[BDPalabres] Lettre du Dr. Daniel Mengara à Pierre Mamboundou: “Appel à une large concertation nationale des forces vives de l’opposition et de la société civile gabonaises”

Edouard Epaly protected at yahoo.fr
Mar 7 Juil 09:58:18 EDT 2009


Moubamba est rentré.
 
On vous attend au pays !!
 
Heros de la liberté ...
 
Rentrez au pays.
 
EM.

De : Dr. Daniel Mengara <dmengara at bdpgabon.org>
À : Case à Palabres - BDP-Gabon Nouveau <bdpalabres at bdpgabon.org>
Envoyé le : Vendredi, 3 Juillet 2009, 11h44mn 24s
Objet : [BDPalabres] Lettre du Dr. Daniel Mengara à Pierre Mamboundou: “Appel à une large concertation nationale des forces vives de l’opposition et de la société civile gabonaises”

Lettre du Dr. Daniel Mengara à Pierre Mamboundou: “Appel à une large concertation nationale des forces vives de l’opposition et de la société civile gabonaises”

Source: BDP, 3 juillet 2009

Dans une lettre adressée aujourd’hui même au leader de l’Union du Peuple Gabonais (UPG), le Dr. Daniel Mengara, Président du BDP-Gabon Nouveau et candidat déclaré à l’élection présidentielle anticipée de 2009, appelle Pierre Mamboundou et les autres leaders de l’opposition et de la société civile à une large concertation nationale des forces vives de l’opposition et de la société civile gabonaises, en vue de barrer le chemin au bongoïsme.

Notant les gros vices de forme ayant émaillé la transition actuele au Gabon, le Dr. Daniel Mengara remet en cause la possibilité d’une élection transparence au Gabon et invite plutôt l’opposition à se coaliser en vue de l’établissement de règles du jeu à même de garantir une victoire de l’opposition en  2009.

Pour obtenir le PDF de la lettre, cliquez ici: http://www.bdpgabon.org/articles/2009/07/03/lettre-du-dr-daniel-mengara-a-pierre-mamboundou-appel-a-une-large-concertation-nationale-

BONGO DOIT PARTIR

Bureau du Président

Pierre Mamboundou
Président de l’Union du Peuple Gabonais (UPG)
Libreville, Gabon

N/R : BDPGN/USA/DIR/PR/DM/090703/001

OBJET : Appel à une large concertation nationale des forces vives de l’opposition et de la société civile gabonaises

Monsieur le Président,

Ayant pris connaissance du calendrier électoral proposé par votre parti, calendrier rendu public le 27 juin 2009 dans le communiqué final du Conseil de votre Secrétariat Exécutif, je tiens, par cette lettre, à vous signifier mon entière adhésion et celle de mon mouvement le BDP-Gabon Nouveau à ladite proposition. Ce calendrier représente une bonne partie de ce que les mouvements ou associations responsables devraient exiger des autorités intérimaires en vue d’une élection transparente et crédible au Gabon. Et je partage avec vous l’opinion selon laquelle le calendrier proposé par le Ministère de l’intérieur est non seulement irréalisable, mais également, dirai-je, hautement fantaisiste et irresponsable car porteur des germes de la division, de la dissension et, même, de la violence politique.

Comme je l’avais dit à Paris le 20 juin 2009 lors de ma déclaration de candidature, il était impératif que Mme Rogombé, Présidente par intérim du Gabon chargée de veiller au respect des procédures commandées par la Constitution, ne précipite ni ne bâcle la transition. J’avais également annoncé que le BDP-Gabon Nouveau était pour une transition minimale de 6 mois à un an si l’objet d’une telle transition était de s’attaquer en profondeur, et une bonne fois pour toutes, aux maux qui empêchent une alternance démocratique crédible au Gabon depuis 1990.

C’est dire, Monsieur le Président, qu’il y a urgence.

Urgence d’abord parce qu’il nous semble que, depuis le départ, le processus intérimaire actuel a souffert de plusieurs vices de forme qui en ont fait un processus hautement anticonstitutionnel, c’est-à-dire, hors-la-loi. Vous aurez sans doute constaté, comme moi, que Mme Rose Rogombé, Présidente de la République par intérim, depuis sa prestation de serment le 10 juin dernier, n’a respecté aucune des dispositions constitutionnelles relatives au processus intérimaire : je dis bien aucune.

Et j’en veux pour preuve les constats suivants :

1) Dès le jour de sa prestation de serment, Madame la Présidente par intérim aurait dû exiger immédiatement la démission du gouvernement, exactement comme l’avait indiqué la Cour constitutionnelle dans une décision rendue publique par le journal L’Union le vendredi 12 juin 2009,  décision qui confirmait pour tous que « les fonctions du gouvernement cessent automatiquement à l’issue de la prestation de serment du président de la République élu ou désigné ». Or, ce n’est pas ce qui s’est passé. Le processus a traîné en longueur  et Mme la Présidente par intérim a même dû faire face à un cas inadmissible d’insubordination de la part d’un Premier ministre qui s’est presque refusé à une démission immédiate de son gouvernement. Cette démission n’a finalement été donnée que 9 jours plus tard. Pourtant, rien n’empêchait la Présidente par intérim d’exiger cette démission le jour de sa prestation de serment, puis de reconduire le même gouvernement le même jour, sans que cela constitue un crime contre la Constitution, donc contre le peuple gabonais. Pourquoi semble-t-elle montrer une propension à bafouer inutilement la Constitution alors que des outils lui sont disponibles qui lui permettent de faire ces choses en toute légalité ?

2) Dès le jour de sa prestation de serment, Madame la Présidente par intérim aurait dû, comme il se doit, prendre possession du Palais Présidentiel de la République, qui aurait par conséquent dû devenir son lieu de résidence et de travail obligatoire dès la prise de fonction. Pourtant, on a vu la famille Bongo continuer à occuper ces lieux comme si Omar Bongo était encore en fonction, confinant anticonstitutionnellement la Présidente en exercice à une situation de marionnette de la famille Bongo qui, de notre point de vue, était inadmissible.

 3) Dès le jour de sa prestation de serment, Madame la Présidente par intérim aurait dû immédiatement annoncer le calendrier électoral. Elle ne l’a pas fait. Pire, dans le méli-mélo fait d’arbitraires dans lequel elle s’est engagée en complicité avec le régime bongoïste qu’elle dirige actuellement, tout le processus intérimaire a été conditionné non seulement aux obsèques de feu Monsieur Bongo, mais également au principe d’un deuil national de 30 jours qui n’est nulle part validé par la Constitution gabonaise. J’ai beau lire la Constitution, je n’y vois nulle part inscrit que la mort d’un Président suspend la Constitution pendant 30 jours pour permettre la tenue de son deuil. Je n’y lis pas non plus que la mort d’un Président constitue un cas de force majeur menant à la suspension de la Constitution. Aujourd’hui, au moment où j’écris cette lettre, tous les délais constitutionnels ont été bafoués. Ni les 30 jours minimum (7 jours seulement restent de ce minimum)  ni les 45 jours maximum (ne restent plus que 22 jours sur ce maximum) n’ont été respectés et aucune explication cohérente n’a été donnée, en dehors de l’arbitraire qui consiste à imposer les délais d’un deuil national arbitraire et inutile sur le processus constitutionnel. Pourtant, au vu de la réalité de l’impossibilité d’une élection crédible dans les 30 à 45 jours, tout ce que la Présidente par intérim avait à faire, pour rester dans la loi, était de demander une prorogation de la période de transition près la Cour constitutionnelle.

Ce sont-là, Monsieur le Président, des manquements extrêmement graves de la part de Mme Rose Rogombé qui, pour des raisons que j’ignore encore, a préféré et préfère encore agir hors du cadre constitutionnel alors même qu’il lui aurait suffi de solliciter le conseil de la Cour constitutionnelle en vue de la validation, par la loi, de tout ce qu’elle a entrepris jusqu’à présent. Je ne parlerai même pas de l’illusion de concertation qu’elle a entretenue ces jours-ci. Tout le monde sait qu’une concertation aussi exclusive, organisée à la va-vite et centrée autour de personnes et de structures associatives et politiques triées sur le volet sur la base de critères arbitraires, ne correspond aucunement à l’esprit de réconciliation nationale que le pays veut voir résulter de la transition actuelle.

Vous me permettrez, encore une fois, de préciser que mon mouvement est en parfaite harmonie avec la nécessité d’une prorogation des délais constitutionnels en vue d’une élection fiable. Mais ce que nous ne sommes pas prêts à cautionner, c’est le silence de la classe politique et associative gabonaise sur ces crimes contre la Constitution, surtout quand on sait que de tels vices étaient facilement évités par une simple requête de prolongation près la Cour constitutionnelle ! Notre mouvement étant un mouvement hautement légaliste, nous insistons sur la nécessité d’observer les injonctions de la loi. Nous ne pouvons, à ce titre, cautionner un processus intérimaire bâclé car basé sur l’arbitraire et des violations flagrantes de la Constitution à la fois sur le fond et sur la forme, tout comme nous refusons que des lois décidées arbitrairement dans le code privent des compatriotes de leur droit au passeport ou à la candidature. Du moment que la Constitution ne prévoit que deux limitations à la candidature (clauses d’âge et de citoyenneté), il serait mal venu que des articles obscures cachés dans le code électoral priment sur la Constitution.

Il est à ce titre étonnant que l’UPG comme d’autres groupes de la société civile établis sur le terrain n’aient pas fait front, sur le principe, et interpellé le gouvernement sur la nécessité de respecter les principes de loi commandés par la Constitution.

Le gouvernement, il nous semble par ailleurs, a failli au respect de la loi quand, dans un premier temps, il refusa de reconnaître une vacance du pouvoir au Gabon qui nous avait pourtant semblé évidente dès le 6 mai 2009, vacance dont mon mouvement essaya, seul, de demander le constat dès le 15 juin 2009 dans une lettre adressée au diverses institutions de la République. Mon mouvement fut également le seul à s’essayer à un meeting public le 23 mai pour réclamer un débat sur la vacance effective du pouvoir au Gabon. Vous êtes sans doute au courant que ce meeting fut interdit par un gouvernement gabonais qui se retrouva bien embarrassé quand l’histoire donna raison au BDP-Gabon Nouveau le 8 juin suite au constat de décès d’Omar Bongo. Le gouvernement intérimaire a failli ensuite quand, dans un second temps, il a entériné les multiples violations de la Constitution décrites ci-dessus sans qu’une réaction notable de la classe politique et civile gabonaise n’en condamne la criminalité.

C’est à ce titre, Monsieur le Président, que, tout en saluant la proposition calendaire de l’UPG et tout en partageant tous les principes y relatifs, le BDP-Gabon Nouveau, par ma voix, trouve tout de même problématique que l’UPG ait limité ses revendications au seul problème du calendrier et des listes électorales. Le BDP-Gabon Nouveau pense que la simple révision des listes électorales ne constitue aucunement une garantie de transparence électorale. Il faut, en sus de cela, intégrer des paramètres supplémentaires sans lesquels l’élection anticipée de 2009 ne passerait pas le test de la légitimité et de la crédibilité.

Il est, par conséquent, important d’évacuer, tout de suite et au préalable, certains des mythes que les Gabonais qui veulent le changement se construisent malheureusement au détriment de la vérité.

Le premier mythe à évacuer est celui qui consisterait à croire, comme certains l’ont suggéré, qu’il suffirait pour toute l’opposition de s’entendre sur une candidature unique pour que le miracle du changement s’opère. J’appelle cela un fantasme. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’histoire électorale récente (élection de 2005) ou lointaine (depuis 1990) nous enseigne la futilité d’une telle procédure. Je pourrais longuement m’étendre là-dessus, mais je m’arrêterai à deux considérations parmi les plus importantes.

Le mythe de la candidature unique de l’opposition : Ce mythe est irréalisable. D’abord parce qu’il serait illusoire de croire que Pierre Mamboundou pourrait se retirer de la course au profit de Paul Mba Abessole ou que Paul Mba Abessole pourrait se retirer de la course au profit de Ben Moubamba ou que ce dernier pourrait renoncer à ses ambitions au profit de Daniel Mengara. Du moment que le potentiel d’une telle entente est pratiquement nul à cause des ambitions des uns et des autres (sans que cela soit forcément un fait négatif en soi), il est important que tous les acteurs politiques qui ont des visées présidentielles laissent cette décision au seul peuple qui, lors de la campagne, saura, de par lui-même, déterminer la viabilité politique des candidats, forçant tout le monde à la réalité d’un candidat dominant derrière lequel tous les autres, après évaluation réaliste de leurs chances, s’aligneront naturellement. Autrement dit, privilégier l’effacement artificiel de certains candidats avant le test du terrain ne peut que scléroser le débat politique dont le pays a grandement besoin, et mener, paradoxalement, aux querelles de leadership que nous essayons pourtant d’éviter. Ce qu’il faut, par contre, c’est une unité des candidats de l’opposition basée non pas sur l’adoubement d’un candidat unique, mais sur la mise en place d’un front commun visant à réclamer, pour tous les candidats, la justice et les conditions de la transparence électorale, de manière à amener aux conditions objectives de crédibilité et de légitimité de l’élection qui, dès lors, permettront tout simplement au meilleur de se détacher, forçant les autres au ralliement pour la victoire finale.

Ensuite parce qu’il vous souviendra que l’élection présidentielle de 2005 fut sans doute, dans l’histoire politique du Gabon depuis 1990, la plus propice au changement. Elle le fut parce que c’était l’élection présidentielle qui, depuis 1993, a connu le plus petit nombre de candidats. Ces derniers furent en 2005 au nombre de trois seulement : Omar Bongo (au pouvoir), Pierre Mamboundou (opposition) et Zacharie Myboto (opposition).  Ce que cela veut dire c’est que, s’il y a bien une élection au cours de laquelle le nombre limité de candidats aurait dû profiter à l’opposition, c’était bien celle-là. Il m’est même possible de dire ici qu’en 2005, Pierre Mamboundou était, en fait,  SEUL, face à Bongo et SEUL candidat crédible de l’opposition face à Omar Bongo (Zacharie Myboto ne faisant pas le poids).

Pourtant, Monsieur Mamboundou, vous perdîtes cette élection où vous fûtes pourtant pratiquement seul face à Omar Bongo. Après, donc, avoir perdu deux élections présidentielles successives, Monsieur le Président, ne convient-il pas, finalement, d’en tirer des leçons pratiques ? Ces mêmes causes qui vous ont fait perdre en 1998 et 2005 vous semblent-elles aujourd’hui évincées ? Suffit-il aujourd’hui de simplement participer à une énième élection pour pouvoir la gagner quand on sait que les causes de vos échecs précédents sont toujours là ?

Autrement dit,  Monsieur le Président, je puis vous assurer que pour juger de la crédibilité d’une élection, ou du moins pour se donner les chances de gagner des élections face à un régime quadragénaire qui se refuse depuis 42 ans à la démocratie, le simple fait d’avoir des listes électorales fiables ne suffit pas. Et le simple fait d’avoir un seul candidat de l’opposition ne suffit pas. Les mêmes causes menant toujours aux mêmes effets, ce qui a fait que, en 2005, vous perdiez l’élection alors que vous étiez quasiment seul face à Omar Bongo, fera que le candidat unique de l’opposition perde encore en 2009. Pourquoi ? Tout simplement parce que le même système qui a fait vos échecs précédents est toujours en place. Il faut donc pousser plus loin l’analyse et penser aux stratégies qui amèneraient à la défaite de ce système, avant l’élection, en vue de la transparence électorale absolue.

Le mythe de l’élection et des urnes comme voie du changement au Gabon : Le second mythe à briser est de continuer à croire, malgré les évidences de l’histoire, que c’est par les urnes que l’opposition gagnera l’élection au Gabon. C’est là le fantasme qui a fait que beaucoup aient cru, en 2005, qu’il suffisait de participer à une élection perdue d’avance pour la gagner, alors que tout le monde savait que le système institutionnel qu’Omar Bongo s’était concocté en prévision des élections de 2005, système encore en place aujourd’hui, avait été formaté pour ne laisser aucune chance de victoire électorale à l’opposition. Par ailleurs, vu que feu Monsieur Bongo avait obtenu, ou s’était octroyé, un score de 79,2% aux présidentielles de 2005, face à Pierre MAMBOUNDOU 13,6% et Zacharie MYBOTO 6,6%, dans un contexte d’abstention record où près de 80% des Gabonais sont restés chez eux, cela veut dire que les Gabonais ne font plus confiance aux urnes comme méthode de changement. Pire, une abstention de 80% en 2005 voulait également dire que ni Omar Bongo ni Pierre Mamboundou n’avaient pu mobiliser des populations totalement désabusées, qui ont ainsi préféré voter CONTRE les trois candidats en lice, traduisant ainsi une crise de confiance aiguë entre la classe politique gabonaise et le peuple. Ce n’est donc pas par les urnes que l’opposition gagnera l’élection anticipée de 2009, sauf si l’opposition s’en donne véritablement la chance.

Cette chance passe par deux formules très simples :

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