre de préserver encore pour quelques années les derniers grands singes de nos forêts", conclut l'une d'entre elle. Le Gabon "refuse de servir de base arrière" contre des pays voisins LIBREVILLE, 6 fév (AFP) - 14h06 - Le Gabon "refuse de servir de base arrière à toute tentative visant à mettre en danger ses relations de fraternité avec les pays voisins", a affirmé le gouvernement gabonais, dans un communiqué publié samedi après un conseil des ministres tenu la veille à Libreville. Le communiqué fait notamment état de "certains incidents survenus à nos frontières" rapportés par les ministres de la Défense et de l'Intérieur, sans préciser la nature de ces "incidents". Ces frontières ne sont pas nommées non plus dans le communiqué, mais il est clair pour les observateurs qu'il s'agit de la frontière congolaise, à l'est et surtout au sud du Gabon, en raison des combats qui se déroulent entre forces gouvernementales et rebelles dans le sud-ouest du Congo-Brazzaville. Le gouvernement, tout en rappelant que "le Gabon entend demeurer un pays d'accueil", invite "d'une part les forces de sécurité à plus de rigueur à nos frontières et d'autre part les Gabonaises et Gabonais à plus de vigilance". Le 27 janvier dernier, le ministre de l'Intérieur Antoine Mboubou-Miyakou avait déjà lancé une ferme mise en garde aux réfugiés congolais contre "une quelconque action de belligérance ou de déstabilisation" sur le sol gabonais. "Le Gabon oeuvre pour la recherche de solutions durables au Congo", avait-il ajouté, citant nommément son voisin du sud . La petite armée gabonaise tente depuis près de deux ans de maintenir un contrôle spécial de cette frontière longue de 1.000 km, mais le relief très boisé et le fait que les ethnies locales soient installées de part et d'autre de la ligne de démarcation compliquent sa tâche, notent les observateurs. L'ethnie de l'ex-président congolais Pascal Lissouba, dont les miliciens cocoyes affrontent l'armée du président Denis Sassou Nguesso, est l'une des plus importantes au sud du Gabon, tandis que celle du président gabonais Omar Bongo est également répartie de part et d'autre de la frontière, un peu plus à l'est, au sud-est du Gabon, précisent ces observateurs. Un Collectif des élèves lance un appel au gouvernement et aux syndicats LIBREVILLE, 1er fév (AFP) - 10h33 - Un Collectif des élèves des collèges et lycées de Libreville appelle le gouvernement et le principal syndicat de la fonction publique gabonais à trouver, d'ici une semaine, un "compromis" pour une reprise des cours interrompus depuis la fin novembre en raison d'un mot d'ordre de grève de l'Union des syndicats de l'aministration publique (USAP). Dans une "déclaration" publiée lundi à la une du quotidien gouvernemental L'Union, le Collectif précise que "passé ce délai, nous nous réservons le droit de poursuites judiciaires contre nos bourreaux que sont le gouvernement et l'USAP, pour génocide intellectuel volontaire, et déclinerons toute responsabilité sur toute éventualité qui découlerait d'une telle situation". L'USAP, principale formation syndicale de fonctionnaires, est en grève depuis plusieurs mois pour obtenir, notamment, la revalorisation des salaires de ses adhérents. Les négociations entreprises jusqu'à présent avec le gouvernement ont toutes échoué. Par ailleurs, le gouvernement a fermé le 23 janvier dernier tous les établissements scolaires primaires et secondaires de la capitale gabonaise, ainsi que l'université, à la suite de violentes manifestations lycéennes et étudiantes qui se sont traduites par la mort d'un étudiant de médecine. "Nous, élèves des collèges et lycées de Libreville, poursuit la déclaration, sommes partisans d'une amélioration des conditions des Gabonais (...). Mais nous nous opposons à toute amélioration dont le prix serait le sacrifice d'une génération dont les conditions d'apprentissage sont déjà précaires". Cette déclaration intervient, notent les observateurs, alors que se profile le spectre d'une "année blanche" pour les étudiants et lycéens de Libreville dont les établissements avaient été déjà fermés durant trois semaines en décembre en raison de l'élection présidentielle. Les établissements scolaires conventionnés par la France sont également touchés par cette mesure de fermeture. Vendredi, un des principaux syndicats de l'enseignement gabonais, le Syndicat national des enseignants et chercheurs du supérieur (SNEC) avait également appelé à la reprise des cours tout en "se réservant le droit d'entreprendre des actions de son choix" si satisfaction ne lui était pas donnée. |